Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Histoire de l'Amiga - année 1986
(Article écrit par David Brunet - avril 2008, mis à jour en août 2021)


1986 : un démarrage lent

Avec une production qui mit du temps à se mettre en place et des campagnes publicitaires sans vrais résultats, Commodore ne sut pas exploiter au mieux les capacités de l'Amiga. La firme fut même absente aux trois gros salons de la période (les CES de janvier et juin 1986, et le COMDEX) ce qui jeta le trouble sur sa capacité à faire réussir son nouveau bébé.

L'une des solutions était de créer un modèle moins coûteux qui devait permettre de doper les ventes. Le marché de l'Amiga s'ouvrit également avec une vraie distribution hors de l'Amérique du Nord (avec l'Amiga 1000 version PAL construit en Allemagne). Ces modèles à l'exportation avaient enfin 512 ko de mémoire en standard (au lieu de 256 ko), ce qui rendait plus confortable l'utilisation de la machine.

Commodore : Thomas Rattigan arrive

Marshall Smith, qui avait remplacé Jack Tramiel depuis 1984, avait la mainmise sur Commodore. Mais il était une personne peu inspirée et pas vraiment préparée à gérer une entreprise d'informatique. L'exemple le plus flagrant arriva au salon CES de janvier 1985 où Commodore présenta un ordinateur portable innovant à base d'écran LCD. Mais au lieu de prendre la tête de ce marché émergeant, Marshall Smith préféra annuler la machine et vendre tout le développement des écrans LCD, manquant ainsi une occasion unique.

Pire, entre septembre 1984 et mars 1986, Commodore perdit 300 millions de dollars. Ces échecs financiers firent réagir les membres du conseil d'administration de Commodore, présidé par le Canadien Irving Gould. Marshall Smith fut remplacé par Thomas Rattigan, un ancien dirigeant de Pepsi et qui était entré chez Commodore un an auparavant. Il prit le poste de CEO en février 1986. Thomas Rattigan remit de l'ordre dans la société en arrêtant la production d'anciens modèles (PET, VIC-20...), en annulant des prototypes, en vendant certaines divisions (dont l'unité Optoelectronics qui développait des écrans LCD) et en licenciant des centaines d'employés. Par exemple, la base de production du Royaume-Uni, à Corby dans le Northamptonshire, passa d'environ 560 employés à seulement 13. Même l'avion BAe 125-700 de Commodore, affectueusement surnommé "Pet Jet", et utilisé par les gros bonnets de Commodore pour se déplacer, fut arrêté. Ces mesures drastiques ont eu des résultats puisque dans le dernier trimestre 1986, Commodore fit un profit de 22 millions de dollars et avait épongé toutes ses dettes.

Thomas Rattinan Irving Gould
Thomas Rattigan et Irving Gould

L'Amiga hors des États-Unis

Alors que l'Amiga fut présenté au États-Unis le 23 juillet 1985 à New York, sa première introduction officielle en Europe se déroula le 21 mai 1986 à l'Alte Oper de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Dans cet événement, animé par Frank Elstner, des développeurs firent également la démonstration des caractéristiques particulières qui distinguaient l'Amiga de ses concurrents de l'époque IBM PC, Macintosh et Atari ST : son échantillonné sur quatre canaux, animation graphique avec le Blitter, interface graphique en couleur, multitâche préemptif, structure matérielle et logicielle 32 bits, etc.

Le Dr Peter Kittel, ingénieur chez Commodore, faisait partie des démonstrateurs présents ce jour-là. Il présenta notamment la synthèse vocale, où il s'était efforcé d'obtenir des sons à peu près allemands du logiciel Text-to-speech, qui était à consonance américaine. Le Dr. Petter Kittel continua d'ailleurs à maintenir ce logiciel au fil des années, mais il raconta qu'il ne devint jamais vraiment utilisable au quotidien.

Amiga Allemagne
Présentation de l'Amiga en Allemagne (Dr Peter Kittel au premier plan)

Certains développeurs et quelques amateurs éclairés non-américains avaient pu se procurer un Amiga en 1985, mais avec l'arrivée officielle de la machine en Europe, Commodore estima pouvoir augmenter les ventes de sa machine. Ces premiers modèles en Europe, et notamment en France, n'étaient que des modèles de présérie peu adaptés. Ils disposaient d'un clavier QWERTY et surtout d'un transformateur n'acceptant que le courant 110 V américain.

La version française de l'Amiga n'arriva que vers mars 1986. Le magazine Science & Vie Micro le décrivit ainsi : "L'Amiga de Commodore est un micro-ordinateur mythique. Si l'on avait demandé aux plus fous d'entre les passionnés, il y a un an, de décrire l'ordinateur de leurs rêves, ils auraient probablement égrené la fiche des caractéristiques techniques de l'Amiga 1000".

Développement de nouveaux modèles

La réussite technique de l'Amiga était basée sur ses puces spécialisées. Ces dernières étaient en développement continu depuis plus de deux ans et de nouvelles révisions apparaissaient de temps à autre. Par exemple, la puce Denise 8362 fut mise à jour : sa révision R6, puis R8, apporta le mode EHB (Extra Half-Brite) permettant de doubler le nombre de couleurs dans toutes les résolutions (64 couleurs au lieu de 32). Ce petit surplus de couleur était généré grâce à une simple bidouille, consistant à utiliser une intensité lumineuse moindre pour les 32 dernières couleurs.

palette EHB
Une palette de couleurs EHB en 64 couleurs

Mais cette mise à jour matérielle, qui intervint au premier trimestre 1986, n'était bien sûr pas suffisante pour faire monter les ventes de l'Amiga. Thomas Rattigan voulut ainsi développer deux nouveaux Amiga : un moins cher afin que Commodore puisse pénétrer les foyers, et un autre plus puissant et plus extensible que le modèle d'origine, l'Amiga 1000.

L'Amiga 500 devait être le modèle d'entrée de gamme. Parfois surnommé "Baby Amiga" pendant sa phase de développement, il fut conçu par l'équipe d'ingénieurs de West Chester, en Pennsylvanie, avec notamment Jeff Porter, Bob Welland et George Robbins. Ce dernier donna d'ailleurs un nom à ce projet : B52/Rock Lobster, en hommage au groupe de rock américain B52's. L'A500 fut conçu à partir de la carte mère de l'Amiga 1000 avec dans l'optique de réduire les coûts de production. Il eut une révision des puces Agnus et Denise (placées sur des composants PLCC au lieu de DIP), un Kickstart en ROM, mais sa plus grosse modification vint de son aspect : le clavier fut intégré au boîtier principal alors que l'alimentation fut placée dans un petit boîtier séparé. Ce concept "d'ordinateur dans un clavier" était très courant chez Commodore, avec notamment le Commodore 64, la machine d'entrée de gamme de la société, qui connaissait un succès considérable.

Jeff Porter Bob Welland George Robbins
Jeff Porter, Bob Welland et George Robbins

Le second modèle fut l'Amiga 2000 (ou 2500, le nom n'était pas encore définitif), une machine haut de gamme dont l'accent était mis sur les possibilités d'extension. La première version fut développée par deux équipes : celle d'origine à Los Gatos et une autre à Braunshweig en Allemagne de l'Ouest. Le projet d'Amiga 2000 des ingénieurs de Los Gatos était surnommé Amiga Ranger, qui devait mettre l'accent sur une meilleure extensibilité (ports Zorro), un processeur plus rapide (68010 ou 68020) et la capacité d'adresser 2 Mo de mémoire Chip, et ainsi d'afficher des écrans en résolution 1024x1024.


Prototype du Ranger

Le Ranger faisait l'objet de rumeurs depuis un certain temps, et Commodore tenta de garder ce projet secret, comme le suggéra cette déclaration de Clive Smith de Commodore US : "Nous ne faisons pas de commentaires sur les machines non annoncées. J'ai également lu les rumeurs à ce sujet, mais je ne peux rien dire."

De son côté, l'ingénieur George Robbins donna quelques informations sur cet Amiga 2000 développé à Los Gatos :
"En fait, le prototype A2000 de Los Gatos était dans cette lignée. Il utilisait une carte mère A1000 (sans aucune amélioration, les gars), deux cartes PC supplémentaires pour adapter le connecteur d'extension de l'A1000 aux ports horizontaux. Il avait cinq ports Zorro I, dont seulement quatre étaient utilisables à moins de remplacer la tour RAM/ROM avec des ROM. Il y avait une sorte de dispositif par lequel un câble plat reliait une variante du Sidecar/Bridgeboard au fond de panier et fournissait en quelque sorte un seul port PC. Extérieurement, cela ressemblait beaucoup à un PC ou à l'actuel A2000. Je ne pense pas qu'il avait le magique garage à clavier. En bref, il n'avait aucun avantage sur la conception actuelle, exception faite des ports Zorro I et aurait dû être vendu à un prix beaucoup plus élevé pour couvrir le coût de toutes les complications."

"Il faut admettre que l'équipe de Los Gatos n'était pas très enthousiaste à l'idée de fabriquer cet A2000. Leurs plans avaient apparemment été pour quelque chose de plus puissant, qui aurait été livré à une date ultérieure mal définie."
A propos de l'Amiga 2000 de Los Gatos, l'ingénieur allemand Andy Finkel, également de Commodore-Amiga, ajouta :
"En fait, je ne me souviens d'aucun d'entre nous (je traînais un peu à Los Gatos :-)) avoir été particulièrement satisfait de l'A2000 de Los Gatos. C'était une machine vite faite mal faite, avec un seul port PC, et un cauchemar mécanique à l'intérieur. Si je me souviens bien, c'était juste une bidouille, et ça n'a pas aidé la machine qui nous intéressait vraiment (vous vous souvenez du Ranger ?)."
Thomas Rattigan vit cependant une belle opportunité de mettre en concurrence les projets A2500 et Ranger. Mais ce dernier fut finalement annulé en juin par Commodore à cause de son coût. Ce fut donc la conception allemande qui fut choisie car elle présentait, soi-disant, des meilleures garanties sur les délais. Ainsi, cet Amiga 2000 (qui fut par la suite dénommé "Amiga 2000A") reprit le dessin de l'Amiga 1000 en lui ajoutant des ports d'extension, un Kickstart en ROM, le tout recarrossé dans un boîtier PC standard.

A2000A
Carte mère révision 3 d'un Amiga 2000 de préproduction (alors nommé A2500)

En fin d'année, les Amiga 500 et 2000 n'étaient toujours pas prêts et leur développement se poursuivit durant les premiers mois de 1987.

La fin de Los Gatos

Le plan de rigueur initié par Thomas Rattigan (sous la pression des banques créditrices) eut comme conséquence de limiter les crédits non seulement pour sa section Recherche et Développement de West Chester (il ne restait plus qu'une cinquantaine de personnes chargées du développement) mais aussi pour sa filiale Amiga à Los Gatos. Ses bureaux, placés en pleine Silicon Valley, avaient un loyer très élevé et le personnel y était chèrement payé. Les licenciements ont alors commencé.

L'équipe de Los Gatos était également mécontente de la gestion de Commodore à propos de l'Amiga. Elle trouvait notamment que la publicité, entre le lancement de juillet 1985 et début 1986, était mal ciblée. Cela empira ensuite car Commodore ne fit même plus de publicité pour l'Amiga 1000, se réservant pour la sortie des nouveaux modèles. L'équipe fut dégoutée de voir qu'elle avait créé un si puissant ordinateur et que Commodore était incapable de le mettre en valeur.

Carl Sassenrath, dans son entrevue pour Obligement, décrivit en ces termes l'ambiance post-Amiga 1000 :
"Après que l'Amiga ait été commercialisé, j'ai quitté la société parce que j'étais déçu par certaines des choses que je voyais se produire. Ils parlaient de rendre l'Amiga compatible PC et je pensais que c'était une grave erreur. J'étais également inquiété par le fait que l'Amiga n'était pas vendu correctement sur le marché."
Adam Chowaniec, vice-président de la technologie chez Commodore, reconnu également par la suite que l'entreprise fit du mauvais travail dans le secteur commercial durant ces premières années.

Adam Chowaniec
Adam Chowaniec

En dépit d'une main d'oeuvre très limitée, les ingénieurs et programmeurs à Los Gatos purent terminer le travail sur la mise à jour 1.2 du système d'exploitation et sur une révision du jeu de composants. Un des programmeurs du Workbench inclus un message caché contenant une attaque plutôt vicieuse contre Commodore. RJ Mical demanda à ce programmeur, dont le nom n'a toujours pas été révélé, de supprimer ce texte qui n'était pas acceptable et de le remplacer, dans les versions ultérieures du système pour les Amiga 500 et 2000, par "Amiga: born a champion" (Amiga : naissance d'un champion).

Mais un second message caché de ce même programmeur fut plus profondément enfuis dans les ROM de la version PAL de l'Amiga 1000, destiné au marché du Royaume-Uni : "We made Amiga, they fucked it up" (nous avons créé l'Amiga, ils l'ont foutu en l'air). Les dirigeants de Commodore UK durent retirer des milliers de machines et cette simple facétie coûta à Commodore l'équivalent de trois mois de vente.

En mai 1986, Commodore licencia 20 des 55 membres de l'équipe de Los Gatos (dont Robert Pariseau), mit en demeure les ingénieurs restant, voire les muta à West Chester, à l'autre bout des États-Unis. Les locaux de Los Gatos furent ensuite fermés, Jay Miner et Joseph Benedetti (le secrétaire d'Amiga Corporation) firent une demande de dissolution à l'office des sociétés en Californie le 20 mai 1986. Celle-ci fut officiellement enregsitrée le 6 janvier 1987 et la dissolution fut ensuite actée le 16 mars 1987 par Irving Gould, qui s'était alors retrouvé au poste de "dernier directeur" de la société. Amiga International fut, elle, dissoute officiellement le 17 juin 1986.

Amiga Corporation Amiga Corporation
Documents officiels de la dissolution d'Amiga Corporation

Ce transfert à West Chester sonna le glas pour RJ Mical, le concepteur d'Intuition, l'interface graphique du système. Il préféra dorénavant ne plus travailler pour Commodore mais plutôt en tant qu'ingénieur indépendant. Idem pour Jay Miner qui refusa de déménager : il quitta Commodore mais continua de travailler pour la société en tant que consultant. Après la fermeture, rares étaient les membres de l'équipe originelle de l'Amiga à être encore en place chez Commodore.

Mise à jour du système

Les premières versions du système d'exploitation, apparues en 1985, présentaient des bogues qui multipliaient l'apparition d'alertes du système appelées "Guru Meditation". Créés originellement comme un clin d'oeil, ces Guru Meditations devinrent vite une hantise pour les premiers utilisateurs de l'Amiga. Ils étaient représentés par un rectangle noir, en haut de l'écran, dont le contour clignotait en rouge. Une série de chiffres, d'après une idée de Carl Sassenrath, était affichée afin de permettre de localiser les problèmes.

Guru Meditation
Un Guru Meditation

Malgré la réduction drastique de personnel, la version 1.2 arriva en novembre 1986 après plusieurs versions bêta disponibles les semaines précédentes. Cette version 1.2, qui stabilisa de manière conséquente le système, était la première à proposer un Kickstart en ROM (pour les A2000A de préproduction ; les A1000 avaient toujours le Kickstart sur disquette). Elle vint avec quelques nouveautés intéressantes comme la multisélection des icônes, l'ajout d'une commande (Setmap) permettant l'utilisation de jeux de caractères nationaux, et la gestion d'AutoConfig qui pouvait configurer automatiquement les cartes d'extension (un malheureux bogue empêcha néanmoins son bon fonctionnement).

Workbench 1.2
Workbench 1.2

Les constructeurs tiers émergent

Le 68000 à 7,16 MHz était toujours le processeur principal des Amiga. Mais il ne fallut pas longtemps pour qu'un constructeur tiers propose une mise à niveau. Ce fut le cas de CSA (Computer System Associates) qui commercialisa la Turbo Amiga CPU. Cette carte accélératrice disposait d'un 68020 à 14,3 MHz (processeur entièrement 32 bits) et d'un coprocesseur arithmétique 68881. Vic Wintriss, le président de CSA, avait acheté un Amiga, ouvrit la machine, retira le 68000 et brancha sa carte. Non seulement l'Amiga fonctionnait toujours, mais Vic Wintriss affirma avoir obtenu une augmentation immédiate de 70% de la vitesse, sans compter le coprocesseur à virgule flottante. Ce même constructeur proposa une autre carte pour accélérer l'Amiga, la 68000/68020 Piggyback Board. Les cartes mémoire se multiplièrent (Alegra d'Access Associates, RAM-BOard de Technisoft, les Convertible 2M et 2MI d'ASDG...) permettant à l'Amiga 1000 de passer à 2 Mo. Les 2M/2MI d'ASDG disposait d'une fonction novatrice : grâce au rrd.device, elles étaient capables de garder les données en mémoire même après un plantage ou un redémarrage de la machine. De son côté, la carte mémoire de Microbotics, la StarBoard 2, offrait deux modules pour étendre encore plus sa machine : un module multifonction (coprocesseur, horloge avec batterie...) et, plus tard, un contrôleur SCSI.

Starboard
Starboard 2 (photo de Grady Daub)

Le premier disque dur pour Amiga fut introduit par l'américain Tecmar avec son T-Disk. Disposant d'une interface SASI (Shugart Associates System Interface, ancêtre du SCSI), il n'était, cependant, pas capable d'amorcer le système et était vendu à un prix prohibitif. Enfin, l'A1000 vit arriver, en décembre, sa première carte d'extension avec processeur Intel : l'A1060 Sidecar. Il s'agissait d'un gros boîtier à brancher sur le port latéral de l'Amiga 1000 et qui permettait de transformer la machine en compatible PC avec un processeur 8088 à 4,77 MHz.

A1060
A1060

Difficile construction d'un marché

En 1985, Commodore avait obtenu une licence pour l'émulateur Transformer de Simile Research et le mit sur le marché en janvier 1986, accompagné d'un lecteur de disquette externe A1020 de 5,25 pouces. Il émulait les machines PC-XT 8086 et pouvait faire fonctionner le système d'exploitation MS-DOS ainsi que ses logiciels tels Lotus 123 ou WordStar. Ceci permit d'accéder rapidement à de nombreuses applications, en attendant le développement de la logithèque Amiga native.

C'est vrai, la logithèque Amiga était encore bien modeste, surtout par rapport aux autres plates-formes : IBM PC, Macintosh, Commodore 64 et Atari ST. Mais de nouveaux acteurs sur le marché Amiga commencèrent à se mettre en place. Par exemple, Arno Krautter et Kailash Ambwani avait fondé la société Gold Disk en 1984 et leur premier produit apparu cette année. Il s'agissait de PageSetter, le premier logiciel de PAO pour Amiga. Il était plutôt destiné à la famille mais présentait déjà une interface WYSIWYG et la possibilité de gérer des documents de plusieurs pages de taille et de formats différents. L'éditeur MaxiSoft publia aussi deux importants programmes : MaxiDesk, le premier organiseur pour Amiga, et MaxiPlan, le premier véritable tableur avec interface graphique. Toujours en matière de bureautique, SoftWood Company publia MiAmiga File qui, selon la société, fut le premier système de gestion de base de données sérieux, complet et de qualité professionnelle pour Amiga. Ce logiciel fut suivi par MiAmiga Ledger (un système de compatibilité générale à double saisie) et MiAmiga Word (un traitement de texte multi-fenêtre disposant en standard d'un correcteur orthographique).

PageSetter
PageSetter 1.0

Des applications prenant en compte le formidable potentiel graphique ou sonore de la machine apparurent comme Aegis Animator de Aegis, Digi-View de NewTek (paquetage de capture vidéo capable d'utiliser le mode HAM), Deluxe Music Construction Set ou encore Deluxe Video Construction Set, un logiciel de création de vidéo de chez Electronic Arts capable de manipuler des images fixes, des objets mobiles, du texte et de la musique : une véritable régie vidéo en miniature !


Aegis Animator

Electronic Arts, en tant qu'éditeur incontournable, lança également sur le marché l'amusant logiciel de création musicale Instant Music et la nouvelle version de Deluxe Paint, la 2.0. Celle-ci proposa notamment la création des brosses, les cycles d'animation et le travail de la perspective.


Instant Music

Il ne fallait pas oublier Activision qui porta Music Studio, son logiciel de création musicale présent sur Commodore 64 et Atari ST : cette version Amiga était la meilleure de toute grâce à la puissance de la puce Paula de l'Amiga. Commodore présenta de son côté, en novembre, une surprenante animation, nommée Juggler (le jongleur), créée par Eric Graham, qui consistait en un personnage jonglant avec des balles se réfléchissant dans un environnement 3D. Du jamais vu sur micro-ordinateur.

Juggler
Animation "Juggler"

Du côté ludique, Commodore ne signa pas, avant de faire machine arrière, de contrats avec des créateurs de jeux, préférant donner une image plus professionnelle à sa machine. Certains tentèrent malgré leur chance sur cette nouvelle plate-forme comme les époux Robert et Phyllis Jacob, qui créèrent la société Cinemaware afin de produire et éditer des programmes pour Amiga. Leur premier titre fut le jeu Defender Of The Crown, dont RJ Mical de Commodore-Amiga participa au développement. Ce jeu remporta la récompense du meilleur graphisme de la Software Publishers Association de 1986.

Defender Of The Crown Defender Of The Crown
Defender Of The Crown

Marble Madness se fit également remarquer cette année. Il s'agissait d'une adaptation parfaite d'un jeu d'arcade à succès. Les autres jeux de 1986 étaient largement des portages issus d'autres plates-formes, qui ne prenaient pas en compte les spécificités de l'Amiga, à l'instar des productions d'Infocom, entreprise spécialisée dans les fictions interactives, qui commercialisa une vingtaine de ses titres cette année (Ballyhoo, Zork, Trinity, Seastalker...). Les rares productions originales Amiga se résumèrent à Defender Of The Crown, le jeu de combat Arcticfox, le jeu de réflexion Mind Walker (publié par Commodore lui-même) ou bien la simulation de golf Championship Golf.

Mind Walker
Mind Walker

Le monde des médias spécifiques Amiga s'élargit également avec la publication du premier numéro des magazines américains Amazing Computing (février) et Amiga The Buyer's Guide (décembre) et, plus surprenant, la venue de la petite revue nippone Amiga Japan. La quasi-totalité des magazines sur Commodore ouvrirent aussi leurs pages à l'Amiga.

Amazing Computing
Premier numéro d'Amazing Computing

Et pour tordre le coup aux idées reçues comme quoi l'Amiga n'avait pas assez de programmes, des collections de gratuiciels/partagiciels virent le jour. La première fut mise sur pied par l'américain Fred Fish fin 1985 et sa première disquette fut diffusée au début du mois de janvier 1986. Cela allait non seulement faciliter la distribution de logiciels gratuits pour les utilisateurs, mais en plus cela allait offrir un soutien intéressant pour les auteurs de DP.

Fred Fish
Fred Fish

Atari devant Amiga

Sur le marché, l'Atari ST, qui recevait de nombreuses conversions d'anciens titres, battait toujours l'Amiga. Une animosité s'installa entre partisans de l'Atari ST et ceux de l'Amiga pour savoir quelle machine était la plus puissante.

Les gros logiciels arrivèrent au compte-gouttes comme MaxiPlan ou Deluxe Paint 2. La multiplication de programmes phares sur Amiga était nécessaire pour faire la différence et persuader plus de monde de l'avance technologique de la machine. Les ventes, à ce moment-là, se focalisaient sur le marché des États-Unis où 10 000 à 15 000 machines étaient vendues par mois. La tendance se renversa en faveur de l'Europe seulement en 1987. Frank Leonardi, le directeur des ventes de Commodore, estima à 150 000 le nombre de machines vendues à la mi-1986 (soit des ventes similaires au modèle Macintosh d'Apple). L'objectif de Commodore était de dominer l'industrie et de pénétrer les foyers à l'image d'Apple et d'IBM. La venue de nouveaux modèles, comme l'A2000 et l'A500, allait y aider.

La méthode Rattigan porta ses fruits : même si Commodore avait perdu 127 millions de dollars cette année, l'entreprise n'avait plus de dettes et deux modèles avaient été initiés. Mais en contre-partie, l'équipe Amiga d'origine fut quasiment dissoute et l'Amiga 1000 connut un succès limité.


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