Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Et si le piratage était indispensable
(Article écrit par Michel Desangles et extrait de Joystick - février 1995)


Le mois dernier, on vous a raconté comment le piratage minait les forces vives des éditeurs et réduisait à néant les efforts des auteurs. Prouver le contraire n'est pas très compliqué, comme vous allez le voir : on va s'attacher à démontrer que le piratage est une nécessité biologique et sociale, et comment il va rendre le monde plus beau et plus juste. Fastoche.

Qu'est-ce que le piratage ?

Il est beaucoup plus facile d'être pirate de nos jours que du temps de Barbe Noire. À vrai dire, ne pas pirater demande des nerfs d'airain et surtout une vigilance de tous les instants. On est pirate lorsqu'on...
  • Copie un programme informatique.
  • Donne un programme.
  • Vend un programme sans reverser de droits d'auteur aux ayants-droits.
  • Copie, donne ou vend un disque, un film, un livre...
  • Porte un faux Benetton, Cartier, Vuitton...
  • Utilise, vend ou achète un décodeur Canal Plus pirate.
  • Regarde la télé sans payer la redevance.
  • Entre sans y être invité dans un service télématique privé.
  • Pille des navires, détourne des avions.
  • Donne ou prête un magazine.
  • Met un disque trop fort, ce qui permet aux voisins de l'entendre.
  • Écoute, avec un radio-scanner, des conversations privées.
  • Se branche sur la ligne téléphonique du voisin.
  • Etc.
Il y a de grandes chances qu'en lisant "donne ou prête un magazine", vous ayez pensé "eh, oh, faut pas exagérer", et qu'en lisant "écoute des conversations privées", vous ayez pensé "ah oui, ça c'est normal". Pourtant, il s'agit bien de piratage dans les deux cas. Ce qui prouve qu'il y a différents degrés qu'il convient d'analyser séparément. Ou alors, si vous préférez traiter le problème globalement, comme vous avez déjà forcément prêté un magazine ou un livre à un copain, hop : prison ! Vous aurez tout le loisir nécessaire pour vous familiariser avec la nuanciation.

Prenons un exemple au hasard

Nous allons bien sûr étudier le cas du piratage des jeux vidéo. De tous ceux évoqués plus haut, et en excluant ceux qui socialement tolérés comme le prêt d'une cassette ou d'un magazine, c'est probablement le plus répandu. De plus, c'est indéniablement le plus tentant et le plus facile. Il est évident que si vous vous trouvez chez un copain et qu'il vous propose de vous "filer" une copie d'un programme compliqué et une copie d'un jeu, vous prendrez le jeu, ne serait-ce que parce qu'il faut bien souvent un manuel compliqué pour se servir d'un programme "sérieux". C'est quasiment aussi facile que d'enregistrer la radio sur une cassette (autre forme répandue de piratage, que d'ailleurs personne ne songe à freiner, si ce n'est la timide taxe sur les cassettes vierges de l'État, reversée à la SACEM).

Qui sont les pirates ?

Le professeur Johnson, de l'université du Massachusetts, distingue cinq espèces de pirates.

Le militant

Il pirate parce qu'il refuse de filer de la thune à des éditeurs qui s'engraissent de toutes façons. Il aurait pu tout aussi bien se lancer dans le trafic de décodeurs Canal Plus pirates, ou de fausses montres Cartier. Souvent, il vend à 800 FF des téléphones-répondeur made in Taïwan par le biais de petites annonces. En temps de guerre, il serait "profiteur de guerre" : c'est celui qui détrousse les cadavres, détruit les stocks des autres pour vendre le sien plus cher, trafique les tickets-ration, etc. Comme les militants de tous bords, on le reconnaît aisément à ce que ses arguments sont du premier degré. C'est lui qui revend les programmes qu'il copie, ne serait-ce que par principe. Ou plus exactement, pour la thune, mais il ne l'avouera jamais : il fait passer sa malhonnêteté pour un combat social.

Le curieux

Il claque, de toute façon, tout son fric dans sa passion. Il pirate, certes, dans la mesure où il utilise des logiciels qu'il n'a pas payés ; mais il est capable de "déplomber", c'est-à-dire de faire sauter les "verrous" d'un programme protégé. Ce n'est pas le cas, bien loin de là, des autres types de pirates. Le curieux baigne dans son milieu, à tel point qu'il finit en général par y travailler. Je me souviens du cas très particulier de cet ami qui avait piraté le logiciel (un assembleur-désassembleur) qui lui permettait de déplomber les jeux ; il entretenait une correspondance suivie avec l'auteur du désassembleur, à qui il avait annoncé tout de go : "j'ai copié votre programme, je l'achèterai quand il sera parfait, c'est-à-dire lorsque les points suivants seront résolus" ; suivait une impressionnante liste de bogues et de corrections. L'auteur, n'ayant jamais trouvé personne de meilleur pour lui déboguer son programme, accueillait avec gratitude ces conseils de pirate et incorporait scrupuleusement toutes les modifications demandées. La correspondance entre eux a duré plusieurs années. Aujourd'hui, il travaille comme développeur pour une grosse boîte d'informatique allemande.

Le coupable occasionnel

C'est en général quelqu'un qui ne connaît pas très bien l'informatique. Lorsqu'on lui propose un jeu copié, il fait une moue dubitative, accepte la copie, l'essayera par politesse, mais l'effacera dès qu'on a le dos tourné. Ce n'est pas son truc, il n'y connaît rien, il ne sait pas trop comment on repère qu'un jeu est "piraté" ou non, il a un peu peur de se faire gauler, et c'est plus de son âge. Parfois, il accepte un programme par nécessité, mais souvent un utilitaire, pour une seule utilisation très précise, et il s'empresse de l'effacer dès qu'il a fait ce qu'il voulait faire. Vous l'aurez compris, en général, le coupable occasionnel n'est pas "né" avec les ordinateurs ; il est de la génération de nos parents.

Le profiteur passif

C'est le plus nombreux, et peut-être le plus français : il ne paie pas parce qu'il n'y est pas obligé et qu'il n'a aucun risque de se faire choper. C'est celui qui, sur la route, ralentit lorsqu'il voit un radar, et qui accélère quand il sait qu'il n'y en a pas. Il se sent parfaitement à son aise avec des partagiciels : ce sont des jeux qui ne sont pas édités officiellement, mais qui circulent un peu partout, et qui demandent d'envoyer une modique somme d'argent à leur auteur si on y joue effectivement. Le profiteur passif est tranquille : il sait que le pauvre auteur, souvent étranger, ne viendra sûrement pas lui réclamer son dû ; et de toute façon, rien ne punit l'utilisation "illégale" d'un partagiciel. Le profiteur passif, lorsqu'un incendie se déclare dans un grand magasin et qu'on demande l'évacuation, en profite pour taxer deux ou trois trucs. Il ne se considère pas comme un voleur, il a même l'impression, par ces gestes, de corriger l'injustice du sort à son égard.

Le pas au courant

Comme son nom l'indique, il n'est pas au courant qu'il est censé payer. Dis donc, il ne paye pas l'air qu'il respire, pourquoi paierait-il les programmes qu'il utilise ? Il vit de toutes façons dans un système économique parallèle. Il paye son plombier au noir, fait réparer sa bagnole par un pote mécanicien à qui il rend d'autres services par ailleurs, tente de négocier un rabais sur sa facture EDF en discutant une heure au guichet ("Allez ! Coupons la poire en deux : je paye les 274 FF, mais vous me faites cadeau de l'abonnement. Eh, je suis un client fidèle, quand même !"). Quand on lui dit : "tiens, j'ai découvert un nouveau jeu...", il sort une disquette et réplique instantanément : "t'as qu'à me le mettre là-dessus. Je les ai eus à un franc cinquante, les disquettes, par un pote au Canada, t'en veux ? Mais faut les prendre par mille".

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Notons qu'il existe des espèces qui ne sont que des familles : par exemple, le collectionneur, qui veut absolument avoir tout ce qui sort, n'est qu'une sous-espèce du militant ou du curieux. Les sociétés, qui piratent quelques logiciels utilitaires, font partie des militants, des profiteurs passifs, ou des curieux. Pour le "militant", on ne peut pas faire grand-chose. Il existe dans tous les milieux, dans toutes les couches sociales. Il est simplement mal dans sa peau et cherche un exutoire à sa révolte, sans pouvoir jamais l'exprimer. À ce niveau, ce n'est plus un problème de piratage, mais un problème psychologique ou social.

Le "curieux", finalement, n'est qu'un autodidacte qui finira par servir le milieu dans lequel il évolue. La société n'est pas capable de subvenir à son éducation (jusqu'à présent, il n'y a toujours pas d'école de créateur de jeux vidéo, même si des éditeurs français en ont le projet), alors il s'en charge tout seul. Mais là encore, il n'y a pas assez de curieux pour mettre en danger l'industrie informatique. Est-il besoin de préciser que le "coupable occasionnel" n'est pas non plus une véritable menace - il est fondamentalement honnête et achète scrupuleusement ce dont il a besoin. Il s'achète le jeu en double lorsqu'il veut y jouer en réseau. Non, ce n'est décidément pas là qu'il faut chercher les manques à gagner abyssaux dont parlent les éditeurs.

Bon, le "pas au courant" y contribue, lui. Mais une fois de plus, s'agit-il d'un problème lié au piratage, ou un problème social ? C'est quelqu'un qui de toute façon cherchera toujours à gruger un peu, et qui, s'il se fait choper, négociera sa peine avec le tribunal. C'est comme ça, c'est son caractère. Sur l'ensemble du piratage, quel pourcentage vient des "pas au courant" ? Probablement pas énorme, pour une très bonne raison : la majeure partie du piratage vient de la cinquième catégorie. Le "profiteur passif". C'est lui, le gouffre ! Et c'est de lui, et de lui uniquement, que nous allons parler. Pour le coup, avouons sans vergogne que nous en avons tous fait partie à un moment ou un autre. Même les meilleurs d'entre nous, qui achètent beaucoup de jeux, se laissent aller à copier de temps en temps les programmes moins bien protégés que les autres. S'ils étaient bien protégés, les copierait-on ? Non, bien sûr. D'où le côté "passif". On profite d'un état des choses, et si cet état change, ma foi, on s'adaptera. Il faudra payer ? On paiera. En attendant, on n'est pas obligé de payer ? On ne paye pas.

Ou est le problème ?

Le problème, c'est que les éditeurs ne sont pas contents du tout et prétendent que chaque jeu piraté représente un manque à gagner. Autrement dit, ils soutiennent la thèse selon laquelle un individu X ayant copié un jeu Y, l'aurait obligatoirement acheté s'il n'avait pas pu le copier. Pour se convaincre du contraire, je vais en appeler à votre bonne foi. Je sais bien que, plus jeune, il vous est arrivé de copier des jeux. Objectivement, franchement, la main sur le coeur, si le piratage avait été impossible, les auriez-vous tous achetés ? Certainement pas, pour la simple raison que vos portefeuilles ne sont pas extensibles à l'infini. Le manque à gagner théorique est donc à tempérer pour obtenir le manque à gagner réel. Mais, même s'il est inférieur au théorique, le manque à gagner réel existe pour de vrai. Que faire ?

Que faire ?

Finalement, le piratage n'est que le symptôme d'une inadéquation entre l'offre et la demande. Nous avons, d'un côté, l'offre : un grand magasin vide, dont les rayons sont bourrés jusqu'à la gueule de marchandises toutes plus alléchantes les unes que les autres, et pas un seul gardien en vue, pas de caméras, pas de vigiles, pas de barreaux aux portes. Si on pique un truc sur un rayon, on peut sortir sans être inquiété. C'est précisément ce que reprochent les éditeurs aux pirates : de se servir sur des rayons non surveillés. C'est vrai que ce n'est pas beau. C'est vrai que si on était tous solidaires les uns les autres, si on avait tous envie d'améliorer le sort commun, on irait payer les marchandises à la caisse. Mais c'est oublier la nature humaine, et la facilité avec laquelle on cède à la tentation. Oui, mesdames et messieurs les jurés, j'appelle mon témoin à la barre : Adam, le premier couillon à avoir cédé à la tentation. Oui, il a été puni. Mais on ne peut s'empêcher de penser que c'est un peu dégueulasse de la part de son patron, de lui avoir inculqué la tentation, et de le tenter ensuite. C'est un peu comme quand on emmerde un animal jusqu'à ce qu'il vous morde, et qu'on le frappe ensuite parce qu'il vous a mordu.

Peut-on en conclure que les éditeurs se comportent de façon dégueulasse parce qu'ils nous tentent ? Sûrement pas. À l'inverse du patron d'Adam, eux ne sont pas tout-puissants, ils ne peuvent pas choisir le marché dans lequel ils évoluent, et surtout, ils ne peuvent pas aller plus vite que la technologie. Pirater une cassette, c'est facile. Une disquette, facile. Un CD ou une cartouche, c'est déjà plus dur. Mais quand on sera tous branchés sur des réseaux et que la notion de "support" aura enfin disparu, qu'on pourra payer à l'utilisation et non pas une licence globale pour un programme entier, ce jour-là, le piratage disparaîtra.

D'un autre côté, nous avons la demande. Elle est énorme. Car c'est le tropisme humain le plus noble qui consiste à s'améliorer, apprendre, progresser. Et on le sait bien, l'informatique est un progrès aussi considérable pour la connaissance humaine qu'a pu l'être l'imprimerie en son temps. Chaque logiciel utilisé (qu'il soit piraté ou non) fait progresser celui qui l'utilise, et partant, le reste de la communauté. D'ailleurs, c'est peut-être là l'argument le plus fort en faveur du piratage (ou du moins, de la clémence envers les profiteurs passifs) : comment serait le monde aujourd'hui si les éditeurs avaient réussi à supprimer le piratage ?

Il serait exactement comme il était il y a quinze ans. Pas d'ordinateurs dans les banques, dans les postes, dans les écoles, peu d'informaticiens... Le piratage, au début, a favorisé la vente des machines (on se souvient qu'Apple a joué cette carte à fond), à un point qu'il est difficile de concevoir aujourd'hui. Tous les gens qui dirigent aujourd'hui des entreprises informatiques ont piraté il y a dix ou quinze ans. Tous ont fait leurs premières armes comme ça, parce qu'à l'époque on ne pouvait pas faire autrement. Il y avait trois magasins d'informatique en France, qui ne vendaient que peu de produits ; on était obligé de passer par les copains pour avoir n'importe quoi. C'est le piratage, et le piratage uniquement, qui a favorisé l'explosion de l'informatique. C'est le piratage qui a créé des utilisateurs qui, en fin de compte, finissent par acheter des logiciels.

Vous me direz : OK, c'était valable il y a quinze ans, mais maintenant ? Si on supprimait le piratage ? Si les éditeurs finissaient par toucher effectivement ce manque à gagner qu'ils réclament ? Le mois dernier, Marcel Lévy indiquait que ce manque à gagner s'élève à 7 milliards de FF en 1992 en France uniquement. Si les éditeurs (attention, souvenez-vous que l'informatique et plus particulièrement les jeux vidéo sont déjà l'un des plus gros marchés mondiaux) avaient touché cette somme, tous les autres corps de métier auraient eu un manque à gagner de... ben, 7 milliards de FF, justement. Je ne suis pas sûr que ce soit économiquement très judicieux.

Les arguments des pirates

Les jeux sont trop chers et les éditeurs s'engraissent.

C'est vrai, mais d'une part, c'est pas interdit, c'est même la règle du jeu libéral. Si on s'en tenait à cet argument, on ne paierait pas ses factures Télécoms, parce que eux aussi, ils s'engraissent, figurez-vous. Et on ne paierait pas non plus les ordinateurs, parce qu'IBM et Apple ne sont pas à plaindre. Et on ne paierait pas le pain, parce que les boulangers ont suffisamment de thune comme ça. D'autre part, les Rolls-Royce sont chères aussi, et ce n'est pas pour ça qu'on les vole (c'est vrai que c'est plus dur de voler une Rolls que de copier un jeu).

Enfin, à partir de combien peut-on décider qu'un éditeur s'engraisse ? Le pirate qui utilise cet argument prend-il bien soin de vérifier les comptes de chaque éditeur qu'il spolie, afin de s'assurer qu'effectivement il est "trop riche" ? Ne copie-t-il que des jeux d'éditeurs riches, en achetant ceux des petits éditeurs ? Si ce n'est pas le cas, son argument n'est qu'un prétexte. C'est un voleur de base qui se prend pour un justicier : la pire espèce.

Aujourd'hui, les éditeurs mettent une heure de son et de vidéo, mais le jeu en lui-même est nul. Beau, mais chiant.

Bon, c'est un peu vrai. Mais c'est aussi le cas pour tout le reste : les chants grégoriens sont beaux mais chiants, ce n'est pas pour ça qu'on les pirate. Les bouquins sur la renaissance italienne sont beaux mais chiants, on ne les photocopie pas pour autant. Ça ne justifie en aucun cas le piratage.

On n'utilise qu'une toute petite partie des logiciels qu'on utilise.

Ça, c'est très vrai, mais ça ne vaut que pour les logiciels professionnels. Ceux qui utilisent cet argument pour copier des jeux jouent sur l'amalgame.

Tous les éditeurs sont des anciens pirates.

C'est un peu vrai, mais : et alors ? Quand un flic arrête un truand, est-ce qu'on vérifie d'abord qu'il n'a jamais rien fait de mal, genre griller un feu rouge ou prêter un magazine ? Donc : de quoi je me mêle ?

Le piratage fait marcher le commerce des disquettes vierges, des revendeurs, des fabricants de machines...

A condition de ne considérer que le choix "Je pirate ou rien". Si on considère "Je pirate ou j'achète", le commerce marche bien mieux quand on lui donne 400 FF que quand on lui donne les 5 ou 6 FF d'une disquette. Car jusqu'à preuve du contraire, le piratage n'est pas une obligation. C'est de la mauvaise foi.

Les protections sont chiantes.

Là, pour le coup, c'est vrai. C'est aussi désagréable que de se voir demander ses papiers par un flic, son ticket dans le métro, et sa carte grise en voiture. Mais c'est la société qu'il faut changer, pas spécifiquement les jeux vidéo. Rappelons que pour changer la société, il suffit de voter.

Les arguments des éditeurs

On prend des risques financiers.

Eh, oh, c'était vrai il y a un paquet d'années, ça. Quand Nintendo sort Donkey Kong Country, le risque financier est très exactement de zéro. Quand un éditeur sort une licence de Schwarzy, le risque est nul. Seuls les petits éditeurs peuvent légitimement utiliser cet argument. Mais ce sont les gros qui l'utilisent le plus.

On ne fait pas assez de ventes.

Attends, oh ! On n'est plus en 1985 ! Le marché des jeux vidéo est plus important que celui du film, aujourd'hui. Ça me rappelle les éditeurs de cassettes vidéo qui, à l'apparition de la vidéo au début des années 1980, vendaient les films entre 800 et 1800 FF (authentique !) et s'étonnaient d'être piratés. Aujourd'hui, ça coûte entre 100 et 150 FF, et le piratage est devenu négligeable.

Il est juste qu'un auteur touche une juste rétribution de son travail.

Certes, et ce n'est pas nous qui le contesterons. Mais les programmeurs de Doom qui s'achètent plusieurs Testarossa, est-ce que c'est une juste rétribution par rapport au travail fourni ? Est-ce que votre boulanger ne travaille pas tout aussi durement, sincèrement et honnêtement que les programmeurs de Doom ? L'argument est discutable à l'infini, et durera tant que l'offre et la demande ne seront pas équilibrées.

On investit énormément dans la recherche et le développement.

C'est une manière élégante de dire qu'ils investissent bien souvent dans le clinquant, l'emballage, la publicité, les séquences vidéo avec des acteurs vivants et qui coûtent cher, bref, la frime. On préfèrerait qu'ils investissent dans des petits créateurs qui font des jeux extrêmement intéressants, même s'ils ne sont pas beaux. Et ça coûte moins cher, en plus. Ça leur permettrait de baisser le prix des jeux, sûrement. Mais tant qu'on achètera ce qui brille le plus, ils continueront à investir dans le brillant. Logique.

La concluze

Finalement, je vais vous dire ce que l'on va faire pour résoudre ce problème, si vous êtes d'accord. Tout doucement, sans à-coups, on va passer au paiement "à la carte". On paye l'essence qu'on utilise, on paye l'électricité et on paye son pain de manière détaillée et non pas globale. Quelqu'un qui utilise plus d'électricité qu'un autre paye plus. Il n'est pas normal que quelqu'un qui finit un jeu en une heure le paye aussi cher que quelqu'un qui met douze heures pour en venir à bout. Le jour où les logiciels seront tous disponibles sur des réseaux, le jour où on pourra utiliser absolument tout ce que l'on veut et où les heures d'utilisation seront directement imputées sur une facture globale, comme les Télécoms, puis reversées aux ayant-droits, ce jour-là, le piratage disparaîtra parce que l'offre se sera enfin adaptée à la demande.

D'ailleurs, personne ne s'y trompe : les éditeurs, et même les différents services judiciaires chargés de ce secteur, n'attaquent que les "militants" qui vont jusqu'à distribuer ou vendre des copies parfaites des programmes, incluant le mode d'emploi, les hologrammes et tout le bataclan, et les "pas au courant", comme les grosses entreprises et les ministères qui utilisent plusieurs centaines de copies du même programme.

Les autres formes de piratage, circonstancielles, contribuent à l'amélioration de notre société. Merci de ne pas mettre tout le monde dans le même sac...


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