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Note : traduction par David Brunet. Cet article de la série Classic Reflections va se focaliser sur les développeurs australiens Dr Greg Perry et Jonathan Potter de GPSoftware, auteurs de Directory Opus et de Magellan, deux des programmes Amiga les plus remarquables. Quand Directory Opus fut publié en 1990, il définit la norme dont tous les autres gestionnaires de fichiers, y compris sur les autres plates-formes, devaient se mesurer. Directory Opus Magellan est toujours considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs programmes sur Amiga. La société et ses développeurs ont depuis longtemps quitté la scène Amiga mais l'héritage de leur travail est toujours présent : Directory Opus fut porté sur toutes les variantes d'Amiga NG et de nombreux clones existent sur d'autres plates-formes. Il peut sembler étrange qu'un simple gestionnaire de fichiers ait pu devenir une pièce importante et emblématique de la logithèque Amiga, mais pour de nombreux utilisateurs d'Amiga, Directory Opus incarne l'esprit de l'ordinateur Amiga. En fait, ni Directory Opus ni GPSoftware n'étaient dans l'esprit de Jonathan Potter, âgé alors de 18 ans, quand il commença à développer sur Amiga en 1988. L'une de ses premières créations fut JPDirUtil, un gestionnaire de fichiers mono-fenêtre, configurable par l'utilisateur, disposant de 16 gadgets personnalisables et pouvant être icônifié sur le Workbench. Avec lui, les utilisateurs Amiga n'avaient plus besoin de saisir de fastidieuses commandes dans un CLI (Command Line Interface) mais pouvaient dès lors effectuer des opérations complexes sur les fichiers et les répertoires en quelques clics de souris. Son interface sous Intuition était rapide et facile à utiliser, c'était ce que le multitâche Amiga avait de mieux à proposer. JPDirUtil Début 1990, Jonathan Potter sortit la version 1.0 de Directory Opus en tant que produit partagiciel via son label nouvellement créé Left Side Software. Directory Opus était basé sur les fonctionnalités de JPDirUtil, il les améliorait et disposait d'une vue désormais familière avec une double fenêtre de répertoires et de multiples boutons tant appréciée des utilisateurs Amiga. Ce logiciel était très facile à utiliser. Cliquer avec le bouton droit de la souris sélectionnait la fenêtre active et appuyer sur la barre d'espace permettait de basculer sur la fenêtre inactive. Cliquer sur un fichier avec le bouton gauche de la souris mettait en évidence l'élément à sélectionner. On pouvait ensuite appuyer sur un gadget pour effectuer une action sur ce fichier, par exemple : copier, effacer, renommer, jouer, lire, imprimer, etc. Néanmoins, Directory Opus, en tant que gestionnaire de fichiers, n'était pas unique. Disk Master, qui proposait également une vue avec une double fenêtre, fut commercialisé en 1988 par Progressive Peripherals. Ce logiciel disposait déjà d'une kyrielle de fans loyaux. Il était aussi entièrement contrôlable à la souris et pouvait aussi se vanter de faire goûter la puissance d'AmigaDOS un en clic de souris. Directory Opus se devait d'être spécial s'il voulait concurrencer le déjà établi Disk Master. Jonathan Potter continua malgré tout à perfectionner les fonctionnalités de son logiciel et, début 1991, publia une démo limitée de Directory Opus 2.0 qui pouvait être mise à jour en version complète pour 50 $. Jonathan Potter affirma que sa dernière version de Directory Opus était le plus puissant gestionnaire de fichiers disponible sur Amiga. Ce fut une audacieuse revendication mais nul doute que même en tant que produit partagiciel, il commença sérieusement à défier son rival commercial. En plus de la double fenêtre de répertoires, Directory Opus 2.0 offrait aussi 20 mémorisations de répertoires, disponible via un clic sur un gadget. Le nombre de fichiers affichés n'était limité que par la quantité de mémoire disponible. La personnalisation de l'interface fut encore améliorée et Directory Opus proposait à présent quatorze boutons configurables par l'utilisateur, huit menus ainsi que des fonctions personnalisables. Enfin, vous pouviez ajouter jusqu'à douze boutons pour accéder à tous vos périphériques et répertoires AmigaDOS. Directory Opus était hautement configurable, et ce, via le bouton "M" (Modify - Modifier) ou le menu "Configuration" accessible dans la barre de titre. Les réglages de l'utilisateur pouvaient être sauvés dans un fichier de configuration qui était chargé à chaque fois que Directory Opus était lancé. La nouvelle version incluait également plus de trente commandes prédéfinies comme Copier, Déplacer, Renommer, Effacer, Montrer, Jouer, Lire, Commenter, Dater, Assigner, Imprimer, Formater, Copier la disquette, Installer, Ajouter des tampons mémoire, etc. ainsi qu'une fonction d'arborescence des répertoires similaires à certains outils sous MS-DOS. Une utile fonction d'aide, elle aussi accessible via le menu ou un bouton, fournissait des informations sur chaque fonction ou gadget de l'interface. Cliquer sur un fichier dans la fenêtre principale permettait d'exécuter un programme, lire un texte, afficher une image, jouer un son et même lancer un diaporama selon les attributs du fichier. En fait, le logiciel était si bien que beaucoup d'amigaïstes n'eurent pas besoin d'utiliser ou de se familiariser avec le CLI et ses commandes complexes. Directory Opus incluait aussi une interface ARexx complète et facile d'accès. Et cerise sur le gâteau, le logiciel n'était pas protégé contre la copie, ce qui était une décision courageuse dans un marché Amiga gangrené par le piratage logiciel. Il existait bien sûr d'autres gestionnaires de fichiers comme l'excellent SID (un programme gratuiciel créé par Timm Martin), mais avec la sortie de Directory Opus 2.0, on avait à présent deux prétendants sérieux pour le titre de meilleur gestionnaire de fichiers sur Amiga. L'ère INOVAtronics - les offres commerciales Directory Opus aurait pu rester un produit partagiciel mais Tim Martin et Eddie Churchill d'INOVAtronics (une société américaine d'édition de logiciels basée à Dallas, Texas) ainsi que les développeurs de CanDo avaient vu une version bêta de Directory Opus et pensèrent que ce logiciel avait un grand potentiel. A cette époque, tous les Video Toaster étaient vendus avec un exemplaire de Disk Master. Tim Martin et Eddie Churchill pensaient que Directory Opus était un produit de qualité supérieure et qu'avec quelques améliorations, il pouvait devenir le numéro 1 des gestionnaires de fichiers. Ils négocièrent un accord de distribution avec Jonathan Potter afin de développer et commercialiser Directory Opus sous le label d'INOVAtronics. Suite à cette collaboration, la version 3.0 de Directory Opus fut lancée vers la fin de l'année 1991 au prix de 59,95 $ (à noter que "Tim Martin" n'est pas le même que "Timm Martin", l'auteur de SID). Cette version conserva toute la flexibilité et la configurabilité des moutures précédentes et était aussi immédiatement utilisable, sans installation. Ce qui différenciait Directory Opus 3.0 de la concurrence était son simple mais puissant éditeur de configuration. Il fut étendu dans cette nouvelle version rendant configurable par l'utilisateur presque tous les boutons et toutes les commandes. Une autre fonctionnalité intéressante fut la possibilité de remonter dans l'arborescence des répertoires en cliquant sur le bord extérieur de la fenêtre. Quelques corrections de bogues et diverses mises à jour furent opérées début 1992 dans sa version 3.41, rendant le logiciel très puissant et stable. Afin d'utiliser pleinement toutes ces améliorations, un Amiga avec 1 Mo de mémoire et un disque dur était nécessaire. Disk Master, son concurrent, fonctionnait alors sans mal sur n'importe quel Amiga disposant de 512 ko de mémoire. Les disquettes de Directory Opus 3 Avec l'aide d'Eddie Chruchill, Jonathan Potter publia une nouvelle mise à jour fin 1992. La version 4.0 établit finalement Directory Opus en tant que premier gestionnaire de fichiers sur Amiga. La version complète, en boîte avec un manuel à reliures spirales, coûtait 99 $ et les utilisateurs enregistrés de la version 3.4 pouvaient se l'offrir pour 40 $ (et 50 $ pour les possesseurs de versions antérieures). INOVAtronics mit également en place l'Opus Auto Upgrade Club qui, pour un prix de 50 $ ou l'envoi de vos coordonnées bancaires, permettait aux membres de ce club de recevoir automatiquement les mises à jour dès leur sortie. Directory Opus 4.0 requérait un Amiga doté de 1 Mo de mémoire au minimum et n'importe quelle version du Kickstart. INOVAtronics le vendait sous l'appellation de "gestionnaire de fichiers essentiel" et il ne fit aucun doute qu'il l'était devenu. Cette version 4.0 était encore plus polyvalente et personnalisable, et elle garda toutes les fonctionnalités qui rendirent les versions précédentes si populaires. Tim Martin déclara que "Directory Opus demeurera l'outil le plus utile de votre ordinateur Amiga". Et pour de nombreux amigaïstes, ceci n'était pas des propos en l'air. La gestion des graphismes et de l'audio fut étendue et Directory Opus 4.0 disposa à présent d'une pleine compatibilité avec les puces AGA des Amiga 1200 et 4000 récemment sortis. Les fichiers d'animation ANIM et Animbrush pouvaient être joués et chaque image des animations pouvaient être imprimée. Directory Opus pouvait, d'un simple clic, visualiser les images au format ILBM ainsi que les fichiers audio aux formats Noisetracker, SoundTracker, ProTracker, MED avec MIDI, Oktalyzer, 8SVX et Raw Data. La gestion d'ARexx fut une nouvelle fois étendue avec plus de 100 commandes gérées et une nouvelle fonction "Hotkey" (raccourci clavier) fut ajoutée afin de lancer des applications, depuis Directory Opus, via une touche du clavier. La nouvelle fonction "Font View" pouvait afficher l'alphabet entier de n'importe quelle police de caractères dans n'importe quelle taille. La gestion des decks (applications) de CanDo fut également ajoutée. L'un des changements les plus marquants fut l'intégration et l'extension de ConfigOpus, un puissant utilitaire de configuration dont on pouvait accéder depuis Directory Opus ou, afin d'économiser de la mémoire, en l'exécutant en tant que programme séparé. Auparavant, Directory Opus était hautement configurable mais la nouvelle version offrait encore plus de flexibilité afin de rendre son interface graphique modifiable selon les besoins et les préférences de l'utilisateur. Directory Opus 4.0 On ne sait pas si le piratage contribua à ce problème mais Directory Opus 4.0 fut la dernière collaboration entre Jonathan Potter et INOVAtronics. En 1993, ils scindèrent la société suite à un différend concernant le non-paiement de redevances. La version 4.12 fut la dernière version commerciale de la série 4.x. En 1994, INOVAtronics cessa ses activités de distribution. Tim Martin fonda dans le même temps Internet America, un fournisseur d'accès à Internet pour les zones rurales. Quant à Eddie Churchill, il travaille maintenant pour Microsoft. Intérêt terminal Alors que Jonathan Potter faisait ses classes sur les gestionnaires de fichiers sur Amiga, son futur associé, Dr Greg Perry construisit sa propre niche dans l'industrie logicielle australienne. Greg Perry était à l'origine un chimiste organique mais entra dans le domaine informatique au début des années 1980, avec l'utilisation d'un PET de Commodore pour réaliser des analyses scientifiques. Alors qu'il était en train de changer d'emploi, il commença à écrire des applications pour diverses machines et ce passe-temps se transforma rapidement en une profession à temps plein. Il écrivit de nombreux articles sur la programmation du C64 dans des magazines au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Australie. Il rédigea aussi deux ouvrages sur la programmation des graphismes et du son sur C64 et VIC-20. En 1984, Greg Perry fonda GPSoftware qu'il décrivit alors comme une entreprise familiale, focalisée sur le développement de logiciels et la recherche & développement, qui autorisait ses développeurs à travailler depuis leur domicile. GPSoftware produisit plusieurs jeux C64 et C128 ainsi qu'un assortiment de logiciels personnalisés de compatibilité. Mais c'est GPTerm, un terminal de télécommunication pour C64 qui lui fit connaître son premier succès modéré en Australie. Dans les années 1980, l'Internet n'était pas celui que nous connaissons aujourd'hui. Le tout nouveau World Wide Web était limité aux scientifiques, aux universitaires, aux militaires et à quelques individus avertis. Bien sûr, les réseaux informatiques n'étaient pas nouveaux et toute personne équipée d'un ordinateur, d'un modem et d'un logiciel de terminal pouvait accéder aux nombreux babillards disponibles sur des réseaux commerciaux comme CompuServe et AOL. GPFax Au début des années 1990, Internet et les courriers électroniques n'étaient pas encore largement utilisés. La plupart des entreprises utilisaient encore des machines à fac-similés (télécopieurs) afin de gérer leur communication instantanée pour leurs informations importantes et leurs contrats. Le télécopieur d'émission numérisait les documents matériels, les convertissait en une image numérique pour permettre une transmission par un signal électrique via une ligne téléphonique. Le télécopieur de réception, lui, décodait l'image et imprimait le fac-similé du message transmit sur une copie papier. Ce processus était idéalement adapté à l'informatique : Greg Perry décida de créer un logiciel de serveur de télécopies pour reproduire ce processus en utilisant un Amiga et un modem relié à une ligne téléphonique. GPFax était très facile à utiliser, le programme ouvrait son interface graphique contrôlable à la souris dans un écran non standard. La première version de GPFax gérait à la fois les modems Supra et les modems génériques basés sur les circuits Rockwell ou XR. Ses fonctionnalités comprenaient la réception automatique ou manuelle des télécopies avec sauvegarde de l'heure, de la date et de l'identification de l'expéditeur. Un journal complet des transactions était conservé, ce qui permettait un accès facile à toutes les télécopies envoyées et reçues. GPFax pouvait envoyer de multiples télécopies à de multiples numéros avec génération automatique des pages de couverture et des en-têtes pour chacune de télécopies. En outre, les télécopies pouvaient être envoyées immédiatement ou programmées pour un envoi différé et sans surveillance. Les télécopies reçues pouvaient être visualisées à la taille d'origine, mise à l'échelle 1:2 ou 1:4, tournées pour une visualisation pleine largeur, imprimées via les imprimantes standard sur Amiga ou encore sauvées en tant qu'image IFF en noir et blanc. Un annuaire complet était inclus et les numérotations simples, multiples et en groupe étaient gérées. Enfin, les informations des pages de couverture définies par l'utilisateur étaient stockées pour chaque numéro pour permettre une génération automatique d'en-têtes. Greg Perry continua à travailler sur GPFax et publia plusieurs mises à jour afin de gérer les améliorations des technologies des modems et des télécommunications. La version 2.04 de GPFax fut commercialisée en septembre 1992 et à cette époque, Greg Perry annonça qu'il travaillait déjà sur la version 3.0 qui devait être une réécriture totale et proposer de multiples nouvelles fonctions. Sa date de sortie prévue était décembre 1992. Cependant, jamais cette version 3.0 ne se matérialisa et Greg Perry ne publia la prochaine version qu'en février 1994. Ce fut GPFax 2.346 qui gérait les modems Class 1 et 2, les modems 288, corrigeait le bogue des années bissextiles, et était compatible RTG et CyberGraphX. La version 3.0 ne fut donc jamais commercialisée mais quelque chose de beaucoup plus conséquent était à l'horizon. Easy Ledgers A la fin des années 1980, une société australienne du nom de Sysbiz créa Easy Ledgers, le premier logiciel professionnel de compatibilité pour Amiga. Il s'agissait d'un lot de programmes standard de compatibilité, écrits en C, incluant les créanciers, les débiteurs, le grand livre, l'inventaire et les coûts du travail. Ce logiciel connu un succès modéré et Sysbiz le porta sur Windows 3.0 et sur d'autres plates-formes qui offraient un marché plus large et en croissance. Quand Sysbiz se détourna de l'Amiga, Greg Perry, qui souhaitait étendre sa ligne de produits Amiga, reprit le logiciel en main et commença à développer une nouvelle version, Easy Legers II, pour Amiga. Easy Ledgers II fut totalement réécrit et il était compatible avec toutes les versions du système d'exploitation Amiga supérieures au 2.0 et nécessitait un Amiga muni de deux Mo de mémoire et d'un disque dur. Il fut vendu au prix de 199 $ et les utilisateurs de la précédente version de Sysbiz pouvaient le mettre à jour contre 200 dollars australiens (135 $). Alors que Greg Perry travaillait sur Easy Ledgers II, Jonathan Potter était sans emploi depuis sa séparation avec INOVAtronics. Il reprit le contrôle de Directory Opus mais cherchait à présent une nouvelle source de revenus. En octobre 1994, il rejoint Greg Perry chez GPSoftware. Greg Perry prévoyait depuis plusieurs années une nouvelle version voix/télécopie/données de GPFax, qu'il nomma "Wombat" et qui disposait d'une nouvelle approche avec de multiples fils d'exécution (multithread). Et comme Greg Perry était occupé avec Easy Ledgers II, il recruta Jonathan Potter pour reprendre le développement du mythique gestionnaire de télécopie Wombat. Mais après avoir examiné de plus près le marché, ils prirent la décision de revoir le concept de Directory Opus. Greg Perry indiqua : "Nous nous sommes assis et nous avons défini une approche totalement nouvelle pour les gestionnaires de fichiers. Celle-ci était reprise de l'approche "amiganisée" en multiples fils d'exécution de mon logiciel de télécopie, puis nous avons complètement réécrit le programme de zéro." Le résultat allait changer le visage de Directory Opus et du Workbench Amiga et allait diviser pour toujours les utilisateurs d'Amiga. Envoyez les clones Directory Opus eut un paquet de clones et de logiciels ressemblants sur Windows et Linux, certains d'entre eux menaçant même de poursuites judiciaires quiconque enfreindrait leurs droits de propriété intellectuelle. Parmi les clones de Directory Opus les plus populaires, on pouvait noter PCOpus, un programme partagiciel pour Windows qui essayait d'implémenter les fonctionnalités et le ressenti originel de Directory Opus. Sur Linux, il y avait Worker, une réplique de Directory Opus et Gentoo, un gestionnaire de fichiers qui s'inspira de l'apparence de Directory Opus, écrit à l'aide de la boîte à outils GTK+, tous les deux distribués sous la licence libre GPL. On pouvait également citer Opus4 et OpusPro sur BeOS/Haiku et DirMaster sur OS/2. Directory Opus 5 - le multitâche comme il doit l'être ! En avril 1995, GPSoftware publia Directory Opus 5. Le concept de Directory Opus 5 fut complètement repensé et il fit pleinement usage des capacités multitâches de l'Amiga. Là où Directory Opus 4 atteignait ses limites en tant que gestionnaire de fichiers statique, la version 5 profitait des capacités multitâches d'AmigaOS. Le logiciel était livré sur une disquette avec un manuel à reliures spirales et vendu au prix de 59,99 £, ou 29,99 £ pour les utilisateurs de Directory Opus 4. Il nécessitait un Amiga doté du Workbench 2.0 ou supérieur, d'un disque dur et de 1 Mo de mémoire Fast. Par contre, pour de nombreux autres utilisateurs, ce fut une expérience libératrice. Il était cependant difficile d'apprécier la puissance de Directory Opus 5 puisque celui-ci s'ouvrait initialement sur un Workbench assez ordinaire avec les icônes de disques. En cliquant sur une de ces icônes de disques, on ouvrait une fenêtre en mode listeur qui était le coeur du système Directory Opus 5. Chaque fenêtre de listeurs était une tâche distincte avec ses propres barres d'outils et d'informations. Il n'y avait pas de restriction quant au nombre de fenêtres ouvertes. Les fenêtres pouvaient être affectées en tant que source ou destination et des actions pouvaient s'effectuer entre elles grâce à des barres d'outils ou des rangées de boutons configurables. Mieux encore, comme Directory Opus 5 était multitâche, il était possible d'effectuer plusieurs opérations à la fois sans attendre qu'une opération se finisse. Directory Opus 5 Comme vous pouvez vous y attendre avec une telle refonte du logiciel, cette première version n'était pas exempte de bogues et, en juin 1995, GPSoftware publia la mise à jour 5.11 qui corrigea plusieurs bogues et ajouta quelques nouvelles fonctions. Sur une note plus sombre, une semaine après la sortie de Directory Opus 5, des copies pirates furent mises en circulation. Jonathan Potter et Greg Perry lancèrent des fervents appels à la communauté Amiga pour soutenir les quelques derniers développeurs qui programmaient encore sur la machine. Leur message était clair. Si les gens continuaient à pirater leur logiciel Amiga, ils abandonneraient et iraient voir ailleurs. Un véritable remplacement du Workbench - la mise à jour Directory Opus 5.5 Tous les utilisateurs n'étaient pas satisfaits de Directory Opus 5 mais GPSoftware avait un message à tous ceux qui pensaient que l'Amiga n'avait pas besoin d'un gestionnaire de fichiers clinquant et superflu. Quand GPSoftware publia Directory Opus 5.5 en août 1996, on pouvait lire à propos de lui : "l'Amiga a avancé, tout comme ses développeurs. Nous savons comment exploiter certaines capacités multitâches de la machine pour nos propres usages". Directory Opus 5.5 fut commercialisé à l'excellent prix de 59,99 £ (99 $) et les utilisateurs des versions antérieures avaient droit à des réductions. Si Directory Opus 5 avait cassé le moule, la version 5.5 éparpilla les morceaux. Là où Directory Opus 5 introduisit le concept de remplacement du Workbench, Directory Opus 5.5 le rendit utilisable. La liste des changements et des améliorations est trop longue pour être listée ici. L'une des plus simples et des plus puissantes était la possibilité d'ouvrir automatiquement un listeur en double-cliquant n'importe où sur le bureau. Le module "OpusFTP" fut également intégré afin d'accéder à un site FTP distant depuis un listeur de Directory Opus. Fonction FTP de Directory Opus Atteindre les étoiles - Directory Opus Magellan Ce qui aurait dû être Directory Opus 5.6 devint Opus Magellan en mai 1997 lorsque GPSoftware abandonna le système traditionnel des numéros. Opus Magellan coûtait 49,99 £, il fut livré avec le manuel et les disquettes de Directory Opus 5.5 plus une disquette d'installation d'Opus Magellan et un feuillet de 50 pages supplémentaires. Les possesseurs de la version 5.5 pouvaient l'obtenir au prix réduit de 30 £. Son installation se faisait en deux fois, d'abord l'installation de Directory Opus 5.5 puis celle de la mise à jour Magellan. Directory Opus Magellan Le mode de remplacement du Workbench fut lui aussi amélioré mais un Amiga doté d'un 68030, d'une carte graphique et de quelques Mo de mémoire supplémentaires étaient vraiment nécessaires pour profiter des nouvelles routines utilisant CyberGraphX (glisser & déposer plus rapide des icônes et accélération de l'affichage, même en 24 bits). Opus Magellan connut une phase rapide d'améliorations et GPSoftware offrit une assistance et des mises à jour pour les utilisateurs enregistrés. Une série de mises à jour fut disponible gratuitement sur le site Web de GPSoftware et, durant 1997, des correctifs furent publiés permettant de passer Opus Magellan de la version 5.5 à la 5.6, 5.61, 5.62, 5.65, 5.66 et enfin 5.661. Directory Opus Magellan II La version mise à jour de Directory Opus Magellan II fut commercialisée en novembre 1998, sous le numéro de version 5.8. Malgré quelques correctifs publiés peu après, ce fut le dernier logiciel majeur créé par GPSoftware pour Amiga. Directory Opus Magellan II fut vendu au prix de 49 £ et, comme d'habitude, les utilisateurs des versions précédentes avaient droit à un rabais. Il fut de nouveau livré avec le manuel de Directory Opus 5.5 couplé avec une disquette d'installation de Directory Opus Magellan II et un supplément de manuel de 118 pages. Le processus d'installation devait là aussi se réaliser en deux fois. Directory Opus Magellan II permettait à présent un meilleur contrôle de l'interface graphique avec une section de configuration plus puissante mais aussi plus facile d'utilisation. Cela comprenait de nouvelles fonctionnalités comme les thèmes, sons et scripts personnalisés, ainsi qu'une amélioration des menus utilisateur et de démarrage. La gestion de CyberGraphX fut encore améliorée autorisant le fonds d'écran en 24 bits pour les possesseurs de cartes graphiques adéquates. Les types de fichiers furent perfectionnés tout comme l'interface ARexx qui présentait encore plus de commandes garantissant des possibilités d'extension presque illimitées. Le module FTP fut totalement réécrit et incluant à présent un carnet d'adresses FTP, des options et une fenêtre de requête pour la connexion. De leur côté, les listeurs pouvaient maintenant utiliser des polices de caractères proportionnelles et éditer les noms des fichiers/répertoires à la volée. La gestion des polices vectorielles et avec ombrage fut ajoutée pour le texte des icônes, tout comme celle des noms longs de fichiers (jusqu'à 107 caractères). Directory Opus Magellan II pouvait aussi éditer les titres d'écran afin par exemple d'y afficher des informations système ou autres. Il incluait même la gestion des menus de démarrage à la Windows avec sous-menus et menus contextuels. Directory Opus Magellan II Le compagnon pratique - DOpus Plus CD Pour compléter la sortie de Directory Opus Magellan II, et pour engendrer quelques revenus supplémentaires d'un marché Amiga en perte de vitesse, GPSoftware publia un CD nommé DOpus Plus au prix de 29,99 £. Ce CD comprenait une sélection de thèmes, d'icônes, d'images et d'autres améliorations pour aider à personnaliser et à configurer Directory Opus Magellan II. Cependant, le meilleur était l'ajout d'un lot utile de guides et tutoriels en HTML pour vous aider à configurer et utiliser le logiciel. Les tutoriels permirent d'expliquer les bases de Directory Opus Magellan II et furent parfaitement adaptés aux utilisateurs de Directory Opus 4. Des tutoriels plus pointus étaient également présents pour programmer Directory Opus Magellan II en ARexx et même en C. Opus SDK, la trousse de développement logiciel de Directory Opus, fut également fournie. Elle intégrait une sélection de scripts, de types de fichiers, d'icônes, etc. En tout, pas moins de 300 Mo de thèmes furent inclus dans ce CD, la plupart pouvaient aussi être téléchargés depuis Internet, mais la présence des excellents tutoriels faisait de DOpus Plus un CD qui en valait le coup. Bien que Jonathan Potter cessa le développement de Directory Opus, il conservait tous les droits de propriété intellectuelle sur le code source, les marques et les noms commerciaux. Directory Opus 4 fut publié sur la disquette de couverture de plusieurs magazines Amiga mais son droit d'auteur fut conservé jusqu'à la fin de l'année 1999 lorsque Jonathan Potter décida que son logiciel avait perdu toute valeur commerciale. Début 2000, l'auteur décida de publier le code source de Directory Opus 4.12 sous la licence GNU Public License. Cette action fut appréciée par de nombreux amigaïstes qui n'avaient pas encore pris le chemin de Directory Opus Magellan et préféraient la double fenêtre de la version 4 avec ses boutons et ses gadgets. Résurrection ? GPSoftware décida d'abandonner définitivement l'Amiga, au début de l'année 2000, et Greg Perry confirma que le code source de Directory Opus Magellan II était en vente pour 25 000 dollars. Fin 2000, Directory Opus 5.5 fut inclus dans la suite d'émulation Amiga Forever 4.0 de Cloanto. Greg Perry déclara plusieurs choses sur Directory Opus et l'Amiga. Le 5 mai 2001, il écrivit : "Nous l'avons proposé à Amiga Inc. il y a quelque temps mais ils n'étaient pas intéressés alors que Haage & Partner nous ont ri au nez quand nous leur avons fait la proposition ! Nous avons tendance à croire que le développement d'AmigaOS est conduit par du gagne-petit et par l'intégration de programmes gratuiciels/partagiciels plutôt que par un effort professionnel de développement." Dans la même entrevue, il poursuivit : "Le marché logiciel Amiga est pratiquement non existant". Dans le même temps, il confirma que GPSoftware était en plein test de la préversion d'Opus 6 pour Windows et que son nouveau site de commerce électronique allait ouvrir. Plus tard, une fois une nouvelle Amiga Inc. ressuscitée de ses cendres, Greg Perry émit quelques commentaires négatifs à propos de Hyperion Entertainement alors en charge du développement d'AmigaOS 4 pour les plates-formes PowerPC d'Eyetech. Il indiqua que Hyperion avait signé un contrat pour l'octroi d'une licence pour développer Directory Opus Magellan II mais que ces derniers avaient manqué à leurs obligations. En fin de compte, toujours selon Greg Perry, GPSoftware annula son contrat en raison du non-paiement de Hyperion. Inutile de dire que Directory Opus Magellan II ne fut pas porté sur AmigaOS 4. Renaissance ? Cependant, en octobre 2004, il sembla que le futur de Directory Opus Magellan II était enfin assuré lorsque GPSoftware et Andreas Loong de Guru Meditation (un revendeur suédois) conclurent un accord pour transférer les droits de la version Amiga du logiciel à ce dernier. Andreas Loong indiqua aussi qu'il avait conclu un contrat avec une société anglaise de développement pour porter Directory Opus Magellan II sur AmigaOS 4. Cette version devait sortir dans le courant de l'année 2005. En septembre 2005, Andreas Loong annonça aussi qu'il était en partenariat avec Troika NG pour créer une nouvelle carte mère Amiga NG. Malheureusement, malgré de bonnes intentions, ces deux annonces étaient bien trop optimistes. Andreas Loong publia un communiqué en septembre 2006 où il s'excusa du retard pris par le développement de Directory Opus Magellan II, mais indiqua "qu'ils étaient proches du but". Malheureusement, cette version ne se concrétisa pas et, fin 2007, la licence de Directory Opus Magellan II revint à GPSoftware. La nouvelle carte mère de Troika NG ne fut pas produite et Guru Meditation ferma son site de vente. Réalité En attendant, à la fin de 2005, Andreas Loong autorisa Jan Zahurancik à inclure une version non enregistrée de Directory Opus Magellan II dans AmiKit, sa distribution logicielle Amiga Classic pour Windows. Il s'agissait de la version complète 5.82 mais le non-enregistrement provoquait un délai lors du démarrage. On ne pouvait pas s'enregistrer auprès de Guru Meditation mais les possesseurs de Directory Opus Magellan pouvaient utiliser leur clé d'enregistrement avec cette version. A la fin de l'année 2007, après que GPSoftware eut réclamé la licence de Directory Opus Magellan, Greg Perry répondit ceci, via l'ancien site Web de GPSoftware, à propos de l'enregistrement à Directory Opus Magellan : "Les pages Amiga de notre site Web ne sont présentes que pour des raisons historiques et ne sont pas fonctionnelles (comme l'Amiga) depuis neuf ans. Oui, vous pouvez toujours acquérir la dernière version 5.82 chez nous mais seulement via une requête préalable. Son prix en dollars australiens est de 65 $ et elle est livrée sous forme d'archive Lha." Le nombre de copies vendues via cette offre de GPSoftware n'est pas connu, et certains amigaïstes furent déçus de voir que Greg Perry parlait de leur système Amiga comme étant non fonctionnel. En 2009, afin de promouvoir la version Windows de Directory Opus auprès des utilisateurs Amiga, GPSoftware autorisa le libre téléchargement de la version 5.5 sur le site d'Amiga Future. Et à la fin de l'année 2011, Jan Zahurancik annonça que GPSoftware lui avait accordé une licence pour inclure la version enregistrée de Directory Opus Magellan 5.82 dans toutes les futures versions d'AmiKit. Il est vraisemblable que ceci fut un échange de bon procédé pour la publicité faite sur le site d'AmiKit de la version Windows de Directory Opus. L'Opus final ? Un nouveau rebondissement arriva en janvier 2012 quand Olaf Schönweiß, un développeur AROS, contacta Greg Perry : il serait d'accord pour vendre le code source de Directory Opus II. Ceci en vue de continuer le développement et permettre une utilisation gratuite sur tous les systèmes apparentés Amiga, sous licence AROS Public License. Greg Perry répondit une nouvelle fois positivement mais, cette fois, il accepta de baisser son prix. Ainsi, une cagnotte multiplate-forme fut organisée sur le site Power2People afin de lever 5600 $ pour acheter le code source de Directory Opus Magellan 5.82 ainsi qu'une licence limitée pour l'utilisation de la marque déposée permettant le développement du logiciel et son utilisation sur les plates-formes AmigaOS, MorphOS et AROS. La plupart des amigaïstes semblaient en faveur de cette cagnotte mais d'autres pointèrent du doigt le fait que le travail de portage ne devait pas être sous-estimé, chose qui avait été également soulignée cinq ans auparavant par l'équipe de Guru Meditation. Ceci résulta en une version 5.90 (avril 2014) puis 5.91 (août 2015) réalisée par l'OpenSource Dopus5 Team, une équipe de développeurs bénévoles menée par Roman Kargin. Le code source fut porté sur GCC et l'environnement par défaut fut amélioré. De nombreuses corrections de bogues furent opérés et une documentation en PDF fut créée. Cette version n'avait plus besoin de clé d'enregistrement, ajouta la gestion disques/DOS 64 bits et des icônes natives sur MorphOS et AmigaOS 4 et proposa une barre de titre revue. Ces versions pour AmigaOS 3, AmigaOS 4, AROS et MorphOS étaient téléchargeables sur le site dopus5.org. Où sont-ils maintenant ? Directory Opus 6 fut la première version pour Windows publiée par GPSoftware en juin 2001. Dès lors, ils continuèrent à régulièrement mettre à jour leur produit. La version actuelle, au moment d'écrire cet article, est Opus 10 qui fut publiée début 2012. Je l'ai installé sur mon PC Windows et, comme vous pouvez vous en douter, il fonctionne très bien et reconnaît beaucoup de types de fichiers Amiga dont les archives Lha. Greg Perry et Jonathan Potter vivent toujours en Australie et continuent de travailler ensemble en tant que partenaires chez GPSoftware. Note : Jonathan Potter a vendu son dernier Amiga en 2001. GPSoftware a néanmoins continué à faire de la publicité pour ses produits Amiga sur son site Web jusqu'en avril 2007.
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