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1995 : retour pour le futur L'année 1995 commença comme 1994 avait terminé et vit l'Amiga rester dans la même position : un ordinateur sans propriétaire. La fin des publicités mondiales Dans les mois et années passés, Commodore avait multiplié les contrats de publicité, notamment dans le sport, afin d'avoir un rayonnement dans le monde entier. Beaucoup d'argent partit dans des contrats publicitaires dont les cibles potentielles (et les retombées financières) étaient loin d'être évidentes. L'équipe de football du Paris Saint-Germain et le monocoque Commodore Explorer furent ainsi frappés du logo Commodore. Mais en janvier de cette année, à la vue de la situation bloquée, des créanciers se sont vus flouer. Par exemple, l'équipe de football de Chelsea mena une action en justice contre Commodore, réclamant l'argent du partenariat qu'elle n'avait jamais reçu. Cela signa la fin de Commodore et de l'Amiga en tant que grande marque commerciale à l'échelle mondiale. Colin Proudfoot, codirecteur général de Commodore UK, indiqua ceci dans une entrevue pour Amiga Future concernant ses mémoires sur le club de Chelsea : "J'ai reçu la lourde tâche d'être vice-président du Chelsea Football Club (ce poste allait de pair avec le parrainage des maillots). Donc, à chaque match à domicile, je devais me rendre à Chelsea en voiture et me garer dans le parking des dirigeants, sous la tribune principale. Accueillir une table pour le déjeuner, être diverti par d'anciens joueurs, me mêler à d'autres invités VIP (comme, à quelques occasions, le premier ministre, des vedettes de la télévision, des acteurs de cinéma, etc.). Puis, après le match, sélectionner les lauréats du prix de "l'homme du match" et discuter avec quelques joueurs de Chelsea tout en consommant davantage de boissons et d'amuse-gueules. Un travail difficile mais quelqu'un devait le faire !"Le rachat par Escom Bien qu'en liquidation depuis le 29 avril 1994, la procédure de rachat de Commodore n'était toujours pas close. La bataille entre les acquéreurs-désirants continuait de plus belle. CEI et Commodore UK étaient toujours dans la course mais rien de bien concret n'apparaissait de la part de ces deux firmes. On commença d'ailleurs à parler de "pleasanterie" du fait que Commodore UK (géré par David Pleasance) faisait toujours des annonces de rachat, depuis la mi-1994, mais sans soutien financier derrière. Les choses s'accélérèrent à partir de février. Devant la lenteur de la procédure, Commodore Allemagne réagit et prit tout le monde par surprise, le 16 février, en vendant le logo et la marque "Commodore" à la société allemande Escom (Eickmeyer Schmitt Computer Society Ltd). La surenchère se poursuivit et au 20 avril 1995, seules deux compagnies étaient encore en position pour racheter l'Amiga et Commodore : Dell (États-Unis) et Escom AG (Allemagne), tous deux constructeurs de matériel informatique. New Star, l'entité chinoise soutenant Commodore UK, fit faux bon 48 heures seulement avant la vente en soutenant un autre acquéreur (Escom). Cette société chinoise avait indiqué à Commodore UK qu'elle révoquait la promesse qu'elle lui avait faite d'investir 25 millions de dollars et de fabriquer des Amiga. Commodore UK se retira ainsi des enchères. En fait, c'est un certain Petro Tyschtschenko, pour le compte d'Escom, qui fut envoyé en Chine pour faire un marché avec New Star. Escom lui vendit une licence (qu'elle n'avait pas à l'époque) pour vendre des CD en Chine en échange d'un million de dollars, somme qui permit à la société allemande d'augmenter sa capacité à enchérir. De son côté, CEI, manquant également de fonds, décida d'épauler Dell dans sa tentative. Ce dernier rachèterait Commodore alors que CEI s'accaparerait l'Amiga. Escom, qui avait déjà mis sur la table 1,4 million de dollars pour le rachat des droits détenus par Commodore Allemagne, offrit 5 millions (3,5 millions pour l'actif de base, plus 0,5 million pour l'actif aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, et 1 million pour l'inventaire aux Philippines). ![]() ![]() Le PDG d'Escom, Manfred Schmitt, entouré de son équipe "Les liquidateurs bahamiens étaient dirigés par un général qui avait été un ministre très important du gouvernement. Il y avait un conflit entre les Bahamas et les créanciers américains, il y avait un conflit sur la loi applicable. Les actifs de Commodore UK étaient contrôlés par un liquidateur néerlandais. Escom avait déjà acheté une partie de la propriété intellectuelle en Allemagne, de sorte que l'ensemble du processus était très complexe. Nous les avons tous rencontrés à de nombreuses reprises et avons exprimé notre désir de poursuivre l'avenir d'Amiga. Je crois que toutes les parties étaient d'accord pour dire que nous étions une option susceptible de fournir le meilleur résultat pour tous. En même temps, nous essayions de travailler les détails avec nos investisseurs. Nous avons été très proches à plusieurs reprises, mais nous n'avons jamais pu mettre toutes les parties d'accord sur tous les points à la fois."Manfred Schmitt d'Escom et Colin Proudfoot de Commodore UK se rencontrèrent peu après le rachat, au siège d'Escom, un dimanche (personne d'autre que Manfred Schmitt était dans le bâtiment). Ils s'assirent dans une grande salle de réunion, de part et d'autre de la table. Colin Proudfoot dit à Manfred Schmitt que l'entité britannique avait des ressources fiscales précieuses (10 millions de dollars) qu'ils avaient protégées en ne déclarant pas faillite. Manfred Schmitt déclara qu'il avait besoin de David Pleasance et de Colin Proudfoot pour diriger l'entité britannique. Mais Colin Proudfoot connaissait le plan d'affaires d'Escom, écrit par Petro Tyschtschenko, qui indiqait une marge brute de 7% et il n'y vu que de la fantaisie. Colin Proudfoot déclina poliment l'offre mais Manfred Schmitt lui rétorqua "Comment pouvez-vous rentrer au Royaume-Uni en sachant que vous avez mis toutes ces personnes au chômage en refusant de travailler pour moi ? Il vous sera impossible de dormir avec cela sur la conscience". Colin Proudfoot répondit "Merci. Je ne travaille définitivement pas pour des brutes", il partit et aucune collaboration ne put se faire entre les deux sociétés. Colin Proudfoot et David Pleasance quittèrent Commodore UK en septembre 1995, après avoir nommé les liquidateurs des actifs britanniques. La relance sous l'ère Escom Sous l'égide d'Escom, les marques Commodore et Amiga furent rapidement séparées, Escom revendant ses nouveaux PC (tout comme ses hauts-parleurs, claviers et tout ce qui touchait à l'informatique) avec le logo redessiné de Commodore, maintenant renommé en "Commodore International BV", basée à Nieuw-Vennep aux Pays-Bas. Les ventes et le développement de l'Amiga furent confiés à une nouvelle filiale appelée "Amiga Technologies", avec à sa tête des personnalités de l'Amiga, dont Petro Tyschtschenko (ancien responsable logistique de chez Commodore), Stefan Domeyer (qui fut nommé co-directeur général aux côtés de Petro Tyschtschenko) et Jonathan Anderson (ancien responsable de Commodore UK). Commodore UK, justement, fut absorbé lui aussi par Escom quelques semaines plus tard. ![]() ![]() ![]() Petro Tyschtschenko, Stefan Domeyer et Jonathan Anderson ![]() Peter Kittel ![]() L'usine de Solectron en train de fabriquer des A1200 ![]() Le nouveau logo Amiga dessiné par Frog Design Le PowerPC 604, destiné aux ordinateurs haut de gamme, fut annoncé en avril 1994, en même temps que le PowerPC 603 qui, lui, était destiné aux machines portables et d'entrée de gamme. Cadencé entre 100 et 180 MHz, il fut pour la première fois utilisé en juin 1995 dans le Power Macintosh 9500 d'Apple, et était le processeur idéal pour relancer l'Amiga. ![]() Le PowerPC 604, le futur processeur de l'Amiga "Tout était en désordre. Un cauchemar. Rien n'était organisé. J'ai eu mes premiers doutes que nous n'allions jamais pouvoir rien faire. C'était en juin, la saison des pluies aux Philippines. Typhons. Inondations. La ville où j'étais, Dieu merci, n'était pas touchée à ce moment-là. Mais je n'ai pas abandonné, et avec l'assistance de M. Gwynne Thomas (responsable du matériel et logistique), que j'aimerais remercier pour son travail formidable, nous avons réussi à faire bouger les choses."Mais Amiga Technologies releva le défi et les nouveaux Amiga arrivèrent dans les magasins fin septembre/début octobre, avec seulement quelques jours de retard sur les dates prévues. Il s'agissait des Amiga Magic Pack, des A1200 avec une suite logicielle comprenant Wordworth, TurboCalc, Organiser, Scala MM300 et quelques jeux. L'Amiga était donc bien de retour pour le futur, comme le mentionnait le nouveau slogan de la société : "back for the future". Ce nouvel A1200 présentait les mêmes caractéristiques que l'ancien modèle (processeur 68EC020 à 14 MHz, puces AGA, 2 Mo de mémoire...) mais disposait d'une ROM plus récente (Kickstart 3.1 40.68) et d'un lecteur de disquette PC moins performant et compatible que celui d'origine. Il était aussi étonnamment plus cher, ce qui déplut aux fans de la machine. De plus, l'Amiga Magic Pack proposait deux jeux de qualité douteuse, Whizz et Pinball Mania. Le magazine anglais Amiga Power nota d'ailleurs Pinball Mania à 11% et pointait du doigt Amiga Technologies pour avoir mal choisi les jeux accompagnant l'Amiga Magic Pack. De son côté, Amiga Technologies, par l'intermédiaire de Jonathan Anderson, son responsable pour le Royaume-Uni, contacta le magazine et les accusa d'essayer de tuer l'Amiga. Jonathan Anderson démissionna au début de 1996. ![]() Amiga Magic Pack Escom voulu également fabriquer à nouveau des Commodore 64. Ce vieil ordinateur avait été produit en Chine (sans aucune licence) ces cinq dernières années. Le C64 pouvait représenter la machine idéale pour les pays émergents. Mais rien de concret fit suite à ces souhaits. Idem pour la console CD32 mais pour d'autres raisons : Petro Tyschtschenko raconta que, avant la liquidation de Commodore, quelque 140 000 CD32 avaient été fabriquées. Environ 60 000 avaient été vendues au prix normal, et 80 000 à bas prix pour générer des liquidités. Résultat : le prix de vente fut si bas (comparé aux coûts de production similaires à l'A1200) qu'Amiga Technologies décida de ne pas produire de nouvelle CD32 cette année et annonça que la situation, à propos du marché des consoles, allait être reconsidérée plus tard. Amiga 1300 et Power Amiga Mis à part la refabrication des "anciens" A1200 et l'A4000T, Amiga Technologies avait des projets en matière de nouveaux Amiga : l'A1300 et le Power Amiga. L'Amiga 1300 (aussi appelé l'A1200+), était prévu pour disposer d'un processeur 68EC030, d'emplacements pour mémoire Fast directement sur la carte mère, d'un lecteur CD et d'un jeu de composants modifiés pour permettre de contrôler les lecteurs HD standard. Le tout créé avec une technologie récente, par contraste avec la technologie de fabrication vieillissante et coûteuse des actuels Amiga. La présentation et la vente de l'A1300 furent annoncées pour 1996. Le 2 novembre 1995 au salon Video Toaster Expo de Los Angeles, Petro Tyschtschenko annonça également le développement du Power Amiga, le premier Amiga à base de processeur PowerPC, avec un nouveau jeu de composants et AmigaOS 4 natif PowerPC. Ce Power Amiga devait être le haut de gamme de la marque avec un PowerPC 604 comme processeur central. De plus, grâce à une coopération avec le constructeur Phase 5, des cartes accélératrices PowerPC (nommées PowerUP) devaient également être construites pour A1200, A3000 et A4000 afin que les utilisateurs actuels puissent utiliser AmigaOS 4 et migrer vers le PowerPC. Le Power Amiga fut annoncé pour le premier semestre 1997 et les cartes accélératrices de Phase 5 pour la fin de l'année 1996. De son côté, le système d'exploitation devait être indépendant du matériel afin de faciliter son portage sur d'autres plates-formes. Le développement devait être réalisé en interne par Amiga Technologies, dans les locaux de Bensheim en Allemagne. La nouvelle équipe comptait notamment dans ses rangs Andy Finkel et Dave Haynie, deux anciens ingénieurs de l'époque Commodore. ![]() Carte prototype PowerUP de Phase 5 (PowerPC 604 à 66 MHz et 68030). Photo de Salvador Fernadez Gomez. Concernant la politique de licences, Manfred Schmitt avait d'ailleurs souligné le fait qu'Escom/Amiga Technologies allaient dorénavant être "flexibles et ouverts d'esprit en ce qui concerne les licences pour la technologie Amiga." Cette stratégie, à l'opposé de celle jusque-là utilisée par Commodore, devait aider à relancer l'Amiga dans des délais les plus courts possibles. Des nouveautés matérielles dominées par le 68060 Alors que le monde du PC passait au Pentium en 1993 et que les Mac à base de PowerPC 601 étaient produits depuis mars 1994, le processeur le plus puissant sur Amiga demeurait le vieillissant 68040 à 40 MHz. Cette limite fut explosée par l'arrivée du 68060 à 50 MHz dont le premier exemplaire pour le monde Amiga fut rendu opérationnel par Phase 5 à la mi-1995. Le constructeur allemand fabriqua un module processeur basé sur le 68060 pour sa carte CyberStorm, destinée à l'Amiga 4000. Phase 5 annonça également que les cartes Blizzard 68060 pour A1200 et A2000 étaient prêtes mais que, vu la pénurie de 68060, leur date de commercialisation devait être repoussée. Motorola, le fondeur des 680x0, avait connu des problèmes de production et des retards. Il préparait la version 66 MHz du 68060 mais affirma que ce processeur était bel et bien le dernier de la cette famille. Enfin, une deuxième carte à base de 68060 fut commercialisée en 1995 : la T-Rex II (ou GVP-M A4060) du constructeur américain GVP-M, successeur de GVP qui fut racheté par Power Computing et M-Tec. ![]() La CyberStorm 68060 ![]() La T-Rex II (photo de Niek Haak) Ce 68060 fut également inclus dans le DraCo, le premier clone Amiga créé par la firme allemande MacroSystem. Le DraCo ne présenta aucun jeu de composants comme sur Amiga mais ce fut, au contraire, une conception totalement indépendante. Seuls les deux puces CIA 8520 (pour gérer les ports d'entrées/sorties) et le Kickstart 3.1 étaient communs avec les Amiga traditionnels. Cela permettait de lancer AmigaOS 3.1 (sous licence Amiga Technologies) et les logiciels ne nécessitant pas le recours à une puce propriétaire Amiga (Paula, Denise/Lisa, etc.). Le but de MacroSystem était de faire tourner ses logiciels tels que MovieShop et XiPaint pour en faire une station vidéo. Cette société allemande avait jusque-là adapté tous ces produits sur Amiga mais avec la faillite de Commodore, elle avait besoin d'une nouvelle plate-forme pour survivre, son DraCo. ![]() Le DraCo Du côté des cartes graphiques, Phase 5 proposa la première carte 64 bits pour Amiga : la CyberVision64. Destinée aux Amiga avec bus Zorro III, elle disposait d'un circuit Trio64 86C764 de S3 et pouvait afficher des modes d'écran 24 bits jusqu'en 1152×864. Une autre firme allemande, Ingenieurbüro Helfrich, sortie la Piccolo SD64, une version améliorée de la Piccolo. Tout comme la CyberVision64, elle fut construite autour d'une puce 64 bits (Cirrus Logic GD5434) et proposait des résolutions d'écran à peu près similaires mais avec des performances un peu moindres. La Piccolo SD64 était gérée par le système graphique EGS alors que la CyberVision64 tournait sous CyberGraphics. Ce dernier, conçu par Frank Mariak et Thomas G. Sontowski de Vision Factory Development, devint rapidement le standard pour l'affichage RTG sur la scène Amiga, dépassant l'EGS. ![]() La CyberVision64 ![]() La Piccolo SD64 En décembre 1993, la société id Software mit sur le marché PC un jeu qui eut une onde de choc mondiale : Doom. Ce jeu d'action 3D totalement immersif se vendit à environ 10 millions d'exemplaires. Cette onde résonna sur Amiga comme un signe fort : l'Amiga, qui dominait autrefois la scène vidéo-ludique, se vit dépassé. Le fait que Doom était en 3D causa grand tort à la machine de feu-Commodore car le mode d'affichage utilisé (chunky) n'était pas du tout standard sur Amiga (qui utilisait le plan de bits). John Carmack, le programmeur de Doom déclara ainsi : "Doom ne tournera jamais sur Amiga." Il fallut donc attendre l'année 1995 pour voir apparaître les premiers véritables jeux de ce genre sur Amiga, communément appelés "Doom-like" ou "clones de Doom". La première pierre fut posée par Fears, un jeu oppressant conçu par le groupe de démomakers français Bomb dont le programmeur principal était Frédéric Heintz. Team 17, l'éditeur phare sur Amiga, proposa également son clone de Doom avec Alien Breed 3D, le quatrième volet de la mythique série. De nombreux autres développeurs tentèrent ce créneau comme Black Magic qui sortit Gloom (le premier clone de Doom jouable à deux sur le même écran), les Italiens de Fields Of Vision avec Breathless (qui fut le premier avec un affichage au pixel près), ou les Polonais de Dual System/LK Avalon avec Monster (mais qualitativement un cran en dessous des autres). Tous ces jeux demandaient une configuration musclée pour fonctionner correctement ; ils furent ainsi un élément déclencheur pour de nombreux joueurs concernant l'achat d'une carte accélératrice. Enfin, parmi tous ces clones de Doom, trois se démarquèrent car ils pouvaient fonctionner sur de simples A500 avec 1 Mo de mémoire : Citadel de Virtual Design, Behind The Iron Gate d'Ego Software et Project Battlefield de TSA, tous trois créés par des développeurs polonais, un des rares marchés où l'Amiga résistait encore. ![]() Fears ![]() Breathless ![]() Worms ![]() Colonization ![]() Pinball Prelude ![]() Aaron Digulla ![]() MUI 3.0 ![]() Directory Opus 5 ![]() ![]() Jonathan Potter et Greg Perry Le domaine du graphisme poursuivit son amélioration bien que fortement concurrencé par les logiciels du même genre sur PC. NewTek, l'éditeur de LightWave 3D, commercialisa même la version 4.0 de son logiciel d'abord sur PC puis sur Amiga. On sentit que ce programme phare pouvait très bien disparaître de la plate-forme Amiga au profit d'autres systèmes plus rentables. Ce cas de figure fut heureusement impensable pour Impulse, qui proposa des mises à jour trimestrielles d'Imagine afin d'arriver à une version 4.0 plus complète. D'autres mises à jour majeures pour les logiciels de graphismes 3D (Cinema 4D 3.1, Real 3D 3.0, World Construction Set 2.0) et 2D (TVPaint 3.59, Movie Shop 3.0, Personal Paint 6.x, Photogenics 1.2, Deluxe Paint 5) arrivèrent aussi, montrant que ce domaine était encore très présent sur Amiga. Deluxe Paint 5 pouvait enfin travailler en 24 bits et gérait les macros ARexx. Mais cet ancêtre des logiciels de dessin restait toujours un cran derrière TVPaint au niveau de la technique et de la rapidité. ![]() Image rendue par Real 3D 3.0 Enfin, le 30 août, une chose qu'on ne pensait pas croyable se réalisa : l'apparition d'un émulateur Amiga. Nommé UAE, il fut développé par Bernd Schmidt sous Unix. Il émulait alors un Amiga de base (68000 et OCS) à 20% de sa réelle vitesse. Les premières versions, très plantogènes, furent appelées "Unusable Amiga Emulator" mais les progrès réalisés jusqu'à la fin de l'année permit à cet émulateur de se compléter et d'être moins bogué. Il fut également porté sur d'autres plates-formes comme MS-DOS, Mac OS et BeOS. Avec la course à la puissance des processeurs, il y avait un espoir de voir AmigaOS et sa logithèque tourner sur autre chose qu'un Amiga. Cette idée était d'ailleurs reçue avec crispation de la part de certains amigaïstes invétérés. Une confiance en partie retrouvée L'année 1995 avait donc vu le rachat de l'Amiga, une relance de la production et de nouveaux projets d'expansion. Il était ironique de voir que l'argent récolté par Escom (vente de PC) était mis au service de la relance de l'Amiga. Mais Escom avait beaucoup dépensé depuis le rachat et termina l'année avec des pertes financières significatives. Après plus d'un an et demi sans vraie nouvelle machine, l'arrivée du 68060 était vécue comme une bouffée d'oxygène permettant à l'Amiga de recoller avec le Pentium au niveau puissance. Les projets autour du PowerPC furent aussi une source d'optimisme. Néanmoins, le marché n'était pas encore totalement retrouvé, avec des entreprises fuyant l'Amiga et préférant suivre le chemin doré de Windows 95, ou bien avec des fermetures comme Amiga World, le premier journal Amiga.
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