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1994 : une double disparition L'année 1994 fut une date particulièrement tragique pour l'Amiga. Elle marqua non seulement la fin des années Commodore et le début de la traversée du désert pour l'Amiga, mais aussi la disparition du "père" de la machine, Jay Miner. La liquidation de Commodore Les difficultés financières de Commodore étaient connues de tous. En début d'année, des communiqués sur les ventes montraient clairement que la gamme Amiga se vendait mieux qu'espéré. Commodore avait écoulé 320 000 CD32 et le problème juridique l'empêchant de vendre la console aux États-Unis avait été réglé. Cela promettait d'accroître le chiffre déjà intéressant de 20 000 CD32 vendues par semaine, mais le lancement d'une nouvelle console sur le sol américain nécessitait d'énormes moyens, chose que Commodore n'avait pas. L'Amiga 4000, lui, se vendit jusqu'à 10 000 exemplaires par semaine. Bien que difficilement confirmables (et finalement faux, et surestimés), ces bons chiffres, couplés à la restructuration entreprise en 1993, présageaient une possible sortie de crise. Malheureusement, bien que les pertes financières aient été réduites (8,2 millions de dollars lors du dernier trimestre 1993), l'entreprise était toujours en sursis. Le cours de l'action Commodore à Wall Street tomba à 0,75 $ (4,60 $ dix mois plus tôt) et fut suspendu par les autorités de la bourse de New York. Commodore était en chute libre : la filiale australienne ferma en mars, suivie par d'autres comme les succursales de Belgique, de Suisse ou encore Commodore France début avril. Les usines aux Philippines et en Écosse arrêtèrent leur production, le Commodore Semiconductor Group (qui s'occupait de la fabrication des composants électroniques) fut fermé le 22 avril. Des licenciements et des fermetures se succédèrent et, le 29 avril à 16h10, Commodore International passa en liquidation volontaire. La liquidation fut causée notamment par la Banque Nationale de Paris qui réclama le paiement de ses crédits le 25 avril. Les dettes totales de Commodore s'élevaient à 145 millions de dollars. Le deuxième fabricant mondial d'ordinateurs n'était plus. La situation de banqueroute de Commodore fut plus due à des erreurs de gestion qu'à la vente de mauvais produits. Dans une entrevue publiée par Boing Attack, Dave Haynie précisa ces quelques points concernant la mort de Commodore : "La mauvaise gestion de Commodore est la seule cause de sa chute. Ils n'ont jamais vraiment su ce qu'ils avaient en main. Commodore avait même la possibilité de mettre un coup de douze à l'industrie PC. Nous avions en travaux des architectures qui nous auraient permis d'utiliser du matériel standard tout en conservant le meilleur de l'Amiga. Mais les meilleurs ingénieurs de la planète ne peuvent rien faire sans argent pour financer leurs projets. Pendant qu'Irving Gould et Mehdi Ali se versaient des salaires plus importants que ceux des dirigeants d'Apple, IBM ou Microsoft, l'équipe d'ingénieurs de Commodore, début 1990, était diminuée et sous-payée."Les entrepôts de Commodore avaient des stocks pour encore plusieurs mois mais cela n'était pas suffisant pour David Pleasance, le président de Commodore UK, la filiale du Royaume-Uni, la plus rentable avec celle d'Allemagne (60% des ventes mondiales à elles deux). Il craignait une pénurie d'Amiga pour septembre. Commodore UK voulut initier une politique de rachat et annonça avoir un soutien financier de la part d'une société asiatique (on apprit plus tard qu'il s'agissait du chinois New Star). Il avait des projets pour relancer la production mais aussi pour faire de nouveaux développements, le tout dans une nouvelle entité nommée "Amiga International". David Pleasance et Colin Proudfoot firent de nombreuses annonces montrant toute leur détermination (et leur confiance) à voir revivre la plate-forme. Dans une entrevue, Colin Proudfoot commentait d'ailleurs la banqueroute de Commodore comme ceci : "Cela [la banqueroute de Commodore] n'aura aucun impact sur le marché anglo-saxon... La marque est trop forte pour mourir : nous sommes confiants, Commodore et Amiga vont revenir grandis avec une compagnie plus forte."Commodore UK n'était pas seul sur les rangs du rachat. Avant même la banqueroute, des rumeurs sur les intentions de Philips, Sony et Hewlett-Packard avaient émergé. Mais le processus de rachat de Commodore fut extrêmement compliqué, notamment à cause des batailles judiciaires engendrées par les nombreux créditeurs (fournisseurs, clients, associés, employés...) mais aussi par le fait que Commodore était une entreprise "nébuleuse" dont les droits étaient dispatchés dans plusieurs filiales (par exemple, le logo "Commodore" appartenait à Commodore Allemagne). Sans compter que Commodore International était basé dans le paradis fiscal des Bahamas, un lieu où les lois différaient sensiblement des lois américaines ou européennes. Commodore Allemagne, justement, reprit à son compte la distribution précédemment assurée par Commodore Benelux, France et Espagne sous le nom d'Amiga Computerexport GMBH. Pour accélérer la procédure de vente, le but des dirigeants de Commodore fut de vendre l'entreprise d'un seul bloc. La très productive usine Commodore Semiconductor Group fut, cependant, rachetée indépendamment par ses fondateurs initiaux pour 4,3 millions de dollars. Le gouvernement des Philippines, propriétaire de l'une des usines produisant les CD32, mit la main sur le stock de CD32 en guise de remboursement. En juillet, quatre propositions de rachat furent reçues par les administrateurs de la faillite aux Bahamas : Amstrad, Philips, Samsung et Commodore UK. Mais la cour des Bahamas rejeta ces propositions et la procédure fut transférée à New York. Dès lors, la date pour le rachat recula mois après mois. Des rumeurs sur d'autres prétendants apparurent comme Nestlé, Atari ou Sony. En fin d'année, la société allemande Escom présenta elle aussi son désir envers l'Amiga. Et de leur côté, Commodore UK et le distributeur CEI annonçaient toujours qu'ils étaient en train d'affiner leur offre. Mais au final, aucune décision de la part des administrateurs de la faillite ne fut rendue en 1994. Cette attente causa divers problèmes comme la désaffection de plus en plus d'utilisateurs Amiga et la baisse inquiétante des stocks. Et avec l'arrêt quasi total de toute production et recherche/développement depuis avril, l'Amiga était en sérieuse perte de vitesse. La faillite de Commodore résonna énormément chez les développeurs Amiga. L'un d'eux, Jim Drew, patron d'Utilities Unlimited International Incorporated, société américaine spécialisée dans le développement d'émulateurs matériels (comme Emplant) publia des messages sur le serveur en ligne Compuserve concernant une tentative de rachat de la technologie Amiga, qui finalement n'aboutit pas : "Après m'être entretenu longtemps avec Mike Levin (le porte parole des actionnaires de Commodore Intl), nous sommes parvenus à plusieurs solutions pour éviter la perte irrémédiable du plus puissant des ordinateurs familiaux jamais construit (l'Amiga). Il m'a suggéré de prendre la tête d'une alliance de développeurs visant à acquérir les droits du matériel Amiga. Cette licence serait ensuite rendue au domaine public. J'aimerais que tous les développeurs intéressés par les applications Amiga, ainsi que ceux qui seraient prêts à soutenir cet effort, me contactent sur Compuserve ou GEnie."Une faillite malgré des plans ambitieux Les développements en cours chez Commodore (avant la liquidation) mettaient l'accent sur une nouvelle architecture. Et Commodore UK faisait écho de cette dernière en précisant qu'elle ne serait plus basée sur l'AA+ et le AAA (qui fut donc abandonné malgré le fait qu'il était bien avancé) mais sur quelque chose de plus modulaire : RISC 3D (également connu sous le nom de "Hombre"). Il s'agissait d'un processeur central RISC de chez Hewlett-Packard, le PA-7150 à 125 MHz, auquel on avait greffé un jeu de composants complet qui avait notamment un moteur de rendu 3D (gérant le placage de texture, le Gouraud, le décodage MPEG...) et un processeur sonore 16 bits. Conçu notamment par Edward Hepler et Tim McDonald, ce projet était justement mené en collaboration avec Hewlett-Packard. La première machine avec cette architecture n'était pas attendue avant 18 mois mais Commodore UK était prêt à relancer le développement et à rappeler des ingénieurs pour mener à bien ce projet. ![]() Schéma du système Hombre en configuration "ordinateur style A1200" "Hombre était supposé devenir l'Amiga de nouvelle génération. J'ai créé l'architecture, créé une série de modèles précis "au cycle" pour réaliser des simulations de performances, puis j'ai fait des modèles M (un langage propriétaire de description matérielle conçu par Mentor Graphics) pour synthétiser les cheminements logiques." ![]() Edward Hepler Outre le jeu de puce Hombre, Commodore prévoyait un nouvel Amiga 1200 (Amiga 1200+ avec processeur 68EC030 et disque dur en standard), un nouvel Amiga 4000/030 (notamment avec affichage AGA/SVGA, DSP, puis bus PCI et Hombre), un nouvel Amiga 4000/040 (AGA/SVGA, DSP, 68040/68060 puis Hombre) et enfin une gamme d'Amiga 4000 "Tower" qui devait également s'améliorer jusqu'en 1995 avec Hombre et des bus PCI. Selon ces documents, la console CD32 devait également se mettre à niveau avec une CD32+ dotée d'un processeur 68EC030 à 28 MHz, puis d'une CD64-3D équipée notamment de Hombre, d'un lecteur de CD x4, d'options de FMV logicielle et de réalité virtuelle. Donc malgré les difficultés financières, Commodore n'avait pas fait une croix sur ses développements matériels, relativement ambitieux, et qui auraient peut-être ramené l'entreprise dans le peloton de tête des entreprises informatiques mondiales. Mais les sociétés intéressées par le rachat de Commodore auraient-elles poursuivies tous ces coûteux développement ? Décès de Jay Miner Le plus tragique vint quelques semaines après l'annonce de la liquidation de Commodore. On apprit, le 20 juin, la mort de Jay Miner, à l'âge de 62 ans, à l'hôpital El Camino de Mountain View. Le grand Jay, père de l'Amiga et concepteur des premiers coprocesseurs de cette machine tels Agnus, Denise et Paula, était mort d'une crise cardiaque suite à des complications rénales. Cela malgré le sacrifice de sa soeur, Joyce Beers, qui se porta volontaire pour lui donner un rein. Sa mort fut comme un symbole pour la période la plus difficile qu'ait connu l'Amiga. ![]() Jay Miner Sur la fin de sa vie, Jay Miner consacra son talent d'électronicien à la médecine et fut embauché par la société Ventritex sur un défibrillateur. Ce fut son dernier projet. Évolutions de l'A4000 Quelques développements matériels en cours furent menés à leur terme comme une nouvelle carte mère pour un Amiga 4000/030. Cette carte fut conçue pour réduire les coûts de fabrication de ce modèle haut de gamme. On divisait quasiment son prix par deux (11 500 FF, et même 9900 FF quelques semaines plus tard). Cette révision "CR" (Cost Reduced) avait plusieurs de ses éléments, notamment, la mémoire Chip et le processeur (un 68EC030 à 25 MHz), directement sur la carte mère. Cela permettait de se passer de la coûteuse carte processeur tout en gardant le port processeur disponible pour de futures mises à niveau. Enfin, la batterie NiCd y fut remplacée par une pile au lithium afin de limiter les risques d'attaques acides sur la carte mère. Une version avec 68LC040, sur la carte accélératrice A3640, fut également proposée peu après, toujours avec cette même carte mère à coût réduit. ![]() Amiga 4000/030 - capot ouvert ![]() L'Amiga 4000T AmigaOS 3.1 La version 3.1 du système d'exploitation Amiga, apparue à la mi-1994, fut une mise à niveau assez modeste. Pour la première fois, son nom fut officiellement marqué "AmigaOS", sur ses manuels et sa boîte, bien que certains utilisateurs et certaines documentations le nommaient déjà par cette appellation plusieurs années auparavant. ![]() Boîte, manuels et disquettes d'AmigaOS 3.1 Les quelques améliorations d'AmigaOS 3.1 mirent l'accent sur les corrections de bogues, la gestion de la puce Akiko (pour la CD32), l'ajout des datatypes ANIM et CDXL, l'ajout d'un système de fichiers pour la lecture des CD (CDFileSystem, très basique) et une optimisation en matière d'affichage. Par contre, l'aspect de l'interface graphique fut strictement identique à AmigaOS 3.0. La ROM 3.1 pour A4000 contenait également le code pour gérer le SCSI, mais la taille de la ROM n'étant pas extensible (512 ko), il fallut déplacer la workbench.library de la ROM vers le disque dur. ![]() Le Workbench d'AmigaOS 3.1 A la sortie de la console CD32 en 1993, Commodore avait promis l'arrivée d'un module FMV (Full Motion Video). Celui-ci arriva la première semaine de 1994 au prix de 1690 FF. Cette extension conçue par Beth Richard pouvait ainsi transformer la console en lecteur de VideoCD au format MPEG-1 : un véritable petit cinéma dans votre salon ! Malheureusement, Commodore rappela rapidement les FMV des magasins pour cause de défaillance pour certains exemplaires (une fois le FMV installé, la CD32 ne pouvait plus lire de CD). Cet intéressant matériel fut donc peu diffusé. ![]() Le FMV ![]() ![]() Le module SX1 Enfin, le constructeur néerlandais Eureka proposa le Communicator II. Ce boîtier d'extension pour la CD32 permettait à la console de communiquer avec un Amiga, via le port série. L'Amiga, de son côté, pouvait ainsi avoir accès à ses ports MIDI et utiliser la console comme un lecteur de CD standard (mais avec des taux de transfert bien lents). Et avec un prix en rapide et constante baisse (1290 FF à l'été, bradée à 990 FF en fin d'année chez certains revendeurs...), la CD32 devint un matériel beaucoup plus accessible pour le grand public. ![]() Le Communicator II ![]() La Blizzard 1220/4 ![]() La CyberStorm 040 ![]() L'Overdrive CD Toujours côté vidéo, NewTek commercialisa le Video Toaster Flyer, une évolution non linéaire et numérique de son système de montage vedette. Se branchant sur un Amiga équipé d'un Video Toaster classique, ce périphérique se matérialisait sous la forme d'une unique carte de compression d'une qualité vidéo numérique D2 ainsi qu'une qualité audio CD. Mais il y avait de l'eau dans le gaz chez NewTek car les deux fondateurs de la société, Tim Jenison et Paul Montgomery, se séparèrent. Le duo n'était pas en accord sur la stratégie technique et commerciale et un certain nombre de personnels hautement qualifié de la société démissionna. Mais Tim Jenison réussit à rapidement réorganiser la société afin que le Video Toaster Flyer puisse être achevé pour son introduction lors de la conversion NAB de Las Vegas en mars 1994. ![]() Aucun gros logiciel vint chambouler la hiérarchie établie durant l'année 1994. On vit plutôt une amélioration des grands standards et une concurrence de plus en plus serrée entre ces derniers. Dans le domaine graphique, la bataille fit rage et quasiment tous les grands acteurs du marché mirent à jour leurs logiciels. Tecsoft proposa la version 3.0 de TVPaint qui pouvait travailler en multicouche. On pouvait noter aussi les toujours meilleurs Brilliance 2.0 de Digital Creations et Personal Paint 6.0 de Cloanto. ASDG, quant à lui, révisa son puissant Art Department Professional, avec une version 2.5 qui avait enfin une interface standard. Mais ce fut la dernière version d'ADPro car la liquidation de Commodore eut un impact sur ASDG. En effet, le constructeur de l'Amiga fut incapable de payer ses créanciers, dont ASDG qui perdit 50% de ses revenus du jour au lendemain car les distributeurs annulèrent des commandes (dont les machines vendues avec les produits ASDG) et les ventes de logiciels se tarirent. En mai, ASDG changea son nom en "Elastic Reality, Inc." afin de prendre ses distances avec le défaillant Commodore. Seules quelques nouveautés apparurent concernant les programmes professionnels de traitement de l'image : d'abord ImageMaster R/t 1.50 de Black Belt Systems (qui incorporait une saisissante fonction de déformation) et Photogenics d'Almathera, un logiciel puissant et agréable à utiliser, intégrant une fonction "temps réel" pour des rendus très rapides. Ces deux programmes empiétaient sur les plates-bandes d'ImageFX mais ce logiciel de Nova Design conserva une longueur d'avance grâce à sa version 2.0 commercialisée en toute fin d'année. ![]() ImageFX 2.0 ![]() Photogenics 1.0 LightWave 3D, la vedette en 3D, sortit cette année en version 3.5. Il fut vendu pour la première fois en dehors du paquetage avec le Video Toaster et ainsi utilisable sur les plates-formes non-NTSC. Ce programme de NewTek était très présent aux États-Unis, les versions précédentes avaient d'ailleurs été utilisées par l'équipe de Steven Spielberg pour son travail sur Jurassic Park, mais aussi dans Seaquest et Babylon 5. Pour les effets spéciaux du film d'introduction de Babylon 5, le directeur des effets spéciaux Ron Thornton utilisa huit Amiga/68040 reliés à un réseau Ethernet ainsi que plusieurs cartes Video Toaster. Un des grands concurrents de LightWave 3D, Imagine 3, arriva avec la gestion des déformations, la manipulation des objets représentés sous forme squelettique et de superbes nouveaux effets. Questar publia une première version de World Construction Set, un remarquable logiciel pour créer des paysages en 3D d'une qualité photoréaliste. Sur le plan de la bureautique, l'éditeur SoftWood conforta sa place de numéro 1 avec la nouvelle version de Final Copy nommée Final Writer. Ce dernier conserva bon nombre des meilleures fonctionnalités de son prédécesseur et en ajouta de nouvelles comme un menu configurable par l'utilisateur, les blocs de texte, ou encore la gestion des images HAM8 et des fichiers Encapsulated PostScript. Final Writer 2 et 3 arrivèrent aussi en 1994. La version 2 disposait enfin de la fonction "Annuler/Refaire" alors que la version 3 améliora notamment les outils pour le dessin vectoriel et proposait une interface pour échanger des données avec Final Data, un autre logiciel de SoftWood. Digita International, société anglaise montante, fit évoluer substantiellement son traitement de texte Wordworth (interface remaniée, création de tableaux automatiques, fonctions tableur, effets spéciaux sur texte) pour faire de cette version 3.0 un véritable champion. Enfin, les deux prometteurs logiciels Amiga de PAO (Professional Page 4 et PageStream 3) connurent aussi des avancées intéressantes. Mais elles furent gâchées par de sérieux bogues qui les empêchèrent de rattraper leur retard avec Quark XPress sur Mac, une référence dans ce domaine. Enfin, Gold Disk, l'éditeur de Professional Page, annonça l'abandon du développement de son logiciel. L'émulation PC refit parler d'elle. Quasar commercialisa PC-Task 3, une évolution majeure de ce programme permettant l'émulation logicielle d'un 80286 et la capacité de disposer de plusieurs fenêtres Windows en multitâche sous le Workbench. L'utilisation sous DOS était largement viable mais il fallait redoubler de patience pour tirer parti de Windows, même avec un 68040/40 MHz. L'autre innovation à propos de l'émulation en 1994 vint de Jim Drew, patron de la société Utilities Unlimited. Sa carte Emplant, lancée un an plus tôt (qui pouvait émuler un Mac), disposait maintenant d'un module e586 pour l'émulation matérielle d'un PC. On avait ainsi trois machines en une. Malheureusement, les performances furent bien en deçà des annonces. Enfin, dans un genre tout à fait différent, la société Asimware Innovations lança MasterISO, le premier logiciel de gravure de CD sur Amiga. ![]() PC-Task 3 ![]() MasterISO À propos de la qualité, les utilisateurs de CD32 attendaient des jeux prenant en compte les capacités de la console. Beaucoup d'éditeurs portèrent des jeux Amiga, version disquette, à moindres coûts dans l'attente des résultats commerciaux de la phase de lancement. Cela sans amélioration notable mis à part l'ajout de temps à autre de quelques pistes audio. C'est ainsi que l'on vit apparaître avec incompréhension les versions CD32, non améliorées, de IK+ et de Battle Chess, deux jeux datant de... 1988 ! Mais Psygnosis avait dans ses tuyaux un jeu qui allait enfin démontrer le contraire : Microcosm. Il sortit en début d'année après des mois d'attente. Il était le premier jeu à vraiment utiliser les capacités de la CD32 avec notamment une introduction époustouflante et une très bonne finition graphique. Mais ses qualités propres n'étaient sans doute pas suffisantes pour contrebalancer l'intérêt du jeu qui était assez limité. La puce Akiko (gérant la conversion graphique chunky vers plan de bits) fut utilisée pour la première fois par Origin pour son jeu de simulation spatiale Wing Commander. Cela accélérait effectivement un peu l'animation mais le jeu était d'un intérêt sans plus. Les éditeurs anglais Team 17 et Gremlin entrèrent également dans la course à la CD32 avec, respectivement, le jeu de combat Ultimate Body Blows et le jeu d'aventure loufoque Litil Divil. La console de Commodore avait aussi donné une autre dimension à Beneath A Steel Sky et Simon The Sorcerer, deux jeux d'aventure dont les textes étaient maintenant entièrement parlés. ![]() Microcosm ![]() Wing Commander ![]() Sensible World Of Soccer ![]() Super Stardust L'attente du rachat de Commodore devint insupportable pour les utilisateurs Amiga. La situation était devenue très confuse et une importante proportion d'amigaïstes avait quitté la plate-forme. Déjà huit mois étaient passés depuis la liquidation et les stocks étaient en délicate posture. Il allait sans dire que la technologie Amiga ne s'améliora pas durant 1994 : les espoirs d'un nouvel Amiga (A5000 avec Workbench 4.0 ?) s'étaient envolés. Mais les développements sur l'AAA, remplacé par Hombre permettaient d'envisager une prochaine génération d'Amiga au sommet de la technologie... à condition d'avoir rapidement un acquéreur ambitieux et des financements. Quasiment aucun travail ne fut réalisé sur cette nouvelle architecture durant cette année : son avance théorique se voyait ainsi grignotée peu à peu par le reste de l'industrie. Le Dr Peter Kittel, qui travailla chez Commodore Allemagne jusqu'à la procédure de liquidation estima à 5 292 200 le nombre d'Amiga produits depuis 1985. Ce chiffre ne signifiait plus grand-chose puisqu'il englobait les premières machines (A1000, A2000, A500...) maintenant obsolètes et ne comptabilisait pas le nombre de personnes ayant quitté l'Amiga.
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