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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Matériel : Maestro
(Article écrit par Nicolas Fournel et extrait d'Amiga News - avril 1992)
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Contrairement à ce que certains ont pu penser à la lecture de cet article,
la carte Maestro n'échantillonne pas, mais c'est justement là son intérêt (agabeuh ?).
Quelques explications peut-être ?
Le principe
En effet, la carte Maestro de chez MacroSystem (spécialistes de la bidouille miracle puisqu'ils ont déjà commis
Medusa, l'émulateur ST) est une interface audio
numérique pour Amiga 2000 ou 3000. Comprenez par là qu'on y connecte, en lieu et place des fiches audio habituelles,
un câble coaxial ou un câble optique, en provenance directe d'un DAT ou de tout lecteur de CD possédant une sortie
numérique à la norme AES/EBU ou S/PDIF (pour savoir comment tout cela marche reportez-vous au dernier paragraphe).
Il n'y a donc aucune conversion analogique/numérique (échantillonnage) ou numérique/analogique à quelque moment
que ce soit (sauf lors de la restitution bien sûr) et donc aucune perte : vous réceptionnez en mémoire
les mêmes valeurs que celles inscrites sur votre Compact Disc préféré.
La carte Maestro accepte des signaux
d'une fréquence de 32 kHz (DAT), 44,1 kHz (CD ou DAT) ou 48 kHz (DAT). Lorsque l'on sait qu'elle était
disponible au salon de Cologne 1991 au prix ridicule de 250 DM, cela nous fait le son laser pour le prix d'un
numériseur 8 bits haut de gamme sur Amiga. Et en plus, cela fonctionne aussi bien sous AmigaOS 2.0 que sous 1.3.
Que demander de plus ?
Le logiciel
Le logiciel livré avec la carte existe en version allemande ou anglaise (Goethe ou Shakespeare, il faut choisir...),
la documentation étant de toute façon en allemand (du moins celle que j'ai actuellement entre les mains). Le logiciel
permet les opérations classiques d'édition sur un échantillon, à savoir le couper-coller, la destruction, la
mise à zéro d'une zone (silence), et offre également tout un menu d'opérations plus ou moins
compliquées sur les tampons mémoire : copie d'un tampon mémoire dans l'échantillon courant,
échange d'un tampon et de l'échantillon, etc.
En ce qui concerne l'enregistrement, il faudra toujours en spécifier la durée, mais il pourra
être déclenché à partir d'un certain "niveau sonore" (déduit d'après les échantillons reçus).
Enfin, une option assez intéressante permet d'appliquer un filtre à l'échantillon courant,
les filtres étant externes au logiciel et stockés dans un répertoire spécial.
Mais là où les gens de MacroSystem ont fait très fort, c'est pour la restitution sonore :
les échantillons audio 16 bits capturés avec la carte peuvent en effet être rejoués sur
n'importe quel Amiga avec une résolution de 14 bits ! j'avoue ne pas avoir compris comment
ils ont réussi ce tour de passe-passe mais une chose est sûre : le son est indéniablement
plus propre par rapport à ce que les 8 bits de Paula nous offrent habituellement, ce qui est
très intéressant même pour le possesseur de la carte puisque cette dernière ne dispose pas de
convertisseur de sortie.
Les échantillons pourront être convertis en 8 bits par le logiciel et stockés sous forme
de fichiers IFF 8SVX ou de RAW, ou bien sauvés directement en 16 bits. Mais pourquoi
diable avoir encore créé un nouveau format de fichier pour stocker les échantillons ?
Et, qui plus est, un format n'apportant rien de plus : aucune trace d'éventuels points
de boucle ou d'enveloppe dans les fichiers générés par le logiciel... Le format AIFF
semble pourtant désormais tout indiqué pour les logiciels d'échantillonnage à vocation
professionnelle ou semi-professionnelle : on le trouve sur les autres machines (Atari, Mac),
sur certains nouveaux logiciels Amiga (logiciel de gestion de la carte SunRize, SampleLink...)
et il est tout à fait adapté à ce genre de carte.
Ceci nous amène à la question suivante : certes, nous avons un échantillon de qualité CD
en mémoire, mais qu'allons-nous donc bien pouvoir en faire ?
Pour quoi faire ?
Sur Amiga, l'intérêt de ce type de carte est normalement double. Premièrement,
les personnes travaillant avec des échantillons 8 bits en interne (musiques de jeux,
de démos, multimédia) peuvent ainsi obtenir des sons de bonne qualité (en évitant toute
conversion, on gagne beaucoup en qualité, même en réduisant ensuite la résolution à 8 bits).
Ici, le fait que les échantillons puissent même être rejoués en 14 bits (uniquement avec
le lecteur de MacroSystem évidemment) est un atout de taille.
Deuxièmement, les musiciens travaillant en MIDI avec un échantillonneur externe doivent
avoir la possibilité de prélever des sons de haute qualité sur un CD ou une cassette
DAT pour ensuite les retransférer tels quels de l'Amiga dans leur machine favorite.
Malheureusement, le logiciel de la carte Maestro ne permet pas le transfert MIDI des sons,
et utilise un format de fichier qui lui est propre et interdit toute manipulation
ultérieure. C'est bien dommage, car lorsqu'on connaît le nombre de gens possédant un
échantillonneur qui n'ont jamais branché un micro dessus et qui s'en servent uniquement
comme d'un lecteur d'échantillons, on se dit que dans bien des cas, un bon vieil échantillonneur
associé à un lecteur CD de bonne qualité avec une sortie numérique ou un DAT (ces deux
ustensiles seront bientôt dans toutes les cuisines et on en trouve déjà de très abordables)
et une carte Maestro seraient plus intéressants que ces futures cartes d'échantillonnage
16 bits, qui n'arrivent pas vite et dont les premières risquent d'atteindre des prix
prohibitifs.
Remarquons d'ailleurs que les constructeurs d'échantillonneurs s'orientent dans cette
direction : ils sortent des versions "lecteur d'échantillons" de leurs échantillonneurs
(S750 pour le S770 Roland et S1000 PB pour le S1000 Akai, par exemple). Notons également
que des interfaces audio numériques sont maintenant couramment proposées pour ces machines,
que ce soit en option (l'interface IB104 d'Akai) ou intégrées d'origine (sur le S770)).
Conclusion
Que penser de la carte Maestro ? Eh bien qu'elle est très intéressante mais davantage
pour la station multimédia que pour le studio personnel (dans sa forme actuelle).
En effet, ses points forts sont la qualité sonore, le lecteur d'échantillons 14 bits (sur n'importe
quelle machine) et un prix très attractif. Par contre, le logiciel ne propose encore que très peu de fonctions
"musicales" évoluées, utilise un format de fichier qu'aucun autre programme ne peut récupérer,
ne permet pas pour l'instant de retransférer les sons vers un échantillonneur MIDI et ignore le direct-to-disc (les
développements en cours semblent s'orienter dans cette direction).
En bref, si vous avez besoin d'échantillons Amiga de haute qualité, achetez Maestro.
Par contre, si vous voulez récupérer des échantillons 16 bits pour les traiter
ou les transférer, attendez les prochaines versions du logiciel, en espérant qu'il
passera de la bidouille géniale (ce qui est le cas de pas mal de logiciels Amiga) au
programme réellement productif (il y en a nettement moins...). La version testée
était la 1.01.
Annexe : quelques détails techniques sur le S/PDIF et l'AES/EBU
Il y a quelques années, avec l'utilisation grandissante des techniques audio numériques
en studio et la prolifération de matériels d'origine et de nature différentes, il devint
urgent de créer une norme et une interface standard pour que tout ce petit monde puisse
communiquer (c'est toujours la même histoire). C'est ainsi que le protocole AES/EBU a été
défini par l'Audio Enginering Society et l'European Broadcasting Union (d'où les initiales)
et le S/PDIF par le couple Sony/Philips (S/PDIF signifiant Sony/Philips Digital Interface).
En fait, ces deux standards sont pratiquement identiques (le second n'est qu'une modification
du premier), et ce dont nous allons discourir s'applique aussi bien à l'un qu'a l'autre.
Le signal issu de la sortie numérique d'un lecteur de CD (et que nous réinjectons allègrement
aussitôt dans la carte Maestro) est une tension alternative quasi sinusoïdale dont l'amplitude
est de 500 mV crête à crête et la fréquence d'environ 3 MHz (en fait, cette fréquence
dépend de la fréquence d'échantillonnage : pour chaque échantillon, on émet deux mots
de 32 bits (un par canal), ce qui nous fait par exemple un débit de 2,8224 Mbits/s avec une
fréquence d'échantillonnage de 44,1 kHz ou de 3,072 Mbits/s pour 48 kHz).
On utilise pour transmettre l'information numérique un code à deux phases, appelé code
"biphase-mark" : le signal change de polarité deux fois pour un "1"
logique et une fois seulement pour un "0" logique.
Les données sont divisées en blocs de 192 "frames". Une frame est composée d'autant de
subframes qu'il y a de canaux (pour un lecteur de CD audio, il y a deux subframes,
une pour chaque canal stéréophonique). Une subframe est un mot de 32 bits correspondant
à un échantillon audio plus quelques informations bien utiles. Les quatre
premiers bits du mot (ce que l'on appelle le préambule) forment une structure de
synchronisation qui va permettre d'identifier le début des blocs et l'attribution des
différents canaux. Les quatre bits suivants correspondent aux données audio auxiliaires,
suivies comme leur ombre par les 20 bits correspondant à l'échantillon lui-même
(l'esprit affûté du lecteur d'Amiga News aura remarqué que bien qu'un lecteur de CD
audio n'utilise qu'une résolution de 16 bits, il est théoriquement possible de monter
cette dernière jusqu'à 20+4 24 bits).
Viennent ensuite un bit de validation à l'aide duquel l'émetteur peut indiquer au
récepteur de ne pas utiliser l'échantillon transmis (par exemple lors d'une erreur de
lecture), un bit "utilisateur" (l'ensemble de ces bits pouvant contenir des
informations accessoires : texte, etc.), puis un bit de "statut canal" (servant selon les
cas de bit de commande ou de protection), et enfin un bit de parité.
Vous savez maintenant le type d'informations qui rentre dans la carte Maestro, et à
peu près ce qu'elle en fait, puisque en sortie, il ne nous reste plus qu'une suite
d'échantillons 16 bits dans la mémoire de l'Amiga...
Nom : Maestro.
Constructeur : MacroSystem.
Genre : interface audio numérique.
Date : 1991.
Prix : 298 DM.
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