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DraCo et DraCoMotion, une configuration intéressante pour le montage virtuel Les possibilités de montage virtuel sur Amiga ne sont pas légions. La carte VLab Motion se trouve limitée par le Zorro II et le développement de Digital Broadcaster Elite sur Amiga semble avoir marqué le pas. Alors que le marché semblait irrémédiablement promis au monde PC, MacroSystem a donné un coup de pied dans la fourmilière en sortant sa carte DracoMotion proposant du même coup une alternative plus qu'intéressante. Afin de mieux jauger la bête, je me suis rendu chez un ami possédant le tandem DraCo + DracoMotion. Alors, en piste pour le test. La carte
Le problème majeur en montage virtuel c'est le traitement de l'énorme flux de données informatiques. En PAL une seconde d'images non compressées pèse environ 30 Mo. Alors, comment faire transiter tout ce petit monde sans créer un goulot d'étranglement. La chaîne informatique de traitement doit être optimisée : disques durs hyper rapides (de préférence SCSI-2 compatibles Audio-Vidéo), et contrôleur et bus rapides. Muni de disques durs performants, le DraCo dispose justement de ces particularités grâce à son bus DraCoDirect. Pour éviter les "bouchons" et afin de limiter l'encombrement et l'engorgement des disques durs, on fait appel à un type de compression particulier : le Motion Joint Photographic Expert Group (MJPEG) à ne pas confondre avec le MPEG utilisé pour la diffusion et totalement inadapté au montage virtuel. En compressant les données, le MJPEG évite les redondances en éliminant les pixels identiques. Hélas, une compression importante si elle limite le poids des données dans le même temps sera destructrice et engendrera une perte de qualité. Vous l'aurez compris, l'important est de trouver le juste compromis entre le type de compression et la qualité recherchée ; la finalisation en Beta SP ne réclamera pas le même type de compression qu'un montage final en VHS. Sur DraCo c'est le logiciel MovieShop qui nous permettra de régler tous les paramètres. La configuration testée Le DraCo testé dans sa version 68060 est équipé d'une carte DraCoMotion pour l'acquisition et la restitution des images et des sons, d'une carte son Toccata, d'un disque dur système Quantum Fireball 1,2 Go, de trois disques Fujitsu Fast SCSI-2 AV de 4 Go chacun, d'un disque Quantum Grand Prix de 4 Go et de 80 Mo de mémoire (60 et 70 nano/s). Le système est le 1,3 et tourne sous CyberGraphX. Nous utilisons MovieShop 3.6 et Monument Designer 2.00. Un moniteur 17 pouces Iiyama sert à l'affichage pendant qu'un écran de marque Thomson assure le contrôle en sortie carte. Un magnétoscope Hi8 EVS 1000 Sony assure la lecture et l'enregistrement des images, il n'est nul besoin de posséder une configuration aussi musclée mais 18 Mo de mémoire, un disque dur système et un autre de 4 Go Audio Vidéo dédié à MovieShop me paraît vraiment le minimum vital. Cependant, vu la baisse de la mémoire ces derniers mois, il serait dommage de brider l'ensemble et une barrette de 32 Mo devrait vous rendre la vie fort agréable. La carte DraCoMotion dispose d'un module audio avec entrées et sorties sons utilisable pour la capture. La carte Toccata n'est pas indispensable mais pratique pour qui souhaite éditer ou retravailler la partie sonore. Le but du test Aussi bon soit-il, celui-ci n'a pas la vocation d'être complet. Il a été réalisé sur une durée voisine de cinq heures et il aurai fallu deux à trois fois plus de temps pour tout tester. Utilisateur d'une carte VLab Motion et de MovieShop j'ai surtout souhaité juger la stabilité de l'ensemble afin de savoir s'il pouvait répondre aux attentes du grand public et des institutionnels et s'il était possible de réaliser un montage supérieur à 10 minutes. Avant ce test j'ai donc passé de longues heures à dérusher afin de sélectionner des images variées et de bonne qualité tant au niveau des contrastes, des couleurs que des sujets et des prises de vue. J'ai eu la chance de pouvoir m'installer aux commandes de la machine en conditions d'utilisateur. Les réglages Comme la VLab Motion, la carte DraCoMotion utilise des partitions propres inaccessibles à AmigaDOS. Pour notre test nous utilisons un disque de 350 Mo pour l'audio et un de 4 Go pour la vidéo que nous formatons par un formatage rapide et que nous renommons pour éviter toute confusion avec un autre disque ou partition. Nous pouvons à présent lancer MovieShop afin de régler les différents paramètres d'acquisition. Nous commençons par sélectionner l'entrée, YC dans notre cas (Windows/Settings/Input Selection), puis les réglages vidéo : brightness et contrast à 100% et chrominance à 75% (Windows/Settings/Video). Ensuite, vient le réglage certainement le plus important : celui du taux de compression (Windows/Setting/Project). Associé à la carte DraCoMotion, MovieShop permet de jouer simultanément sur le taux de compression et sur le débit souhaité. Ce n'est pas le cas avec la carte VLab Motion. Nous choisissons l'option "both limited" avec un réglage de 90% pour la compression et 3 Mo pour le débit. Nous avons par la suite changé ces réglages. Pour l'audio, nous sélectionnons le mode stéréo en 16 bits échantillonnés à 32 kHz ; une valeur moyenne pour la carte mais fort acceptable cependant (la carte autorise un échantillonnage jusqu'à la qualité DAT, c'est-à-dire 48 kHz). Autre réglage aussi très important à effectuer, celui du "buffer" (Windows/Settings/Buffer) ; nous calons tout ça comme suit : "buffer size" a 34 Mo, "Record Burst Size" et "Play Bust Size" a 256 ko, et enfin "Pre Load Size" à 16 Mo. On choisit ensuite la partition pour la vidéo : on indique le "path" à MovieShop (Settings/Paths File Name/Video Partition). A ce stade on peut voir le nom de notre partition vidéo sur la partie supérieure de l'écran. Nous l'initialisons et l'offrons à MovieShop (Project/New) et pratiquons de la même façon pour la partition audio. De partitions DOS, nos deux partitions sont devenues non-DOS pouvant maintenant être reconnues par MovieShop. L'acquisition Tout étant connecté et réglé, nous pouvons débuter l'acquisition et lancer notre magnétoscope. Des images ramenées de la Martinique apparaissent en premier : cocotiers bordant des plages de sable fin, végétation luxuriante doucement balancée par un vent tropical, bateaux de pêcheurs aux couleurs vives, la piscine et son eau turquoise et la plage du Diamant avec son rocher légendaire. Le grand jeu. Grâce à mes clics de souris dans le panneau de commande (scene control) et sans s'émouvoir devant tant de couleurs notre DraCo emmagasine des torrents de pixels. Changement de décor draconien (et ce n'est pas un jeu de mots...). Nous sommes revenus sur le continent pour suivre les évolutions d'une énorme pelleteuse et autres engins de travaux publics évoluant dans une carrière de schiste. Plans larges, plans serrés... Tirs de dynamite dans la même carrière. Puis, de nouveau, changement de sujet. Une entrevue d'une actrice de cinéma dans un écrin de verdure avec en arrière plan un groupe de folk ; histoire de voir comment le DraCo va s'accommoder de tout ça tant du point de vue de l'image que du son. Entre-temps, histoire de corser un peu, nous avons monté le débit a 4 Mo/seconde. Pas un cri, pas un geste. Le DraCo poursuit sa mission sur le chemin que nous lui avons tracé. Autre torture que j'impose à la bête, un champ de pissenlits en fleurs que j'ai survolé en rase motte avec ma caméra. Nous jetons un oeil sur notre projet : nous avons déjà enregistré un peu plus de dix minutes (Project/Project Info). C'est très pratique car MovieShop nous permet à tout moment de connaître le temps enregistré pour l'occupation disque correspondante et le temps restant et le volume disque disponible. Nous décidons de monter le débit à 5,1 Mo/seconde : ça passe ou ça casse. Et bien, ça passe. Ce ne sont pas les images suivantes qui auront fait trembler le DraCo (gros plans sur des travaux exécutés par un horloger sur de petites pièces de laiton, musiciens multicolores filmés au cours d'un carnaval local). Le DraCo a rempli avec succès la première partie de son brevet de passage. A aucun moment nous n'avons aux compressions désirées, connu le moindre problème ou le moindre plantage. Les scènes ont toutes été enregistrées et nous n'avons effectué aucune modification des réglages si ce n'est l'augmentation du débit. Le montage Comme dans tout montage virtuel qui se respecte. MovieShop permet l'organisation et le montage des scènes capturées grâce à la Time Line. Ce n'est pas une mais deux Time Line qui sont proposées à l'utilisateur. La première (Easy Mode), d'un emploi facile et assez classique avec ses deux lignes vidéo et sa ligne d'effets intéressera les utilisateurs désirant effectuer du montage "cut" (plan après plan) ou ne souhaitant pas mettre en oeuvre des effets trop sophistiqués. En effet, seuls les effets simples pourront être utilisés avec cette méthode (pas d'effets 3D, mais fondu enchaîné par exemple). Pour notre part, nous faisons appel au deuxième mode, RPN pour Reverse Polish Notation. Contrairement à l'Easy Mode, le RPN mode n'est pas limité à trois lignes de temps mais à 1000. Voilà qui permet de voir venir. Le gros avantage de ce mode est surtout qu'il permet de combiner des effets entre eux afin de créer des effets en cascade permettant ainsi une multitude de combinaisons. Nous avons donc placé nos séquences les une après les autres sur notre Time Line en déposant ici et la quelques effets. Il faut noter qu'il est possible de travailler avec ou sans vignette de prévisualisation des séquences : MovieShop vous montrera l'image de début et l'image de fin de votre séquence. Les habitués de Première seront sans doute un peu déçus. A une idée "gadget" (que je n'ai d'ailleurs pas trouvé) je préfère une édition des séquences sur écran de contrôle. A noter que vous pouvez toujours zoomer sur votre Time Line de façon à l'agrandir ou, au contraire, à élargir votre champ de vision. L'ensemble est pratique mais j'ai cependant quelques petits regrets par rapport à l'ergonomie de la Time Line. Je préfèrerais une édition du type PVR qui permet de déplacer les différentes scènes sur la ligne, le temps d'un clic de souris, sans avoir à les déplacer une à une du chutier à celle-ci. Il peut être parfois aussi un peu pénible à la longue de devoir déplacer le curseur en dessous de la Time Line afin de recréer de la place en fin de Time Line pour positionner la scène suivante. Ce ne sont pas de gros problèmes mais ce sont des petites choses qui peuvent rendre la vie tellement agréable. Les effets Les panoplies d'effets qui accompagnent les solutions de montage virtuel représentent un pouvoir attractif pour les vidéastes. Songez donc : il aurait été impensable pour un vidéaste de penser un seul instant, il y a encore quelques années, de pouvoir réaliser des effets de type ADO sans débourser quelques dizaines, voire quelques centaines de milliers de francs. Ceci est maintenant rendu possible grâce au montage virtuel. De ce point de vue, je dois dire que le DraCo ne décevra personne car la palette d'effets est impressionnante. 58 effets de fort belle facture sont au rendez-vous et deux nouvelles disquettes d'effets sont disponibles (la 4 et la 5). Il est en effet possible de pratiquer des "tournés de pages" dans tous les sens, de plaquer des scènes sur un cube par exemple, etc. Ces effets peuvent être parfois assez complexes à mettre en oeuvre et on ne pourra que regretter la non-traduction de la documentation qui est hélas restée en allemand (pour moi en anglais passe encore mais ne maîtrisant pas la langue de Goethe...). Pour notre test, nous n'avons utilisé que très peu d'effets par manque de temps. Utilisateur d'une carte VLab Motion j'ai déjà eu la chance d'en apprécier la fluidité et la variété. Il est évident que plus le nombre d'effets sera important, plus le temps de calcul sera grand, certains effets étant plus gourmands que d'autres en calculs. Quelques exemples seront parlants. Pour une seconde d'effet, compter 1 mn 03 pour un renversement horizontal ou vertical, 40 secondes pour un fondu "through", 33 secondes pour un foudu "in/out" et 17 minutes pour un cube "scale 50% start end" rotation à 360° sur un seul axe et pour une durée d'effet de 9 secondes. Il est bien entendu possible d'effectuer tous les calculs en fin de montage ou alors au fur et à mesure, en prenant soin à chaque fois de sauver ainsi la scène. Les ralentis sont au rendez-vous, et ils sont entièrement paramétrables avec MovieShop et de fort belle facture (pour ce faire utiliser les fonctions Mark Block, Copy, New puis dans la barre de menu choisir Edit/Slow_QuickMotion en réglant le paramètre de ralenti ou d'accélération par valeur d'une unité). Le calcul qui en découle est assez rapide. Le titrage MovieShop n'offre pas une fonction de titrage très sophistiquée. Cependant, la parade existe, elle est proposée par ProDAD et se nomme Monument Designer. Je n'entrerai pas trop dans le détail sur ce produit puisqu'un article a été consacré par Amiga News au mois de décembre 1996. Je rappellerai simplement que le lissage est remarquable et que la fonction "prévisualisation" bien que lente est fort agréable à utiliser surtout avec un écran sous CyberGraphX. Monument Designer ne propose pas des effets d'une grande richesse et somme toute assez classiques (wipe, slide, scroll, etc.). Mais comme de nouveaux effets de type 3D ne devraient pas tarder à arriver pour Monument Designer tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le montage final, impressions Nous avons placé toutes nos scènes sur la Time Line, calculé nos différents effets et titres et sauvé l'ensemble. Voici venu le moment tant attendu : celui de la relecture du montage final. Je place mon scope en pause enregistrement et lance notre montage. Tout se passe bien jusqu'à la septième minute environ où une scène de 4 secondes environ de notre montage refuse de passer et bloque l'ensemble, à la grande surprise de mon ami. Nous effaçons la scène récalcitrante et relançons la lecture. Cette fois, plus de problèmes. Le DraCo récite ses gammes aussitôt enregistrées par le scope. Nous recopions ainsi nos 16 minutes et 33 secondes sans problèmes particuliers : aucune saccade et pas de saute d'images. Tout y est. Le soir, de retour à mon domicile, je m'empresse de relire ma bande Hi8. Pour moi, c'est primordial : c'est la qualité de mon master que je juge et il permet de comparer un montage analogique-analogique à un montage analogique-numérique. La bande montée sur le DraCo est assez voisine de mes masters montés en analogique. Je constate une perte de qualité sur certains plans (montée de contraste et images bruitées dues à la compression numérique) en particulier quelques images de végétation filmées en Martinique et certains plans de mon gamin évoluant dans une piscine écrasée par le soleil tropical. Il est vrai que ces images ont été tournées dans des conditions d'éclairement extrême et sont constituées presque exclusivement de contre jour et présentent des "contrastes locaux" très importants. De plus, ces images avaient été compressées sur la base d'un débit de 3 Mo/s ; en fait 2,9. J'aurais aimé pouvoir refaire un essai à 4 ou 4,5 Mo/seconde. Hélas n'ayant plus le DraCo sous la main, j'ai refait des essais sur le PVR d'un ami à 4 Mo/seconde. A ce taux de compression, le PVF s'en est mieux sorti mais là aussi la compression a laissé des traces. Les autres images de mon montage sont irréprochables : les contours sont nets, les couleurs sont particulièrement bien rendues et les dégradés de couleurs remarquables. Je ne note aucun phénomène de "cross color". Je ne constate qu'un très léger bruit, dû à la compression sur quelques sujets en mouvement. L'ensemble du montage est de toute façon d'excellente qualité et ce ne sont pas les quelques remarques faites ci dessus qui doivent ternir la remarquable impression de l'ensemble. Les images que j'avais apportées présentaient toutes des particularités dont le DraCo et la DracoMotion se sont très bien accommodées. Il y a fort à parier que personne ne rencontrera sur un montage des images aussi particulières que les miennes. Si tel était le cas, MovieShop possède de nombreux réglages permettant de surmonter les problèmes pouvant intervenir. Conclusion Le DraCo et sa carte DraCoMotion m'ont réellement séduit et je ne peux que conseiller cette configuration aux vidéastes souhaitant s'adonner au montage virtuel (amateurs ou institutionnels) à partir de formats Hi8 ou SVHS. Nous avons travaillé à des taux de compression forts intéressants (par moments 254 Mo pour une minute de vidéo en Hi8). Cela prouve que l'ensemble devrait fort bien s'accommoder des nouveaux formats numériques (des emplacements libres sont prévus sur la carte). MacroSystem a réussi le pari de proposer une solution très performante et opérationnelle sur des montages de longue durée. Ce n'est pas encore le cas sur PC avec les cartes Miro ou AVMaster qui ne sont pas encore livrées avec les pilotes pour Windows NT. A première vue, la solution DraCo peut paraître chère comparée à une configuration à base de PC. Mais le DraCo offre l'avantage d'un ensemble performant et bien configuré d'entrée de jeu et de suite opérationnelle pour le montage virtuel. Ceci est loin d'être le cas sur d'autres plates-formes. Le seul reproche que je ferai et il me paraît facile d'y apporter une solution, c'est la faiblesse de l'assistance technique (documentation). Je pense que si MacroSystem veut imposer sa machine et réellement prendre des parts de marché importantes en France, ils devront absolument livrer leur DraCo avec des documentations francisées. Le montage virtuel requiert quelques connaissances pour la mise en route et je crains que de nombreux clients potentiels ne se détournent vers d'autres solutions. Ce serait vraiment dommage car la machine vaut vraiment la peine qu'on s'y intéresse.
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