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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Dossier : Histoire de l'Amiga - année 1997
(Article écrit par David Brunet - décembre 2009, mis à jour en septembre 2021)
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1997 : remobiliser le monde Amiga
L'Amiga paraissait à bout de souffle. L'année qui venait de s'écouler fut vide d'événements concrets. Des magazines comme Amiga Action,
Amiga Joker ou Amiga Power arrêtèrent leur publication et des revendeurs ou fabricants déposèrent le bilan. Parmi eux, MTEC, le fabricant
de cartes accélératrices, Ingenieurbüro Helfrich, concepteur de cartes graphiques, ou encore Almathera Systems Ltd. qui annonça sa
fermeture à cause de problèmes d'argent suite au non-paiement par VIScorp de son travail fait sur l'ED (Electronic Device). Village
Tronic était même en litige avec Amiga Technologies suite aux ventes de mises à jour AmigaOS 3.1, les amigaïstes se trouvant ainsi privés
de système d'exploitation.
L'Amiga se retrouvait dans une situation d'attente comme ce fut le cas après la chute de Commodore en 1994.
Le nombre d'entreprises gravitant autour de l'Amiga était en baisse constante depuis cette période. Cette situation
morose se poursuivit en ce début 1997. Il fallait absolument redynamiser l'Amiga sous peine de le voir distancer
irrémédiablement par la concurrence.
Dans l'attente du rachat
QuikPak confirma son envie de racheter l'Amiga en affinant son offre finale. Cette entreprise américaine, qui
avait construit les Amiga 4000T d'Escom, semblait alors le dernier espoir de l'Amiga. QuikPak avait un projet
pour porter AmigaOS sur le processeur DEC Alpha, ainsi que divers développements matériels comme un dérivé
d'A4000 et un gros portable. Dans une lettre ouverte publiée début 1997, Dave Ziembicki, le patron
de QuikPak indiqua :
"A l'époque où Amiga Technologies était détenu par Escom, QuikPak a été nommé pour fabriquer les A4000T et
des parties de l'A1200. Durant la période de liquidation d'Escom et des négociations avec VIScorp, QuikPak
a continué la fabrication et la maintenance des ordinateurs Amiga. Tout au long de cette période d'incertitude,
QuikPak a continué à soutenir la plate-forme, notamment en plaçant de la publicité dans la revue nord-américaine
Amazing Computing, en forgeant des alliances avec des développeurs Amiga, et en développant nos propres
nouveaux produits".
La décision finale du rachat était prévue pour le 28 février 1997 via le liquidateur allemand, Bernhard Hembach. Les développeurs
préférèrent voir comment les choses allaient se passer avant de faire des annonces. Ce fut ainsi le calme plat pour les annonces et
les sorties logicielles et matérielles. Même Amiga Technologies fut touché par un sérieux mutisme. Seul un
petit communiqué de Petro Tyschtschenko informa la communauté que
l'entreprise était encore en vie et que des offres arrivaient sur le bureau du liquidateur judiciaire. En fait, Petro Tyschtschenko
était actif en coulisse pour gérer au mieux toute la procédure de rachat (poursuite de l'activité Amiga, recherche
d'investisseurs...).
L'ancien acquéreur-désirant Dell essaya lui aussi d'acheter ce qui lui avait glissé entre les doigts en 1995. Il fut suivi de près
par Gateway 2000. Les deux sociétés étaient des assembleurs de PC et apparemment fidèles à Microsoft. Elles semblaient
particulièrement intéressées par les 47 brevets liés à l'Amiga, un trésor technologique qui comprenait entre autres le brevet
de la souris à deux boutons.
En attendant le rachat, l'actualité fut dominée par deux sociétés allemandes qui prirent de plus en plus de poids dans le monde
Amiga : PIOS et Phase 5. La première, PIOS, avait été établie en mai 1996 et avait embauché Dave Haynie, ancien
ingénieur de Commodore Amiga, dans le but de créer
une nouvelle machine PowerPC pour le marché Amiga : le PIOS One. Sa présentation officielle
aurait dû avoir lieu au salon CeBIT 97 mais la machine n'était pas fonctionnelle. Le projet fut retardé, avec une date de lancement
repoussée de mai à septembre, et scindé en deux : le TransAM, alias "TRANSition AMiga", devait être la variante pour Amiga
(avec pOS pour système d'exploitation, en attendant AmigaOS) et le Maxxtrem devait être destiné au marché Macintosh.
Prototype de la carte TransAM
Le constructeur Phase 5 continuait également son travail sur les cartes PowerUP qu'il avait débuté en collaboration
avec Amiga Technologies en 1995. Ces cartes PowerUP représentaient une transition intéressante entre l'ancienne gamme d'Amiga 68k
et son éventuel futur à base de processeur RISC. Et dans cette période incertaine sur l'avenir de l'Amiga, Phase 5 travaillait à
attirer le marché vers son ambitieux projet de machine, l'A\Box, qu'il développait depuis fin 1996. Si l'Amiga venait à mourir, les
amigaïstes auraient pu ainsi continuer l'aventure avec un ordinateur PowerPC qui représentait une suite idéale. Mais comme
pour PIOS, l'utilisation d'AmigaOS pour sa nouvelle machine n'était pas gagnée. Phase 5 ne se prononça pas sur pOS
mais fit le pari de développer son propre système basé sur des fondations
modernes comme la gestion multiprocesseur, la protection mémoire et la mémoire virtuelle. Ce système PowerPC devait inclure une
émulation 68k pour faire tourner les applications Amiga 68k/CyberGraphX.
En parlant de système d'exploitation, un projet fou, lancé par Aaron Digulla en 1995, montra ses premiers résultats : il s'agissait
d'AROS (Amiga Replacement OS). Il avait pour objectif de réécrire AmigaOS 3.1 en ANSI C afin de
le rendre portable sur différentes plates-formes. La version disponible tournait sous
Linux x86, de manière lente et sans Workbench.
Peu de monde était enthousiasmé par cette possible alternative à la fois prématurée et dont la légalité n'était pas clairement établie.
La communauté attendait plutôt une amélioration d'AmigaOS actuel mais celui-ci faisait du surplace depuis la chute de
Commodore.
Démo de quelques éléments du système AROS sur Linux
Gateway 2000, nouveau propriétaire de l'Amiga
Le 27 mars 1997, après des mois d'attente, le sort de l'Amiga était enfin scellé et se retrouvait dans les mains de
Gateway 2000. Le rachat fut estimé à 13 millions de dollars, une somme considérable
pour les sociétés comme Eagle Computers et QuikPak mais aussi pour Dell qui se retira du processus de vente au dernier moment.
On avait affaire à un géant de l'assemblage et de la vente de PC ; Gateway 2000 représentait quatre fois Escom dans ses meilleures
années.
Gateway 2000 acquit tous les biens de l'Amiga, y compris les stocks, les marques déposées, le système d'exploitation, les conceptions
matérielles et la propriété intellectuelle. Au début, seuls les brevets intéressaient l'entreprise mais une grande communauté
d'utilisateurs suscita finalement l'attention de la société. De plus, l'idée d'avoir son propre système d'exploitation ne déplaisait
pas à Ted Waitt, le fondateur et CEO de Gateway 2000. Les relations entre Gateway 2000 et Microsoft devinrent délicates :
l'un des plus gros fabricants de PC sous Windows avait racheté une entreprise dont les produits phares étaient potentiellement
concurrents de ceux de Microsoft.
Ted Waitt déclara ainsi au magazine Boot :
"Les brevets Amiga furent notre intérêt principal, dans un premier temps, mais à présent nous pensons qu'il y a bien plus à en tirer
que de simples brevets."
Ted Waitt
Le président de Gateway 2000, Richard Snyder (également futur gouverneur du Michigan), annonça également :
"Cette acquisition est une bonne nouvelle pour Gateway et les utilisateurs de l'Amiga. Elle renforcera notre position en termes
de propriété intellectuelle et donnera une nouvelle vigueur à une société qui a été un pionnier en multimédia et en systèmes
d'exploitation."
Richard Snyder
La volonté de Gateway 2000 de racheter l'Amiga n'était pas nouvelle. Stephen Jones, directeur du Corporate Development chez Gateway
2000, raconta au magazine britannique Amiga Format un incident qui survint en avril 1995, peu de temps après son embauche. Ted Waitt
fit irruption dans son bureau en tenant à la main une coupure de presse au sujet de la vente de l'Amiga à Escom : "Pourquoi ne
sommes-nous pas sur ce coup ?" s'est-il écrié. "Qu'on ne manque plus jamais une telle occasion !"
Gateway 2000 avait racheté à Escom tout ce qui avait attrait à l'Amiga. Les restes de la marque Commodore furent, eux, acquis
par la société néerlandaise Tulip Computers en septembre 1997.
Réorganisation et vente de licences
La filiale Amiga Technologies resta en place avec Petro Tyschtschenko à sa tête, elle fut simplement renommée en Amiga
International. Les premières vraies annonces sur le futur de l'Amiga sous l'ère Gateway 2000 arrivèrent le 16 mai, lors du salon
World Of Amiga 97 au Novotel de Londres. Petro Tyschtschenko dévoila ainsi les étapes des
projets pour la renaissance de la plate-forme :
- Aider la communauté existante.
- Exploiter la technologie Amiga existante grâce à une vaste politique de licences.
- Aider au développement de nouveaux produits basés sur des standards ouverts de l'informatique personnelle et du
marché de la vidéo et du graphisme.
Les deux premiers éléments furent réalisés par Amiga International durant 1997 et le début de 1998. Dix-sept licences furent
signées en quelques mois. Il souhaita aussi faire une mise à niveau du système d'exploitation et apporter de nouveaux matériels,
mais sans plus de détails. Ce premier salon sous l'ère Gateway 2000 n'avait pas débouché sur des annonces ou des promesses
fracassantes. Cela tranchait avec les années précédentes et montrait comment Gateway 2000 comptait travailler avec l'Amiga, mais
aussi que la firme américaine ne savait pas encore quoi faire de l'Amiga. Il fallait lui laisser du temps pour explorer la situation
(complexe) de l'Amiga.
Le rachat par Gateway 2000 raviva bien plus le marché que pendant toute la période Escom. Plusieurs sociétés acquirent une licence
pour la technologie Amiga. Pour la première fois, des clones Amiga se firent une place sous un nouveau logo : "Powered by Amiga".
Ces licences étaient l'un des moyens rapides pour générer des liquidités. L'autre solution pour avoir des rentrées d'argent fut la mise
en vente de pièces détachées de l'Amiga.
Le logo "Powered by Amiga"
La société allemande MicroniK
fut l'une des premières à acquérir une licence. Elle présenta par exemple les Infinitiv A1300, A1400 et A1500, de simples cartes
mères d'A1200 montées en tour, équipées de divers périphériques et préinstallées d'AmigaOS 3.1. Elle fut imitée par Oberland (avec
ses O-Box, des A4000T avec carte PowerPC) ainsi que Intrinsec (avec des modèles basés sur l'A1200 -Storm, Cyclone, Tornado,
Hurricane- dotés de différentes cartes accélératrices).
Les tours Infinitiv de MicroniK
L'une des licences les plus intéressantes fut sans doute celle cédée à la société anglaise
Index Information
qui développa un nouvel Amiga
appelé Access. Cette société était connue pour avoir développé les cartes CD32x du temps de Commodore,
il était donc de bon augure de la voir finalement tirer parti des avantages de l'Amiga. L'Access était une carte montée dans une
baie 5,25 pouces et basée sur le processeur 68020 à 14 MHz (68030 à 28 MHz en option) et incorporait quasiment tous les composants
propriétaires de l'Amiga. Il était prévu principalement pour le marché éducatif et des bornes interactives. L'Access fut lancé
fin 1997 mais dans des quantités confidentielles. Cette société anglaise avait un autre projet dans ses cordes : le BoXeR (anciennement
connu sous le nom "Connect"). La première carte prototype fut présentée au salon Computer 97 de Cologne
en novembre, elle se voulait être une réincarnation en plus moderne et en moins chère de l'Amiga 4000.
L'Access
Le prototype du BoXeR montré au salon Computer '97
L'un des concurrents possibles du BoXeR fut les A5000 et A6000 du constructeur allemand DCE. Également
présentés lors du salon Computer 97, les A5000/A6000 étaient basés sur une carte au format Baby AT avec un
68040/25 MHz (A5000) ou 68060/50 MHz (A6000), l'AGA,
le SCSI, des ports Zorro III et un doubleur de fréquence. Sans révolutionner le monde de l'Amiga, le BoXeR et l'A5000/A6000
furent très attendus par la communauté en mal de nouvelles machines "à tout faire" et bon marché.
Le prototype de l'A5000
QuikPak, qui était sur les rangs du rachat de l'Amiga en début d'année, acquit également une licence pour la fabrication de
nouveaux matériels compatibles Amiga (notamment les A4040L, A4060L et leur variante portable, l'A5050T et l'A1630).
Mais ces produits, déjà annoncés fin 1996, ne furent jamais commercialisés.
Le prototype d'A40x0L Portable
Diverses autres licences furent octroyées. Ce fut le cas pour des produits publicitaires (Randomize au Canada,
Triple A en France,
etc.), pour l'utilisation d'AmigaOS 3.1 (Software Hut aux États-Unis, Power Computing au Royaume-Uni...) ou encore pour la
distribution de pièces détachées (Paxtron). En outre, les problèmes juridiques liés à l'émulation et au piratage furent aussi
combattus via une licence, achetée par Cloanto en octobre, visant à produire un émulateur
Amiga, baptisé "Amiga Forever" contenant une copie légale d'AmigaOS 3.1 et des ROM Amiga.
Michael Battilana avec les développeurs d'UAE en pleine "conférence développeurs".
de gauche à droite : (en bas) Brian King, Dana Peters, Michael Battilana, Bernd Schmidt, Mathias Ortmann
(debout) Christian Schmidt, Andreas Schildbach, Stefan Reinauer
PIOS était l'une des sociétés du monde Amiga les plus suivies. Elle avait souhaité une licence AmigaOS du temps d'Amiga
Technologies mais s'en était détourné du fait du prix trop important. Malheureusement, sous l'ère Gateway 2000, PIOS
ne put, non plus, acquérir de licence AmigaOS 3.1 pour son TransAM, la version "Amiga" du PIOS One. Pire, Apple, après
avoir soutenu la plate-forme PowerPC CHRP, interdit le clonage de ses Mac et l'utilisation de Mac OS 8. PIOS se retrouva
dans une situation délicate avec une machine toujours en développement mais sans système d'exploitation, la privant ainsi de débouchés
économiques. La société allemande changea de stratégie en visant d'autres
systèmes (comme Linux, BeOS, pOS voire COS, le nouvel système d'exploitation d'Omega) et en envisageant de faire tourner le PIOS One avec un
processeur x86.
Enfin, une surprise de taille secoua le monde Amiga le 17 juillet quand la firme américaine Lotus Pacific annonça que sa filiale Regent
Electronics Corp. avait acquis certains droits de la compagnie Rightiming Electronics Corp. Les droits en question étaient tout
simplement des licences, brevets, marques et droits d'auteur de Commodore-Amiga pour la Chine et les pays limitrophes. Newstar/Rightiming
avait produit apparemment un clone de l'A500 (A5A00) en 1996 et développait un boîtier décodeur nommé Wonder TV
A6000, mélange entre un ordinateur et un lecteur multimédia. Cette acquisition fut démentie par Gateway 2000. Par la suite, on apprit
que cette acquisition avait au moins deux ans d'âge et provenait d'un accord avec Escom. En examinant les dossiers de presse originaux
d'Escom, on pouvait voir que la licence donnait seulement un droit de production et de vente à Lotus mais pas une possession complète
des brevets Amiga. Cette confusion, qui aurait pu entraîner une bataille judiciaire, fut dissipée et Gateway 2000 ne contesta jamais
ces droits.
Le Wonder TV A6000 était la solution Internet que Regent Electronics Corp développait pour le marché sino-asiatique. Avec l'aide
de plusieurs anciens employés de Commodore et de DCE Allemagne, cet appareil du genre d'un CDTV disposait
de caractéristiques techniques proches d'une CD32, avec une extension SX-32, une nouvelle ROM Kickstart,
8 Mo de mémoire et et comprenait même un décodeur MPEG.
Le Wonder TV 6000
La stratégie de Petro Tyschtschenko semblait fonctionner. Le dirigeant d'Amiga International avait relancé économiquement son
entreprise avec une large politique de licences, avec la baisse de prix de son produit de base, le Magic Pack (qui passa de 3200
à 2600 FF), avec l'introduction de la version NTSC de celui-ci et, enfin, avec la signature de quelques gros contrats (par
exemple la commande de 2000 Amiga 1200 par la société indienne Shaf Information & Teknologies). Petro Tyschtschenko
annonça que 50 000 Amiga avaient été vendus depuis le redémarrage de la production fin 1995. Aucune usine ne tournait depuis
le rachat par Gateway 2000 et un stock d'environ 40 000 machines (A1200 et A4000T) était doucement écoulé, à prix réduit.
La lente construction de la stratégie Amiga de Gateway 2000
Gateway 2000 était basé au Dakota (États-Unis) et la seule entreprise Amiga influente était Amiga International, dont le siège
était en Allemagne. Pour mieux chapeauter son nouvel achat, Gateway 2000 créa durant l'été une nouvelle filiale à Sioux
City, dans l'Iowa, près de son siège social. Cette filiale fut nommée Amiga Inc., comme la première société Amiga. Elle devait
s'occuper principalement de la recherche et du développement du futur de l'Amiga et laisser à Amiga International le soin
d'organiser les ventes et la promotion. Le directeur général de cette nouvelle filiale était
Jeff Schindler. Il avait travaillé pour Gateway 2000,
y avait développé le "Destination" (un ordinateur multimédia pour télévision) et possédait des connaissances
sur les produits de Commodore.
Amiga Inc. se devait de bien démarrer. Il rencontra tout d'abord les membres du groupe de discussion ICOA (Industry Council Open Amiga)
pour faire un remue-méninge à propos du nouvel Amiga ; cela avait pour but de montrer que ceux qui étaient en charge de
l'Amiga s'en occupaient réellement. L'ingénieur Andy Finkel, qui s'était fait connaître lors de la période Commodore, était invité à donner
son point de vue sur le futur de l'Amiga, tout comme Joe Torre,
Fleecy Moss ou encore Darreck Lisle,
responsable des relations publiques et coordinateur d'événements chez Amiga Inc.
Jeff Schindler et Darreck Lisle
Joe Torre et Fleecy Moss
De grandes annonces de la part d'Amiga Inc. étaient espérées de la communauté Amiga, mais rien d'extraordinaire ne fut révélé.
Lors de son discours aux développeurs Amiga, Jeff Schindler se montra plein
d'ambition en souhaitant que la machine devienne "un standard technologique mondial pour les produits convergents". Malheureusement,
ce souhait nécessitait encore beaucoup de travail de recherche et de consultation, sans compter le fait que tout ceci était
encore bien trop vague.
Par exemple, on n'avait toujours pas de certitude quant au choix du processeur pour le nouvel Amiga. Petro Tyschtschenko fit
d'ailleurs une étonnante allusion : il souhaitait un 68060 ou 68080 à 200 MHz. Il indiqua qu'AmigaOS serait plus facile
à mettre à jour avec cet hypothétique processeur qu'avec le PowerPC qui obligerait une réécriture complète. Jeff Schindler, quant
à lui, souhaitait que la nouvelle plate-forme gère plusieurs types de processeurs. Autre exemple, le système, dont une mise à
jour pour "la fin de l'année" avait été annoncée peu après le rachat par Gateway 2000. Ce délai était bien entendu intenable
et une nouvelle date fut mentionnée : le printemps 1998. Cette mise à niveau, officiellement nommée AmigaOS 3.5, devait intégrer
des éléments comme la standardisation des API graphique et sonore (RTG et RTA), une pile TCP/IP, la gestion de l'USB ou
encore des correctifs améliorant le système tel que MCP.
Petro Tyschtschenko annonça enfin qu'ils avaient débuté le développement
d'un nouveau produit, une sorte de mélange entre un ordinateur, une console de jeu et une télévision, le tout était espéré pour
dans au moins un an : Noël 1998. Personne n'en sut plus à ce sujet.
Ce flou et ces retards n'étaient pas vraiment surprenants, Amiga International était incapable de développer des produits
par lui-même et l'équipe d'Amiga Inc. n'était pas encore formée. Il y avait malgré tout de la bonne volonté et des indices
techniques et financiers prometteurs : Jeff Schindler annonça que d'anciens ingénieurs de Commodore-Amiga, Carl Sassenrath,
RJ Mical, Dale Luck et Edward Heppler travaillaient avec eux en tant que consultants. Mieux, le budget 1997-2000 de Gateway 2000
pour sa filiale Amiga avait été voté et la simple enveloppe pour la publicité se chiffrait en millions de dollars !
En coulisses, Amiga Inc. multiplia les discussions avec des sociétés comme Escom, Adobe et Be. Pour ce dernier, l'objectif
était de mettre sous licence une partie de BeOS, mais aucune des deux sociétés ne souhaitaient ébruiter ces discussions.
Décollage de l'Amiga PowerPC
Après un retard de plusieurs mois, les cartes PowerPC promises par Phase 5 arrivèrent enfin, en septembre. La
CyberStormPPC fut ainsi la première carte avec processeur PowerPC (un 604e) pour le marché Amiga.
La puissance brute de l'Amiga fut remise à niveau et rivalisait avec les Pentium II d'Intel. La CyberStormPPC était également dotée
de deux autres innovations : l'intégration d'un contrôleur Ultra Wide SCSI (permettant des transferts jusqu'à 40 Mo/s) et l'utilisation
d'un bus mémoire en 64 bits. Ce travail de conception fut d'ailleurs utilisé pour la construction de l'ultime carte 68060 de Phase 5,
la CyberStorm MkIII, qui apparut peu après. L'avance technique de Phase 5 était nette. Il était devenu le premier fournisseur de périphériques
Amiga. La transition entre 68k et PowerPC pouvait enfin débuter, même si le prix très conséquent de la carte (entre 5000 et 9000 FF selon
les modèles) et le peu de logiciels natifs PowerPC disponibles, n'aidèrent pas à accélérer sa commercialisation.
La CyberStormPPC
La CyberStorm MKIII
Pire, à peine sorties, une guerre s'engagea entre Phase 5 et Haage & Partner concernant
le noyau à utiliser dans ces cartes. Phase 5 vendait les CyberStormPPC avec PowerUP, son système pour gérer le PowerPC sous AmigaOS.
Haage & Partner annonça le 27 septembre l'arrivée de
WarpUP, un système concurrent et totalement incompatible avec la solution
de Phase 5. WarpUP était censé être plus rapide et plus conforme à l'Amiga. Phase 5 suspendit toute aide à Haage & Partner et tenta
d'empêcher l'utilisation de WarpUP. La présence de deux systèmes pour le PowerPC risquait de couper le marché en deux et jeta le
trouble sur les utilisateurs.
Le marché des cartes accélératrices était toujours aussi bouillonnant. Les utilisateurs, en manque de nouvelles machines, se rabattaient
sur les accélérateurs qu'offrait le marché. ACT Elektronic continua à diversifier sa gamme Apollo avec l'arrivée de
l'Apollo 1240/1260,
une carte qui pouvait utiliser un 68060 à 66 ou 75 MHz, un record pour ce processeur. Le constructeur allemand fabriqua aussi d'autres
cartes, cette fois-ci à base de 68030, pour Amiga 600 (Apollo 630 à 33 ou 50 MHz, et 32 Mo de mémoire) et une nouvelle version de son
Apollo pour A1200, la 1230 Turbo Mk2. Le très peu cher 68030 était aussi visé par l'entreprise M-Tec qui, après la
E-Matrix 630, une
carte accélératrice pour A600 sortie en 1996, poursuivit son effort et commercialisa des variantes pour A500 et A1200. De façon plus
modeste, la société polonaise Elbox proposa toute une série de petites cartes mémoire (4 à 8 Mo) pour A1200, A500, A600 et CDTV.
L'Apollo 1240/1260
MacroSystem, la société derrière de DraCo, présenta deux nouveautés en 1997 : le
Casablanca et le DraCo Vision. Le premier,
la Casablanca, était une machine permettant de réaliser des montages vidéo de manière virtuelle. A base
de processeur 68040/68060, il ressemblait à un magnétoscope de salon et était plus ou moins basé sur du matériel Amiga et sur la
carte VLab Motion. Le second, le DraCo Vision, était simplement une révision de la carte mère DraCo présentée dans un nouveau boîtier
cubique. Cet ordinateur était lui aussi clairement dédié à la vidéo. Malheureusement, la prometteuse carte coprocesseur Alpha, annoncée
en 1995, fut annulée.
Le Casablanca
Le DraCo Vision Cube
L'année précédente, Village Tronic avait lancé la Picasso IV, une carte graphique modulaire, ce qui laissait entrevoir une capacité
d'extension considérable puisque l'entreprise allemande avait promis un rythme d'un nouveau module par mois. Mais dans la réalité,
la cadence fut bien moindre : les modules
Concierto (pour l'audio, sans DSP mais avec MIDI et une sortie 44 kHz en 16 bits) et Pablo II
(l'encodeur vidéo) firent leur arrivée mais le module 3D traîna des pieds et ne fut, en fin de compte, jamais terminé. La déception
fut également de mise pour un autre constructeur :
DKB. Il s'attelait à développer l'Inferno, la première carte graphique compatible
avec le bus PCI (présent sur sa carte Wildfire). Quelques prototypes furent fabriqués mais cette carte, qui aurait permis des
gains de performances sensibles, ne franchit pas le stade de la commercialisation : Dean Brown de DKB
révéla que sa société ne subvenait plus aux besoins de sa famille et délaissa le marché Amiga malgré l'embauche,
au sein de DKB, de Joe Rothman de Mr. Hardware Computers afin de gérer les ventes de son stock restant.
Si le domaine des cartes graphiques fut en demi-teinte cette année, ce ne fut pas le cas de l'audio. Ainsi, Albrecht Computer Technik
proposa la Prelude,
une carte son Full Duplex sur Zorro II, et Petsoff sortit une variante de sa Delfina, la
Delfina Lite, également
Full Duplex et équipée d'un DSP 56002 à 40 MHz. Le marché des échantillonneurs audio ne fut pas oublié avec la
venue de la Clarity 16
de Microdeal/HiSoft. Enfin, dans un autre registre, l'américain Applied Magic conçut la Soundstage Pro, une carte de qualité
professionnelle surtout destinée à être utilisée avec le système de montage vidéo Video Toaster Flyer.
La non-disponibilité de nouvelles machines poussa vivement la volonté d'améliorer des composants de plus en plus divers sur Amiga.
VMC Harald Frank lança par exemple plusieurs modèles de son
Hypercom, une carte avec des ports série et parallèle rapides. Les idées
d'amélioration ne manquaient pas non plus chez Individual Computers qui créa le Catweasel, un contrôleur de
disquettes multistandards (Amiga HD, Commodore 64, Atari ST, Mac HD...) et pouvant lire/écrire des disquettes plus
rapidement.
La Catweasel 1200 (photo de Michael Wittke)
Si les capacités d'extension avaient été bien utilisées sur les Amiga "professionnels" (A2000, A3000(T) et A4000(T)), ce n'était
pas forcément le cas pour les Amiga d'entrée de gamme. Cette lacune fut particulièrement bien comblée par le constructeur
allemand MicroniK. En effet, il était déjà l'auteur, en 1993, de l'A500/A500+
Bus Converter, une carte d'extension proposant des ports Zorro II pour l'Amiga 500/500+. Une nouvelle version apparue cette année,
du nom de "MicroniK A500", avec bus Zorro II/ISA, un port vidéo et un port processeur compatible A2000. MicroniK fit également un
modèle pour A1200 (MicroniK A1200 Z-1i, Z-2i puis Z-3i) qui renforçait cette machine avec non seulement des ports Zorro II/III, ISA
et PCI, mais aussi avec un contrôleur SCSI, des bancs mémoire supplémentaires et un port vidéo A4000. Cette carte bus pouvait
littéralement transformer l'A1200, malheureusement à un prix excessif, et sans compter que le port PCI était inactif.
MicroniK n'était pas seul sur le marché des cartes bus : RBM Digitaltechnik proposa le ONBoard 1200EX (cinq ports Zorro II pour A1200)
alors que Eagle Computer développa le PCI Shuttle, une énorme carte avec notamment sept ports Zorro III et trois ports PCI.
Là encore, les PCI étaient invisibles pour l'Amiga mais quelques projets furent lancés pour les rendre utiles. Ce fut le cas d'Anti
Gravity qui avait dans l'idée de construire le Pentitrator, une carte équipée d'un processeur Pentium. Mais ce projet fut abandonné.
Le PCI Shuttleboard
Logithèque : combler les manques du système
La dernière version du système, AmigaOS 3.1, commençait à accuser du retard dans plus en plus de domaines. Par exemple la
façon dont était gérée l'audio et les cartes son : aucune standardisation n'avait vu le jour alors que les cartes audio
se multipliaient. C'est Martin Blom qui imposa peu à
peu AHI (Audio Hardware Interface), son gestionnaire audio qui devint, de facto, un standard pour l'audio Amiga et
aussi pour le DraCo.
Martin Blom commenta :
"Commodore ou Amiga Technologies auraient dû créer un meilleur système audio depuis des années, mais ils ne l'ont jamais fait.
Et comme personne d'autre n'a entrepris cette tâche, je me suis lancé et je suis très satisfait du résultat."
Martin Blom
L'année 1997 fut riche en discussions sur Java. Cette technologie portable de chez Sun Microsystems avait tout pour plaire car elle
offrait d'énormes perspectives en matière de développement logiciel. Après la tentative prématurée de P'Jami en 1996, trois autres
projets étaient en cours pour porter Java sur Amiga :
Koffie de Jacco van Weert, MOca de Finale Development et
Merapi de chez Haage & Partner. Une approche un peu similaire fut lancée
par Carl Sassenrath, créateur d'Exec et ancien employé de VIScorp notamment. Il développait un langage de programmation script
appelé Lava, qui fut rapidement renommé en REBOL. Ces deux langages de
programmation étaient une possible voie pour le renouveau logiciel de l'Amiga.
Koffie, un début de Java sur Amiga
Le Workbench, qui faisait lui aussi du surplace malgré le nombre toujours important de correctifs gratuits pour l'améliorer, était
la cible de GPSoftware avec son Directory Opus Magellan. Ce gestionnaire de fichiers, qui pouvait remplacer le Workbench, avait des
fonctions plus abouties que son ainé comme des listeurs, une gestion du FTP, des menus déroulants, une gestion native des icônes
NewIcons et bien d'autres. Magellan fut concurrencé par un nouveau venu,
Scalos, un autre bureau développé par Stefan Sommerfeld.
Ce programme prometteur et multitâche apportait plus de fonctions au Workbench mais restait encore instable et moins évolué que
Directory Opus Magellan.
Plus qu'un bureau, l'équipe de ProDAD s'attelait depuis 1996 à écrire pOS, un nouveau système d'exploitation inspiré d'AmigaOS. La première
préversion de pOS débarqua dans le courant de l'été et se révéla très bonne. Le confort
d'utilisation, l'interface agréable, les concepts avancés, etc. le positionnaient comme un candidat à la succession d'AmigaOS.
Mais la volonté de Gateway 2000 de poursuivre le développement d'AmigaOS mis pOS dans une situation fragile. De plus, peu de
développeurs tiers étaient intéressés. ProDAD communiqua très peu sur son système d'exploitation durant les derniers mois de 1997,
et il fut plus ou moins officiellement écarté en 1998.
La préversion de pOS de juillet 1997
L'Internet fut un enjeu important pour les développeurs Amiga. Les trois navigateurs phares (Voyager NG, IBrowse et AWeb) poursuivirent
leur progression avec de nouvelles fonctions, notamment la gestion des témoins de connexion ("cookies") et des cadres
("frames"). Les développeurs de ces trois
logiciels travaillaient dur pour suivre l'évolution frénétique des technologies Web. Ils furent rejoints par un quatrième compétiteur
du nom de Finale Development. Ces derniers développèrent Finale Web Cruiser, un navigateur Internet multiservice (courrier électronique,
nouvelles, FTP, Gopher et Web) et compatible avec le HTML 3.2. Ce navigateur aux spécificités encourageantes connût malheureusement un
coup d'arrêt : deux de ses principaux développeurs quittèrent la société, en 1998, laissant Finale Web Cruiser dans une perpétuelle
version bêta et non disponible pour le public. Tous ces logiciels liés à Internet traduisaient une révolution : la mise en place de
site Web pour quasiment toutes les sociétés ou associations Amiga. A présent, les rares sociétés qui n'avaient pas de site Web en
ouvrirent un en 1997. Le Web changea de façon durable la façon de communiquer.
Version bêta de Finale Web Cruiser jamais commercialisée
Le secteur phare de l'Amiga, le graphisme, connut finalement une bonne année malgré la situation morose de la plate-forme en
début d'année. Haage & Partner peaufina ArtEffect
(version 1.5 puis 2.0 et 2.5) avec de nouveaux effets et la gestion des calques et
de la mémoire virtuelle. Cela permettait de travailler avec de grands formats ou avec de nombreux calques. Cette limite en matière de
mémoire fut également repoussée par Cloanto avec Personal
Paint 7.1. Ce logiciel de dessin pouvait, en conjugaison avec la version
40.100 de CyberGraphX et son nouveau module "CPU Blitting", se détourner de la mémoire Chip et ainsi utiliser la (presque) non limitée
mémoire Fast pour travailler. Ce module "CPU Blitting" fut d'ailleurs adapté en code PowerPC et Cloanto est ainsi devenue la première
société à fournir un code PowerPC aux amigaïstes, et ce, avant même que les cartes PowerUP ne soient disponibles.
ArtEffect 2.5
La véritable nouveauté vint de WK-Artwork, une société qui développa
Wildfire 4, un logiciel de création graphique multiple et innovant.
Il se targuait de mélanger les capacités d'un logiciel d'animations, d'un générateur d'effets, d'un raytracer ou encore
d'un synchroniseur audio. Cela montrait que la 2D sur Amiga se portait toujours très bien. Cela ne fut cependant pas vraiment
le cas de la 3D. Si l'excellente version 5.0 d'Aladdin 4D
de chez Nova Design fut commercialisée, les autres logiciels de création
3D eurent plus de mal à aboutir. Par exemple, Impulse promis une version 6 native PowerPC d'Imagine 6 mais mis à part quelques
captures d'écran sur son site Web, cette version ne fut pas commercialisée cette année. Idem pour NewTek, qui avait déjà fortement
diversifié son activité, et dont une nouvelle version de LightWave 3D était en attente.
Quelques effets de Wildfire
Aladdin 4D 5.0
Comme chaque année, Digita International et SoftWood se livraient une rude bataille pour savoir quelle société produirait le meilleur
traitement de texte. Ils publièrent respectivement
Wordworth 6 et Final Writer 97, deux produits de bonne qualité, même si le premier
ne proposa pas beaucoup de nouvelles fonctionnalités par rapport à sa version précédente. Final Writer 97, le dernier produit de
SoftWood pour Amiga, contenait notamment des boîtes de texte qui le rendait encore plus orienté vers la PAO. À propos de PAO, SoftLogik,
un autre cador de la
bureautique Amiga édita une nouvelle version, la 3.3, de son logiciel PageStream ; au programme, une amélioration des performances
et de la stabilité qui confirma son statut de standard pour la plate-forme. Enfin, un autre standard prit du grade en cette année 1997 :
TurboCalc, grâce à une version 5 se rapprochant d'Excel, le meilleur logiciel du genre sur PC et Mac.
Final Writer 97
L'emploi des CD pour diffuser des logiciels ou jeux, qui s'était démocratisé au fil des dernières années, fut de plus en
plus courant. Et les logiciels de gravure de CD, eux aussi, devenaient de plus en plus incontournables. Le pionnier
MasterISO fut bien vite dépassé par BurnIt de
Titan Computer et surtout MakeCD du duo Angela
Schmidt/Patrick Ohly. La version 2.4 de MakeCD pouvait même graver les nouveaux médias qu'étaient les CD-RW
(des CD réinscriptibles).
MakeCD 2.4
L'émulateur Amiga UAE, dont le développement débuta en 1995, progressa considérablement. Auparavant, il s'agissait avant tout d'un concept
montrant qu'il était possible d'émuler un Amiga sur un PC... avec des résultats lamentables. Mais avec la montée en puissance des
processeurs x86 et l'amélioration de l'émulation, UAE devint utilisable. Avec un Pentium II 266 MHz, on obtint une
vitesse supérieure à celle d'un A3000, tout
en bénéficiant d'avantages certains comme une mémoire Chip de 4 Mo ou l'affichage de résolutions entrelacées mais sans scintillement.
Concernant l'opposé, les émulateurs PC pour Amiga, la progression était également de mise. Par exemple, Quasar Distribution présenta
la version 4 de PC-Task, un émulateur conçu par Chris Hames, qui pouvait dorénavant émuler un 80486. Plus fort encore, Microcode Solutions (la nouvelle société de Jim Drew)
publia PCx, un tout nouveau logiciel capable d'émuler un Pentium et ses instructions non documentées. Les vitesses furent respectables
pour une utilisation sous DOS mais encore trop lentes pour lancer normalement Windows 95. Cette rivalité dans les émulateurs pour PC
était également présente pour les émulateurs Mac. Le partagiciel ShapeShifter avait conquis un grand nombre d'amigaïstes par ses
performances et son prix très raisonnable. Il avait rangé au placard les émulateurs matériels comme A-Max et Emplant. Mais comble du
sort, l'auteur d'Emplant, l'inévitable Jim Drew, revint sur le devant de la scène avec Fusion, un émulateur Mac logiciel qui repassa
devant ShapeShifter en termes de vitesse. Jim Drew tenait sa revanche !
Mac OS 7.5 émulé par Fusion 1.1
Le domaine ludique de l'Amiga continua à s'effriter quantitativement. Moins de 60 titres commerciaux sortirent en 1997, du jamais vu
dans l'histoire de la machine, sauf pour son année de lancement en 1985.
L'année 1997 marqua le retour des portages de programmes issus d'autres systèmes. C'est ainsi que ClickBoom acheta au prix fort
la licence de Myst, un jeu d'aventure de Cyan aux
graphismes exceptionnels et accessoirement le jeu sur CD le plus vendu au monde.
L'entreprise canadienne fit de même pour Quake dont des versions pirates (y compris une native PowerPC) avaient émergé sur Internet tout au long de
l'année. Le portage par ClickBoom de cet énorme jeu d'action 3D se voulait plus optimisé que ces versions illégales et était prévu
pour 1998. ClickBoom ne souhaitait pas s'arrêter là concernant les portages puisque cette société organisa un vote afin de connaître
les souhaits des joueurs sur Amiga. Les jeux les plus demandés (et issus du PC ou des consoles) avaient donc une chance d'apparaître
sur Amiga, le rêve !
Myst
Que ce soit des portages ou bien des développements originaux, les risques financiers pesaient sur les éditeurs encore présents
sur Amiga. Mais malgré ce contexte difficile, certaines sociétés prirent ces risques. Power Computing, par exemple, publia
Big Red Adventure, un jeu d'aventure que son éditeur de l'époque, Core Design, refusa de commercialiser en raison d'un marché
trop faible. Idem pour Master Axe, un jeu de combat que Millennium aurait dû publier deux ans auparavant, et qu'Islona sortit malgré
tout cette année. Ce fut également le cas pour Eidos et Vivid Image qui lancèrent leur jeu de course Street Racer, un succès
sur console, mais qui fit un énorme bide sur Amiga.
Big Red Adventure bel et bien sur Amiga
L'échec de Street Fighter signifia l'arrêt, pour Eidos, de renouveler l'expérience Amiga. Même Team 17, éditeur de jeux cultes sur Amiga, abandonna
la plate-forme. Cette équipe anglaise, en collaboration avec Andy Davidson, souhaitait tout de même ne pas quitter la scène Amiga
sans un cadeau à la communauté : la meilleure version possible de Worms, nommée Worms Director's Cut. Ce fut une "triste bonne nouvelle"
en quelque sorte. Par contre, un autre éditeur anglais, Ocean, apporta une vraie bonne nouvelle : grâce à l'engagement du magazine
CU Amiga, il avait finalement accepté de publier, sur le CD de ce journal, la version complète du simulateur de vol TFX. Ocean avait
renoncé, trois ans plus tôt, à une commercialisation à cause notamment de la lenteur excessive de l'animation sur un
A1200 de base. La version ainsi commercialisée montra effectivement toute la lourdeur de TFX et seuls les possesseurs,
peu nombreux, de cartes 68040 voire 68060 pouvaient profiter de ce superbe logiciel.
Worms Director's Cut
Outre ClickBoom, une autre société prit du grade durant 1997 : Vulcan, une société fondée par
Paul Carrington et son épouse.
Cet éditeur anglais publia quatre jeux dont The
Final Odyssey, un titre ludique qui mélangeait aventure et action. Ce jeu à la réalisation graphique et sonore excellente fut d'ailleurs presque
exclusivement conçu par un seul homme, l'Australien Peter Spinaze. Les nouveaux venus dans le monde des jeux
Amiga sortirent des productions de qualité mitigé. OnEscapee,
un clone de Flashback créé par Invictus, fut bien accueilli par les amigaïstes, tout comme
Shadow Of The Third Moon,
un jeu de combat aérien réalisé en affichage voxel. La qualité était déjà moins au rendez-vous avec les trois
clones de Doom commercialisés cette année : Testament (de l'équipe tchèque Insanity), Trapped 2 (de Oxyron/New Generation Software -
injouable malgré une bonne technique) et Gloom 3 (une réadaptation calamiteuse de Gloom conçue par Gareth Murfin et publiée par
Guildhall). Enfin, l'éditeur allemand APC&TCP publia deux titres relativement bons : le jeu de course en 3D
et multijoueurs Flyin' High, et la simulation de
flipper Pinball Brain Damage.
The Final Odyssey
Retour de l'espoir
Quelques mois après le rachat par Gateway 2000, l'interminable chute de l'Amiga semblait terminée. La machine était dans les
mains d'un géant de l'informatique et l'espoir était à nouveau permis malgré des projets encore un peu flous. Le marché actuel,
malgré une nouvelle décroissance, fut maintenu en vie grâce notamment aux licences et à l'effervescence qu'insuffla les cartes
PowerPC de Phase 5.
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