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Le Minitel (pour "Médium Interactif par Numérisation d'Information Téléphonique") désigne un type de terminal informatique destiné à la connexion au service français de Vidéotex baptisé Télétel, commercialement exploité en France entre 1980 et 2012. Minitel 1 de 1982 Directeur technique du Centre Commun d'Études de Télévision et Télécommunications à Rennes, Bernard Marti a coordonné les travaux d'une équipe à l'origine du Minitel, le projet Minitel étant supervisé par Jean-Paul Maury, directeur du projet "Annuaire Électronique et Minitel" (1979 - 1985). D'après Bernard Marti, le nom "Minitel" serait l'abréviation de "Médium Interactif par Numérisation d'Information Téléphonique". Technique Le Minitel est un terminal informatique passif, c'est-à-dire qu'il s'agit uniquement d'un clavier et d'un écran, sans capacité de traitement ni dispositif de stockage. Les services sont accessibles depuis une ligne de téléphone grâce au modem incorporé (1200 bits/s en réception, 75 bits/s en émission). Le Minitel était muni de prises en T pour la connexion au réseau téléphonique de France Télécom. L'écran du Minitel est une matrice texte d'une taille de 25 lignes par 40 colonnes en mode Vidéotex (8 nuances de gris) et se base sur un système de codage qui lui est propre. Un jeu de caractères graphiques, chacun constitué de 6 gros pixels, lui permet d'afficher des images en mode "mosaïque", un peu à la manière de l'art ASCII. Caractéristiques du Minitel 1B
Les caractéristiques techniques des Minitel étaient décrites dans des ouvrages de référence intitulés "STUM" (Spécifications Techniques d'Utilisation du Minitel), qui se déclinaient par modèle (STUM 1, STUM 1B, STUM 10, etc.). Elles étaient disponibles initialement auprès du CNET puis de France Télécom. En dépit de normes détaillées, il existait de légères différences entre modèles, et surtout entre fabricants. Il était possible "d'interroger le Minitel" pour récupérer le modèle exact et, éventuellement, adapter le service :
Minitel Alcatel Minitel photographique (prototype non distribué)
Premiers modèles Les premiers modèles ont été livrés avec un clavier alphabétique (ABCDEF), choix de suite critiqué au moins par un ingénieur de La Radiotechnique impliqué dans le projet, déroutant pour les habitués des claviers normalisés des machines à écrire ou des terminaux informatiques en AZERTY ou QWERTY, sans arranger réellement les non familiers des claviers. Ils ont été vite abandonnés au profit de la norme AZERTY. Minitel conçu pour le marché japonais Au sein même de l'équipe de création du premier Minitel, la majorité était favorable à la technique du terminal passif, finalement adoptée. D'autres défendaient l'idée d'équiper le Minitel d'un processeur avec un bus, ouvrant la possibilité de cartes d'extension et un système d'exploitation. Les partisans de cette option, rétrospectivement plus favorable, n'ont pas obtenu gain de cause, principalement pour des raisons de prix de revient. Pendant quelques semaines a été exposé à la FNAC, magasin parisien de vente de matériel électronique, un curieux hybride qui intégrait un micro-ordinateur, le Sinclair ZX81, dans un Minitel. Ainsi était réalisé le mariage du clavier écran modem sans processeur (le Minitel) avec le micro-ordinateur sans écran (le Sinclair). Pour trouver un micro-ordinateur communicant à cette époque, il faut se tourner vers le SMT Goupil G1, équipé d'un modem acoustique. Sur les premiers modèles de Minitel 10 (équipés d'un téléphone), la touche permettant de composer sans décrocher n'était pas une touche ordinaire, mais exerçait une pression sur le contact de détection du combiné au travers d'une tringle munie d'un ressort (ce qui lui donnait un toucher très particulier). Le Minitel de base ne comportait pas de numéroteur (il fallait numéroter sur le téléphone et appuyer sur "Connexion/Fin"). Néanmoins, comme il était également muni d'une prise péri-informatique (une simple liaison série), certains programmeurs arrivèrent à le faire numéroter en envoyant des séries de décrocher/raccrocher simulant la numérotation par impulsion. Ceci a été appelé la procédure "takatakata". Le Minitel a été ponctuellement utilisé en Côte d'Ivoire et des modèles ont été conçus pour la Chine, la Grèce. Il a été intégré dans diverses applications industrielles (terminal de gestion de magasins de stockage, de lignes de production, d'enregistrement de résultats de contrôles qualitatifs et quantitatifs, de gestion de programmes d'équipements informatisés, etc.) ou de service (commandes par les réparateurs des pièces détachées auprès de Service SA (groupe Philips), par exemple). En 1987, pour réaliser les premières connexions transatlantiques, Jean-Louis Fourtanier, directeur du centre serveur CTL qui héberge nombres de services Vidéotex de presse, exporte clandestinement des Minitel aux États-Unis et au Canada permettant à des utilisateurs des deux rives de dialoguer en direct. Facturation Le Minitel était sans abonnement, en tout cas les premiers modèles, prêtés par France Télécom à ses abonnés, mais facturés au temps de communication. La facture s'effectuait par comptabilisation sur la facture téléphonique. Le serveur pouvait être branché chez soi (numéro d'appel direct) ou bien sur un des kiosques (3613, 3614, 3615, etc.). Services télématiques Le Minitel (programme Télétel) revint à plus de huit milliards de francs en équipements de terminaux avec une durée de vie estimée de huit ans pour les Minitel. Pendant le même laps de temps, le chiffre d'affaires des services télématiques atteint les 3,5 milliards de francs et les économies de papier atteignirent 500 millions de francs par an. En 1985, le million de Minitel en service est atteint en France ainsi que le million d'heures de communications de services par mois. Au début des années 1990, le Minitel équipait 6,5 millions foyers. Il dépassait de loin le nombre d'utilisateurs du réseau CompuServe, qui offrait en Amérique du Nord des services semblables, et plus encore de Prodigy qui lui ressemblait davantage parce qu'utilisant le code Vidéotex, raison pour laquelle dès la fin des 1980, les Américains s'intéressèrent de très près au réseau Vidéotex français. À un moment où les Français s'interrogeaient sur l'avenir du Minitel, les agences financières de Wall Street notaient déjà le formidable bénéfice à attendre d'un tel programme. C'est pourquoi le futur vice-président Al Gore envoya un jeune homme, David Lytel, enquêter non sur les techniques utilisées mais sur les contenus des services offerts. Ce rapport fut à la source du discours sur "les autoroutes de l'information" prononcé par Al Gore en juillet 1994. Le réseau Télétel du Minitel comportait au départ deux types de facturation : 3613 (communication payée par le service) et 3614 (communication payée par l'usager, 20 francs (3,05 euros) par heure environ, pas de rémunération du service). En février 1984 fut créé le système kiosque avec le 3615. La rémunération du service est 60 francs (9,15 euros) par heure environ, payés par l'usager, dont 40 FF (6,10 euros) pour le service et 20 FF (3,05 euros) pour France Télécom, système de "taxation arrière" souhaité par l'industrie de la presse pour rendre son contenu payant. Ces numéros courts à quatre chiffres ont remplacé les numéros initiaux, au gré de l'évolution du plan de numérotation de l'opérateur historique :
L'annuaire électronique 3611 a été progressivement remplacé par l'annuaire Internet, avec les sites www.pagesblanches.fr et www.pagesjaunes.fr (vendu en 2006 à l'Américain KKR). Le succès de l'annuaire électronique était tel que France Télécom a pris du retard sur son annuaire Internet. Les serveurs (numéros de téléphone) auxquels on se connectait avec un Minitel étaient appelés des services Télétel. C'était en effet des passerelles vers le réseau Télétel, basé sur Transpac, qui permettait de mettre en relation les Minitel avec les serveurs des prestataires de service. En marge de ces services Télétel, il était tout à fait possible de composer des numéros classiques à 8 (puis 10) chiffres, que ce soit pour se connecter à un autre Minitel, "retourné", ou pour accéder à des serveurs "RTC" directement connectés sur le réseau téléphonique commuté, donc non surtaxés. Une communauté de passionnés fréquentait ainsi régulièrement ces micro-serveurs Minitel similaires (en plus accessibles) aux serveurs BBS qui se développaient aux États-Unis et ailleurs. À l'échelle locale, des collectivités proposaient également de tels serveurs Minitel à accès direct. Aujourd'hui encore, de nombreux systèmes de télégestion utilisent ce système, aussi bien en appel entrant (visualisation de données et d'événements ou émission d'ordres) qu'en appel sortant (télé-alarme). La fin du Minitel En 2004, un article de ZDNet déclare que "l'opérateur historique" cède à titre gracieux" les Minitel de première génération à ses clients. Pour les associations écologistes, France Télécom se défausse de ses responsabilités en matière de recyclage des déchets. Ce que dément l'opérateur. La même année, un article du site Web Brest-ouVert estime que "par un tour de passe-passe France Télécom s'apprête à se débarrasser de ces millions de Minitel de la première génération, en fin de vie, que la réglementation l'obligerait bientôt à collecter puis à recycler". Dans un souci de préservation de l'environnement, Orange a mis en place un dispositif de collecte et de recyclage des Minitel. C'est à Toulouse que sont démantelés les Minitel collectés par France Télécom. En février 2009, selon le groupe France Télécom, le réseau de Minitel enregistrait encore 10 millions de connexions mensuelles sur 4000 codes de services Vidéotex, dont un million sur le 3611 (annuaire électronique). En 2010, 2 millions de personnes utilisaient encore le Minitel, pour 200 000 euros de chiffre d'affaires. Le service a été fermé par France Télécom le 30 juin 2012. L'arrêt du Minitel est une conséquence de la décroissance des usages et de la fermeture du réseau support de l'offre Minitel. Ce réseau support étant de moins en moins utilisé, et compte tenu des évolutions technologiques, il a été décidé d'arrêter son exploitation. Émulation Minitel sur Amiga Un article complet sur l'utilisation du Minitel et de ses services avec un Amiga a été réalisé par Luc Gibert et est disponible ici.
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