Obligement - L'Amiga au maximum

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Entrevue avec Petro Tyschtschenko
(Entrevue réalisée par Robby Boey et extraite de MOS6502 - mars 2013)


La prochaine personne à figurer dans notre rubrique "Commodore Legends" est peut-être un nom qui ne dit pas grand-chose aux fans de Commodore. Mais si je vous dis que c'est l'homme ayant sauvé l'Amiga quand Commodore a fait faillite, le nom de Petro Tyschtschenko vous reviendra sans doute à l'esprit.

Petro a débuté chez Commodore (Allemagne) en 1982, il a rapidement gravi les échelons et est devenu, en 1986, directeur de la logistique et de la gestion internationale du matériel (International Material Management and Logictic). Il a d'abord été responsable pour l'Europe puis pour le monde entier.

Après la faillite de Commodore en 1994, Petro a joué un rôle central dans la reprise de la ligne d'ordinateurs Amiga. Il est, par la suite, devenu président d'Amiga Technologies.

A ce jour, Petro continue de suivre la scène Amiga et il est donc normal que cette légende de Commodore-Amiga trouve sa place dans notre rubrique.

Petro Tyschtschenko

- Pouvez-vous nous en dire plus sur vos années chez Commodore, lesquelles ressemblent à un fascinant parcours : débuts en 1982 quand Commodore était au sommet avec le C64, puis directeur des achats et de la logistique pour Commodore Allemagne, vous avez ensuite gravi les échelons pour devenir directeur général de la logistique, et ce, jusqu'à la faillite de l'entreprise en 1994.

Vous trouverez une foule de détails à ce sujet dans mon livre qui, espérons-le, sera terminé à la fin de cette année. J'ai conçu un site Web, malheureusement qu'en allemand, où vous pourrez trouver quelques détails : petros-memoiren-1982-bis-2001.de.

J'ai débuté en 1982 avec Commodore GmbH en Allemagne. J'étais d'abord responsable des achats et de la logistique pour la filiale allemande. Ce poste a évolué pour l'Europe, avec la création d'un dépôt central aux Pays-Bas. Et puis, jusqu'à la banqueroute de Commodore, j'étais directeur de la logistique à l'échelle mondiale.

- Comment avez-vous perçu les changements de Commodore durant ces douze années ?

Il n'y a pas eu beaucoup de changements... Nous avons tous travaillé comme des fous. Nous étions très motivés et nous n'avions pas le temps de penser aux mauvaises choses, juste les bonnes.

- Comment avez-vous ressenti la compétition d'Atari (avec le ST), d'Apple et du marché grandissant du MS-DOS ?

Pour être franc, Atari ne représentait pas de réelle concurrence, Apple un peu plus mais cette société n'était pas, à cette époque, très forte et elle se battait pour sa survie. Commodore était dans une bien meilleure situation. Apple nous a toujours donné beaucoup de mal avec les prix. Nous n'aimions pas de perdre de l'argent, chose qu'Apple faisait allègrement durant à cette période.

- Quelle est, selon vous, la plus grande innovation Amiga ?

Le développement Amiga dans son ensemble fut une révolution. A cette époque, personne sur le marché pouvait concurrencer notre système d'exploitation et nos capacités en vidéo.

- Vos années Commodore vous ont-elles influencé ? Si oui, comment ?

J'ai beaucoup voyagé et je suis allé pour la première fois, grâce à Commodore, à Hong-Kong, à Taïwan, au Japon et en Thaïlande. Cela a bien sûr beaucoup changé mon ressenti et mon esprit. Avant, je passais le plus clair de mon temps en Allemagne et parfois dans d'autres pays européens. J'ai beaucoup appris : d'autres cultures, une autre façon de penser et cela a aussi amélioré mon anglais. J'ai appris comment voyager et comment organiser des rassemblements.

- Quel est, à votre avis, le plus grand exploit de Commodore  ? (à part avoir créé le C64, l'ordinateur le plus vendu de tous les temps)

L'Amiga 500 et l'Amiga 2000 bien sûr. Mais avant cela, Commodore a réalisé le VIC-20 qui fut une entrée dans l'informatique d'un nouveau siècle.

- Quel fut le moment le plus drôle dans votre carrière chez Commodore ?

Le moment le plus drôle, c'est quand j'ai rencontré Jack Tramiel. Nous avons bâti une relation très amicale et nous avons souvent dîné ensemble. Il est également originaire de l'Europe de l'Est, comme ma famille.

- Dans votre discours prononcé lors du Video Toaster Conference en 1995, vous indiquez : "En août 1994, presque un an avant le 21 avril, quand Escom AG a racheté les droits de Commodore, Manfred Schmitt, président d'Escom m'a dit "Petro, je veux l'Amiga". Depuis ce jour, j'étais en charge de la mise en place de la transaction que la communauté Amiga attendait : reprendre les droits et les brevets de Commodore International et trouver une nouvelle maison à l'Amiga. Ce fut une tâche très difficile, la situation avec Commodore était compliquée et beaucoup de sociétés étaient également intéressées par ce rachat. Mais notre stratégie de garder le silence sur ce que nous voulions faire nous a aidés à être plus rapides et plus efficaces. Personne n'était au courant d'Escom avant l'achèvement de la transaction." D'où vient votre relation avec Escom, pour qu'ils vous considèrent comme la personne pour réaliser cette transaction ?

A l'époque de Commodore, j'étais très compétent dans l'organisation des produits car j'étais le directeur de la logistique pour l'Extrême-Orient. Manfred Schmitt était à cette époque un distributeur potentiel pour l'Allemagne. Commodore était toujours un peu court côté approvisionnement. Une fois, j'avais attribué une grande quantité de C64 à Manfred, ce qui sauva par une grande part son entreprise et qui lui généra des revenus. Cette histoire et mon action sont quelque chose qu'il a toujours respecté et qu'il n'a jamais oublié. Il m'a donc appelé parce qu'il avait confiance en moi : il m'a demandé de travailler pour lui afin de conclure l'affaire avec les tribunaux qui s'occupaient de la faillite de Commodore à New York.

Petro Tyschtschenko

- Vous êtes devenu président d'Amiga Technologies, une filiale à 100% d'Escom AG. Qu'est-ce que vous considérez comme la plus grande réussite de cette période ?

La plus grande réussite fut ma stratégie, la remise en route de la production d'A1200 pour le marché européen et de l'A4000 pour le marché américain. Le meilleur plan ne vaut rien si vous ne pouvez pas le concrétiser. J'ai réalisé mes plans avec beaucoup de réussite et cela a généré beaucoup de revenus et de profits pour Amiga Technologies. Amiga Technologies pouvait survivre sans Escom et n'aurait pas eu de problèmes financiers.

- En juillet 1996, un an après le rachat par Escom, cette société a, à son tour, déposé le bilan. Pensez-vous que les Amiga 1200 et 4000T auraient eu une chance sur le marché si Escom avait vécu plus longtemps ?

Je ne le pense pas. Ces ordinateurs étaient encore avancés pour cette époque mais de nouveaux produits auraient dû être développés le plus vite possible. La technologie dans l'industrie des ordinateurs devient obsolète très rapidement et nécessite une recherche et développement permanent.

- Les actifs Amiga d'Escom ont ensuite été acquis par Gateway. Quel fut votre rôle dans ce rachat ?

J'ai géré l'ensemble de la transaction. Quand Escom a fait faillite, je me suis aussi, en tant que président et directeur général, déclaré en faillite mais je pouvais poursuivre mon affaire sans Escom. J'ai donc passé un accord avec le liquidateur judiciaire et je lui ai promis de continuer à générer des revenus. C'est ce que j'ai fait et, dans le même temps, j'ai recherché un investisseur. J'ai approché pas mal de sociétés, même Motorola et Apple, jusqu'au jour où j'ai trouvé Gateway. J'ai informé le liquidateur et nous avons monté tous les contrats avec Gateway. Ce dernier a repris la société dans son ensemble y compris les propriétés intellectuelles, moi-même, et l'inventaire complet de 14 millions de dollars.

- Est-ce qu'une acquisition par VIScorp aurait été bénéfique pour l'Amiga ? (étant donnée que Paul Allen, cofondateur de Microsoft, était un actionnaire de VIScorp)

Vous devez savoir que VIScorp avait une bonne chance de racheter l'Amiga. Mais en fin de compte, ils n'avaient pas assez de fonds disponibles. J'ai cru comprendre que VIScorp n'avait rien à voir avec Microsoft.

- Qu'est-ce qui a fait échouer la tentative de VIScorp ? Une rumeur dit que Microsoft a mis la pression sur Gateway pour conclure l'affaire ?

Comme je viens de l'expliquer, c'est le manque de fonds qui a fait capoter l'affaire. Après cinq ans, Gateway a reçu des fonds de ma part de manière permanente, des fonds que je générais à partir de l'inventaire Amiga existant. Je générais des revenus et mon coût était très faible... Mais ces revenus ont baissé de plus en plus, à cause du manque de développements.

Donc Gateway a commencé à financer l'Amiga. Jim Collas a mis en place le siège social américain, il a embauché de nouveaux employés et cherché de nouveaux locaux. Jim était un très bon gestionnaire et avec le puissant Gateway derrière nous, l'Amiga pouvait renaître de ses cendres. Mais ensuite, quelqu'un l'a arrêté dans son élan, Jim a tout annulé et est parti. Je ne connais pas l'histoire derrière cela mais dès que Gateway m'a demandé de trouver un nouvel investisseur pour l'Amiga, je me suis proposé et Gateway a accepté. Quelques contrats furent rédigés mais mon investissement n'était pas très élevé : Bill McEwen s'est alors présenté et il a conclu l'affaire.

- Dans une entrevue que j'ai réalisée avec Dave Haynie, il indique : "Les amigaïstes sont, je pense, un peu excédés. Les fausses promesses sont arrivées les unes après les autres. J'ai tenté de faire quelque chose, je n'ai pas fait de promesse jusqu'à ce qu'Amiga Technologies soit sur pied, soutenu par le deuxième plus gros fabricant de PC en Allemagne de l'époque (Escom), mais cette société s'est donnée la mort toute seule. Gateway a ensuite promis des choses, mais a lâché le projet. Et ce fut le dernier effort sérieux. Ils ont également pris quelques mauvaises décisions, comme le choix du PowerPC, qui semblait être devenu une sorte de religion dans la communauté Amiga." Il semble que Dave Haynie n'était pas très enthousiaste à propos des A1200 et A4000T et particulièrement sur l'approche du PowerPC. Quel est votre point de vue sur l'épisode PowerPC de l'Amiga ?

Le problème le plus important était de trouver une nouvelle technologie pour l'Amiga, et à cette époque, Apple était également sur PowerPC. Il y avait aussi des projets de sociétés tierces pour le PowerPC. Mais la société Amiga, sous ma direction, n'a jamais rien effectué en matière de PowerPC. Je n'ai que géré la construction d'AmigaOS de la version 3.1 vers la 3.5.

- Vous avez récemment vendu un stock important d'Amiga 1200. Tous étaient scellés et stockés depuis toutes ces années. Cela a fait pas mal de bruit dans la communauté Amiga. Vous attendiez-vous à cela ?

Un ami indien m'a appelé et m'a demandé si j'avais besoin d'Amiga 1200 Magic Pack, j'ai annoncé cela sur Facebook. Je ne m'attendais pas à un retour aussi important ! La quantité que j'ai importée (100 unités) a été vendue sans aucun profit de ma part, c'était seulement pour la communauté Amiga. Au final, j'ai perdu un peu d'argent et cela a représenté pas mal de travail pour gérer cette affaire correctement. Quoi qu'il en soit, j'ai réalisé cela pour la communauté et 150 euros fut un bon prix pour tout le monde.

Petro Tyschtschenko

- J'ai entendu parler que vous déteniez un ou deux prototypes du Walker, le dernier "vrai" Amiga. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette machine ? Elle allait devenir la remplaçante de l'A1200, quel fut l'objectif principal de cette machine ?

Son développement a démarré du temps d'Escom car nous avions besoin d'une nouvelle machine pour notre survie. Elle était basée sur une technologie similaire à l'A1200 mais avec, en plus, un lecteur de CD, un connecteur USB (NDLR : il n'y a pas d'USB sur le Walker, Petro confond sans doute avec le PCI) et un processeur 68EC030 au lieu du 68EC020.

- Comment voyez-vous le futur de l'Amiga ? (AmigaOS, les machines de Commodore USA, etc.)

L'Amiga est un ordinateur rétro, seulement utilisé par une petite communauté principalement composée de collectionneurs. C'est un peu comme les vieux de la vieille dans l'industrie automobile : un passe-temps agréable et passionnant. Par contre, c'est terminé pour les activités commerciales. En tant que revendeur, vous ne pouvez gérer ce type de commerce qu'en étant seul et en générant de faibles revenus. Je ne pense pas qu'un investisseur veuille dépenser beaucoup d'argent pour relancer l'Amiga !

- Que vous réserve l'avenir ?

Je ne suis pas un revendeur. Je vais avoir 70 ans le 16 avril. Pour essayer de rester jeune, je gère une petite affaire d'exportation de produits "Made in Germany". Je réalise également un travail social bénévole pour les personnes atteintes du cancer : je transporte, en tant que coursier, des cellules souches d'un hôpital à l'autre pour aider les patients cancéreux.

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Merci beaucoup, Petro, pour cette entrevue. Je vous souhaite tout le meilleur et merci pour avoir gardé la flamme Amiga !


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