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2001 : la croisée des chemins Le début de 2001 marqua le premier anniversaire de l'Amiga aux mains de Bill McEwen et de son équipe. Les premiers produits concrets d'Amiga Inc. sortirent mais de nouveaux rapports entre développeurs émergèrent et de nouvelles divisions dans la communauté apparurent. Difficultés financières pour Amiga Inc. mais gros objectifs avec AmigaDE Les célébrations du nouvel an furent rapidement éclipsées par les annonces d'Amiga Inc. concernant ses difficultés financières. Le NASDAQ, la bourse référence pour les valeurs des nouvelles technologies, continua à baisser cette année et la "bulle Internet" était vraiment derrière nous. Les investisseurs fuyaient les entreprises non rentables. Comme Amiga Inc. était financé principalement par des investissements, ceux-ci étaient aux plus bas et la société était en mode "survie". On apprit aussi en mai la banqueroute de Kouri Capital, l'une des sociétés de Pentti Kouri, le principal soutien financier d'Amiga Inc. Mais Bill McEwen restait optimiste pour l'année à venir. Sur le site Amiga Support Network (le site de soutien aux développeurs Amiga), la société annonçait aux développeurs : "Il y a un potentiel énorme pour la distribution de vos applications, jeux et autres programmes pour l'un des plus gros fabricants d'assistants personnels au monde. La prévision dépasse les 7 millions d'unités vendues d'ici la fin de l'année 2001 et il y a déjà plusieurs millions d'assistants personnels sur le marché actuellement."Bien que l'annonce fut écrite pour rassurer les développeurs (en essayant de leur démontrer qu'Amiga Inc. était à fond dans le développement d'AmigaDE), l'annonce causa plutôt de la confusion. L'exemple donné (7 millions d'assistants personnels) était bien plus élevé que les ventes du numéro un du marché, Palm. Cela voulait dire que pour arriver à cet objectif, il aurait fallu que de nombreux fabricants travaillent avec AmigaDE. Pour crédibiliser le développement d'AmigaDE, l'annonce d'un accord avec Sharp et Psion apparut. Ces deux noms étaient des sociétés de premier plan sur le marché des appareils numériques portables (Sharp avec le Zaurus et Psion avec ses fameux assistants personnels). AmigaDE tournerait ainsi sur ces machines et Amiga Inc. leur fournirait les logiciels. Cet accord fit naître un espoir pour AmigaDE tant les ventes de ces appareils étaient prometteuses. Malheureusement, cette annonce capota rapidement lorsqu'on apprit que Psion, victime de gros problèmes financiers, avait annulé l'accord et s'était soustrait de ce type de marché. On apprit aussi l'existence d'un troisième accord, qui fut signé le 10 novembre 2000 avec la société allemande Thendic Electronics, gérée par Bill Buck et Raquel Velasco, anciens employés de VIScorp. La licence autorisait à fabriquer des assistants personnels (nommés SmartBoy) tournant sous AmigaDE d'ici la fin de l'année 2001. Bill Buck signait ainsi son retour dans le monde Amiga presque cinq ans après son retrait. Le Zaurus de Sharp avec AmigaDE En octobre, ce fut le lecteur AmigaDE (AmigaDE Player) qui sortit. Les utilisateurs de Linux et Windows pouvaient ainsi lancer les applications AmigaDE à partir de leur système d'exploitation. Le lecteur AmigaDE était payant et ce fut peut-être une erreur stratégique : sa gratuité aurait permis de décupler le nombre potentiel d'utilisateurs, comme l'avait fait Java. Ce fut malgré tout un moyen pour Amiga Inc. de générer des revenus dans une période financière difficile. Lecteur AmigaDE Planet Zed, un des jeux AmigaDE Depuis l'arrivée de Bill McEwen à la tête de l'Amiga en janvier 2000, AmigaOS n'était plus un objectif et avait été mis à l'écart. Amiga Inc. avait, comme le révéla son ancien employé Bolton Peck, des relations d'amour-haine avec la communauté Amiga Classic. La société considérait ces amigaïstes comme des "jusqu'au-boutistes et des cinglés". Il suffisait pour Amiga Inc. de coller un autocollant "Amiga" sur un produit pour le vendre aux amigaïstes. Dans cette période de disette financière, AmigaOS pouvait malgré tout générer quelques revenus pour Amiga Inc. et ce dernier retourna sa veste. Ce fut donc lors du salon de Gateway Amiga Show 2001 de St Louis, le 1er avril, que les choses changèrent radicalement : Amiga Inc. annonça la relance d'AmigaOS ! Son développement réunissait Amiga Inc. mais aussi quelques contractuels comme Haage & Partner (développeurs des versions 3.5 et 3.9 d'AmigaOS), Hyperion (connu jusque-là pour ses portages de jeux) et l'équipe de Picasso96. L'objectif était de proposer un AmigaOS natif PowerPC, tournant sur les machines compatibles "Zico" : d'abord en version 4.0 pour l'été 2001, puis avec des mises à jour tous les six mois jusqu'à la version 5 prévue pour fin 2002. Cette version devait alors être totalement 64 bits et intégrer AmigaDE ; les utilisateurs Amiga auraient ainsi le meilleur des deux solutions réunies en une seule. Un prototype de l'interface graphique AmigaOS 5/AmigaDE créée par Matt Chaput Fleecy Moss écrivit cette citation sur la liste de diffusion AmigaOne : "AmigaOS est maintenant un élément clé de notre stratégie. Nous avons décidé qu'il sera la base de nos serveurs, alors qu'avant il était indépendant de la stratégie AmigaDE, c'est pour cela qu'il est si important".Pour beaucoup d'utilisateurs, cela sentait comme un parfum de déjà-vu : Escom et Gateway avaient aussi, à leur époque, prévu de porter AmigaOS sur PowerPC. Lorsque Gateway développait l'Amiga MCC, Petro Tyschtschenko avait répandu cette idée et Haage & Partner avait déjà été désigné pour ce travail à la fin de l'année 1999. Ironie de l'histoire, cinq ans après la première annonce de portage, AmigaOS PowerPC était toujours une chose virtuelle. Les annonces de St Louis avaient chamboulé le vocabulaire Amiga. Des termes comme Ami2D, Ami3D, AmiFFS2, ExecSG ou Amiga Component Model étaient entrés dans le langage courant des amigaïstes. Tout cela promettait d'offrir de nouvelles solutions aux vieux problèmes du système Amiga (dépendance aux circuits propriétaires, meilleure portabilité...). Les listes de diffusion et les forums étaient vraiment en ébullition, surtout que les sociétés Merlancia (avec ses MMC Toro et Apocolyps), bPlan (avec son Pegasos) et Matay avaient également annoncés de nouvelles machines PowerPC gérant les spécifications Zico. Le futur Amiga était plus proche que jamais ! Le 23 juin 2001, au salon Amiga Show Benelux, Alan Redhouse, le président d'Eyetech, vint parler de l'avancement de l'AmigaOne, les premières productions devaient alors être prêtes pour la fin septembre. Martin Schuler d'Escena, qui s'occupait de la partie sur le matériel PowerPC, présenta la nouvelle révision de l'AmigaOne couplée à une carte mère A1200 dans la tour prévue par Eyetech. Cette AmigaOne 1200 présentée était uniquement un prototype sans composants, non alimenté, avec seulement quelques cartes PCI dans les ports. Martin Schüler d'Escena avec la carte prototype AmigaOne 1200 La feuille de route plus qu'incertaine de la part d'Amiga Inc. devenait un ennui pour certains développeurs, ce qui déboucha sur une concurrence féroce entre le propriétaire officiel de l'Amiga et plusieurs sociétés tierces qui ne croyaient pas au nouveau bébé d'Amiga Inc. qu'était AmigaDE. En l'absence d'une organisation centralisée dans le monde Amiga, des solutions tierces ayant leur propre objectif se manifestèrent, comme MorphOS. Ce système d'exploitation était basé sur un noyau, nommé Quark, sur lequel tournait une version spéciale PowerPC d'Exec, capable de gérer des tâches PowerPC ou 68k. Il était possible d'y greffer des boîtes contenant des API différentes. L'une d'elles, l'ABox, était la boîte contenant l'API d'AmigaOS 3.1 et permettait donc de lancer des applications AmigaOS 68k. En développement depuis trois ans, MorphOS vit deux versions majeures sortir en 2001 : d'abord la 0.4, en février, qui incorporait notamment une émulation WarpOS pour étendre un peu plus sa logithèque, puis la 0.8, en août, qui fonctionnait pour la première fois sur un matériel non-Amiga, le Pegasos, la machine PowerPC de bPlan, elle-même encore en développement. Les premiers prototypes de Pegasos furent produits en février 2001, ils disposaient alors d'un processeur PowerPC G4 à 400 MHz. En novembre, Raquel Velasco et Bill Buck (de Thendic-France) passèrent un accord avec bPlan et commencèrent à financer cette société. De nouvelles cartes mères, redessinées au format microATX, furent produites et montrées lors du salon Amiga 2001 de Cologne. Il s'agissait de la première présentation publique du Pegasos mais seules les anciennes cartes mères, les prototypes, firent alors tourner MorphOS. Nouvelle carte mère microATX du Pegasos Le projet AmigaOS 4 à la peine Le développement d'AmigaOS 4 connut quelques remous. Le plus gros fut l'absence d'accord entre Amiga Inc. et Haage & Partner car ces derniers demandaient un paiement initial, comme ce fut le cas pour les développements d'AmigaOS 3.5 et 3.9. Amiga Inc., en difficulté sur le plan comptable, ne put accepter cet accord. Mais en septembre et octobre 2001, Alan Redhouse d'Eyetech négocia un nouvel accord tripartite entre Amiga Inc., Hyperion et Eyetech (les "partenaires AmigaOne") qui débloqua la situation. Amiga Inc. n'avait plus à verser de paiement initial et aurait droit à des redevances sur les ventes. C'est ainsi que la société belge Hyperion obtint, le 3 novembre 2001, une licence exclusive pour le développement d'AmigaOS 4 sur PowerPC. Ce développement/portage devait être réalisé notamment par Hans-Joerg et Thomas Frieden, deux développeurs de chez Hyperion. La date de disponibilité de l'été 2001 devait être repoussée, une première fois, à février 2002. Ben Hermans et Thomas Frieden Pour limiter les délais dus aux efforts qu'auraient pris la duplication de certaines parties du système, Hyperion demanda à Amiga Inc. le code source d'une autre version d'AmigaOS, la 3.1. Son code source était malheureusement écrit dans différents langages et certaines portions compilées avec des compilateurs spécifiques : cela rendait difficile la tâche de le porter sur une autre plate-forme. Mais un gros travail d'Olaf Barthel, un développeur Amiga de renom, fut entrepris dès 1996 pour réduire les dépendances d'AmigaOS 3.1, rendre ce code source plus uniforme et portable, et créer un CVS (un système de gestion de versions utilisé par les projets logiciels). Un accord entre Hyperion et Olaf Barthel fut conclu en octobre pour que la société belge puisse bénéficier du travail du développeur allemand, un travail qui fut d'ailleurs en partie non payé par Amiga Inc./Hyperion. L'amélioration d'AmigaOS aurait aussi pu passer par un soutien de la part de GPSoftware, auteur de Directory Opus Magellan, le meilleur gestionnaire de fichiers sur Amiga. GPSoftware avait abandonné l'Amiga en 2000 et Greg Perry, son patron indiqua : "Nous avons proposé [Directory Opus Magellan] à Amiga Inc. il y a quelque temps mais ils n'étaient pas intéressés alors que Haage & Partner nous a ris au nez quand nous leur avons fait la proposition ! Nous avons tendance à croire que le développement d'AmigaOS est conduit par du gagne-petit et par l'intégration de programmes gratuiciels/partagiciels plutôt que par un effort professionnel de développement". Toujours des fermetures Comme ce fut le cas depuis 1995, l'année 2001 fut une année marquée par des faillites et des fermetures de sociétés. Les délais toujours plus longs de la sortie d'AmigaDE, d'AmigaOS 4 et de l'AmigaOne mettaient une bonne partie du marché dans l'expectative, chose difficilement soutenable pour des entreprises commerciales. C'est ainsi que le revendeur AmiSoft (États-Unis), actif sur Amiga depuis 1989, ferma ses portes fin mai. Il fut imité par White Knight Technology (Royaume-Uni), Amigaland (Suisse) et Wonder Computers (Canada). Le constructeur allemand Village Tronic, qui avait déjà arrêté ses productions Amiga, licencia une bonne partie de son département Amiga et son ultime projet (le module 3D ParaGlide pour Picasso IV) ne fut jamais finalisé. Et c'est avec tristesse qu'on apprit que GPSoftware, éditeur du logiciel Directory Opus, arrêta définitivement le développement de la version Amiga pour se tourner vers le marché Windows. C'est aussi dans cette même période que le constructeur Met@box (qui développait le boîtier décodeur Met@box 1000) déposa le bilan suite à des suspicions de fraudes. Bien que certains actionnaires aient tenté de soutenir la société durant quelques mois, Met@box ne put jamais redémarrer et fut définitivement fermée un an plus tard. Cette société avait embauché d'anciennes gloires de l'Amiga comme Andy Finkel et Dave Haynie et ce dernier indiqua dans une entrevue que Met@box ne payait pas régulièrement ses employés et que cela avait provoqué son endettement personnel. On poursuivait les mauvaises nouvelles avec l'annulation du développement du BoXeR après quatre ans de travail. Mick Tinker, son concepteur, quitta le marché Amiga pour des raisons économiques (en fait, c'est Anti Gravity, la société ayant les droits du BoXeR, qui arrêta de payer les développeurs derrière ce projet). Avec les machines de Met@box, ce furent donc deux projets matériels qui disparurent en quelques semaines. Même constat au niveau de la presse, le magazine anglais Amiga Active ferma également ses portes. C'était le dernier magazine papier anglophone vendu en kiosque. Une alternative à Amiga Active fut entreprise par les personnes derrière le fanzine Clubbed. Pour combler ce manque de presse anglophone, ils devinrent bimestriel et se renommèrent "Total Amiga". La presse allemande fut aussi touchée et les deux magazines Amiga Future et Amiga Plus se retirèrent des kiosques pour se focaliser sur une distribution uniquement par abonnement. Matériel : les bus PCI s'imposent Avec les promesses des Amiga NG et des nouveaux systèmes, on aurait pu penser que le marché de l'Amiga Classic était dans sa phase terminale. Or, quelques sociétés continuaient de sortir des produits. Ce fut notamment le cas pour les cartes bus PCI. Après la commercialisation de son bus Mediator en 2000, Elbox sortit de nouvelles variantes : le Mediator PCI 4000 pour A4000, le Mediator PCI ZIII pour Amiga/Zorro III et le Mediator ZIV pour Amiga 1200/Zorro IV. Les cartes bus PCI intéressaient également d'autres constructeurs comme le nouveau venu Matay (avec son Prometheus), DCE (avec ses G-Rex 4000D et G-Rex 1200, solution issue d'une carte propriétaire de Phase 5) ou encore Eyetech (avec son Predator-SE, qui était en fait un G-Rex PCI 1200 renommé). Le Prometheus Les pilotes pour cartes graphiques Voodoo4 et 5 arrivèrent aussi pour ces cartes bus PCI. C'était la première fois qu'une puce graphique de la puissance de la Voodoo5 fonctionnait sur un Amiga. D'autres pilotes pour carte son Sound Blaster, cartes TV et Fast Ethernet 100 Mbps apparurent. Après des années d'attente, les utilisateurs Amiga pouvaient enfin profiter des cartes PCI bon marché : l'Amiga Classic n'avait pas dit son dernier mot ! Après la guerre des solutions PCI, le trio DCE/Elbox/Eyetech entra dans un nouveau conflit, cette fois-ci concernant les cartes accélératrices PowerPC. Elbox avait annoncé la SharkPPC fin 2000, Eyetech le Predator-Plus et DCE se lança avec l'annonce, en avril, d'une carte accélératrice PowerPC du nom de MicroServer G3/G4. Quatre ans après le pionnier Phase 5, les accélérateurs PowerPC pour Amiga étaient de retour, malheureusement uniquement sur le papier car aucune de ces cartes ne fut menée à bien : l'imminence des Amiga NG et la difficulté à concevoir de telles cartes en étaient vraisemblablement les raisons. Sur le front de l'audio, quelques nouveautés se présentèrent. On vit arriver, au bout de deux ans de développement, la VSS (alias VF Sound System), une carte pour Amiga 1200 d'une conception presque artisanale, réalisée entièrement par le bidouilleur hongrois Valenta Ferenc. Mais cette carte son n'était sans doute pas suffisante pour contrecarrer la Repulse, une carte son Zorro II conçue par Alien Design. D'une conception 24 bits, elle disposait de nombreuses fonctions pour en faire une carte utilisable par les professionnels de l'audio. L'année 2001 fut aussi l'année des prémices, sur Amiga, de l'USB (Universal Serial Bus), une technologie qui avait pour but de remplacer les différents ports de l'industrie par un seul, universel. Des cartes comme la Subway et la Highway du constructeur E3B furent annoncées. Une troisième carte fut annoncée par AmiSoft mais ces derniers durent fermer leurs portes quelques mois après. Le pionnier en matière d'USB fut DCE qui présenta dès le 13 octobre 2001, lors du rassemblement de Bad Bramstedt, des cartes USB et leur pilote pour Amiga/G-Rex. Malheureusement, DCE ne publia jamais ses pilotes. Et côté logiciel, l'initiative "Unified Amiga USB Development Effort" fut lancée par Robert Tsien et Thomas Graff Thoger afin d'unifier le développement d'un système USB commun pour l'Amiga. Une initiative qui portera ses fruits en 2002. Logiciel : la place de plus en plus importante de l'émulation Les amigaïstes avaient pris l'habitude de dénier plus ou moins l'existence de l'émulateur UAE. Le fait que les PC ou les Mac puissent émuler leur Amiga bien aimé était durement ressenti depuis son apparition en 1996. Mais au fil du temps, comme de plus en plus de personnes migraient sur d'autres plates-formes, cet émulateur commença à être accepté dans la communauté. Certains ne croyaient pas qu'un PC puisse être aussi efficace qu'un Amiga jusqu'au jour où un nouvel émulateur apparu. Présenté en avant-première dans le numéro d'août du magazine Amiga Active, cet émulateur fut plus tard connu sous le nom d'AmigaXL, tournant sous QNX. Il était capable de faire tourner Quake 68k 10 fois plus vite qu'un 68060 ! Un autre émulateur, développé par Bernd Meyer (le concepteur du moteur JIT d'UAE) et Harald Frank, fut annoncé par Amiga Inc. Nommé Amithlon, il utilisait une version modifiée du moteur JIT d'UAE et tournait par-dessus un noyau Linux. Ses forces étaient qu'il pouvait se lancer directement depuis un CD auto-amorçable, et que sa vitesse d'émulation atteignait des records. Les auteurs de ces deux émulateurs décidèrent de vendre leur produit respectif dans une même distribution (AmigaOS XL). Les personnes intéressées n'avaient donc pas à choisir entre l'un ou l'autre. L'arrivée de ces émulateurs de plus en plus rapides et performants, ainsi que la poursuite du développement de la suite Amiga Forever par Cloanto (la version 5 apparut en novembre), forma une nouvelle base d'utilisateurs dans le monde Amiga. L'Amiga était ainsi représenté par différentes tribus comme les partisans de l'Amiga Classic, ceux pour AmigaOS 4, ceux pour MorphOS, et maintenant ceux qui utilisaient l'émulation Amiga. AmigaOS XL iFusion, l'émulateur iMac pour Amiga PowerPC, édité par Microcode Solutions, fut enfin commercialisé après quatre ans de développement. Malheureusement, le logiciel ne fut pas à la hauteur de ses espérances à cause de son prix trop élevé et surtout de ses nombreux bogues. iFusion, l'émulateur iMac pour Amiga Dans le même temps, la commercialisation de gros logiciels se raréfia, les sociétés ne voulant plus prendre de risques dans ce marché en décrépitude (68k) ou dans l'expectative (Amiga NG). Quelques-uns continuèrent néanmoins comme Paul Nolan (avec son logiciel de retouche d'images Photogenics 5) mais d'autres annoncèrent leur retrait du marché comme Greg Perry, de GPSoftware, qui allait dorénavant développer son Directory Opus uniquement pour Windows. Un segment du développement logiciel poursuivit malgré tout son ascension, il s'agissait des lecteurs et encodeurs multimédias. Grâce à la puissance des processeurs PowerPC, ce genre de programmes avait proliféré en 2000 et cela se poursuivit en 2001. L'encodeur MP3 BladeEnc passa ainsi en code PowerPC alors que les lecteurs multimédias SoftCinema, MooVid et AMP apportèrent continuellement la gestion de nouveaux formats audio et vidéo (AVI/DivX, QT/3ivX, MOV/QT5, OpenDivX et même un début de gestion de lecture DVD pour AMP). La lecture de vidéos était une réalité sur Amiga. Malgré les annonces d'AmigaOS PowerPC, le développement de la version 68k du système se poursuivit en 2001. Haage & Partner proposa, en mars, une mise à jour d'AmigaOS 3.9 sous forme d'une archive téléchargeable sur son site. Celle-ci, nommée Boing Bag 1, permettait notamment de rendre le Workbench asynchrone, un comble pour un système d'exploitation multitâche depuis toujours ! Les améliorations du coeur du système n'étaient pas de la partie et c'est Harry Sintonen, un développeur finlandais, qui créa la surprise en publiant une nouvelle version d'Exec, le noyau d'AmigaOS. Il s'agissait de la version 44.1 officieuse, mais qui, d'après l'auteur, était plus rapide et optimisée que la version d'origine. Enfin, dans le domaine ludique, les choses n'étaient pas vraiment différentes de l'année précédente. Avec moins de 100 jeux publiés, domaine public compris, on pouvait définitivement dire que les développeurs de jeux (et les joueurs !) avaient bel et bien quitté l'Amiga. Seulement huit jeux étaient des titres commerciaux mais quelques-uns furent d'une qualité notable comme Shogo et Descent: Freespace The Great War (deux nouveaux portages de Hyperion prenant en compte le PowerPC) et Earth 2140 (l'un des meilleurs jeux de stratégie Amiga porté par Pagan Games). Et comme les grosses sociétés de jeux n'existaient plus, des développeurs indépendants sortirent leurs produits comme Payback, le longtemps attendu clone de GTA, réalisé par James Daniels, ou bien Aqua, un jeu d'aventure à la Myst proposé par Kelly Samel. Shogo Payback DyAMIte Puzzle BOBS Une année plutôt décevante 2001 ne fut pas une bonne année pour tout le monde. L'AmigaOne et AmigaOS 4.0 furent repoussés à plusieurs reprises et rien de concret n'apparut : c'était le retour des promesses non tenues. Alan Redhouse d'Eyetech indiqua "qu'aucune entreprise saine n'aurait accepté de travailler sur un tel projet et dans un marché de plus en plus petit". Du côté d'AmigaDE, il restait des problèmes majeurs à résoudre mais le DE Player avait fini par arriver, ce qui était le franchissement d'une étape importante dans la feuille de route d'Amiga Inc. Mais tout cela aurait pu être bien pire : l'année 2001 fut l'une des plus difficiles jamais enregistrées pour les entreprises, avec de faibles investissements et des faillites plus nombreuses. Les marchés et les clients réduisirent leurs plans et/ou reportèrent leurs produits et Amiga Inc. dû réduire ses plans en conséquence. Cette crise et les peurs engendrées par les attentats du World Trade Centre auraient très bien pu précipiter la faillite d'une petite entreprise comme Amiga Inc. D'ailleurs, les employés et les contractuels d'Amiga Inc. ne furent plus payés. Heureusement, la plupart des employés continuèrent malgré tout à travailler pour garder le rêve Amiga intact. L'année 2001 marqua aussi le début de deux nouvelles rivalités : celles entre les constructeurs de bus PCI et surtout celle entre les partisans d'AmigaOS 4 et ceux de MorphOS. Avec l'arrivée d'Amithlon, la communauté Amiga n'avait jamais semblé aussi divisée.
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