|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
Ils écrivent toute l'année dans Tilt et voient passer un nombre impressionnant de logiciels, visitent tous les salons micro, testent les nouvelles machines et rencontrent quotidiennement programmeurs, éditeurs et distributeurs. Il était intéressant de leur demander quels avaient été en 1989 leurs coups de coeur, leurs déceptions voire leurs regrets, bref de porter un regard personnel sur les douze derniers mois. Voici donc leur bilan sur une année fertile en rebondissements. Zut ! (par Olivier Blottière) Il y a les jeux et ceux qui les créent ou les utilisent. J'en veux tout autant aux uns qu'aux autres ! Côté jeux, c'est la simulation qui a le plus marqué mes douze derniers mois de micro. C'est un univers que j'adore, et l'année 1989 lui a donné tout son sens. De F/A-18 Interceptor pour la fin d'année 1988 à M1 Tank Platoon, F29 Retaliator ou UFO, le tout dernier simulateur des géniteurs de Flight Simulator, en passant par Sim City ou Life and Death, très originaux, la simulation avance à pas de géant. Elle seule utilise vraiment "l'intelligence" de l'ordinateur et avec elle celle des programmeurs. C'est le seul domaine où l'on peut réellement parler d'originalité, de "jamais vu", où l'on peut enfin rêver à demain ! F29 Retaliator Les jeux de tir, j'adore quand c'est vraiment "très" bon mais... pourquoi ce manque d'originalité ? Pourquoi se borner à toujours favoriser la forme au détriment du fond. 3D, 3D surfaces pleines, animation six étoiles, graphismes qui dépotent et pourquoi ? Pour dégommer de l'alien à bord d'un vaisseau subsonique ! J'adore mais... Y'en a marre ! Pas loin de 70% de la production ludique utilise la trame du "boom, boom, sus à l'alien". Bonjour l'originalité. Bien sûr, 70% des joueurs en redemandent... Mais la fin justifie-t-elle qu'on soit moyen ? A côté des jeux, il y a aussi ceux qui les font et ceux qui les utilisent. Les programmeurs, je m'y suis intéressé cette année. Résultat, beaucoup de gens de valeur, pas toujours bien traités, mais finalement très heureux de pouvoir exercer leur passion, le jeu. Côté distributeurs, tout va bien tant que les affaires et la bêtise ne l'emportent pas... D'un côté, les insultes de quelques lecteurs : "vous êtes achetés par telle ou telle boîte...", de l'autre, quelques éditeurs encore convaincus que l'on peut descendre un programme par plaisir ! Et pour couronner le tout, des réseaux de pirates qui jouent à la guéguerre et risquent de tout faire péter ! Sympa, l'univers ludique... Alors, à tous ces conflits, contre les "mon micro est plus mieux que le tien", les pirates, les hargneux de tout genre, je dis... zut ! La micro, c'est génial, et ça serait encore mieux sans vous ! A tous les autres, un grand bonjour ! Prolifique (par Dany Boolauck) Le rédac chef me demande de mettre noir sur blanc mes profondes pensées philosophiques sur les événements qui ont secoué l'industrie de la micro-informatique de loisir. Les voilà : «...» Je n'ai aucune profonde pensée philosophique sur la question ! J'ai bien une opinion sur les éditeurs, les magazines de micro, les lecteurs, mais je ne tiens pas à les étaler au grand jour. Par contre, j'ai des choses à dire sur les jeux qui m'ont passionné pendant cette année 1989. Je commence par Dungeon Master, ce n'est pas du neuf mais c'est le jeu qui me procure encore (et de loin) le plus de plaisir ! Comme beaucoup d'entre vous, j'attends avec impatience la sortie de sa suite, Chaos Strikes Back ! Un autre jeu dément m'a pris la tête et mes nuits : Neuromancer. Ce jeu d'aventure/rôle est devenu une passion, une obsession ! L'ayant commencé sur C64, j'ai volontairement cessé d'y jouer pour le reprendre quand il sortira sur Amiga. J'ai vu une préversion et, croyez-moi, cela vaut la peine d'attendre. Dungeon Master Dans le domaine de la simulation, aucune hésitation : Falcon et Great Courts sont mes favoris. Pour finir, je citerai Rainbow Islands et Denaris, les jeux d'action dignes de figurer dans ma logithèque. Génial (par Alain Huyghues-Lacour) Pour moi, l'événement le plus marquant de l'année, c'est le niveau de qualité atteint par les jeux sur 16 bits. Attention, il est possible de faire beaucoup mieux et on ne trouve pas encore de programmeurs qui sachent tirer le maximum d'un Amiga, comme certains savent le faire avec un C64 ou un CPC. Mais, pour la première fois cette année, la plupart des programmes sur 16 bits sont de bonne qualité et il y a des petites merveilles comme Strider, Xenon II, Stunt Car Racer et bien d'autres encore. Stunt Car Racer L'événement de l'année prochaine risque fort d'être l'arrivée des consoles 16 bits. La NEC est une sacrée machine et je suis décidé à me jeter sur le Mega Drive Sega dès sa sortie. Il est indiscutable que les jeux d'action sont bien plus réussis sur console que sur micro. Des programmes comme Super Mario Bros ou La Légende De Zelda n'ont aucun équivalent sur micro. Pour l'instant, les graphismes sont encore le point faible des consoles, par rapport à l'Amiga ou au ST. Mais, avec l'arrivée des consoles 16 bits, on risque d'atteindre la perfection. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas en train de dire que vous devez balancer votre micro par la fenêtre pour vous offrir une console. Je pense que l'idéal pour un fan d'arcade est de posséder un Amiga ou un Atari ST, et une console 16 bits. Car une console ne saurait remplacer un micro. Il y a la création, les jeux d'aventure et les simulations. Mais, pour les jeux d'arcade, les Japonais sont vraiment les meilleurs. Le premier salon de la micro est une réussite et je pense qu'en deux ans, il pourrait se hisser au niveau du salon PC Show de Londres. Il est important de disposer d'un grand salon français, et puis cela nous offre une occasion d'entrer en contact avec vous. Le concours européen était vraiment passionnant. L'équipe anglaise était très forte, mais nous avions également de très bons joueurs. Certains d'entre vous pensent que c'est super d'être journaliste chez Tilt. Je vais vous dire franchement que c'est également mon avis ! Quand je travaille, je joue, et quand je veux me détendre le week-end, je joue. Ce n'est peut-être pas très varié, mais je ne m'en lasse pas. Malgré la quantité de jeux qui passent entre mes mains, mon enthousiasme reste intact. Et puis, Tilt représente beaucoup de choses pour moi, car je suis un lecteur assidu depuis le numéro 3. Alors, je pense que nous allons encore passer une bonne année ensemble, envoyez les jeux, nous sommes prêts. Positif ! (par Jacques Harbonn) Le cru 1989 des logiciels a été bon pour moi car j'y ai trouvé à peu près tout ce que j'aime. Dans les jeux de rôle, vous vous attendez sans doute à ce que j'aie craqué pour Bloodwych, eh bien, non ! Certes l'idée d'un jeu à deux est séduisante mais, dans le jeu en solitaire, on est bien loin de Dungeon Master dont il n'est d'ailleurs qu'un plagiat. Non, le premier qui m'ait attiré dans ses filets, c'est... Wizardry V sur Apple II ! Pourtant, comparé à Dungeon Master sur Atari ST et Amiga, il fait triste figure graphiquement. Le second, c'est Might And Magic encore sur Apple II. L'ambiance est aussi bonne et les graphismes un régal sur cette machine. Journey, à mi-chemin entre aventure et rôle, m'a bien branché aussi. La grande facilité de dialogue et la possibilité de prendre des chemins différents pour parvenir au même but ne sont pas étrangers à mon attrait. Journey En création, le GFA Basic 3.0 a dépassé toutes mes espérances. Grâce à lui, j'ai pu adapter en deux temps trois mouvements mon programme de gestion de fichiers issu d'Apple II et l'améliorer de manière impressionnante, sans fatigue. Deluxe Paint III m'a enchanté. J'ai pu créer des images tout à fait convenables et mettre facilement au point des animations de qualité. C'est aussi cette puissance et cette facilité d'utilisation qui ont fait d'Imagic mon programme préféré pour la création de diaporamas avec effets visuels délirants. J'ai aussi été comblé dans le domaine des jeux de réflexion/stratégie. Colossus Chess X et Chess Master 2100 sont vraiment superbes, chacun à sa manière. Quant à Populous, c'est le délire. En plus, la disquette Data, The Promised Lands, vous fait revoir toutes vos stratégies durement mises au point. J'adore les casse-briques, et Krypton Egg est devenu mon fétiche. Certes, il n'innove en rien, mais il intègre les qualités et les options variées de tous ses prédécesseurs. Ne me parlez pas de Dans le domaine des jeux d'action, j'ai aussi trouvé mon bonheur avec Hybris et Silkworm, tous deux aussi bien réalisés (sur Amiga pour le second). Même remarque pour Pac-Mania, superbe sur Amiga et correct sans plus sur Atari ST. Skweek réussit le même pari que Tetris, montrant que c'est souvent avec les principes les plus simples qu'on fait les meilleurs jeux. A l'opposé, des jeux comme Dragon's Lair, Sword Of Sodan ou Shadow Of The Beast n'ont pas retenu mon attention au-delà de quelques parties, alors que les graphismes et les animations sont vraiment exceptionnels. Le cas de Barbarian II est un peu différent car l'ambiance d'humour saignant et le zeste d'aventure ont comblé mes désirs. De même, Rocket Ranger m'apparaît comme une référence sûre dans les jeux combinant action et stratégie. Shadow Of The Beast Morositas (par Éric Caberia) Un regard rétrospectif sur l'année qui vient de s'écouler permet de constater que le petit monde de la micro-informatique n'est pas sorti de l'auberge. En effet, pour moi qui suis un fana de la première heure (voir Tyranosaurus Rex sur ZX-81), cette année 1989 n'aura fait que confirmer les dangereuses tendances qui semblaient déjà se manifester depuis deux ans. Nous assistons en effet à une homogénéisation du parc de micro-ordinateurs ludiques. Ce qui implique que, hors du monde des Amigis et des Atagas point de salut, excepté pour les nostalgiques des 8 bits qui eux-mêmes ne peuvent choisir qu'entre Amstrad et C64. Cette inquiétante uniformisation des marques de machines semble aller de pair avec un dépérissement spectaculaire de la variété des thèmes de logiciels. En effet, à la vitesse où vont les choses, nous serons bientôt les consommateurs passifs d'un R-Type 10 ou d'un Vigilante 14. Comment comprendre en effet qu'un micro-ordinateur, doté d'un microprocesseur 16 bits et de 1 Mo de mémoire, ne soit bon qu'à faire une réadaptation d'un jeu de tir antédiluvien (né il y a quelques années-lumière sur C64), et ce, sous prétexte que la version 16 bits dispose d'une fréquence de tirs plus élevée, ou de graphismes et de bruitages plus beaux. Cela révèle de toute évidence une pénurie d'imagination. Cette carence est renforcée par la politique de certains éditeurs de ne faire que des adaptations de jeux d'arcade qui souvent à l'origine étaient médiocres ou simplets. Parmi les adaptations particulièrement "bouffonnes" qu'il m'a été permis de voir cette année, on peut noter After Burner, Thunder Blade, R-Type (sur Atari ST), Tiger Road, Vindicators (qui se permet d'être plus rapide dans sa version 8 bits que 16 bits), et plus récemment Dynamite Dux. Tiger Road Pour l'essentiel, les innovations marquantes se situent dans le domaine du réalisme et donc des simulateurs. L'illustration la plus flagrante en est l'introduction massive de graphismes en 3D surfaces pleines qui permettent de tirer plus de performances des 16 bits. L'utilisation de ces techniques graphiques aura ainsi permis qu'apparaissent des chefs-d'oeuvre tels que Falcon, Powerdrome (Electronic Arts) et, plus récemment, l'étourdissante course de dragsters, Stunt Car Racer. L'avenir semble donc être du côté des graphismes en 3D calculé ; à ce titre, l'année qui s'annonce semble être prometteuse (Vette, F29 Retaliator). En conclusion, les concepteurs de jeux sur micro ont intérêt à trouver des thèmes et des techniques nouvelles pour leurs créations sous peine de voir disparaître l'engouement des consommateurs, cela au profit de consoles qui, elles, ne sont dédiées qu'au jeu. Révolutionnaire (par Mathieu Brisou) Tout a commencé par la venue de Dragon's Lair et de Roger Rabbit sur Amiga. Graphismes prometteurs, animation fantastique et bande son à se pâmer. Mais, côté jeu, bonjour ! Le premier est inintéressant au possible et le nombre de disquettes est impressionnant. Comme on s'arrête à la deuxième, les autres ne servent à rien et l'on a le vague sentiment de s'être fait avoir ! Positivement injouable, Roger Rabbit plaît aux pirates. Il nécessite tellement de changements de disquettes qu'il permet de s'entraîner pour les copy parties ! Dragon's Lair Les fabricants d'ordinateurs prennent leurs responsabilités et ne jouent plus les seconds rôles. Amstrad propose des ordinateurs professionnels et sérieux : les PC 2286 et 2386. Ils sont tellement fiables que la firme de Sugar échange tous les modèles vendus avec disque dur pour couper court à toute rumeur à propos de certains problèmes... Raté : la rumeur est désormais bien installée. Ça, c'est du marketing ! Le nouvel Atari STE est arrivé. Pas vraiment compatible, il est plus performant qu'un Mega ST bien que coûtant au mieux deux fois moins cher. Imaginez une Rolls pour le prix d'une 2 CV. Impossible ? Vous savez bien qu'impossible n'est pas Atari. Cela dit, s'ils avaient su y s'raient point v'nus ! Les consoles ne marchent pas si bien que ça ? On l'savait. Il suffisait messieurs Sega, NEC et Konix de commercialiser vos performants produits. Pourquoi s'être borné à les annoncer quitte à bloquer le marché ? L'Archimedes se vend bien en Angleterre et nulle part ailleurs ? Normal, Acorn fait tout pour réserver sa machine aux Anglais. Les autres ne sont pas assez connaisseurs n'est-il pas ? Commodore prétend que l'Amiga 2000 c'est mieux que le Mac II mais que ses PC VGA à base de 386 font aussi la même chose. C'est confus, non ? Cela voudrait-il dire qu'un 386 Commodore = un Amiga 2000 ? Je n'ose le croire ! L'année micro 1989 a été riche en belles bourdes. Heureusement, ça distrait les journalistes. Mais cet apparent manque de professionnalisme est certainement responsable du manque de diffusion de la micro dans le grand public. Ça changera. Mais, quand ?
|