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A propos d'Obligement
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David Brunet
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En pratique : Amiga, caméscope et création - vidéo et sport extrême (1re partie)
(Article écrit par Olivier Debats et extrait d'Amiga News - novembre 1996)
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Un élastique à une cheville et un caméscope à l'autre... Ne me dites pas que bon nombre d'entre nous qui pratiquent ce sport
et se passionnent pour la vidéo n'ont jamais vu cette pensée leur effleurer l'esprit... Alors, plutôt que de risquer un accident
stupide, voyons la meilleure façon de rendre par l'image les sensations multiples et les sueurs froides qu'engendre ce
formidable "exutoire".
Préparez votre tête... et votre matériel
Une après-midi d'été, en route quelque part sur la Route Napoléon pas très loin de Grenoble, à destination du Barrage du Sautet.
Je récapitule le nombre de batteries que j'ai dû emporter, six NP 77 environ ; la journée va être longue. Le caméscope V5000,
le grand-angle si important, ainsi que deux cassettes Hi8 de 60 minutes, le tout dans un sac en cordura bien résistant.
Au détour d'un tournant, apparaît le lieu magique, que j'avais imaginé tant et tant de fois à travers mes rêves agités. Le
coeur accélère un peu plus, une fois la voiture posée au parking. Nous descendons de la voiture, je préfère ne pas céder à la
tentation en prenant la caméra trop vite, au risque de filmer tout et n'importe quoi, meilleur moyen de rapporter des rushes
n'ayant ni queue ni tête, comme le font la plupart des caméscopeurs, avides "d'appuyer sur la gâchette" au moindre éternuement.
Règle n°1, toujours bien s'imprégner du lieu dans lequel on va "shooter", et même si l'envie vous brûle, prendre un maximum de
recul vis-à-vis de ce qui vous entoure afin de savoir ce que sera votre plan de travail.
Règle n°2, la donne change si vous êtes spectateurs actifs ou passifs, et le fait de vivre l'événement ne pourra que vous être
utile afin de bien faire ressentir ce moment, rare par la suite durant la construction de vos images. La journée dans ma tête
était scindée en deux parties, mener à bien mon baptême du feu, puis, refaire le chemin, avec le caméscope comme témoin majeur
de l'événement. Le "rendez-vous" étant dans deux bonnes heures, j'en profitais pour observer les visages plus ou moins crispés
des futurs candidats. J'ai également fait le tour du site afin de savoir quels étaient les meilleurs endroits depuis lesquels
j'aurais les meilleures prises de vue, sans oublier la course du soleil à prendre en compte afin de ne pas me faire bêtement
piéger par des images totalement surexposées, irrattrapables malgré le fait de me servir du diaphragme en manuel... Un bémol
au niveau de ce site merveilleux, il ne vous est pas possible de filmer l'action d'en bas, chose réservée aux organisateurs...
qui se font un plaisir de vous vendre les images inoubliables de votre saut. Il me faudrait trouver une autre solution, car,
sans ces plans-là, il y aurait toujours un goût d'inachevé dans le montage.
L'heure approche...
Je reviens sur mes pas en regardant l'heure... Des hurlements toutes les 10 minutes me mettent en bonne condition. De toute façon,
"remonté au niveau des bretelles" je me suis tellement conditionné que rien ne peut entraver ma route. J'ai eu largement le
temps d'observer les multiples sangles, ainsi que le système qui relie l'élastique d'une bonne dizaine centimètres de diamètre
à mes chevilles. Vu la vitesse (environ 90 kilomètres heure en bout de chute) placer un caméscope sur soi relève de la gageure.
Ne parlons pas d'un modèle d'épaule qui aurait la particularité de vous emporter la mâchoire si jamais l'engin venait à se
détacher, ni même d'un de ceux qui tiennent dans la main, coincé à vos mollets tête vers le haut ; il ferait trop "corps" avec
vous ; même en plaçant un grand angle vous ne verriez pas grand-chose...
Essayez de sauter avec le caméscope solidement arrimé dans la main serait un risque déplacé pour le peu de résultats obtenus.
La seule possibilité, quelque peu onéreuse, serait de louer une "paluche", ou mini-tête de caméra téléscopique, articulée de
façon à englober tout votre buste, reliée à un magnétoscope dans un sac à dos par exemple. Il faut juste avoir les moyens ou
bien faire preuve d'imagination. Nous le verrons par la suite.
Géronimo !
C'est enfin à mon tour. j'ai fait table rase de mes questions diverses et me concentre sur l'escabeau que je vais devoir gravir.
Qu'est-ce que je fais là ? Mes pulsations cardiaques sont passées à 180/minute. Je me rappelle juste des derniers conseils du
moniteur : garder les yeux ouverts, pousser le plus fort possible, les pieds en avant, comme sur un plongeoir, de façon à ensuite
avoir un superbe mouvement de balancier... qu'il a dit ! Je regarde vers le bas : 140 mètres me séparent du sol... du moins des
rochers. On est finalement peu de chose... Bref, après une seconde ou deux d'hésitation légitime, je me lance, les poings en
avant, les yeux écarquillés, et puis la chute, 4 ou 5 secondes interminables, le vent qui fuse aux oreilles, le regard qui
vacille vers la fin, avant qu'une secousse ne vous fasse revenir à la réalité, celle d'être freiné dans la course, et de rebondir
vers le haut en direction du parapet qui vous paraît si proche tout d'un coup. Et là, pendant un laps de temps de deux secondes,
il me semble flotter dans les airs, magique instant où quelqu'un aurait appuyé sur la touche "pause", avant que je ne reparte
vers le bas en hurlant comme un damné, heureux comme un fou, histoire de décharger mes piles.
La prise en charge ensuite n'est qu'une formalité, on vous fait descendre via un treuil durant trois minutes, vers une petite
plate-forme naturelle dans la roche où l'on est ensuite "libéré" et on remonte par des échelles arrimées dans la roche.
Moteur... Cadré... Action !
Une fois redevenu "zen", j'ai déballé mon caméscope et suis parti vers le groupe en attente sur le pont. J'ai enregistré un
maximum de visages plus ou moins anxieux, de sourires forcés, de doigts en train de tirer sur les harnais, de revisser le
mousqueton à la corde de sécurité, frêle "ligne de vie", histoire de se convaincre que le matériel tiendra le coup, des plans sur
le fameux élastique, la façon dont il est préparé avant chaque saut, le fait de devoir le remonter après coup comme on tire une
ancre, et puis, bien évidemment, chaque "sauteur" avant l'épreuve, montant sur l'escabeau comme on va à la guillotine, les faux
départs, les mauvais plongeons et les bons, en essayant de cadrer certains sauts d'une façon différente, de façon à pouvoir
jouer avec les images et éviter pour plus tard une redite dans une succession de sauts choisis.
Puis, je suis descendu juste sous l'arche, à environ 30 mètres sur le côté, afin d'enregistrer les sauts, en pensant à deux
avantages : le fait de filmer en contre plongée, ce qui met en avant la masse imposante du pont vis-à-vis du frêle candidat qui
s'élance, sachant que comme l'action va très vite, j'aurai tout le loisir de monter "cut" un plan vu d'en haut au départ avec
les deux pieds du kamikaze qui disparaissent derrière le parapet raccordé avec un autre plan filmé d'en dessous, en continuité
totale, comme si l'action était filmée avec deux caméras placées aux endroits les plus stratégiques. Le montage est facile,
l'effet est garanti, pour peu qu'on choisisse des actions avec des dominantes vestimentaires qui se rapprochent des tenues
pourtant différentes des deux kamikazes. Le spectateur tellement absorbé par le saut n'y verra que du feu.
L'image, pas mal, le son n'est pas en reste
Ma banque d'images bien constituée, il me manquait quelque chose de primordial, le côté "voyeuriste" des touristes pour la plupart
venus en famille massés juste sous l'arche pas très loin de moi. Les voir n'aurait rien rajouté de plus dans mon montage, mais
les imaginer était encore plus évocateur. J'ai décidé de n'enregistrer que la bande son, dont le "best of" a été judicieusement
placé en insert, placé ensuite durant le montage final par-dessus les sauts et les hurlements, ou bien pendant l'attente du
prochain téméraire qui s'élancerait.
Les entendre m'a fait tout de suite fait penser aux "tricoteuses" qui confectionnaient leur ouvrage pendant que l'on plaçait les
électrodes aux condamnés à la chaise électrique...
Ils étaient à mon avis plus là pour traquer l'accident. Enfin, un autre passage attitré a été (après les avoir filmés en train de
chuter) d'attendre chaque candidat à sa remontée par les échelles afin de les cadrer et de lui demander ses impressions, ses
craintes, le tout pris sur le vif sans aucune préparation, brut d'émotion, et c'est là que l'on peut avoir un ou deux exemples
frappants qui vous serviront pour le montage final afin d'espacer les sauts, en jouant sur des temps forts et d'autres plus
calmes, en cassant le rythme. Mais par-dessus tout, vous aurez la possibilité durant leur entrevue d'illustrer leurs propos par
leurs sauts placés en insert sur leur visage comme bon vous semble, ce qui est vraiment un excellent exercice de montage et
de réalisation.
Le grand angle rajoute à l'effroi !
Nous savons que cet additif nous sert quand nous manquons de recul, mais il peut agrandir la perspective, et les 140 mètres du
barrage du Sautet peuvent en paraître 200 lorsque vous simulez un saut via le caméscope, en faisant prendre le même chemin que
vous avez pris, comme si vous gravissiez les marches et que vous basculiez en avant, histoire de faire apparaître en une seconde
le vide si imposant, tel que vous l'avez ressenti au moment de franchir le pas. Le temps passait, j'étais satisfait de mes images,
mais comme je l'ai dit un peu plus haut, il manquait des plans très importants, peut-être les plus visuels...Des plans d'en dessous !
Ne pouvant rien faire de plus dans cet endroit, je suis parti en direction du pont de Ponsonnas, à une vingtaine de minutes du
Sautet, où les néophytes peuvent s'exercer puisque le dénivelé ne fait "que" 103 mètres ! L'endroit est presque aussi impressionnant
car la vue d'en haut embrasse toute la vallée ainsi que le cours d'eau. J'ai réussi à me placer totalement sous le point de chute,
et ainsi, à filmer chaque sauteur comme s'il allait se mettre l'oeil dans l'objectif...
Tellement impressionnant que je n'ai pas réussi à cadrer correctement le premier, trop occupé à savoir par où je devrais sauter
de côté s'il arrivait le moindre pépin ! J'ai réussi, en changeant mes angles, à me constituer une banque d'images formidables
avec laquelle j'ai pu terminer mon montage par un clip de ces meilleurs moments avec, en insert son, la chanson de Jean-Louis
Aubert intitulée pour la circonstance "Le Grand Saut".
Cet exemple vécu et pratique à mettre en oeuvre si vous affectionnez un tant soit peu ce sport, vous donne les clés (j'espère !)
pour réaliser un montage vivifiant et tonique, sachant que nous nous donnons rendez-vous le mois prochain pour d'autres trucs
et astuces englobant le cadrage, le montage et la réalisation de vos meilleures images.
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