Obligement - L'Amiga au maximum

Samedi 24 mai 2025 - 13:09  

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Entrevue avec Perry Kivolowitz
(Entrevue réalisée par Trevor Dickinson et extraite d'Amiga Future - décembre 2015)


Note : traduction par David Brunet.

Qu'est-il arrivé à ASDG Inc. ? - Reprise

Voici un entretien avec le cofondateur d'ASDG, Perry Kivolowitz.

Lorsque j'ai assisté à la récente célébration du 30e anniversaire de l'Amiga au Computer History Museum en Californie, j'ai eu le plaisir et le privilège de rencontrer le cofondateur d'ASDG, Perry Kivolowitz, qui était un des présentateurs de l'événement. Si vous êtes un lecteur régulier de ma série Classic Reflection dans laquelle je passe en revue les contributions d'une personne ou d'une entreprise à la scène Amiga, vous savez probablement que dans le numéro 97 d'Amiga Future, j'ai écrit sur ce qui est arrivé à ASDG.

ASDG

J'étais occupé sur le stand d'A-EON Technology, mais grâce à l'aide de Val Marti, bêta-testeur d'AmigaOS 4 qui m'a remplacé pendant un court moment, j'ai pu écouter la présentation de Perry Kivolowitz dans laquelle il parlait de son histoire avec l'Amiga. Après quelques minutes, j'ai rapidement réalisé que j'aurais pu écrire la plus grande partie de son discours et que, à bien des égards, je l'avais déjà fait ! Il se trouve que j'avais une copie du texte de mon article sur ASDG sur mon ordinateur portable, donc après que Perry Kivolowitz ait terminé sa présentation, je l'ai abordé et lui ai suggéré que j'aurais pu être l'auteur de son discours.

C'est avec une certaine appréhension que je lui ai montré la première page de mon article sur ASDG. C'est la première fois que je montre un de mes articles à la personne sur laquelle j'ai écrit. Heureusement, je suis heureux de dire qu'il était à la fois surpris et satisfait de ce que j'avais rédigé. Il m'a même dit : "Je ne sais pas pourquoi j'ai pris la peine de préparer un discours, j'aurais pu simplement lire votre article !". Je lui ai fourni une copie du texte et lui ai promis de lui envoyer l'article complet avec des photos à mon retour en Nouvelle-Zélande. Il m'a promis à son tour de lire le texte et de corriger les erreurs qu'il aurait pu trouver. Il a également promis de me fournir une entrevue et des informations plus approfondies pour un article mis à jour sur ASDG. Donc, sans plus de ma part, voici les réponses éclairantes de Perry Kivolowitz à ma série de questions.

ASDG
Perry Kivolowitz

1. À propos de l'événement du 30e anniversaire de l'Amiga

Pour vous faciliter l'entretien, voici d'abord quelques questions sur l'événement du 30e anniversaire de l'Amiga.

- Pourquoi avez-vous décidé d'assister et de faire une présentation lors de cette manifestation sur le 30e anniversaire de l'Amiga en Californie ?

L'anniversaire est, bien sûr, un événement unique dans la vie. Je voulais vraiment y aller mais j'ai décidé de ne pas le faire parce que prendre l'avion est très difficile pour moi. Ma femme, Sara, n'était pas de cet avis. Elle m'a dit : "Nous y allons". Alors nous y sommes allés et je me suis bien amusé.

- Pour vous, quels ont été les moments forts de l'événement ?

Les deux moments forts ont été de retrouver de vieux amis et de rencontrer des utilisateurs (qui se souvenaient de moi et de mes produits).

- Avez-vous été surpris de constater une communauté Amiga active et prospère (bien que fortement diminuée) ou avez-vous suivi les tribulations de la scène Amiga après vos jours chez ASDG ?

De temps en temps je me rends sur les forums d'Amiga.org pour me faire une idée de la situation, même si je viens de réessayer et que le site semble avoir quelques problèmes. J'ai aussi lu des articles sur les différentes nouvelles technologies des systèmes Amiga. Je me dis toujours que j'en aurai un, mais ensuite je regarde le stock d'ordinateurs que j'ai déjà et je me demande où je pourrais le mettre. Cela ne me surprend pas du tout qu'il existe encore une communauté dynamique (bien que petite, bien sûr). D'une certaine manière, à l'instar de son multitâche économe, l'Amiga est toujours supérieur aux ordinateurs et aux systèmes d'exploitation modernes. En fin de compte, l'Amiga était tellement en avance sur son temps qu'il est encore possible de s'amuser avec lui. Bien sûr, il a de nombreux adeptes !

- Quelles ont été vos premières impressions lorsque vous avez lu le texte de mon article sur ASDG ? Soyez honnête, je peux le supporter ! ;-)

Dans l'ensemble, il était plutôt bon. Et effrayant. Bon et effrayant. En fait, c'était assez bien fait.

ASDG
Perry Kivolowitz et Trevor Dickinson au rassemblement Amiga30 de Californie en 2015

2. A propos d'ASDG - les premières années

Et maintenant quelques questions sur les années de création d'ASDG.

- ASDG a-t-il vraiment commencé sa vie dans un garage ou est-ce juste un autre mythe de l'industrie informatique ?

ASDG a commencé sa vie au 925 Stewart Street (en bas - deuxième bâtiment à droite à l'arrière).

ASDG
Les bureaux d'ASDG à Madison, Wisconsin

Notre moitié du bâtiment faisait 1600 pieds carrés (148 m2). Puis nous avons repris l'autre moitié et enfin un autre bâtiment entier atteignant 6400 pieds carrés (595 m2) au moment où Avid Technology a racheté Elastic Reality. Dan Keshian, qui est devenu plus tard le président d'Avid, est entré dans notre bâtiment, s'est arrêté immédiatement, a regardé autour de lui et a dit "Oh mon Dieu. C'est un vrai garage. J'ai entendu parler de la création d'entreprises dans un garage, mais c'était vraiment un garage. Au fil des ans, nous avons réhabilité l'espace en y ajoutant de l'isolation, de la moquette et des bureaux. Mais notre toute première adresse était 280 River Road à Piscataway NJ, comme le montre la photo ci-dessous :

ASDG
Les premiers bureaux d'ASDG à Piscataway, New Jersey

J'avais un appartement avec une chambre dans le jardin de ce complexe. Eric Lavitsky (mentionné ailleurs ici) vivait juste en bas de la rue.

- Il est évident que vous aviez une solide expérience en matière de logiciels, ayant écrit l'un des premiers programmes d'enregistrement de clés sous Unix. Pourquoi avez-vous créé ASDG en tant que société de développement informatique spécialisée dans la fabrication de matériel et de logiciels de traitement et de contrôle de laboratoire ?

En tant qu'étudiant de premier cycle, mon travail consistait à écrire tous les logiciels d'acquisition de données en temps réel et de contrôle des expériences pour un laboratoire de neurobiologie. Je l'ai réalisé sur deux modèles de la gamme de mini-ordinateurs de Digital Equipment Corporation. Le PDP 11/34 et le LSI 11/03. Le contrôle du matériel en temps réel est extrêmement amusant et satisfaisant. Écrire ce genre de pilotes qui permettent aux ordinateurs de changer le monde physique est une véritable merveille. Cet intérêt, d'ailleurs, m'a permis d'écrire tous les pilotes de bas niveau pour les produits matériels d'ASDG tels que la Dual Serial Board et l'EB920.

Ensuite l'Amiga débarque. Couleur. Son. Vraiment multitâche. Il était parfait pour l'acquisition de données et le contrôle de processus. Cependant, nous avons déterminé que nous ne pouvions pas nous lancer dans ce domaine, car la construction de produits de niche pour un marché de niche sur une toute nouvelle plate-forme informatique nous semblait une ascension impossible. C'est pourquoi nous avons commencé à faire des cartes mémoire, un produit de base dont tout le monde avait besoin. Le développement sur Amiga sans mémoire supplémentaire a été très pénible. Les premières versions des assembleurs, compilateurs et éditeurs de liens étaient très lentes et avec une mémoire si limitée que l'on aurait pu faire littéralement du gardiennage d'enfant juste pour attendre la compilation d'un programme d'échange de disquette. Même sans avoir à changer de disquette, la compilation d'un programme pouvait prendre une heure ou plus de recherche.

J'ai rencontré Roman Ormandy pour la première fois très tôt. Il me montrait les premiers résultats de Caligari. Il m'a fait part du temps qu'il lui a fallu pour compiler et de son souhait d'avoir plus de mémoire, mais il n'en avait pas les moyens. Je lui ai donné des cartes mémoire et un rack d'extension et lui ai dit de me payer quand il le pourrait. C'est le lien que nous, les développeurs, avons partagé.

Lors de la deuxième conférence des développeurs Amiga (celle de Monterey), j'ai présenté des boutons montrant une fenêtre CLI avec la commande "copy df0: to ram: all", ce qui n'était bien sûr pas possible sur un Amiga non modifié. Eric Lavitsky en a toujours un. Ce n'est que récemment que j'ai pris conscience de l'importance de nos cartes mémoire et des logiciels que j'ai écrits dessus pour le développement sur Amiga. Tout d'abord, le matériel lui-même permettant de charger le contenu d'un disque dans la mémoire vive. Deuxièmement, Facc II, l'accélérateur de disquettes était un programme beau et élégant qui créait un cache mémoire dynamiquement redimensionnable pour les disquettes, ce qui donnait des performances étonnantes mais ne contenait que ce que vous utilisiez, pas toute la disquette. Et enfin, le RAM Disk récupérable, dont beaucoup (des centaines) de personnes m'ont dit qu'il avait sauvé leur santé mentale et accéléré leur travail. J'ai récemment lu une critique de Facc II dans Amazing Computer ou Amiga World et j'ai été vraiment surpris de voir à quel point c'était génial.

- À l'origine, vous avez créé ASDG avec Dan Esenther et une autre personne. Qui était la troisième personne et a-t-elle travaillé ou contribué activement à l'entreprise ?

Il est vrai qu'il y avait un partenaire supplémentaire dans la création d'ASDG. Il s'agissait d'un concepteur de matériel informatique. Dan Esenther et moi avions conservé notre emploi principal pendant que cette personne travaillait à plein temps sur ASDG, en concevant les premières cartes mémoire. Nous n'avions aucun revenu car les ventes n'avaient pas encore commencé. Je payais le salaire complet de cette personne avec mes propres économies et mon salaire (je travaillais dans le New Jersey). Je me suis ensuite marié et à mon retour de lune de miel, j'ai reçu un appel de Dan me disant : "Tu ferais mieux de venir ici. Untel essaie de te mettre à la porte de l'entreprise". J'ai eu assez de temps dans le New Jersey pour refaire ma valise et dire au revoir à ma nouvelle épouse avant de m'envoler pour le Wisconsin afin de me défendre. Pensez-y : la seule personne à recevoir un salaire (qui correspondait d'ailleurs à son emploi précédent) et à être payée personnellement par moi voulait que je quitte l'entreprise. Cette personne n'a pas continué à travailler dans l'entreprise.

- En tant que cofondateur du "Jersey Amiga User Group" (JAUG) avec Eric Lavitsky, vous êtes crédité d'avoir formé le deuxième groupe d'utilisateurs Amiga au monde, manquant de quelques jours le "First Amiga User Group" à Palo Alto, Californie. Pourquoi avez-vous décidé de former ce groupe d'utilisateurs et avez-vous des histoires particulières sur les débuts de la scène Amiga ?

Pourquoi créer un groupe d'utilisateurs ? Parce que l'Amiga était nouveau. Parce que nous (Eric et moi) l'aimions. Avec la nouveauté et la passion, il était naturel de vouloir faire participer les autres.

- Vous êtes également étroitement associé aux compilations de logiciels Amiga, Fred Fish. Comment avez-vous connu le regretté Fred Fish et expliqué l'évolution du nom "Fish Disk" ?

Un élément majeur de chaque réunion du JAUG était de passer en revue chacune des applications trouvées sur la dernière disquette envoyée par Fred Fish à moi-même ou à Eric. Nous avons agi comme une sorte de Pony Express. Nous recevions la disquette, j'achetais des caisses de disquettes, Eric et moi (et des volontaires) les reproduisions. Nous les avons vendues lors des réunions du JAUG, en arrondissant le prix de la disquette elle-même pour couvrir les coûts.

Écoutez, appeler les disquettes "Fish Disks" n'est pas très grave, mais quelqu'un les a d'abord appelées ainsi. Ce quelqu'un, c'était moi. Avant cela, Fred Fish appelait ses travaux la (Fred Fish) "Freely Distributable Software Collection". Le nom de Fish Disks est resté particulièrement accrocheur quand, une fois, ma langue a fourché et que je les ai appelés "Fish Dicks".

Lors de conventions et de salons, nous nous retrouvions avec Fred Fish. Loin de l'agitation, nous pouvions être deux intellos partageant un repas ou une boisson tranquillement. Une fois, je lui ai dit combien je lui étais reconnaissant d'avoir choisi de passer du temps avec moi, car il était une telle célébrité. Il m'a regardé d'un drôle d'air et m'a dit qu'il était reconnaissant de passer du temps avec moi, car j'étais une telle célébrité. J'aimais cet homme. C'était mon ami.

- Comme la plupart des jeunes entreprises, ASDG a dû lutter pour ses revenus et ses ventes au cours de ses premières années d'existence. Il a été rapporté que trois ans après la création d'ASDG, vous et votre associé Dan Esenther aviez toujours des emplois principaux et n'aviez pas retiré de salaire ou de paiement de l'entreprise. De plus, bien que vous ayez eu quelques employés à temps plein dans le Wisconsin, vous viviez toujours dans le New Jersey. Tout cela est-il vrai et quelle est cette histoire avec le canapé de Dan ?

Tout cela est vrai, bien que je ne sois pas sûr qu'il s'agisse de trois années sans salaire ou quelque chose comme ça. Comme je le dis ci-dessous, les redevances de dix dollars pour le RAM Disk récupérable ont permis de nous nourrir, mon ex-femme et moi. Un triste fait sur cette période est que pendant un an ou plus, je n'ai pas parlé à mon père. J'avais trop de mal à écouter son refrain continu : "Quand vas-tu trouver un vrai travail ?". Je croyais en ce que nous faisions et je ne voyais pas comment nous pourrions démissionner, et pourtant, je ne pouvais pas apaiser l'inquiétude de mon père.

ASDG avait un petit nombre d'employés à plein temps qui fabriquaient des cartes et des supports mémoire pendant que je restais à l'adresse du 280 River Road dans le New Jersey. J'ai eu un emploi plutôt sympathique en tant que consultant chez AT&T, qui me payait très bien (en prenant en charge les salaires et les dépenses d'ASDG). Imaginez la Bataille d'Angleterre où les pilotes de la RAF dormaient dans leur combinaison de vol en attendant "l'appel". C'était mon travail chez AT&T. Les gens de leur service de vente vendaient des systèmes logiciels qui, en fait, n'existaient pas. Lorsqu'un client voulait voir une démonstration, nous recevions un appel. En quelques journées de 24 heures, nous créions un prototype crédible pour la démonstration. Ainsi, entre les sessions de codage marathon, j'avais beaucoup de temps.

Lorsque notre troisième partenaire a tenté de me virer de l'entreprise (en remerciement, je suppose, d'avoir payé tout son salaire de ma propre poche) alors que j'étais en lune de miel, j'ai atterri dans le Wisconsin sans autre endroit où vivre que le canapé de Dan. Je suis resté sous son toit jusqu'à ce que mon ex-femme me rejoigne six mois plus tard.

- Vous avez également créé le tout premier "RAM Disk récupérable" pour Amiga afin de sécuriser les ventes de votre entreprise de cartes mémoire Amiga. Était-ce le tout premier produit Amiga de ce type et les revenus qu'il a générés ont-ils vraiment aidé à maintenir ASDG à flot pendant les premières années de vaches maigres ?

Mon RAM Disk récupérable (VD0) est le premier disque de mémoire vive documenté qui survivait aux redémarrages de n'importe quel ordinateur, et pas seulement de l'Amiga. Au départ, il était lié à la présence de cartes mémoire ASDG. Avant la sortie de la Fish Disk 58, j'ai supprimé l'exigence de cartes mémoire ASDG et l'ai mis sur le marché en tant que partagiciel pour la somme de dix dollars. Je ne me souviens pas de la date, mais soit je travaillais toujours sans salaire chez ASDG, soit j'avais récemment commencé à gagner six dollars de l'heure. J'ai demandé à Dan Esenther s'il était d'accord pour que je garde les recettes des redevances partagiciels. Heureusement, il était d'accord avec cela. Ces chèques de dix dollars faisaient sérieusement la différence pour ce qui est d'acheter de quoi manger. Donc, non, les redevances n'ont pas permis à ASDG de se maintenir à flot. Ils ont aidé à faire les courses et payer le chauffage pour ma famille.

3. A propos d'ASDG - les années de gloire

- On raconte qu'une rencontre fortuite dans un taxi avec un cadre de Sharp lors de votre visite à COMDEX en mai 1988 a totalement changé la donne pour ASDG. Est-ce vraiment le cas et qu'est-ce qui a fait la particularité de cette rencontre qui allait placer l'Amiga devant le Macintosh à la pointe de la PAO ?

C'est tout à fait vrai, nous avons commencé ASDG avec l'intention de créer des instruments de contrôle de laboratoire et d'acquisition de données. Mais il n'y avait pas de marché pour cela au début de l'Amiga. À la place, nous avons fabriqué des produits de base tels que des cartes mémoire. Lorsque nous avons eu suffisamment de liquidités, nous sommes revenus à notre idée de départ. Nous avons développé Twin-X, un adaptateur Amiga pour un format de module matériel Intel. Le premier module avec lequel nous avons bidouillé était un IEEE-488 (General Purpose Interface Bus ou GPIB), car il était conçu pour s'interfacer avec les équipements de laboratoire. Pensez-y comme un tout premier bus SCSI.

ASDG
Le module GPIB

Je suis allé à un salon (de l'électronique grand public ?) à Atlanta pour montrer la carte aux dirigeants de Commodore et leur demander leur soutien pour que l'Amiga prenne pied sur un marché entièrement nouveau (comment ont-ils pu refuser ? Bien sûr qu'ils l'ont fait). Je suis arrivé le soir du premier jour du salon en sachant qu'il serait inutile d'essayer de parler à Commodore le premier jour. En quittant l'hôtel le matin du deuxième jour du salon, je pensais prendre le bus du salon (une navette entre les hôtels et la salle d'exposition). Pas de navette. J'ai attendu. Il pleuvait. Il y avait des taxis à proximité. Dois-je en prendre un ? Non, je vais attendre. Pas de navette. J'attends encore. Il pleuvait. Il y avait des taxis tout près. Dois-je en prendre un ? Non, j'attends. Pas de navette. On s'en fout ! Je vais prendre un taxi. Je monte dans le taxi et je commence à fermer la porte. Un bras bien habillé a bloqué la porte. Une tête distinguée se penche et dit : "Hé, vous allez au salon ? Puis-je partager votre taxi ?" Cette partie de l'histoire, je ne la raconte pas souvent.

J'avais la vingtaine, à la tête de ma propre entreprise. Dans les salons comme le CES, il y avait des océans de personnes en costume d'âge moyen qui se bousculaient, sans jamais savoir ce que c'était que d'être le maître de son propre navire. Je me sentais supérieur à ce moment-là. Ayant la grosse tête et étant coupable du péché d'orgueil, j'ai décidé de permettre à cette personne en costume de partager mon taxi. Ayant pitié de lui, j'ai décidé d'entamer une conversation. "Comment s'est passé le premier jour du salon pour vous ?". Je m'attendais à une réponse du genre "Très bien. Nous avions beaucoup d'affluence". Au lieu de cela, l'homme m'a dit : "C'était horrible. J'ai dû donner 18 entrevues à la presse." L'homme était Bill Rogers, directeur général de la nouvelle division d'imagerie couleur de Sharp Electronics. Il était présent au salon pour présenter le premier scanner couleur pouvant tenir sur un bureau, le JX-300, si je me souviens bien. Je lui ai demandé comment il communiquait à l'ordinateur hôte. Il m'a répondu : "Je doute que vous en ayez jamais entendu parler, il s'appelle GPIB". J'ai pris ma malette et j'ai extrait Twin-X. "Il se trouve que j'ai ici une carte d'interface GPIB pour le Commodore Amiga". "Amiga ?" répondit-il. "J'ai travaillé pour Commodore. Jack Tramiel m'a viré à travers une porte de toilettes." On s'est vraiment bien entendu dans le taxi et on a pris rendez-vous pour discuter plus tard au stand de Sharp.

Il n'y avait que trois JX-300 dans le pays. Il a accepté de m'en prêter un pendant trente jours. De retour à Madison, Aaron Avery et moi avons écrit une suite de contrôle de scanner comprenant le pilote GPIB pour contrôler le JX-300. Aaron Avery est l'un des grands héros méconnus d'ASDG. Trente jours plus tard, des ingénieurs de Sharp sont venus chercher le JX-300. Ils ont jeté un coup d'oeil à notre travail et ont été stupéfaits. Il était à des années-lumière de la version PC (aucune version Mac n'existait du tout - pourquoi s'embêter avec un ordinateur en noir et blanc). Ils ont quitté Madison sans le JX-300, et nous ont demandé de terminer notre travail. Nous étions à la pointe de la révolution de la Publication Assistée par Ordinateur. Pour preuve, je cite le travail que nous avons fait avec Gold Disk qui permettait d'insérer automatiquement des séparations couleurs en PostScript. C'était bien avant qu'Adobe n'introduise l'OPI (Open Prepress Interface) pour accomplir la même chose. De nombreuses autres premières abondent dans le domaine de la PAO.

- Qu'est-ce qui a conduit au développement d'Art Department Professional et pourquoi pensez-vous qu'il soit devenu l'une des applications "qui tue" de l'Amiga ?

Notre solution de numérisation/PAO a donné naissance à TAD (The Art Department). C'était essentiellement le même programme mais orienté vers le traitement général des images. De TAD est venu ADPro, principalement avec l'introduction d'une interface ARexx. ADPro est devenu un axe principal de développement futur jusqu'à la fin de l'entreprise.

- J'ai souvent entendu des gens comparer et opposer ADPro à Photoshop. Que pensez-vous de cette discussion ?

Quelle comparaison idiote ! Après avoir considéré que les deux programmes fonctionnent avec des images, les similitudes s'arrêtent là. Si nous considérons Photoshop comme un processeur d'images pour une seule image, ADPro était un processeur pour des milliers d'images. Ces programmes ont été conçus pour résoudre des problèmes complètement différents. Bien sûr, l'interface utilisateur d'ADPro ressemblait plus à une usine à gaz qu'à une toile de maître. La raison en est qu'ADPro était en fait une usine à gaz et n'a jamais été conçu pour être autre chose.

Vous pouvez trouver la discussion suivante (que je paraphrase) dans les archives Usenet bien après la disparition de Commodore :
  • Personne A : "ADPro est nul comparé à Photoshop. Dans Photoshop, je peux dessiner au pixel près !
  • Personne B : "Oui ? Je viens de recevoir un appel d'ADPro qui me dit qu'il a fini de faire un rendu de cinq minutes de vidéo. Voyons comment Photoshop fait cela.
Voilà qui résume bien la situation. La personne B a exécuté un script ARexx demandant à ADPro de traiter des milliers d'images. ADPro a fait part de son résultat au script ARexx qui, à son tour, a téléphoné à la personne B et lui a communiqué les résultats en utilisant l'outil de synthèse vocale de l'Amiga. S'il y avait eu une erreur, un décodeur DTMF aurait pu prendre les réponses aux questions de la personne B pour continuer le travail. Comme je l'ai dit, ce qui précède résume la différence entre ADPro et Photoshop et témoigne du génie de l'Amiga.

- J'ai également lu qu'ADPro a été la clé de la révolution de la vidéo domestique et du multimédia. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Il serait très difficile de dire qu'ADPro a été "la" clé de la révolution de la vidéo et du multimédia mais on peut facilement affirmer qu'ADPro a été "une" clé de ces révolutions, ainsi que de la publication assistée par ordinateur. Au début de la PAO, nous avons proposé ce qui était probablement la première suite pour le premier scanner couleur de bureau. C'est assez fondamental. Ensuite, bien avant qu'Adobe n'annonce l'Open Prepress Interface, Kailash Ambwani et moi avons conclu un accord selon lequel Gold Disk intégrerait des commentaires PostScript dans sa production. Nous avons écrit un programme qui lisait les fichiers PostScript de Gold Disk, recherchait le commentaire spécial et le remplaçait par les données de séparation des couleurs du PostScript. C'était une première. Du traitement d'une seule image pour la publication assistée par ordinateur, il n'y avait qu'un pas à franchir pour traiter des centaines ou des milliers d'images sans rapport entre elles. Ce fut la clé de la naissance du "multimédia".

En effet, on peut affirmer que le multimédia a vraiment atteint sa maturité avec la publication de la première Encyclopaedia Britannica. Chaque image qu'elle contient a été traitée par ADPro. Le traitement de milliers d'images sans rapport les unes avec les autres n'a pas été long, mais il a permis de traiter des milliers d'images liées. Ce fut la clé de la révolution de la vidéo domestique.

ADPro a fourni le mécanisme clé pour obtenir le rendu vidéo de l'Amiga et l'intégrer dans le flux de la diffusion TV (et du film). Ce seul fait suffit à confirmer qu'ADPro a joué un rôle clé dans la révolution vidéo et a fait bien plus encore.

En ce qui concerne l'établissement d'un lien entre la sortie de l'Amiga et la diffusion de vidéo (et même de film), permettez-moi de fournir plus d'informations. Le Toaster et les produits similaires pouvaient bien sûr se synchroniser avec la vidéo et être enregistrés directement. Mais cela se limitait aux effets en temps réel que de tels produits pouvaient produire. Il n'y avait aucun moyen d'enregistrer des images haute résolution rendues auparavant, car il n'y avait aucun moyen de lire des vidéos sans perte en temps réel. Paul Bryant de Foundation Imaging explique l'un de nos rôles dans la mise à l'antenne de Babylon 5 sur www.b5scrolls.com/#Screen1_02_9. Un grand ingénieur du nom d'Aaron Avery a écrit un pilote pour le lecteur de bande Exabyte utilisé comme périphérique de sauvegarde pour l'enregistreur de disque numérique Abekas. Nous avons incorporé ce pilote ainsi que l'encodage numérique de vidéo dans un module de sauvegarde d'ADPro. ADPro a écrit des milliers d'images sur une bande Exabyte à la vitesse du lecteur de bande que l'Abekas a ensuite interprété comme une de ses propres sauvegardes. La restauration de la "sauvegarde" sur les Abekas a permis de la lire sans compression en temps réel. En rapport avec ce pilote, nous avons sauvé SeaQuest DSV de l'annulation avant même qu'il ne soit diffusé. Voir plus bas.

Pour exporter le produit de travail Amiga dans le flux de travail du film, nous avons développé des pilotes pour un certain nombre d'enregistreurs.

- Pourquoi avez-vous changé le nom de la carte réseau Ethernet "LanRover" en "EB920" ?

Un fabricant de produits réseau pour PC nous a fait part d'une mise en demeure à propos du nom LanRover. Après enquête, les deux parties ont convenu que nous avions le nom en premier. Ils nous ont acheté le nom plutôt que de devoir "se désister" eux-mêmes. Du jour au lendemain, notre LanRover est devenue la EB920 pour "Ethernet Board" à partir de 1992, modèle 0. Nous étions reconnaissants qu'ils nous aient contactés.

- Qu'est-ce que le logiciel FRED avait de si spécial ? A-t-il conduit à la création de MorphPlus, le lot d'effets spéciaux, de morphose et d'animation ?

FRED, ou Frame Editor, était un éditeur vidéo non linéaire minimaliste au niveau de son interface utilisateur mais entièrement programmable avec ADPro et ARexx. On pouvait spécifier des scripts à réaliser avant une sorte de transition du clip 1 au clip 2 ou pour gérer la transition du clip 1 au clip 2. Enfin, on pourrait spécifier des scripts à exécuter après la transition. Dans le sens le plus élémentaire du terme, cela permettait d'obtenir la fonctionnalité d'un montage non linéaire flexible. FRED a été lancé en même temps que MorphPlus.

- La cassette VHS de démonstratoion de MorphPlus, "MorphPlus The Power Of Positive Thinking", sortie en octobre 1992, est à votre crédit. Quels logiciels et matériels avez-vous utilisés pour créer cette vidéo étonnante ?

J'adore ce film. Grâce au pouvoir de la pensée positive, un billet d'un dollar se transforme en un billet de cinquante dollars. Tous les effets ont été réalisés dans MorphPlus avec la combinaison de clips réalisés par FRED. FRED a ensuite transféré le film terminé sur un disque laser enregistrable - cette boîte a coûté environ 50 000 dollars ! Le disque laser a été inséré dans un flux vidéo traditionnel pour le son et les titres.

Au fait, c'est moi qui interprète les personnages de Washington et de Grant. Il y a un détail technique au niveau de la morphose que les autres logiciels ne peuvent généralement pas accomplir. Regardez l'oreille de Grant : elle se glisse sous la perruque de Washington. C'est ce que nous appelons le pliage. Les autres technologies de morphose ne peuvent pas faire de pliage. Nous l'avons adopté.

- Quand avez-vous réalisé que MorphPlus allait changer la donne pour les effets spéciaux vidéo ?

Cela a pris un certain temps. Lorsque je suis entré en contact avec des utilisateurs très en vue qui créaient des effets pour la diffusion TV, ils m'ont dit ce qu'ils faisaient. Je leur demandais : "Et ça a marché ?" et j'étais incroyablement soulagé lorsque la réponse était : "Oui !".

La première utilisation de MorphPlus pour la diffusion a été l'épisode pilote de Babylon 5. L'intrigue du pilote s'articulait autour d'un assassin changeant de forme. Paul Bryant de Foundation Imaging raconte en détail comment cela s'est produit sur le site de B5 Scrolls. J'ai créé l'effet à l'antenne chez moi sur un A3000 (je crois).

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Anecdote obscure : c'est le véritable test de preuve de faisabilité que nous avons fait pour Foundation Imaging avant qu'elle n'obtienne le feu vert pour aller de l'avant. Ce que vous y voyez a conduit à la scène climatique du pilote de Babylon 5. Je savais vraiment que nous tenions quelque chose quand Peter Moyer du groupe The Post a choisi notre logiciel pour Quantum Leap plutôt que des logiciels établis de SIG.

Je crois que la première diffusion de la version Silicon Graphics d'Elastic Reality peut être vue sur youtu.be/AD5R7dJM4eU?t=53. Cette publicité a été réalisée par Eric Durst avec les effets réalisés par Teresa Ellis. Teresa possédait le numéro de série "ONE" d'Elastic Reality. Les gens de VisionArt étaient partout dans Deep Space Nine. Le lien précédent contient de nombreuses utilisations des premières diffusions de MorphPlus et d'Elastic Reality. Sans Foundation Imaging, The Post Group et VisionArt, nous ne serions pas devenus ce que nous sommes devenus. Ces gens étaient nos principaux alliés au début.

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Ensuite, Elastic Reality a commencé à être utilisé dans les films : In The Line Of Fire (1993) a été le premier. Puis Wolf (1994), puis Forrest Gump (également 1994) et bien d'autres encore.

- La plupart des amigaïstes connaissent un peu la contribution de l'Amiga à Babylon 5, mais pouvez-vous nous en dire plus sur la création des effets spéciaux pour l'épisode pilote qui a remporté un Emmy ?

Pour cela, veuillez consulter l'entrevue de Paul Bryant sur B5 Scrolls. ASDG a eu un impact majeur sur Babylon 5 dans la mesure où nous (moi en fait) avons non seulement exécuté l'effet de signature mais aussi ASDG a fourni le chaînon manquant pour intégrer la vidéo numérique dans le flux de la diffusion professionnelle. Voir la suite.

- Quelle est l'innovation peu connue qui a permis à SeaQuest DSV de passer à l'antenne ?

Comme vous le savez, une grande partie de l'infographie de SeaQuest s'est déroulée sous l'eau. Le concept typique de "sous-marin" signifie des bleus et des bleus-verts profonds. Eh bien, la vidéo NTSC (etc.) n'a pratiquement pas de spectre disponible pour le bleu. Foundation Imaging avait toujours visionné ses travaux sur des moniteurs RGB et ce n'est qu'une fois les plans montrés aux responsables du réseau qu'ils ont été affichés sur des moniteurs NTSC. Il y avait des bandes et des taches bleues géantes. Horrible.

La réponse fur : "Réglez cela ou vous êtes décommandé". Paul Bryant m'appelle et me décrit le problème. J'ai tout de suite reconnu qu'il était possible de le résoudre en utilisant la technique du tramage, le même procédé utilisé pour transformer les images 24 bits en 256 couleurs pour le GIF, par exemple. J'ai décrit cela à Aaron Avery et il a compris comment utiliser le tramage dans le RGB vers l'encodeur vidéo. SeaQuest était sauvé ! Je ne suis pas expert en histoire de la vidéo, mais notre solution était peut-être une autre première.

- Suite à l'annonce de la faillite de Commodore, vous avez pu très rapidement réorganiser l'activité d'ASDG. Avez-vous planifié ou anticipé la disparition de Commodore ?

La disparition de Commodore était évidente. J'ai dirigé la société dans sa diversification bien avant la faillite de Commodore. Malgré cela, au moment où Commodore a annoncé sa faillite, notre entreprise était toujours divisée à parts égales entre les produits Amiga et non-Amiga. Du jour au lendemain, la moitié de notre activité a disparu. Aussi dévastateur que cela ait été, d'autres entreprises ont été touchées bien plus durement. L'échec de Commodore a conduit à la vente d'Elastic Reality à Avid Technology. Alors que nous sortions en fait assez bien du marché Commodore, l'offre d'Avid était "trop bonne pour être refusée".

En parlant de diversification, voici une histoire qui n'est probablement pas bien connue dans les cercles Amiga. Aux environs de 1995, Microsoft nous a contactés, ils étaient à la recherche d'une démo géniale pour leur première participation à un grand salon de la vidéo. Je leur ai présenté l'idée d'une ferme "massive" de rendu distribuée de machines sous Windows 95 alimentant une machine centrale qui affichait le film résultant. Nos ingénieurs, dirigés par Bruce Dawson et Joe Porkka, ont mis au point une version modifiée d'Elastic Reality pour Windows en un temps étonnamment court. Microsoft a construit un stand pouvant accueillir des dizaines de machines. Bill Gates a fait lui-même la démo. En appuyant sur "go", tous les moniteurs s'illuminaient avec des images de toute la longueur du clip. Puis, vlan, l'ordinateur maître a commencé à afficher les résultats. Aussi incroyable que cela ait été, à la fin nous n'avons rien obtenu pour cela de la part de Microsoft, hormis un souvenir.

- En dehors de votre participation aux premières diffusions de Babylon 5 et de SeaQuest DSV, quelles autres émissions ou films ont utilisé votre logiciel et l'Amiga pour les effets spéciaux ?

Peter Moyer, aujourd'hui partenaire de SilhouetteFX, mais alors au Post Group, a fait de la morphose un élément de base de Quantum Leap. En fait, nous avons engagé Dean Stockwell pour promouvoir l'introduction d'Elastic Reality au salon NAB, où nous l'avons présenté en première. Ensuite, Elastic Reality a commencé à être utilisée dans les films : In The Line Of Fire, Wolf, Forrest Gump, etc.

- Pourquoi avez-vous changé le nom d'ASDG en Elastic Reality ?

Il est incorrect de lier notre changement de nom à notre acquisition par Avid. Le changement de nom a eu lieu bien avant cela. Elastic Reality a été un succès foudroyant. Les professionnels du marché nous appelaient déjà Elastic Reality. Le client a toujours raison. En outre, c'est un nom génial, n'est-ce pas ? Je suis arrivé à l'époque avec un tas de grandes marques. Certaines, comme ADPro, étaient utilitaires, mais d'autres étaient magiques.

- En 1996, vous avez reçu un "Academy Award For Scientific And Technical Achievement" pour la conception du logiciel de distortion et de morphose Elastic Reality. Ce logiciel était-il le descendant direct d'ADPro et de MorphPlus ?

MorphPlus a été la première incarnation d'un précurseur du travail qui a valu à l'entreprise l'Academy Award For Scientific And Technical Achievement. Elastic Reality incarnait les perfectionnements qui ont mérité ce prix. Garth Dickie a fait les calculs en tenant compte de mes idées. La technologie d'Elastic Reality, le noyau de morphose, ne m'a jamais vraiment satisfait, d'ailleurs. J'ai passé plus de dix ans à réfléchir à la façon de mieux faire les choses. Ce travail se retrouve maintenant dans Silhouette. Cette application est mortelle.

4. La vie après ASDG

Nous, les amigïstes, nous nous concentrons naturellement sur vos années Amiga, mais vous avez eu une carrière réussie et variée après ASDG.

- Dans mon article original sur ASDG, j'ai écrit que vous avez quitté ASDG un an après Dan Esenther. Est-ce exact ?

Non, c'est faux. Je suis parti un an avant Dan. Et c'est Avid qui nous a quittés. Pas ASDG. Mon séjour à Avid n'a pas été agréable. Voir la question sur ce que je ferais différemment si j'en avais l'occasion. Voici une photo que j'ai prise le jour où j'ai quitté Avid.

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Le jour du départ de Perry Kivolowitz d'AVID

Sur la photo ci-dessus, vous pouvez voir à côté de moi Curtis Huffman (assistance technique), Paul Miller (directeur de tous nos produits SGI), Dan Esenther (partenaire et cofondateur), Brian Paul (créateur du système Mesa 3D) et Jeff Almasol (responsable de l'assistance technique, de la documentation et de notre infrastructure Web).

Vous pouvez voir le bord droit d'une peinture murale en arrière-plan. Le bord gauche a été détruit dans un incendie. Le feu a détruit beaucoup d'artefacts et a été, d'une certaine manière, un signal pour moi qu'il était temps de passer à autre chose.

- Vous avez une longue et fructueuse collaboration avec l'université du Wisconsin-Maddison. Pouvez-vous nous parler de votre carrière universitaire ?

J'adore enseigner. J'ai été engagé en 1996 comme professeur adjoint pour mettre au point un cours d'infographie. Parmi ces premiers étudiants figurait Nick Rasmussen, un autre lauréat de l'Academy Award For Scientific And Technical Achievement. Je suis parti pendant un certain temps pour faire un "point com" étonnamment raté, puis je suis retourné à l'université Wisconsin-Madison. Au printemps 2015, j'ai remporté le prix d'excellence en enseignement décerné par les étudiants et l'ai emmené avec moi au Carthage College, où je suis maintenant professeur d'informatique dans cette minuscule école d'arts libéraux de Kenosha, au bord du lac Michigan.

- Je crois avoir lu quelque part que vous apportez un témoignage d'expert sur la détection de l'altération ou de la falsification des images numériques (fixes et vidéo). Cela me semble fascinant. Est-ce vrai et pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Il est vrai que j'ai agi en tant que témoin expert pour les procureurs fédéraux et d'État à plusieurs reprises. Dans le domaine du droit dans lequel je travaillais, il était important de savoir si certaines photos avaient été altérées (modifiées) de diverses manières. Je ne fournis plus ces services car le contenu des images était profondément dérangeant. Une fois, à la fin d'un procès, le procureur a dit au juge : "Qu'avez-vous pensé d'avoir le lauréat d'un Oscar dans votre salle d'audience, votre honneur ?". Le juge a répondu, sans hésiter, "J'aurais été plus impressionné s'il s'agissait de Halle Berry".

Un dernier commentaire à ce sujet, nous avons tous une dette de gratitude envers les hommes et les femmes des forces de l'ordre du monde entier qui doivent chaque jour regarder et enquêter sur des choses innommables. Je ne sais pas comment ils peuvent le faire et conserver leur humanité.

- Avez-vous vraiment écrit un roman sur les zombies et si oui, s'est-il bien vendu ?

Oui, en effet. Get Off My L@wn est disponible sur Amazon sous forme imprimée et numérique. C'est un livre génial à en juger par les critiques et ça vaut le coup d'acheter une copie numérique ! Le livre est unique en ce sens qu'il est raconté du point de vue d'un programmeur informatique d'âge moyen. Vous voulez savoir comment tuer des zombies par millions ? Il faut une sacrée dose de GPU, quelques Raspberry Pi et un accord de non-divulgation. Je vous promets qu'il n'y a pas d'autre roman sur les zombies comme celui-ci. Ça ferait un film a petit budget d'ailleurs.

- Qu'est-ce que la Visual Effects Society et quelle est votre association avec elle ?

Laissons-les l'expliquer eux-mêmes :

Visual Effects Society (VES) est une société honorifique professionnelle mondiale et la seule organisation de l'industrie du divertissement qui représente l'ensemble des praticiens des effets visuels, y compris les artistes, les technologues, les maquettistes, les éducateurs, les directeurs de studio, les superviseurs, les spécialistes des relations publiques et de la commercialisation et les producteurs. VES compte près de 3000 membres dans 33 pays du monde entier, qui contribuent à tous les domaines du divertissement : cinéma, télévision, publicités, animation, clips musicaux, jeux et nouveaux médias. Basée à Los Angeles, VES compte des sections membres en Australie, dans la région de la Baie (Californie), à Londres, Los Angeles, Montréal, New York, Nouvelle-Zélande, Toronto et Vancouver. Je suis tellement fier d'avoir été accepté dans ce groupe que je l'inclus dans ma signature de courriel.

- Avez-vous encore des liens ou des relations avec l'industrie des films d'effets spéciaux ?

Mon travail, avec Paul Miller, Marco Paolini et Peter Moyer sur Silhouette, me maintient à la pointe de la technologie des effets spéciaux. Nous avons été des meneurs dans le domaine du roto, du dessin et du traitement stéréo (films en 3D). Plus récemment, nous avons été numéros un dans la conversion de films en 2D en 3D. Cette année, vous pourrez assister à quelque chose de passionnant.

- Qu'est-ce qui vous tient occupé ces jours-ci ?

En ce moment ? Pendant que je tape ceci ? J'enseigne un premier cours d'informatique à un groupe diversifié, dont des étudiants de première année. J'ai l'habitude d'enseigner à des experts de premier, deuxième et troisième cycles. Les étudiants de première année me tiennent vraiment occupés.

5. En résumé

Et enfin quelques questions pour compléter cette entrevue.

- Pourquoi pensez-vous que l'Amiga a toujours un public aussi fidèle 21 ans après la disparition de Commodore ?

J'ai façonné les contours de cette question ailleurs dans cette entrevue : la machine était tellement en avance sur son temps à l'époque qu'elle est toujours d'actualité. C'était tellement amusant à l'époque qu'elle l'est encore aujourd'hui. Elle (toute la communauté) était si personnelle à l'époque que la camaraderie est toujours vivante aujourd'hui. L'Amiga était une île volcanique qui est soudainement sortie de la mer. Son sommet était si prodigieux que même si l'île s'est affaissée pendant des années, elle représente toujours une destination passionnante.

- Si je vous demandais de réfléchir au moment le plus mémorable de votre période Amiga, quel événement ou souvenir vous vient immédiatement à l'esprit ?

1. Juste l'été dernier, lors de l'anniversaire de l'Amiga à San José. Une personne s'est présentée à moi et a déclaré que quelque chose que j'avais dit à l'époque l'avait convaincu de retourner à l'école supérieure en informatique. C'est mon nouveau souvenir préféré.

2. Un salon professionnel à New York où l'organisateur n'a rien payé à personne. À la fin du salon, toutes les portes étaient enchaînées et fermées de l'extérieur. Les exposants étaient prisonniers contre leur gré d'une manière effrayante et peu sûre. Nous n'avons été libérés que lorsque la bonne personne a reçu le bon montant.

3. Le Carnegie Deli à Manhattan. Une douzaine d'amigaïstes sont partis avec des "doggy bag" (restes d'un repas) - l'endroit est mondialement connu pour servir des sandwiches de neuf pouces de haut. Je suis sorti le premier. J'ai vu un sans-abri devant et je lui ai donné mon sac. Tous ceux qui étaient derrière moi lui ont donné leur sac. Nous avons marché en parallèle avec lui (depuis l'autre côté de la rue). Il s'est arrêté au coin de la rue. Nous nous sommes arrêtés aussi, à un feu de circulation. Nous l'avons entendu crier : "Du corned-beef ! Je déteste le corned-beef !". Le sac s'est retrouvé dans la poubelle. "Pastrami ! Je déteste le Pastrami !". Un autre sac s'est retrouvé à la poubelle. Et ainsi de suite.

4. Tout le temps passé avec Fred Fish.

- Dans mon article original sur ASDG, j'ai inclus une image de la publicité "Triptych" publiée dans le numéro de juillet 1991 du magazine Amiga World et intitulée "Pourquoi nous insistons pour nous voir au centre de l'univers". Qu'y avait-il de si spécial dans cette publicité ?

L'image de la publicité était en effet un triptyque peint sur une toile d'environ cinq ou six pieds de haut et peut-être dix-huit pieds de large. J'ai adoré cette chose. Je l'ai fait dessiner par Adams Outdoor Advertising à Madison WI. Chaque élément graphique du triptyque avait une signification. La couverture d'ADPro (plan de la Terre et de Ben Franklin) apparaît plusieurs fois, il y a les différents périphériques d'entrée/sortie avec lesquels nous avons travaillés (scanner, film, caméra vidéo, film de cinéma, tirage, CD), vous voyez l'idée. Tous ces appareils sont reliés par des câbles RGB et CMJ à un endroit central, à savoir nous, sous la forme d'ADPro. Nous avons appelé ADPro "Image Processing Common Ground" parce que c'était cet échange central où les images arrivent d'une manière et repartent d'une autre.

- Possédez-vous encore des ordinateurs Amiga ou des machines Amiga de nouvelle génération ?

J'ai un A3000 intact depuis la dernière fois qu'il a été utilisé dans les années 1990. Je ne sais pas s'il fonctionne encore. Il se peut qu'il y ait le code source ASDG dessus.

- Compte tenu du temps que vous avez passé, pourriez-vous tout recommencer ? Sinon, que feriez-vous différemment ?

Je n'aurais PAS vendu à Avid. En six mois, l'équipe de direction qui avait la vision de nous utiliser avait disparu. Ceux qui les ont remplacés n'en avaient pas la moindre idée. Elastic Reality était sur le point de se sortir de la faillite de Commodore. Si nous n'avions pas vendu à Avid, nous serions devenus une entreprise beaucoup, beaucoup, beaucoup plus grande.

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Merci d'avoir pris le temps de répondre à mes questions. Au nom de tous les amigaïstes, je voudrais vous remercier pour votre précieuse contribution à la riche histoire de l'Amiga.


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