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Il y a encore peu de temps, Deluxe Paint tenait le haut du pavé en tant que logiciel de dessin et d'animation. Suite à l'incapacité d'Electronic Arts à produire un logiciel de qualité, et à la sortie de Brilliance, Deluxe Paint perdit de son éclat. La diffusion peu importante de cartes 24 bits sur Amiga n'aida pas beaucoup à populariser une pointure du dessin 24 bits, TVPaint. Les nantis seuls purent apprécier les multiples valeurs de ce logiciel hors pair. Après plus d'un an de dur labeur, Tecsoft sort son nouveau bébé. Une véritable révolution Étonnamment baptisée TVPaint 3.0, cette version reste semblable à son petit frère pour les grandes lignes. Les anciens utilisateurs de TVPaint seront peu perturbés par le nouveau menu, légèrement modifié. Certaines fonctions ont en effet changé de place, d'autres arborent de nouveaux dessins. Le plus dur sera de s'adapter à la nouvelle philosophie du dessin sous TVPaint. Cette nouvelle mouture est une véritable révolution. On ne travaille plus sur un écran, mais sur trois plaques de verre. Je sens que certains s'affolent en imaginant devoir dessiner sur le vitrage de leur moniteur. Il n'en est rien. En fait, TVPaint est devenu multicouche. Il permet maintenant de travailler sur trois dessins superposables, en même temps, avec un ralentissement ridicule (par rapport au dessin sur une seule couche). Pour ceux qui ont du mal à imaginer la puissance de cette innovation, voici un petit dessin. Figures 1 à 4 Le multicalque ne s'apparente pas à la fonction "background" de Deluxe Paint, car dans TVPaint on possède 256 niveaux de transparence par plan (couche alpha) contre deux pour Deluxe Paint (opaque ou transparent). C'est-à-dire que si vous dessinez une fée à la Vallejo, avec des ailes translucides dans le premier calque, vous pourrez dessiner sous ses ailes transparentes dans le calque d'en dessous, tout en appréciant en temps réel les effets que cette transparence donne sur le décor. Les caractères que vous aurez mis à côté de votre personnage possèderont de l'anticrénelage, qui sera en fait des degrés de transparence avec le plan d'en dessous. Quand vous dessinerez le décor, l'anticrénelage se refera tout seul, sans que cela ne vous ralentisse, ce, sans avoir à cliquer sur un bouton "refresh", ou autre. Si jamais vous décidez de prendre ces caractères en brosse, et de tester le meilleur emplacement, tout en gardant une qualité optimum, il suffit de les mettre sur le calque d'au-dessus, ils seront donc au-dessus de votre fée, qui elle, sera au-dessus du décor. Vous pourrez placer les uns sur les autres sans les altérer, et en voyant immédiatement le rendu final. La puissance de cette fonction est fabuleuse, et ouvre des possibilités créatives énormes, car nous ne sommes plus gênés par des impératifs techniques. Les changements Toutes les options et fonctions du logiciel ont été améliorées. Le dégradé (fig. 5) est maintenant très pratique à utiliser, et fonctionne comme sur Deluxe Paint 4. L'interpolation entre les couleurs peut se faire en RGB, ou en HSL, et il existe une possibilité de rajouter du bruit dans les dégradés (voir partie "Le summum ?"). Figure 5 La densité, qui n'a pas changé par rapport à la 2.0, permet de créer des plans ou des effets (merge, replace...) d'intensités différentes, comme le rectangle de la figure 2, qui a été dessiné à partir d'une densité linéaire horizontale dans un rectangle. L'aérographe contient plusieurs modes de "rendus". Si le crayon et la craie ressemblent à l'aéro de Deluxe Paint, l'aéro lui, ressemble à un vrai (fig. 6). Figure 6 Figure 7 Une autre innovation par rapport à la 2.0 est la gestion vectorielle des polices (fig. 8). Figure 8 Pour ceux qui n'ont pas de polices vectorielles, une sous-fenêtre permet encore d'utiliser les polices bitmap. Personnellement, je ne pense pas que vous les utiliserez beaucoup (à part pour les topaz... et encore). Là encore, rien à voir avec l'affichage des polices vectorielles sur Workbench, ou tout autre logiciel, d'ailleurs. Il ne suffit que de quelques secondes pour avoir ces caractères. De plus, l'anticrénelage me laisse pantois chaque fois que je tape un texte : pas un défaut, pas un pixel de trop. Une autre grosse différence avec la 2.0 est que les pochoirs de protection n'existent plus. La nouvelle méthode consiste à copier le calque à protéger sur un calque supérieur, et à enlever de la copie tout ce qui y est indésirable. Une fois les modifications effectuées, il suffit de mélanger les deux calques. La méthode déconcerte un peu au début, mais elle se révèle fort utile et pratique par la suite. Les filtres Comme innovation supplémentaire de la 3.0, cette version inclut maintenant des effets à la sauce ADPro. Le nombre de filtres étant nombreux, pour les expliquer, je me contenterai de vous en donner les noms : le LUT, l'incrustation couleur (chroma key), l'insertion de couleur (color key), la transparence via la luminosité (luma key), les convolutions, le relief (bump), le renversement horizontal et vertical (flip), lumix, la mosaïque (mosaic), le négatif negative), les bruits (noise), le panoramique (panning), les points (print dots), l'ombrage (shadow), l'adoucissement (smooth), le mixeur de brouillon (spare mixer), les tornades (tornado), le video fix motion... C'est tout ce dont je dispose pour l'instant, mais quand le logiciel sera disponible, plus d'effets seront inclus. De plus, ils devraient aussi être dans des fichiers annexes, ce qui permettra des remises à jour plus pratiques, et des développements par d'autres sociétés, accroissant grandement votre collection. TVPaint charge et sauve énormément de standards d'images dont Deep, Delta, IFF 24, 12 et 8 bits, GIF, BMP, Targa 32 bits, Rendition, JPEG, SunRaster 24 et 32 bits, PCX et SGI. La routine JPEG accepte même la multipic.library incluse avec les cartes Retina, permettant de charger une image 740x576 en 24 bits en moins de quatre secondes avec un A4000/040. Une grosse ombre au tableau Un petit calcul permet de se rendre compte de la mémoire dont il faudra disposer pour travailler à pleine puissance sur une image haute résolution entrelacé : 1280 ko pour un calque, autant pour la fonction "défaire" (undo), et pour le "spare". Ce qui fait si on rajoute les 1 Mo que prend le logiciel en mémoire. 8 Mo pour trois calques, le défaire et le spare. Les brosses ne sont pas comptées, mais elles permettent souvent de monter à 9 Mo. Vous le voyez donc, en plus d'une machine puissante (avec coprocesseur arithmétique), il vous faudra une masse de mémoire imposante. De plus, ne pensez même pas à utiliser GigaMem, vous feriez tellement d'accès sur le disque dur, qu'il finirait par sauter dans la journée. Ce logiciel est tout de même une merveille. Et encore, je n'ai pas expliqué la moitié des fonctions. On en apprend tous les jours. De plus, les possesseurs de cartes Picasso, Retina, EGS et Harlequin pourront bientôt travailler dessus. Les anciens possesseurs d'un TVPaint quelle que soit la version, bénéficieront d'une remise de 2000 FF pour l'achat d'une 3.0, sachant que le prix de la 3.0 est de 4990 FF HT. La version Windows est déjà disponible, pour le même prix et la version Amiga le sera début octobre 1994. 24 bits... le summum ? Les cartes 24 bits sont vendues comme étant le nec plus ultra de l'affichage, permettant des images dépourvues de bandes de Mach (nom donné aux bandes qui apparaissent quand on ne dispose pas d'assez de couleurs, et ni de tramage). Or, une expérience simple prouve le contraire. Ouvrez un logiciel de dessin ayant accès à la palette AGA, ou à une carte 24 bits. Ouvrez un écran haute résolution entrelacé (640x512, 128 couleurs minimum) afin de vraiment bien voir l'effet produit. Préparez un dégradé gris de la couleur 64,64,64 à 128,128,128. Tracez ce dégradé en plein écran dans le sens que vous voulez, en linéaire, ou en radiant, cela n'a pas d'importance. Non, vous ne rêvez pas, cela ne vient pas de votre moniteur, ni de votre carte. Vous voyez bien des bandes. Si un doute vous envahit, vous pourrez toujours lire les couleurs avec la palette, mais cela ne servira à rien, elles incrémentent bien de un. Que faire ? Ne jetez pas votre carte, de toute façon, elles le font toutes. Toutes ? Non. En fait, certaines stations graphiques ont des cartes d'affichage qui montent à 12 bits par composante (4096 gris) alors que nous ne sommes qu'en 8 bits (256 gris). Mais nous ne sommes pas encore prêts de voir de telles cartes dans nos machines. La solution que nous avons à notre portée reste de tramer les images 24 bits. TVPaint, grâce à son option "noise" dans les dégradés et transparences, permet de s'affranchir de ces contraintes tout en travaillant (Bruce Lepper : avec les autres logiciels de dessin, il reste la possibilité d'arriver au même résultat en faisant un tramage final dans ADPro, ImageFX, ImageMaster ou même Deluxe Paint IV. Ce dernier donne d'excellents résultats, son tramage est parmi les meilleurs...). Conclusion Au risque de paraître acheté par Tecsoft, j'avoue que ce logiciel est un plaisir dont je ne me lasse pas. Ses fonctions et sa rapidité mettent tous les logiciels à quelques têtes derrière. Il y a fort à parier qu'il deviendra vite un standard.
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