Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Histoire de l'Amiga - année 1996
(Article écrit par David Brunet - décembre 2008, mis à jour en septembre 2021)


1996 : difficultés financières en série

Après avoir été racheté en 1995, l'Amiga semblait de nouveau reparti. Mais hélas l'année 1996 fut agitée, avec une nouvelle faillite, des rebondissements mais aussi l'arrivée de nouveaux acteurs sur la scène Amiga.

Les Amiga d'Escom

Les Amiga 1200 et 4000T étaient toujours disponibles après un gros travail de Petro Tyschtschenko en 1995 qui réussit à remettre en route la production et à la maintenir. Il s'agissait bien là d'un coup de maître : même si ce n'était pas réellement de nouveaux modèles, la présence des A1200 et A4000T assurait le service minimum pour le marché. Aperçue en fin d'année 1995, la carte 68060 pour A4000T (l'A4000T-060 de QuikPak, conçue par Jeff Boyer) se fit attendre douze mois par l'utilisateur final : le premier Amiga officiel avec 68060 allait enfin pouvoir toucher le plus grand nombre malgré son prix de plus de 20 000 FF.

A4000T-060
La carte A4000T-060

En mars, lors du salon allemand CeBIT, Amiga Technologies annonça deux nouveaux Amiga : l'Amiga Surfer Pack et le Walker. L'Amiga Surfer Pack fut le premier Amiga destiné à Internet. En fait, ce fut simplement un A1200 doté d'un disque dur de 260 Mo, d'un modem 14,4 kbps et d'une suite logicielle pour Internet. Il ne fut cependant jamais distribué.

Le Walker (nom venant de Mind Walker, le premier jeu informatique publié par Commodore - 1986) était le nouveau nom du projet "A1200+" ou "A1300" qui visait à construire un successeur à l'Amiga 1200 (ce fut d'ailleurs un travail de rétro-ingénierie de l'A1200). Il avait un aspect qui tranchait avec celui des Amiga classiques : sa forme rappelait plus un aspirateur ou le casque de Darth Vader qu'un ordinateur. Cette forme particulière lui permettait cependant de pouvoir accepter des extensions dans le sens de la hauteur. Techniquement, il était doté notamment d'un 68EC030 à 40 MHz, d'un lecteur de CD, du Kickstart 3.2, d'un port MIDI et d'un port d'extension mixte (Zorro et PCI). Il était même pourvu de nouvelles puces spécialisées : Toni (contrôleur du bus système) et SuperIO (gestion du lecteur de disquette et de divers ports). Ce projet Walker, poussé par Stefan Domeyer, n'avait pas vraiment les capacités techniques pour réaliser une réelle percée : le prix visé de 5000 FF pour la configuration complète (sans écran) était jugé trop haut pour une machine à base de 68EC030.

Walker
Le Walker

La relance de l'Amiga passait aussi par la mise en place de nouveaux moniteurs 15 et 17 pouces multisynchro. Également présentés au CeBIT, le milieu de gamme M1538S (15 pouces) et le haut de gamme M1764 (17 pouces) vinrent compléter une série débutée en 1995 avec l'écran 14 pouces M1438S, tous conçus par Microvitec.

M1764
L'écran M1764

Du côté du système d'exploitation, les choses allaient moins vite. Olaf Barthel fut recruté pour passer en revue les bandes de sauvegarde de Commodore qui avaient été fournies à Amiga Technologies. Ces bandes contenaient, entre autres, le code source du système d'exploitation Amiga. Olaf Barthel devait les remettre en ordre afin que le travail de développement puisse reprendre. C'est ainsi que de petites mises à jour d'AmigaOS 3.1 (FFS, SetPatch, pilotes, etc.), effectuées par Heinz Wrobel, furent diffusées par Amiga Technologies. Avec ces dernières, l'Amiga pouvait en théorie faire fonctionner des disques durs de plus de 4 Go.

Olaf Barthel Heinz Wrobel
Olaf Barthel et Heinz Wrobel

Escom dans la tourmente

En début d'année, Escom avait annoncé des pertes de 46 millions de DM (le chiffre fut ensuite revu à 125 millions). Pour essayer de stabiliser sa base financière, la société allemande augmenta au mois de mars son capital de 60 millions de DM avec l'aide de banques et divers investisseurs (dont les sociétés Siemens et Quelle).

Les mesures prises par Escom eurent évidemment des répercussions sur Amiga Technologies. Par exemple, les bureaux de la filiale Amiga en Grande-Bretagne (à Maidenhead) furent fermés et la direction fut transférée chez Escom UK à Stanstead. Un peu plus tard, ce fut la fermeture d'une usine Escom à Heppenheim en Allemagne, usine qui produisait les Amiga 4000T. De plus, et pour couronner cette mauvaise passe, Manfred Schmitt, PDG d'Escom, démissionna le 31 mars sous la pression des banques créditrices. Il fut remplacé dans sa fonction par Helmut Jost, un ex vice-président de Commodore. Le propriétaire de l'Amiga se trouva alors en grande difficulté.

Manfred Schmitt
Manfred Schmitt
Helmut Jost
Helmut Jost

C'est ainsi que VIScorp annonça, le 11 avril, son intention de racheter Amiga Technologies et les propriétés intellectuelles de Commodore (sauf la marque et le logo) pour 40 millions de dollars. VIScorp, une société américaine dirigée par Bill Buck et spécialisée dans la télévision interactive, avait dans ses rangs d'anciens ingénieurs Amiga.

VIScorp

VIScorp s'était déjà rapprochée d'Escom en 1995, lors du son rachat de l'Amiga afin d'acquérir une licence d'utilisation de la technologie Amiga pour ses boîtiers décodeurs (Bill Buck et Manfred Schmitt étaient assis côte à côte lors de l'audience sur la banqueroute de Commodore, en tant que partenaires). Cette licence fut d'ailleurs effective en janvier 1996. Donc pour VIScorp, il était meilleur marché de racheter l'Amiga que de payer les redevances pour la grosse quantité de boîtiers décodeurs qu'elle prévoyait de fabriquer sous licence Amiga. L'accord prévoyait qu'Escom acquiert 7% de VIScorp et devienne son distributeur européen ; en échange, VIScorp devait prendre le contrôle d'Amiga Technologies et devait avoir la mainmise sur l'inventaire Amiga.

Bill Buck
William "Bill" Buck

Amiga Technologies n'avait plus le soutien financier d'Escom et "survivait" grâce à ses licences et aux ventes d'Amiga 1200, d'A4000T et de moniteurs. La production de ces matériels baissa conséquemment (arrêt total pour les A1200) mais les stocks étaient importants. Cette diminution de budget et l'obligation de réaliser des économies eut plusieurs effets comme l'arrêt de projets et la suppression de postes (dont Stefan Domeyer, le co-directeur général). Parmi les projets arrêtés, on trouva le Walker (choix influencé par VIScorp, alors que celui-ci n'était toujours pas le propriétaire officiel de la marque) et le Power Amiga, dont rien de concret ne fut réalisé par manque de budget. La nouvelle stratégie se basait sur les boîtiers décodeurs Internet, notamment l'ED (Electronic Device).

ED ED
Bill Buck et l'Electronic Device (prototype)

Lors d'une conférence de presse à Toulouse le 19 mai 1996, VIScorp annonça même vouloir développer une nouvelle version du système d'exploitation (AmigaOS 3.3) qui intégrerait le nécessaire pour utiliser Internet. L'objectif était de rendre le système portable : une version pour processeur Alpha fut ainsi entrevue comme possible option. Mais tout cela n'était que des annonces...

Le 21 juin, après deux mois de tractations, un deuxième accord intervint entre Escom et VIScorp, mais l'Amiga n'appartenait pas pour autant à VIScorp. Et malgré cette promesse de vente, Escom continua à sombrer et déposa le bilan le 15 juillet. A ce moment-là, la dette atteignit les 250 millions de dollars. Ni les banques, ni les actionnaires ne voulurent injecter davantage de capitaux. Cette banqueroute fut jugée étonnante pour une société qui durant des années avait été fleurissante. En fait, Escom fut brutalement sanctionnée pour quelques erreurs de gestion : des inventaires trop élevés de Pentium 60, bogués, dont la valeur plongea vertigineusement, une insuffisance de fonds pour financer sa croissance et un ralentissement du marché domestique des PC suffirent à mettre à genoux une société qui, au moment où elle rachetait l'Amiga, semblait un modèle de croissance et de dynamisme. Le nom "Escom", sa division PC et ses magasins furent rachetés en août 1996 par la société allemande ComTech Computersysteme GmbH. Les branches Amiga et Commodore, elles, étaient toujours en négociations pour un rachat.

Comtech

Projets PowerPC et clones Amiga

A cause de sa très mauvaise posture financière, Amiga Technologies annula son contrat "PowerUP" avec le fabricant de périphériques Phase 5. Ce contrat était l'une des pièces d'un projet global visant à migrer l'Amiga vers le processeur PowerPC. Les travaux sur AmigaOS PowerPC, dont seulement un plan sur papier avait été dressé, ne furent pas lancés non plus.

Mais malgré cette défection, Phase 5 persévéra : la société allemande annonça son intention (le 18 mai, un jour avant la conférence de Toulouse), de fabriquer une nouvelle machine PowerPC compatible Amiga, qui fut par la suite nommée A\Box. Cet ordinateur était basé sur un contrôleur 128 bits, baptisé Caipirinha, destiné à gérer toutes les entrées/sorties ainsi que la puce graphique et sonore. Il promettait aussi d'être livré avec un nouveau système d'exploitation natif PowerPC et compatible AmigaOS 3.1.

A\Box
L'A\Box (vue d'artiste publiée par le magazine CU Amiga)

Phase 5 continua également son travail sur le projet PowerUP qui avait pour but d'apporter des cartes accélératrices PowerPC aux Amiga. Les tractations avec Motorola et l'arrêt de coopération avec Amiga Technologies retarda la feuille de route. Les premières cartes PowerUP destinées aux développeurs furent ainsi livrées en novembre. L'année 1996 fut la période où Phase 5 prit une nouvelle dimension en devenant l'un des acteurs majeurs du monde Amiga.

Carte PowerUP prototype
Carte PowerUP prototype

Voici ce que Gerald Carda, directeur technique de Phase 5, pouvait résumer lors de l'annonce de son ordinateur révolutionnaire :
"Malheureusement, nous avons quelques mois de retard à cause des discussions entre Motorola, Amiga Technologies et Phase 5. Ces sociétés devaient se mettre d'accord pour une coopération rapprochée et d'autres détails, surtout concernant de nouveaux standards spécifiques au PowerPC. Suite à des discussions concernant l'éventuel rachat par VIScorp et la vague de licenciements qui a suivi chez Amiga Technologies (la majorité de nos interlocuteurs ont quitté la société), celle-ci a abandonné cette coopération. Pour cette raison, nous ne gaspillerons pas davantage de temps et continuerons le projet tout seul, comme nous l'avons commencé. Nous ne pouvons pas non plus attendre de voir les intentions possibles de VIScorp."
Phase 5 n'était pas seul sur le créneau des nouvelles machines. Après l'abandon du projet du Power Amiga, des anciens de chez Amiga Technologies (Stefan Domeyer, Geerd Ebeling, Andy Finkel et Dave Haynie) créèrent, en mai, la société PIOS (PowerPC Information and Online Systems), qui visait à produire une machine PowerPC : le PIOS One, "un successeur pour la communauté Amiga" selon l'annonce initiale. Contrairement à l'A\Box, le marché ambitionné était l'entrée de gamme (3500 à 5000 FF) et ne se focalisait pas uniquement sur l'Amiga : Windows NT, Mac OS et BeOS étaient pressentis sur la machine, en attendant une hypothétique version PowerPC d'AmigaOS (dont la licence ne vint jamais).

Une solution alternative à AmigaOS émergea cependant à la surprise générale : la société ProDAD préparait pOS, un système inspiré d'AmigaOS mais ayant été complètement réécrit en C pour être le plus portable possible (le point de mire était de tourner sur PowerPC). pOS était compatible AmigaOS au niveau des sources et proposait de gommer les lacunes de son aîné (ajout de capacités réseau, RTG en standard, gestion des partitions de 1 To...), tout en l'accélérant et en rehaussant l'aspect esthétique. Annoncé lors d'une entrevue au magazine allemand Amiga Magazin en avril, pOS fut présenté pour la première fois au salon de Cologne à la mi-novembre dans une version relativement avancée.

pOS
pOS bêta d'octobre 1996

La maison mère Amiga n'ayant plus les moyens de ses ambitions, des acteurs tiers émergèrent pour prendre le relais. PIOS et Phase 5 pour les machines et ProDAD pour le système d'exploitation. Mais contrairement au pOS, les futurs Amiga de PIOS et Phase 5 ne seraient cependant pas disponibles avant deux ans, selon les estimations les plus optimistes.

VIScorp ne paye pas

La faillite d'Escom n'avait pas fait de VIScorp le propriétaire de l'Amiga pour autant. Les annonces de la société américaine se succédèrent mois après mois sans que rien ne soit fait concrètement. Le 19 juillet, l'administrateur de liquidation Bernhard Hembach et le président de VIScorp, Bill Buck, signèrent un contrat de vente (le troisième) qui donnait à VIScorp jusqu'au 19 août pour finaliser son achat et devenir enfin détenteur de la plate-forme. Amiga Technologies poursuivit provisoirement ses activités, sous le financement de Bill Buck et Raquel Velasco. Cela aida à maintenir la société en vie. A terme, une nouvelle société, nommée "VIScorp GmbH" (puis "Raquel Velasco GmbH"), devait prendre le relais d'Amiga Technologies avec à sa tête Raquel Velasco et Petro Tyschtschenko. Mais de nouveau la date butoir passa et cela jeta le doute sur les réelles capacités de VIScorp à financer son rachat.

En fait, après la faillite d'Escom, VIScorp ne fut pas la seule entreprise intéressée par l'Amiga. PIOS, Eagle Computer et même une société chinoise négocièrent avec Bernhard Hembach.

Des rumeurs sur le fait que VIScorp n'arrivait pas à payer ses propres employés allaient transformer toute cette histoire en mascarade. Ces rumeurs furent suivies de faits réels avec les démissions de Curtiz Gangi (directeur opérationnel de VIScorp) et Florine Radulovic (responsable presse) en octobre. D'autres, et non des moindres, suivirent comme Carl Sassenrath en novembre : le concepteur du noyau d'AmigaOS estimait que VIScorp était "une entreprise incompétente, pire que Commodore". Bill Buck et Raquel Velasco clamèrent par la suite à plusieurs reprises qu'ils restaient intéressés par le rachat de l'Amiga mais plus personne ne prenait leurs annonces au sérieux. Le conseil d'administration de VIScorp, qui ne partageait pas l'optimisme de Bill Buck à propos de l'Amiga, semblait de moins en moins intéressé par le marché des boîtiers décodeurs et préférait miser sur les profits à court terme. Ainsi, VIScorp ne réussit jamais à réunir les millions de dollars nécessaires à l'acquisition. Sa licence Amiga, acquise en janvier, fut également annulée. Et sans licence Amiga pour son ED, ce matériel ne put être finalisé et commercialisé. En toute fin d'année, Bill Buck et Raquel Velasco quittèrent VIScorp et les mentions relatives à l'Amiga furent supprimées du site Web de la société.

L'administrateur de la faillite, Bernhard Hembach, rouvrit l'appel d'offres pour l'Amiga avec plusieurs sociétés. L'Allemand Eagle Computer était toujours intéressé : il avait des projets matériels en cours (dont une carte accélératrice Alpha et des Amiga portables) et s'était rapproché de QuikPak, l'assembleur américain d'Amiga 4000T. QuikPak fit officiellement une offre le 24 décembre mais sans résultat puisque le passage à la nouvelle année vit l'Amiga toujours sans propriétaire. Six mois après la faillite d'Escom, il fallait encore attendre...

Quikpak

Matériel : le 68k à son maximum

Bien que l'on savait que le 68060 était le dernier de la série des 68k, il fut à l'honneur dans les machines et cartes accélératrices pour Amiga. Outre l'arrivée de l'A4000T en version 68060 (grâce à la carte A4000T-060 de QuikPak, la plus rapide de la sorte), les constructeurs Phase 5, DKB et Apollo livrèrent des cartes processeur 68060 pour la plupart des modèles d'Amiga : A1200 (Blizzard 1260), A2000 (Blizzard 2060, Wildfire) et A3000/A4000 (Apollo 3/4060, CyberStorm MkII). Les premières variantes à 66 MHz arrivèrent aussi mais la montée en fréquence s'arrêta là pour cette année : malgré un prix conséquent (de 5000 à 10 000 FF selon la carte), le 68060 se faisait de plus en plus distancer par ses concurrents, que ce soit le Pentium, le PowerPC et surtout le DEC Alpha qui dépassait allègrement les... 400 MHz !

Wildfire 060
La Wildfire disposant du Fast SCSI-2, de l'Ethernet et de deux ports PCI

Blizzard1260
La Blizzard 1260, première carte 68060 pour A1200

Pour contrer ces prix élevés et en attendant les cartes PowerUP, Phase 5 eut l'idée de proposer des cartes 68040 disposant d'un processeur recyclé (provenant d'anciens Mac). Ainsi, la Blizzard 1240 T/ERC mettait la puissance à portée de main (moins de 2000 FF) pour de nombreux utilisateurs d'A1200 peu fortunés. Les cartes de Phase 5 pour A2000, A3000 et A4000 furent aussi disponibles avec ces processeurs recyclés.

Du côté des machines, une diversité étonnante apparue. Même si Amiga Technologies avait fini par abandonner son Walker, d'autres machines "Amiga" sortirent durant cette année. La société américaine Silent Paw Productions mit à disposition ses PAWS (Portable Amiga WorkStation) qui étaient des ensembles permettant aux A600, A1200, A3000 et A4000 de devenir "portables". Ces ensembles contenaient un boîtier portable, un écran TFT 10,4 pouces (640x480) et sa carte pilote, un module d'alimentation avec une batterie, un transformateur, une boule de commande PAWSTrac et les logiciels CrossDOS 6 et LinkIt. Cette mode fut suivie par MacroSystem qui présenta aussi une version portable de son DraCo (pour 13 000 DM) qui était en fait un DraCo de base avec une carte graphique, une VLab-Motion, un clavier escamotable et d'un écran 12 pouces 800x600 24 bits. QuikPak et Eagle Computer voulurent aussi d'arrimer au wagon des Amiga portables, mais les projets de ces deux sociétés ne furent jamais terminés.

PAWS 1200
PAWS 1200

DraCo portable
Version "portable" du DraCo

La société taïwanaise New Star avait acquit en 1995 une licence à Escom pour la production et la distribution du jeu de composants Amiga pour la Chine, Taiwan et Hong Kong. Cette licence, non révélée au public jusqu'alors, se matérialisa en 1996 avec l'annonce de la fabrication sur ces marchés asiatiques de l'A5A00, le clone Amiga le moins cher jamais réalisé. Pour seulement 199 $, l'A5A00 était (aurait du être ?) un Amiga ECS avec un 68000, le Kickstart 3.1 et un lecteur de CD. Mais malgré les annonces de Jing Jian Li, le vice-président de Rightiming Electronics Corporation/New Star, personne ne vit ne serait-ce que l'ombre de ces machines.

Des licences plus classiques furent aussi accordées. Le 30 avril, Eagle Computer convint d'un accord avec Amiga Technologies pour distribuer des "Eagle 4000TE". Il s'agissait en fait d'Amiga 4000T portant la mention "Amiga® Based" proposés avec une configuration personnalisée et un boîtier différent. D'ailleurs, dans un cadre plus général, les boîtiers tour s'améliorèrent assez nettement, que se soit dans le style ou dans l'ergonomie. MicroniK, l'un des pionniers dans ce domaine, sortit notamment une gamme de tours nommée Infinitiv pour A1200. Sans vis, les éléments étaient ajoutables simplement et elle offrait une grande capacité d'extension grâce à des étages supplémentaires (un peu comme le Walker). De son côté, la firme allemande Agnus Dei misa sur l'aspect avec une tour très stylisée baptisée Infinity.

Infinitiv
Tour Infinitiv

Infinity
Tour Infinity

L'Amiga eut très tôt de bonnes cartes/extensions d'émulation PC comme l'A1060 Sidecar en 1986. Dix ans plus tard, on vit apparaître le Siamese de la société anglaise HiQ. Cette carte permettait d'intégrer un PC avec un Amiga : elle se branchait sur un port ISA du PC et permettait d'afficher, sur un même écran, Windows 95 et le Workbench. Le partage des fichiers et des périphériques était aussi possible, ce qui en faisait un outil intéressant pour les amigaïstes obligés d'utiliser aussi un PC.

Siamese
Siamese

Les utilisateurs de CD32 ne furent pas oubliés par les nouveautés matérielles. Bien qu'aucune nouvelle vague de production de CD32 n'intervint cette année (ni aucun projet de nouvelle console), une série d'extensions fut commercialisée par la firme DCE. Du nom de SX32, ces extensions reprenaient le flambeau des SX-1 produits par Microbotics/Paravision deux ans plus tôt. Il s'agissait toujours de transformer la console en A1200 grâce à l'ajout de mémoire vive et de différents ports d'extension. Le SX32 Mk1 apparut en 1995 et laissa sa place au Mk2 début 1996 puis du SX32 Pro en fin d'année. Ce dernier permettait non seulement d'ajouter les mêmes ports d'extension que ses ainés mais aussi de doter la CD32 d'un 68030 et de mémoire jusqu'à 64 Mo.

SX32

SX32
SX32

Le marché des cartes graphiques s'améliorait lui aussi avec la sortie de la Picasso II+ (évolution mineure de la Picasso II) et surtout de la CyberVision64/3D de Phase 5 et de la Picasso IV de Village Tronic. Ces deux cartes annoncées depuis des mois furent commercialisées en toute fin d'année. Elles proposaient chacune de leur côté des avancées considérables dans ce domaine. La Picasso IV dépassait le concept de la carte graphique proprement dite grâce à son approche modulaire. Des extensions comme un syntoniseur TV, un encodeur vidéo voire un module 3D étaient prévues. La CyberVision64/3D fut, elle, la première carte graphique Amiga avec 3D accélérée. Les deux cartes vinrent aussi, pour leur gestion, avec deux systèmes d'affichage RTG différents : Picasso96 et CyberGraphX 3.0. La compétition entre ces API graphiques s'installa immédiatement. Enfin, plus loin de cette rivalité Phase 5/Village Tronic, l'entreprise unipersonnelle Individual Computers (gérée par Jens Schönfeld) proposa la Graffiti, une solution peu onéreuse pour faire afficher 256 couleurs (et en mode chunky) à tout Amiga. Cet adaptateur graphique ne pouvait malheureusement pas afficher le Workbench...

Picasso IV
Picasso IV

CyberVision64/3D
CyberVision64/3D

Logithèque : la déferlante Internet

La propagation d'Internet dans le monde toucha bien évidemment l'Amiga. Le nombre de logiciels dédiés à Internet se multiplia rapidement, tout comme les sites parlant d'Amiga. D'ailleurs, le site Aminet, maintenu par Urban Muller, franchit la barre des 30 000 archives et devint le plus gros site de téléchargements, toutes plates-formes confondues. Par le passé, l'Amiga avait de nombreuses archives de programmes DP mais la plupart ne surent pas négocier le virage Internet et disparurent. C'est ainsi qu'après dix ans de travail Fred Fish annonça qu'il mettait un terme à sa collection de DP éponyme (disquettes et CD). Urban Muller indiqua cela dans une entrevue pour Amiga Report au sujet du domaine public :
"nous n'avons pas remarqué la plus légère diminution du nombre de téléchargements depuis que Commodore a disparu. C'est plutôt le contraire, on dirait plutôt une tendance à la hausse. Un autre indicateur est que le nombre de personnes inscrites à nos listes de diffusion "nouveaux téléchargements" ne cesse d'augmenter. Il y a actuellement 2200 abonnés. Ainsi, même si les développeurs commerciaux abandonnent le navire, nous n'avons pas à craindre de rester sans nouveaux logiciels."
Urban Muller
Urban Muller (photo de Thomas Tavoly)

Ainsi donc, les logiciels dédiés à Internet arrivèrent par wagons avec une certaine qualité. Tous les domaines étaient touchés, que ce soit les transferts FTP avec AmFTP, la gestion de courrier électronique avec Thor et YAM, les piles TCP/IP avec le puissant et convivial Miami et surtout les navigateurs Internet avec pas moins de trois logiciels : AWeb, IBrowse et Voyager (précédemment nommé MindWalker dans le paquetage "Amiga Surfer"). Deux ans et demi après le pionnier AMosaic, le développement des navigateurs Internet sur Amiga s'était fortement accéléré.

IBrowse
IBrowse

Comme l'année précédente, la nouvelle version (5.0) du logiciel de création 3D LightWave fut commercialisée d'abord sur PC puis sur Amiga. Les remous des faillites/rachats de l'Amiga avaient mis à mal son développement, ce qui l'avait distancé sur le plan de la puissance brute par rapport aux PC. Cette puissance, si désirée dans le monde des raytracers causa irrémédiablement un retrait de l'Amiga par rapport à la concurrence. Pourtant les logiciels de ce genre résistèrent plutôt bien cette année avec le portage de la dernière version de l'excellent gratuiciel POV-Ray 3.0, une nouvelle mouture encore plus confortable d'Imagine (la 5.0), ou encore l'émergence de Cinema 4D, un raytracer conçu par ProDAD.

Imagine 5.0
Imagine 5.0

De leur côté, les programmes de graphismes 2D gardèrent une richesse et une qualité remarquable comme c'était le cas depuis l'apparition de l'Amiga en 1985. Les deux grosses mises à jour de l'année furent ImageFX 2.6 et Photogenics 2.0 alors que la grosse nouveauté vint de l'éditeur allemand Haage & Partner avec ArtEffect. Ce logiciel avait la particularité de reprendre l'aspect et la philosophie de Photoshop, la référence du genre hors-Amiga.

ArtEffect
ArtEffect

La "guerre" entre les éditeurs SoftWood et Digita International se poursuivit de plus belle sur le plan des traitements de texte. Final Writer 5 et Wordworth 5 essayèrent de s'accaparer ce marché ; ils continuèrent à s'améliorer en tentant de ne pas trop prendre de retard face aux autres logiciels du genre sur PC et Mac (Word notamment). Wordworth 5 arriva avec une gestion d'ARexx (enfin !) et des graphismes 24 bits. Final Writer 5 proposa, entre autres, la création de tableaux, la gestion du format RTF et un concepteur simple de page HTML. Cette volonté de rester "dans la course" était aussi le créneau de SoftLogik qui peaufina jusqu'à la moelle un PageStream 3.1 plus que professionnel. Michael Friedrich proposa TurboCalc 4.0, un très bon tableur sur Amiga, alors que SoftWood, encore lui, commercialisa Final Calc, son premier tableur dont la réalisation avait été confiée à Khalid Aldoseri. Ce fut un logiciel complexe qui présentait toutes les fonctionnalités et les outils que vous pouviez attendre d'un tableur.

Wordworth 5
Wordworth 5

Dans le secteur de l'audio, le vieux Protracker sortit dans une nouvelle version 3.61. Toujours aussi intuitif, ce logiciel de musique par piste commençait toutefois à prendre de l'âge face à deux concurrents : DigiBooster et OctaMED SoundStudio. Le premier, DigiBooster, était un logiciel de musique sur huit pistes, oeuvre de programmeurs polonais, les frères Piasta. Il ouvrait pour la première fois dans ce genre de logiciel les portes des formats de modules tels FastTracker et TakeTracker. Le second logiciel, OctaMED SoundStudio, était la dernière version en date de MED. Sa bonne gestion du MIDI, sa capacité 64 pistes et sa gestion des cartes son 16 bits en faisait un programme bien plus avancé que Protracker. A noter qu'il fut disponible sur CD, comme la majorité des logiciels commercialisés en 1996 : la gestion du CD s'était bel et bien démocratisée.

DigiBooster
DigiBooster

Plus que pour les logiciels professionnels, le secteur des jeux sur Amiga connut en 1996 une baisse conséquente. La barre des cent titres commerciaux publiés fut franchie avec difficulté. Le nombre de jeux DP était aussi à la baisse, tout comme ceux pour la CD32 (treize titres seulement publiés). Pour couronner le tout, quelques-uns des grands acteurs encore présents sur la scène Amiga sortirent leur dernière production avant de laisser tomber la plate-forme. Ce fut le cas pour 21st Century (avec Slam Tilt, pourtant le meilleur flipper sur Amiga), The Bitmap Brothers (avec Chaos Engine 2, pas assez innovant par rapport au premier) ou encore Sensible Software (avec Sensible World Of Soccer 96/97, qui était vue comme une simple mise à jour sans nouveautés).

Slam Tilt
Slam Tilt

Dans ce contexte difficile, la qualité générale fut très disparate, cela faisait longtemps que des jeux de piètre valeur n'avait pas inondé l'Amiga. Malgré cela, quelques perles émergèrent et furent considérées comme les meilleures de leur catégorie : le précédemment nommé Slam Tilt pour les simulations de flipper, Capital Punishment de ClickBoom pour les jeux de combat et surtout Alien Breed 3D 2, le jeu d'action 3D le plus poussé techniquement. D'ailleurs, la furie des jeux d'action 3D (ou clones de Doom) amorcée en 1995 ne retomba pas. Outre Team 17 avec son Alien Breed 3D 2, les Allemands de Zentek commercialisèrent Nemac 4 alors que Black Magic améliora Gloom (qui prit pour l'occasion le nom de Gloom Deluxe) avec des graphismes plus fins et l'ajout de la gestion des lunettes de relief I-Glasses.

Alien Breed 3D 2
Alien Breed 3D 2

La société canadienne ClickBoom qui avait donc publié son premier jeu, Capital Punishment, faisait partie de ces nouveaux développeurs/éditeurs qui se firent remarquer durant cette période. Il fallait aussi compter sur Neo, un éditeur autrichien qui multiplia les sorties (comme Black Viper, Spherical Worlds ou Fightin' Spirit) et Vulcan Software, une petite entreprise anglaise de développement qui prit peu à peu de l'ampleur. Vulcan Software avait débuté avec Valhalla, une série de RPG, en 1994. Le troisième épisode fut commercialisé cette année. Valhalla eut la particularité d'être adoré par une partie de la presse (et des utilisateurs) et absolument détesté par l'autre partie : ce fut le jeu avec l'une des plus grandes controverses de l'histoire de l'Amiga.

Capital Punishment
Capital Punishment

L'influence grandissante des sociétés tierces

Cette année 1996 montra une nouvelle fois combien la gestion d'entreprise était importante pour mener un projet à bien. Escom était l'un des plus gros fabricants et distributeurs de PC mais ne pu réussi à relancer l'Amiga. Après un Commodore en faillite, un Escom qui ne tint qu'un an et un VIScorp qui ne pouvait pas payer, les utilisateurs Amiga n'avaient vraiment pas eu de chance. La plate-forme Amiga n'avait pas progressé alors que le reste du monde informatique connut une forte croissance technologique. Et sans investissements massifs, il était difficile de retourner la tendance. Fin 1996, l'Amiga n'avait pas de ressources pour s'en sortir : il fallait à présent peut-être compter sur des sociétés tierces comme PIOS, Phase 5 et ProDAD qui percèrent durant cette année et qui avaient bien l'intention de jouer un rôle plus important dans les années à venir.


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