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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Livre : Demoscene: The Amiga Years, Volume 1 (1984-1993)
(Article écrit par Daniel Jedlicka et extrait de Rear Window - février 2021)
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Note : traduction par David Brunet.
J'avais à peine terminé mon billet de
janvier que - BOUM ! - un objet assez lourd tomba dans ma boîte aux
lettres. J'avais acheté beaucoup de choses en ligne à cause de la pandémie de Covid-19, et j'avais donc un peu
perdu le fil de mes commandes : je savais que ça pouvait être n'importe quoi, de la pizza surgelée à la
photo encadrée d'un cheval déçu. Après déballage, il s'avéra que c'était un livre !
Je ne suis pas un grand fan de financement participatif, mais j'ai soutenu quelques campagnes, principalement
celles qui visaient à documenter l'histoire des ordinateurs personnels. Comme cette époque coïncida avec
mes années de formation, je suis maintenant très attaché aux choses qui aident à préserver l'héritage de cette
merveilleuse ère technologique. Ainsi, lorsqu'il apparut qu'un éditeur français indépendant,
Éditions 64K,
avait lancé une campagne Indiegogo
pour la publication d'un livre complet sur la scène démo Amiga, je fus immédiatement convaincu. Compte tenu de
l'ampleur et de l'activité de cette scène, il ne fut pas surprenant de voir que le livre fut financé avec succès
en seulement deux semaines.
NDLR : en fait, il s'agissait d'une seconde campagne car la première, lancée sur Ulule en 2018 et qui devait
être uniquement en français, avait échouée. L'échec de ce livre intitulé "Amiga Démo Volume 1" ne découragea
pas Christophe Boucourt, des Éditions 64k, qui revit son projet avec notamment le passage en anglais de son livre,
alors intitulé "Demomaker: The Amiga Years".
Pourtant, je ne m'attendais pas vraiment à ce succès lorsque le livre fut livré, principalement parce que la date
de publication prévue me semblait un tout petit peu optimiste. Voyons voir : la campagne débuta en juin
2020, avec une livraison prévue pour décembre de la même année. L'éditeur promettait un imposant livre
relié de 450 pages (format 165×230 mm), couvrant environ 90 démos de 1984 à 1993, imprimé en couleur sur du papier
de qualité. Il était censé contenir non seulement des visuels, mais aussi une grande quantité de texte décrivant les
démos et donnant des informations intéressantes sur leur développement.
Ayant déjà travaillé dans le secteur de l'édition, je savais que l'on pouvait facilement livrer un tel livre en six
mois si le matériel de base était plus ou moins prêt. Mais certains signes indiquaient que le travail était loin
de l'être. Tout d'abord, bien après le début de la campagne, l'éditeur décida de changer le titre : le livre devait
à l'origine s'appeler "Demomaker" (et était même promu sous ce nom). Il faut l'admettre que cela était une erreur
majeure. Pourquoi ? Au début des années 1990, Demomaker
était un programme Amiga tristement célèbre qui permettait
aux novices et aux ringards de créer des démos simples à partir d'un ensemble d'effets et de routines prêts à
l'emploi. Comme un tel programme incarne l'antithèse parfaite de ce que représente la scène démo, il aurait été très
ironique de donner le même nom au livre.
A gauche : le logiciel Demomaker - à droite : la maquette originale de la couverture du livre
Après avoir choisi un titre beaucoup plus approprié (Demoscene: The Amiga Years, Volume 1 (1984-1993)),
l'éditeur annonça l'ajout au projet d'une série de nouvelles personnes de la scène démo, apportant leurs productions
et leurs histoires. Cela était bien sûr formidable mais tout ajout de ce type allait gonfler naturellement le projet
et allait allonger le temps de production. Compte tenu du nombre de contributeurs, du fait que la scène démo est
internationale et que tous les membres de la scène démo ne sont pas des locuteurs anglophones, il était évident que
l'éditeur aurait un mal fou à organiser, éditer, traduire et corriger le contenu des textes, en plus de tout le
travail graphique et de composition. J'avais le pressentiment qu'à moins de faire des économies, le traîneau du
Père Noël allait se retrouver à court de marchandises en décembre. Alors oui, la livraison de janvier a été une
bonne surprise pour moi.
Dès le déballage, j'ai pu constater que la matière et la reliure n'avaient pas été négligés. Solide et substantiel,
le livre se présente comme un formidable volume qui mérite une place de choix sur votre étagère. Il n'y a pas
de jaquette, mais la couverture est solide et très agréable au toucher. Elle est recouverte d'un vernis brillant
et le titre du livre est en finition argentée, ce qui ajoute à l'impression d'un article de luxe. Le simple
fait de tenir le livre et de feuilleter ses pages vous donnera l'impression que votre argent a été bien dépensé.
Moi en train de feuilleter le livre
En ce qui concerne le contenu, je dois commencer par une petite mise en garde. Le livre s'appelle Demoscene,
et le titre peut suggérer qu'ici est proposé une sorte de compte rendu ou d'analyse complète de la communauté des créateurs de
démos. Ce n'est pas le cas, et il faut bien comprendre qu'une telle chose n'était pas l'objectif
du projet. Si cela avait été le cas, le livre aurait dû proposer une description plus spécifique de deux
éléments vitaux de la vie de la scène : les magazines sur disquette (diskmags) et les rassemblements démos.
Au lieu de cela, le livre fut conçu dès le départ comme une vitrine de démos, et c'est effectivement ce que
vous obtenez dans le premier volume : 90 démos Amiga marquantes des années 1984-1993. Les trois premiers articles
ont été inclus principalement pour des raisons historiques et ne sont pas des productions réelles de la scène démo.
Si vous avez suivi la scène à la fin des années 1980 et au début des années 1990, il y a de fortes chances
que vous soyez plus que satisfait de la sélection des démos. Je peux affirmer que toutes mes favorites y figurent :
- RSI Megademo de Red Sector : une démo que j'ai fait
tourner pendant des semaines jusqu'à ce que les deux disquettes finissent par avoir de graves erreurs de lecture.
- Les deux mégadémos de Budbrain, qui montrent que
la scène ne manque pas d'humour et qu'il ne s'agit pas seulement de gloire et de compétition.
- L'excentrique Mental Hangover de Scoopex, un
jalon technologique qui nous a fait entrer dans la nouvelle dynamique de l'ère du "trackmo".
- Enigma de Phenomena, avec sa bande-son phénoménale.
- Digital Innovation d'Anarchy, 30 minutes incroyables
de graphismes, d'effets et de musiques sur une seule disquette.
- Hardwired de Crionics & The Silents et
Desert Dream de Kefrens, des démos épiques qui
utilisaient des éléments de narration inspirés du cinéma.
- Et bien sûr State Of The Art de Spaceballs,
une performance visuelle frénétique que l'on pourrait facilement confondre avec une vidéo tirée de MTV.
Je pourrais continuer ainsi longtemps...
Enigma de Phenomena, Revelations de Cryptoburners et Voyage de Razor 1911
Je suis heureux que les démos soient présentées par ordre chronologique plutôt que par ordre alphabétique
ou par groupe. Un avantage évident de cette disposition est que vous pouvez voir clairement comment la
scène, ses techniques, ses compétences et son esthétique ont évolué au cours de ladite période.
Vous ne manquerez pas de remarquer certaines laideurs intrinsèques à la première phase "mégadémo"
et les aspirations artistiques croissantes de la production post-1991. Mieux que n'importe quelle étude
sociologique, le livre rend compte du caractère essentiellement masculin et adolescent de la scène, qui
se reflète dans les thèmes des démos (souvent inspirés par la science-fiction et le fantastique) ainsi
que dans les oeuvres graphiques (obsession du féminin, un élément qui manquait sensiblement à la scène).
Le matériel visuel, à lui seul, donne un aperçu de la situation et constitue un document précieux sur l'époque.
Mais c'est surtout pour le contenu textuel que j'ai acheté le livre, et en ce qui concerne les nouvelles
informations, le volume ne déçoit certainement pas. J'ai vu (et me suis ennuyé à en bailler) des publications
orientées rétro qui se contentaient de répéter des faits connus et de citer des personnes aux opinions
édulcorées sur la grandeur de l'Amiga. Ce n'est pas le cas ici : ce livre permet de jeter un coup d'oeil
dans les coulisses, au sens propre du terme. Bien que la page des droits d'auteur nomme Christophe Boucourt
en tant qu'auteur, le texte n'est apparemment pas un compte rendu écrit par une seule personne ; il a en
fait été co-écrit et largement recueilli ou adapté à partir de divers contributeurs en lien direct
avec la scène démo. Cela rend le contenu du texte plutôt varié et manque quelque peu de cohérence dans son
ensemble, mais d'un autre côté, cela ajoute à l'authenticité car vous savez que l'information vient directement
d'une source sûre. Les parties où les personnes de la scène démo présentent leurs antécédents informatiques
peuvent sembler un peu répétitives car les histoires ont tendance à se ressembler ("J'avais un Commodore 64
avant d'avoir un Amiga"), mais sinon, le livre regorge de faits intéressants et apporte beaucoup de lumière
sur la vie des gens de la scène démo. Les guerres de groupes et les animosités, les changements de membres,
l'ascension vers la gloire et la chute vers l'oubli, le défi de la technologie, la créativité et l'esprit de
compétition, les longues nuits passées à préparer les choses pour le concours de démo du lendemain, les
rassemblements perquisitionnés par la police... tout est là, témoignant du fait que la scène démo Amiga au
tournant de ces décennies était une sous-culture vibrante et tout à fait unique.
Mon seul reproche à propos de "Demoscene: The Amiga Years, Volume 1" est la qualité linguistique du livre.
Comme je l'ai laissé entendre plus haut dans l'un des premiers paragraphes, il fallait bien faire des
concessions pour qu'un projet aussi ambitieux puisse respecter des délais non moins ambitieux. Je suis
désolé de dire que, même si j'apprécie le contenu de l'ouvrage, les correcteurs ont fait un travail bâclé.
Je comprends que le texte incluait des articles envoyés par une multitude de personnes différentes (parfois
dans des langues différentes) et qu'il n'était pas facile d'unifier l'ensemble. Le style est donc parfois un
peu brut. De même, je ne m'offusque pas des occasionnelles erreurs factuelles :
- Le musicien Moby aurait difficilement pu acheter un ordinateur Oric-1 en 1993 (p. 421).
- La démo de Cryptoburners ne s'appelait pas exactement Hunt Of 7th October (p. 92).
- Aucun membre de Kefrens ne s'appelait "Mellican" (p. 362).
Mais ce que je ne peux passer sous silence, ce sont les fautes de grammaire et d'orthographe, dont le
nombre dépasse l'acceptable. Je n'ai aucune idée de la rémunération des correcteurs pour leur travail,
et je suis sûr que ce livre a été un travail d'amour et ne rendra pas l'éditeur riche. Mais un projet
d'une telle ampleur et d'une valeur documentaire aussi immense méritait certainement mieux. J'aurais
facilement pu m'accommoder d'un retard si celui-ci avait permis d'obtenir un texte plus soigné, rendant
l'expérience de lecture plus agréable.
J'espère que le deuxième volume prévu recevra plus d'application au niveau linguistique et que ce projet
indispensable continuera à couvrir d'autres périodes et d'autres domaines de la scène démo. J'attends avec
impatience de pouvoir apporter ma contribution !
Demoscene: The Amiga Years, Volume 1 (1984-1993). Édition anglaise. Biarritz: Éditions 64K, 2020.
447 pages. ISBN : 978-2-9575080-0-6.
Nom : Demoscene: The Amiga Years, Volume 1 (1984-1993).
Auteur : Christophe Boucourt.
Éditeur : Édition 64K.
Genre : livre sur la scène démo Amiga.
Date : 2020.
Prix : 35 euros.
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