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A l'instar de MorphOS 2.0, la version 3.0 s'est faite attendre. Voyons si l'attente de cette nouvelle mouture de ce système d'exploitation dérivé d'AmigaOS est à la hauteur des espérances des utilisateurs. Installation MorphOS 3.0 est téléchargeable depuis le 8 juin 2012 sur le site www.morphos-team.net/downloads.html. Le système est disponible pour Pegasos I/II, Efika 5200B, et plusieurs modèles de Mac PowerPC comme les Mac mini G4, eMac G4, Power Mac G4 et PowerBook G4. L'installation est simple et rapide, que ce soit en mise à jour ou avec une installation nouvelle. Sur Efika 5200B, elle se réalise en ligne via un fichier de démarrage à copier sur une clé USB. Sur les Pegasos et les Mac, c'est un fichier ISO qu'il faudra graver, insérer dans votre lecteur optique et suivre les quelques étapes de la procédure. Sur Mac, la procédure d'installation automatique propose enfin la personnalisation de la taille de la partition système. Avant, elle était de 512 Mo, ce qui était un peu juste, surtout avec la copie de sauvegarde que MorphOS réalise lors des mises à jour. Du côté des Pegasos, on s'aperçoit que la copie du fichier "boot.img" ne s'effectue toujours pas si vous avez une partition "Boot" : le script d'installation le copie, à la place, à la racine de votre partition système. Il faudra donc veiller à copier manuellement ce fichier au bon endroit (sinon, vous ne pourrez pas démarrer sur disque dur). Pour plus de détails sur l'installation, vous pouvez aller voir ce tutoriel. Côté configuration requise, MorphOS 3.0 demande la même chose que les versions 2.x, c'est-à-dire 128 Mo de mémoire vive, un périphérique de stockage de masse (disque dur, carte mémoire...) et une carte graphique PCI ou AGP parmi celles référencées sur cette page. Bonne nouvelle, cette version 3.0 est gratuite pour les utilisateurs enregistrés. Deuxième bonne nouvelle, la politique de prix pour la clé d'enregistrement a changé, ils ont été revus à la baisse. La clé ne coûte pas la même somme suivant la machine : 111,11 euros pour les PowerBook G4, 79 euros pour les eMac, Mac mini G4, Power Mac G4 et Pegasos I/II, et 49 euros pour les Efika 5200B. Ces prix sont plus en phase avec la réalité et avec ce que les utilisateurs sont prêt à débourser. Rappelons que la version non enregistrée donne droit à toutes les fonctions, mais elle n'est utilisable que par sessions de 30 minutes (après ce délai, le système ralenti, ce qui pousse à redémarrer la machine). Gestion du PowerBook G4 La plus grosse nouveauté est incontestablement la gestion des PowerBook G4. Ce sont des machines portables de la famille des Macintosh. C'est ainsi la première fois que MorphOS peut s'utiliser sur une machine nomade. Les modèles gérés sont les derniers en date, référencés "PowerBook5,6" à "PowerBook5,9". Ils disposent d'un processeur PowerPC G4 à 1,5 ou 1,67 GHz et d'un écran de 15 ou 17 pouces. Ceux qui ont Max OS X sur leur machine et qui ont installé MorphOS 3.0 dessus peuvent en témoigner : c'est bien plus rapide ! Que ce soit le temps de chargement, la plupart des actions sous Ambient ou la lecture de vidéos haute résolution. La préférence "Monitor" (qui permet de régler/personnaliser les paramètres d'un écran) est absente dans la version PowerBook G4. Comme MorphOS ne gère, pour le moment, que les résolutions natives des PowerBook G4 (1280x854 ou 1440x960 pour les 15" et 1680x1050 pour les 17"), cette préférence était inutile. L'utilisation d'une seule résolution pose néanmoins problème avec les applications qui demandent leurs propres résolutions, comme certains jeux par exemple. La gestion d'autres résolutions sur PowerBook G4 est cependant prévue pour une prochaine mise à jour. Des fonctions du PowerBook G4 sont gérées via les touches du clavier : la luminosité de l'écran (F1 et F2), le son (F2 à F4, +, - et mute), l'éjection (touche éjection) et le rétro-éclairage du clavier (F8 à F10). Si la luminosité de l'écran ainsi que le rétro-éclairage du clavier fonctionnent, ce n'est pas le cas du capteur de luminosité qui "allume" le clavier en fonction de la luminosité ambiante. Le travail sur la gestion des PowerBook G4 a duré plus de trois ans et on est arrivé, aujourd'hui, à une utilisation relativement confortable. Il manque cependant deux éléments, très importants, pas encore pris en compte par MorphOS pour ces machines : la 3D (elles ont une carte graphique Radeon à base de R300) et le Wi-Fi. Pour ce dernier, les PowerBook G4 proposent une connexion Airport, une sorte de Wi-Fi à la sauce Apple, mais aucun pilote n'existe. L'autre solution vient d'une carte Atheros dont le pilote existe (vu durant l'Alchimie 111111) mais ce dernier n'a pas été inclus dans cette version du système (pour une simple raison : il n'y a pas de GUI pour son paramétrage, uniquement des variables à taper, ce qui ne fait pas très "pro"). Enfin, certains utilisateurs notent des bogues graphiques lors de la mise en route du PowerBook G4. Ces bogues ne sont pas fréquents, un démarrage sur dix environ, mais il semble que l'équipe de développement n'a pas encore cerné le problème. Nouveautés Les nouveautés sont assez nombreuses dans cette version 3.0, que ce soit au niveau du système même ou bien des outils/applications qu'il renferme. Odyssey Web Browser 1.17 Le navigateur Internet Odyssey Web Browser passe en version 1.17. Ce navigateur de bon niveau, compatible HTML5, JavaScript, DOM, Unicode, CSS et autres, est basée sur WebKit (la révision r114842 d'avril 2012 pour cette version). Ceux qui ont utilisé des versions précédentes noteront une amélioration au niveau de la vitesse d'affichage. Le gain est d'environ 40% selon le fichier "readme", et ceci grâce à l'utilisation de nouvelles versions de Cairo et Pixman. Cela n'est pas une mauvaise nouvelle vue la relative molesse du rendu jusque-là. Les différents outils ou bibliothèques nécessaires à OWB ont aussi été mis à jour (OpenSSL 1.0.0j, Curl 7.25.0, SQLite 3.7.11, etc.) ce qui en fait un navigateur très moderne. Et pour les fanas de Firefox, un outil en ligne de commande a été ajouté dans le répertoire "Datas", pour pouvoir importer vos favoris issus de ce navigateur. 3D La 3D a subi un grand bouleversement. La bibliothèque qui s'occupe de la 3D et l'OpenGL, tinygl.library, a été réécrite de zéro et utilise désormais ses propres pilotes au lieu de Rave3D. Elle gère à présent de nouvelles fonctions dont le T&L (Transform & Lighning, transformation et éclairage) qui devrait accélérer les calculs matriciels. Avant, les opérations T&L étaient réalisées par le processeur. Cette nouvelle version de TinyGL a fait des victimes collatérales : les cartes graphiques Radeon 7xxx (coeur R100) et Voodoo3/4/5 ne sont plus gérées par cette bibliothèque (cependant, les programmes utilisant Rave3D ou Warp3D continuent de fonctionner). Il n'est pas dit qu'elles soient gérées à l'avenir vu l'ancienneté de ces cartes, le peu de monde qui les utilisent sous MorphOS, et les priorités de développement (pilotes R300 et supérieur). Il est cependant possible de remplacer la tinygl.library par la version présente dans MorphOS 2.7 pour avoir accès à la 3D via TinyGL avec ces cartes. En outre, il semble que TinyGL utilise par erreur du code AltiVec sur les machines n'en disposant pas, cela va donc planter sur les Efika 5200B et Pegasos G3. Là encore, le remplacement par l'ancienne tinygl.library permet de régler temporairement le problème, en attendant une solution officielle de la part des auteurs. Concernant la vitesse de la 3D, voici quelques tests sur Power Mac G4 (PowerPC G4 à 1,83 GHz, Radeon 9000) et Pegasos II (PowerPC G4 à 1 GHz, Radeon 9250) :
On remarque deux choses :
PFS 3 MorphOS 3.0 inclut un nouveau système de fichiers : PFS 3 (Professional File System 3). C'est un programme datant de 1999, conçu par Michiel Pelt. Il a été mis en ode source ouvert en avril 2011 et c'est Harry Sintonen qui s'est chargé du portage du système lui-même mais aussi de son outil de réparation, PFS Doctor. Son portage a été motivé car ce système de fichiers à la réputation d'être le plus rapide, bien que ses caractéristiques soient faibles : noms de fichiers de seulement 107 caractères (43 seulement par défaut), taille de partitions en dessous de 100 Go, répertoire ".deldir" (corbeille) invisible et pas simple à utiliser, PFS Doctor qui ne reconnaît pas les partitions au-dessus de la barre des 4 Go (!), etc. PFS Doctor
C'est clair, PFS 3 n'apporte pas de performance supplémentaire concernant les gros fichiers. Par contre, pour les répertoires avec de nombreux petits fichiers, l'accélération est considérable, il est même deux fois plus rapide pour une copie provenant du RAM Disk. Néanmoins, ces bonnes performances n'effacent pas le fait que, dans la réalité, PFS 3 n'est pas vraiment recommandé pour une utilisation quotidienne, ne serait-ce qu'à cause de la taille ridicule de ses noms de fichiers et l'absence de son répertoire ".deldir". Il peut néanmoins s'utiliser pour les partitions amorçables. VPDF Il s'agit d'un nouveau lecteur de documents PDF, basé sur des versions récentes de XPDF et de Poppler. L'ancien lecteur PDF de MorphOS, APDF, est cependant toujours présent. VPDF est plus rapide et lit mieux certains PDF que son aîné. Il gère l'impression des documents, que ce soit en PostScript ou non. Il dispose aussi d'une option qui devrait être présente par défaut dans tous les autres programmes de MorphOS : rouvrir les fichiers récemment ouverts. Par contre, il lui manque quelques petites options sympathiques : la possibilité de copier du texte, un mode plein écran et plus de raccourcis clavier. J'ai aussi noté une chose désagréable : on peut passer à la page suivante avec la barre d'espace, mais quand on entre un mot dans la cellule de recherche (en bas à droite), on ne peut plus réaliser cette opération. Le curseur est bloqué dans la cellule de recherche (ou dans la barre de sélection des pages si on appuie sur "Tab"). Transfer 2.0 La première version de ce client FTP, conçu par Pawel Stefanski, fut disponible à Noël 2010. C'était ainsi le premier logiciel du genre natif MorphOS. Il avait naturellement quelques défauts de jeunesse mais la plupart ont été résolus avec cette version 2.0 qui est désormais incluse dans le système. Parmi les nouveautés que j'ai remarqué, il y a la gestion des transferts sécurisés (SFTP), la possibilité d'ouvrir plusieurs connexions en simultané, la présence d'un journal des actions et l'ajout d'un indicateur du nombre de fichiers/répertoires sur les deux fenêtres local/distant. Transfer 2.0 Jalapeno Sous ce nom de piment mexicain se cache un tout nouveau logiciel de gravure CD/DVD spécialement conçu pour MorphOS. Son auteur, Jacek Piszcek a voulu le rendre facile d'utilisation, et je crois que c'est réussi. Il est placé dans le répertoire "Applications" mais il est aussi accessible via le menu contextuel, dans Ambient, sur tout répertoire ou fichier ISO. Il suffit alors de cliquer sur "Burn To Disc" et Jalapeno s'ouvre avec les répertoires/fichiers que vous avez sélectionnés. Jalapeno Flacapella Nous voici en présence d'un outil pour récupérer les pistes audio d'un CDDA. A première vue, cela fait doublon avec la possibilité intégrée de MorphOS de lire les pistes audio (qui sont transformer à la volée en Wave). Ici, le petit plus est que vos pistes audio seront nommées correctement (avec titre, auteur, album...). Ce programme intègre quand même une option un peu plus utile : l'encodage en FLAC (qui ne fonctionne que sur processeur avec AltiVec) ou un autre format. Pour ce dernier, Flacapella fait appel à d'autres programmes qui ne sont malheureusement pas présents dans MorphOS. Il faudra donc télécharger Lame ou autre (et entrer leur ligne de commande dans Flacapella) pour pouvoir encoder vos pistes audio en MP3. Mais le plus gros défaut est, je pense, qu'on ne peut pas encoder directement, il faut passer par l'étape de récupération (rip). Flacapella Jukebox est un lecteur de musique concocté par Antoine Dubourg. Il s'appuie sur Reggae pour gérer les formats audio (MPEG Audio, IFF, OGG Vorbis...). Il propose la lecture aléatoire, la gestion des listes d'écoute et peut s'insérer dans la barre de titre. C'est une application simple, et comme pour Jalapeno, cette simplicité est à double tranchant. D'un côté, le logiciel fait bien ce qu'il doit faire, mais de l'autre on reste un peu sur sa faim : pas de lecture de flux, pas de modules de musiques, pas de scopes, et impossible de se déplacer dans les morceaux dont Jukebox ne connaît pas la durée (j'en ai pas mal ici). On préfèrera donc garder nos bons vieux lecteurs de musiques à la place. Jukebox L'une des fonctions les plus longtemps attendues a fait son apparition : la prévisualisation des vidéos. Une image tirée de la vidéo s'affiche à la place de l'icône par défaut et la vidéo démarre dès que vous passez le curseur de la souris sur le fichier. Quasiment tous les formats de vidéos sont reconnus et cela fonctionne non seulement dans les fenêtres d'Ambient mais aussi dans les fenêtres de requête. A l'usage, c'est bien pratique. Une autre fonction utile a été intégrée : le choix par défaut du mode de vue. Avant, toutes les fenêtres Ambient s'ouvraient en mode "icônes", donc ceux qui préféraient le mode "listeur" devait changer à chaque fois le mode. Maintenant, un paramètre dans les préférences d'Ambient permet de choisir son mode vue préféré une fois pour toute, d'où un gain de temps. Enfin, des actions globales sont possibles quand vous sélectionnez plusieurs fichiers ou répertoires. On peut choisir pour le moment deux actions : créer une archive (Lha) et graver le contenu sur un disque. Vous pouvez ajouter vos propres actions via le menu de préférences d'Ambient. Prévisualisation des vidéos dans Ambient Le numéro de version a enfin changé, il passe à 4.2 (il était resté en 4.0 pendant des années). Ce cadre d'applications qui gère plusieurs aspects de l'interface de MorphOS a connu quelques changements. D'abord, le focus pour le gadget actif est désormais paramétrable dans "Buttons/Active Gadgets". Les gadgets fantômes peuvent être à présent mieux personnalisés, mais quelques bogues graphiques peuvent arriver. MUI présente également une option bien utile : pouvoir passer une application d'un écran à l'autre même s'il n'y a qu'un seul écran d'ouvert, le système en crée en automatiquement. Enfin, deux nouvelles classes arrivent : la Calltips.mcc (pour l'affichage de Calltips) et Scintilla.mcc (éditeur de texte), et une s'améliore : la PowerTerm.mcc (classe gérant les terminaux ; elle est plus rapide et gère 256 couleurs). Onglet "Buttons" de MUI 4.2
MorphOS 3.0 est une avancée majeure pour le système mais on ne peut s'empêcher de souligner quelques manques flagrants. Comme indiqué plus haut, la venue du PowerBook G4 aurait dû être propice à la gestion de quelques éléments indispensables de nos jours comme le Wi-Fi et la 3D. Il n'en est rien. L'utilisateur de PowerBook dispose donc d'une machine pas encore fonctionnelle à 100%. La connexion Wi-Fi (via une carte PCMCIA) est cependant possible rapidement puisque cela a été montré en public lors de l'Alchimie 111111. La connexion sans fil native du PowerBook (l'Airport) et la 3D pour Radeon R300 sont aussi prévues mais quand les aurons-nous ? D'autres outils, en développement depuis un certain temps, ne sont pas de la partie. Je pense notamment à Grunch (gestionnaire de paquets), Magic Beacon (outil de notifications) ainsi qu'à la nouvelle barre d'icône (qui doit gérer les sous-menus et la transparence). Enfin, pour un utilisateur qui découvrirait MorphOS, le manque d'un gestionnaire de courriels (genre YAM ou SimpleMail) et d'un lecteur de vidéos (MPlayer) se fait rapidement sentir. Petit bogues, petits manques Je terminerai ce tout d'horizon de MorphOS 3.0 par quelques petites lacunes ou bogues relevés ici et là :
Le 8 juillet 2012, pile-poil un mois après la sortie de MorphOS 3.0, la version 3.1 est arrivée... un peu avec surprise. L'équipe de développement avait annoncée qu'elle ne serait dédiée qu'aux corrections de bogues, et ils ont tenu promesse. Cette version 3.1 est présentée comme les précédentes, c'est-à-dire sous la forme d'un fichier ISO à graver (ou un fichier de démarrage pour les Efika 5200B). Elle est bien entendu gratuite. Alors, au programme, nous avons des corrections de bogues, 41 pour être précis. Ceux-ci sont listés sur la page www.morphos-team.net/releasenotes/3.1. Il y en a qui semblent anodins, mais d'autres sont importants, en voici un aperçu :
Cette version 3.0 est la plus riche en nouveautés depuis la 2.0, qui date de quatre ans. Elle présente une avancée majeure, la gestion d'une machine mobile, une baisse du prix, et pas mal de nouveaux outils plus ou moins intéressants. Personnellement, je trouve que les améliorations d'OWB, de la 3D et d'Ambient sont bien vues, tout comme l'arrivée de VPDF car APDF arrivait en bout de course. Par contre, le logiciel de gravure Jalapeno et le lecteur audio Jukebox arrivent avec un énorme retard : ce genre d'applications auraient dû être présentes dès le début ! Mieux vaut tard que jamais dirons certains... Il manque encore quelques fonctions absolument indispensables qui ne sont pas présentes par défaut comme un lecteur de vidéos (Ambient peut lire les vidéos en miniatures mais pas en plein écran...), un gestionnaire de courriel, la 3D pour des cartes plus récentes et la gestion du Wi-Fi. Comme nous l'avons vu, MorphOS 3.1 est une version spécialement dédiée à la correction de bogues, donc les prochaines grosses nouveautés ne seront pas à attendre avant la 3.2 (gestion de l'iBook G4 attendue !).
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