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Il est tout de même assez difficile de croire qu'en cette fin 2007, un nouveau système d'exploitation est sorti sur nos bons vieux Amiga 1200 et 4000. Pourtant, c'est bel et bien une réalité que nous offre Hyperion, société germano-belge a qui on devait déjà le développement d'AmigaOS 4 pour AmigaOne. Je n'ai pas hésité à sortir quelques euros de ma poche pour tenter l'expérience. Voici les résultats de mon test d'AmigaOS 4 sur Amiga Classic. Ma configuration
Le paquetage est composé d'une disquette de démarrage, d'un CD et d'un manuel en anglais relativement détaillé et à l'aspect très professionnel, tout cela dans une boîte en carton léger du plus bel effet (livrée aplatie). Prérequis
Installation C'est parti pour une installation via la disquette de démarrage ; démarrage de l'Amiga à froid, au bout de quelques secondes, le CD se lance et charge les différents modules PowerPC d'AmigaOS 4. Une fois le chargement des modules terminé, l'Amiga redémarrage. Une première fenêtre apparaît au bout de quelques secondes pour vous souhaiter la bienvenue et pour vous demander de choisir la langue de l'installation, votre pays, ainsi que votre localisation sur la carte du monde (pour votre fuseau horaire). Vous enchaînez ensuite sur les réglages du clavier (langue du clavier, clavier de type Amiga, vitesse de répétition) et de la souris (bouton d'appel du menu Workbench, vitesse et coefficient multiplicateur de la molette). Ces paramètres pourront bien entendu être modifiés par la suite, via les préférences du Workbench, mais ils seront utilisés par défaut pour l'installation. Une fois vos réglages terminés, un simple clic sur le bouton "Use" et un environnement minimum du Workbench se charge (un petit avant goût de la version à installer) avec un accès à tous les disques déjà définis sur votre système et à l'icône d'installation (AmigaOS4-Installation). ![]() Premier écran préinstallation A ce stade, il vous suffit de cliquer sur l'icône d'installation. Encore une petite fenêtre de bienvenue, un petit accord de licence, et vous choisissez -ou plutôt confirmez, car l'utilitaire d'installation le détermine tout seul comme un grand- le modèle de votre Amiga : A1200, A3000, A3000T, A4000 ou A4000T. N'ayant pas d'A3000, et mon A4000 n'ayant pas de carte PowerPC, je n'ai pu tester que la version A1200. Fenêtre suivante, il vous faut choisir la partition d'installation. Surtout, mettez là sur les quatre premiers Go de votre disque dur, car les ROM de l'A1200 ne vont pas plus loin que cette zone lors du démarrage à froid. A ce stade, vous avez la possibilité de choisir directement un disque déjà formaté, ou de lancer "Media Toolbox". Si vous décidez de créer une nouvelle partition, utilisez le FastFileSystem avec noms longs (Type DOS/07) avec une taille de blocs de 2048 ou le SmartFileSystem (SFS/00). Une fois votre disque d'installation choisi, vous choisissez votre carte graphique, la résolution maximale de votre moniteur et quelques autres options spécifiques bien expliquées à l'écran (G-Rex 4000, gestion de l'IDEFix, correctif des lecteurs A1200). Un dernier petit récapitulatif de tout ce que vous avez choisi, et c'est partie pour l'installation. Comptez un petit quart d'heure sur un 1200, le temps de copier tous les fichiers sur votre partition. ![]() Récapitulatif avant copie des fichiers Premières impressions Bienvenue dans l'univers du PowerPC complet sur Amiga. Eh oui, maintenant le système d'exploitation tourne directement sur votre PowerPC, plus besoin du 680x0. La première impression est très positive ; l'utilisateur a droit à un système d'exploitation rapide, à l'aspect vraiment très sérieux, relativement proche d'AmigaOS 3.9. Désormais, plus la peine de pointer la souris sur la barre du Workbench pour effectuer des opérations sur les disques ou les icônes ; un simple clic droit (ou gauche, selon le paramétrage que vous aurez choisi) sur l'élément en cours de sélection fait apparaître une fenêtre reprenant le menu de la barre supérieure avec la liste des actions possibles sur l'élément sélectionné (l'équivalent de MagicMenu sur AmigaOS 3.x). Un confort très appréciable, surtout lorsque l'on navigue d'une plate-forme à l'autre. Encore loin des environnements d'exploitation de la concurrence (je pense aux systèmes d'exploitation plus "finis" comme le Mac OS), AmigaOS 4 est quand même très complet, et les nouvelles versions des bibliothèques Intuition, Layers et Graphics permettent de personnaliser très facilement l'interface graphique du Workbench. Un vrai plaisir ! MUI est bien sûr livré avec le système. AmiDock fait également partie du lot de logiciels intégrés dans le système d'exploitation, tout comme AWeb, DvPlayer, AmiPDF, l'extracteur d'archives UnArc. Côté son, AHI est également présent, et gère donc, en l'absence de carte sonore notre bon vieux Paula en 14 bits…pas trop de dépaysement par rapport à AmigaOS 3.9 donc. Un autre changement significatif se situe sur la "Early Startup" (pas la native de l'Amiga, mais celle du noyau d'AmigaOS 4) : aux résolutions PAL et NTSC s'ajoutent le Multiscan, le Double PAL et Double NTSC, et la page d'accueil vous donne un résumé sur votre configuration : vos deux processeurs ainsi que leur fréquence respective, la taille de votre mémoire vive, et la taille des deux niveaux de cache (L1/L2). Très pratique pour vérifier que votre nouvelle barrette de mémoire a bien été reconnue. Kickstart L'arborescence des répertoires n'a pas fondamentalement changé, certains font leur apparition comme le répertoire "Kickstart". Ce répertoire est très important, car il contient le noyau du système d'exploitation (kernel ou kernel.debug), l'ensemble des pilotes du le système d'exploitation ainsi que les fichiers d'amorçage. Le chargement à froid de l'ensemble des modules est lancé par la commande "bootloader" de notre mythique startup-sequence. Selon votre machine (A1200, A3000, A3000T, A4000 ou A4000T), le système charge l'ensemble des pilotes listés dans le fichier "kicklayout" reprenant le modèle de votre machine (pour mon A1200 "Kickstart:kicklayout-A1200"). Si vous voulez améliorer les temps de chargement des modules, vous pouvez mettre en commentaire (démarrer la ligne par ";") tous les modules qui ne vous servent pas (pas besoin de charger le pilote de la carte graphique bidule, si vous avez le modèle machin). Attention, à réserver aux utilisateurs avertis ! Applications AmigaOS 4 L'installation d'AmigaOS 4 va enfin vous permettre d'accéder à toutes les applications AmigaOS 4 ! Le résultat dépendra forcément de la vitesse de votre PowerPC. Le mien tourne à la modique vitesse de 166 MHz. J'ai pu essayer l'émulateur ScummVM (rapide), Bermuda Syndrome (lent à souhait, vous avez le temps de réagir), World Me Up XXL (jouable), Cinnamon Writer est très lent, PointRider (visualisateur de fichier PowerPoint) fonctionne très bien et la suite AmiCygnix est très largement utilisable et en plus, elle s'enrichit de jour en jour. En termes de navigateur, AWeb commence à dater sérieusement et son incompatibilité avec le CSS rend la navigation sur le Net de plus en plus difficile. Heureusement, OWB fonctionne très bien sur Classic et pourra vous dépanner, même s'il est bien moins véloce. Globalement, les applications AmigaOS 4 que j'ai testées sont donc lentes, et c'est normal, mais en comparaison avec les processeurs de dernières générations (toutes plates-formes confondues), c'est un miracle de voir nos Amiga classiques capables de telles prouesses. Pour vous assurer un passage tranquille dans le monde des applications entièrement PowerPC, AmigaOS 4 met à disposition deux émulateurs des processeurs 68000 : un émulateur interprétatif ("blackbox emulation"), plus lent, et plus compatible et un émulateur JIT appelé Petunia (JIT pour "Just In Time compilation"), plus rapide, mais moins compatible. Toutes les applications 68k qui utilisent la fonction LoadSegment de la bibliothèque DOS seront automatiquement émulées en JIT, et si le code à exécuter atteint les limites de l'émulation JIT, l'émulateur interprétatif prend le relais. L'outil "Compatibility" du répertoire "Prefs" vous permet de gérer une liste de compatibilité (la "blacklist") et déclarer ainsi quels exécutables 68k ne doivent pas utiliser l'émulation JIT. Bien sûr, les applications qui "attaquent" directement les composants spécifiques comme le jeu de composants AGA (démos, jeux) sans passer par les bibliothèques systèmes ne fonctionneront pas…vous pouvez toujours utiliser UAE (qui sera forcément très lent), mais pourquoi ne pas laisser une partition AmigaOS 3.x pour lancer ce genre d'applications. Trucs, astuces et conseils Si vous voulez voir le détail du chargement des modules de votre machine au démarrage à froid, ajouter l'option "VERBOSE" à bootloader (C:Bootloader VERBOSE). C'est très utile si vous avez des problèmes avec votre configuration pour voir notamment à partir de quel endroit votre système plante. Une fois l'ensemble des modules chargés, il vous sera demandé d'appuyer sur "Return" pour continuer. Si le chargement des modules se passe bien (première démarrage Ok) et que c'est au deuxième démarrage que cela plante, ajoutez la ligne "SET ECHO ON" au début de votre startup, et "SET ECHO OFF" en fin de startup. Cela forcera l'ouverture d'une fenêtre avec un listage de toutes les commandes exécutées par votre Amiga. La dernière commande affichée pourrait être celle qui fait planter votre configuration. Possesseurs de bus Mediator et de carte Voodoo, attention : utilisez la dernière version de la pci.library (6.5, venant de la mise à jour Mediator Up3.10) et servez vous surtout du pilote Voodoo.card version 4.23 (Mediator Up3.09) et surtout pas la 4.26. Dans le fichier KickLayout de votre machine, mettre en commentaire "pcigraphics.card" et "3dfxVoodoo.chip". A noter qu'il subsiste un léger bogue graphique sur les cartes Voodoo : ce bogue génère des incidents graphiques sur les barres des fenêtres. Il n'empêche en rien l'utilisation du système d'exploitation ni ne met en péril sa stabilité, mais il n'y a pour l'instant pas de moyen à ma connaissance pour le supprimer définitivement au démarrage (même avec la première mise à jour). Une fois votre Amiga démarré, forcez un changement de résolution d'écran, et le bogue disparaîtra ! Lorsque vous changez de résolution d'affichage (ou de carte graphique), vérifiez bien, après avoir sélectionné votre nouvelle résolution que les deux valeurs nombre de lignes et nombre de colonnes correspondent bien à la résolution choisie. Sur mon système, le changement n'était pas automatique. Si je passais d'un mode 800x600 à un mode 1024x768, j'étais obligé de changer manuellement ces valeurs. J'ai d'abord pensé que mon pilote graphique ne fonctionnait pas, alors que le problème venait de ces deux valeurs. Possesseurs de carte Wi-Fi type MA401, n'utilisez que les derniers pilotes 68k de prims2.device et de pccard.library. Mises à jour, évolutions Hyperion promettait des mises à jour régulières d'AmigaOS 4... et il tient ses promesses. Lors de la rédaction de cet article, une mise à jour de cette version pour Amiga Classic est déjà disponible (du 23 février 2008). Elle corrige quelques bogues rencontrés avec la combinaison Mediator/Voodoo, apporte une compatibilité avec tous les bus Mediator (y compris le 1200 TX). Elle contient également une nouvelle version des codecs vidéo ainsi que deux bibliothèques ARexx manquantes sur le CD, une mise à jour d'Intuition et des modules de "layers", qui corrige une rare tendance à la corruption de l'affichage et une mise à jour du pilote réseau RealTek 8029, qui corrige un problème de blocage. Le manuel recommande la création d'une partition de type "swap" (partition d'échange) de 512 Mo. Malheureusement, cette partition d'échange n'est pas encore utilisable par AmigaOS 4, mais cela augure une future mise à jour prometteuse, qui nous permettra, je l'espère, de dépasser la barrière fatidique des 256 Mo des Blizzard. Et pour conclure AmigaOS 4 pour Classic est une bonne alternative avant le passage aux autres plates-formes PowerPC d'AmigaOS 4 : Hyperion l'a bien compris. Cet investissement a un coût (79 euros environ), mais il permet de donner à nos vieux Amiga une nouvelle jeunesse et de laisser leur PowerPC s'exprimer totalement... Ce sera à mon avis le dernier système d'exploitation qui sortira sur Classic. Les regrets viennent de l'absence de gestion du bus SCSI des BlizzardPPC et le manque de 3D des cartes à base de Permedia 2. Liens (in)utiles
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