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Il est là ! Il est enfin visible ! A peu près aussi attendu que mon retour dans les colonnes d'A-News, la machine mythique qui devrait prendre la relève de nos bons vieux Amiga 2000 pour élever notre console de jeux préférée au rang de "High End Workstation" (prononcez : "on va bouffer du Mac et un NeXT au dessert") est enfin arrivée. Le cocktail que nous a mitonné Commodore est à la fois plein de bonnes surprises, de petits détails frustrants et, pour l'instant du moins, d'un flou artistique sympathique.
On va commencer par les choses juteuses. Premier point génial, l'interrupteur de mise en marche, après avoir été placé sur un bloc séparé ou à l'arrière du boîtier dans un fatras de connecteurs divers, a été placé cette fois-ci en face avant ! Deuxième point génial, le boîtier qui va autour de ce bouton est plaisant à l'oeil pour ne pas dire joli. On y découvre une fente pour une disquette 3,5" 880 ko (toujours pas de 1,76 Mo hélas) et l'emplacement pour une deuxième unité 3,5", très bien camouflée. Ça change de l'aspect Massey Ferguson du 2000, jetez un regard sur les photos et vous m'en direz des nouvelles. Les connecteurs Comme je suis vicieux, je retourne l'unité centrale et j'inspecte l'arrière du boîtier. Neuf connecteurs, pas moins, et un interrupteur. Encore un interrupteur ? Et oui, et cet interrupteur sert à commander l'activation ou non du "flicker fixer" (désentrelaceur) intégré au 3000. Le désentrelaceur ("Flicker-Fixer" est une marque, comme Scotch pour le papier adhésif) sert à éliminer le scintillement propre aux modes entrelacés de l'Amiga, c'est très reposant pour les yeux mais il faut posséder un moniteur multisynchro pour afficher une telle image. Si vous désirez utiliser votre moniteur 1084 habituel, il vous faudra désactiver cet "améliorateur d'affiche" comme l'appelle Commodore, d'où l'interrupteur à l'arrière de la machine. Dans le domaine de l'affichage, on utilise donc deux des neuf connecteurs : un pour un moniteur multisynchro ou moniteur VGA et un autre qui n'est pas autre chose que le connecteur vidéo classique des Amiga, celui où on peut brancher les genlocks-incrustateurs et autres gadgets du genre. Rapidement deux autres connecteurs, les deux Cinch pour le son, les mêmes que ceux des A500/A1000 et A2000. La suite avec trois autres : le port parallèle, le port série et le connecteur pour les lecteurs de disquette supplémentaires. Pas de changement, on avance en terre connue. Un connecteur pour le 220 V, classique, ce connecteur assure la gestion par l'A3000 de la norme EDF 220 Va 50 Hz. Chic ! ;-) Si vous avez suivi on en est à huit ; le neuvième connecteur, je l'ai gardé pour la fin. Il s'agit d'un port SCSI (prononcez "squeuzi", ça change un homme, non ?). L'A3000 est équipé d'origine d'un contrôleur SCSI, et qui plus est, il est capable de DMA (accès mémoire directe) sur 32 bits. Le disque dur fourni en standard est un Quantum 40 Mo. Pas de performances chiffrées, mais vu la technologie employée, ça devrait aller facilement plus vite que tout ce qu'on a pu voir comme disque dur sur Amiga à part peut-être le contrôleur AT de la carte GVP A3001, et encore. Mais promis, dès que je disposerai d'un 3000 équipé d'un système 1.4 "débogué", je le torture et vous aurez droit à votre quota de tests. L'Amiga 3000 peut aussi être acheté avec un disque dur plus gros, de 100 Mo. Je suis au regret d'avoir dû employer le mot "bogué" mais le 1.4 n'est pas encore fini, ça va venir ne vous impatientez pas, une version à peu près stable devrait être présentée lors du SICOB. Mais je reviendrai plus tard sur la partie logicielle de l'A3000, finissons en d'abord avec les boulons. Je tourne de 90 degrés et je trouve les deux connecteurs pour souris et manettes, ainsi que celui du clavier. Ils sont enfin facilement accessibles, ou plutôt ils redeviennent accessibles comme au temps béni des A1000... Tournevis, cinq vis, han, le capot coulisse en arrière à la façon de l'A2000 (Bruce Lepper : le mien coulisse en avant, Laurent a-t-il vu un A2000 ?) et hop, voilà notre A3000 à nu. Carte mère On découvre immédiatement le nouveau fond de panier de l'A3000. Il ne fait plus partie de la carte mère, c'est en fait une carte fille indépendante, elle est enfichée verticalement. On y trouve quatre connecteurs à la nouvelle norme Zorro III (sachez pour l'instant que le Zorro III est en théorie compatible avec le Zorro II dans 99,9% des cas). Le connecteur vidéo est maintenant en face d'un des connecteurs 100 broches et non plus isolé dans son coin comme sur l'A2000. Résultat, on peut espérer voir apparaître des cartes exploitant les capacités de ces deux connecteurs à la fois pour nous offrir des tampons de trame où autre lecteur externe et bidouilles vidéo style Toaster en encore plus phénoménales. On retrouve aussi deux connecteurs alignés avec les deux ports constitutifs du bus AT encore appelé ISA (Industry Standard Architecture) - surtout ces derniers temps d'ailleurs - ce qui permet au 3000 de recevoir les cartes passerelles PC ou AT ainsi qu'une éventuelle carte d'extension à la norme ISA. Le bus d'extension processeur n'est plus sous la forme d'un connecteur encartable, il se présente un peu comme ces connecteurs dans lesquels on enfiche un morceau de circuit imprimé souple (attention, j'ai dit un peu) et il comporte maintenant 200 broches qui lui permettent d'offrir un adressage ainsi qu'un bus de données sur 32 bits. A partir de ce connecteur, il est aussi possible de piloter une logique de cache et il aurait été prévu en pensant à l'adjonction de processeurs surpuissants tels les transputeurs ou le futur 68040. Les possesseurs de cartes accélératrices ne pourront donc pas les réutiliser dans un 3000 mais ceci est relativement peu important et ce pour deux raisons :
Me voici enfin devant la carte mère. Ce qui frappe d'abord c'est le nombre impressionnant de pavés noirs, pas moins de huit sur la carte de l'A3000. D'accord, Motorola en a pondu deux à savoir les 68030 et 68881 ou 68882 suivant votre configuration : 68030/68881 à 16 MHz ou 68030/68882 si vous pouvez vous offrir la version 25 MHz. A ce propos un détail : si vous achetez la version 16 MHz, n'espérez pas passez un jour votre machine à 25 MHz. Les processeurs sont en effet montés en surface (soudé). Ceci permet d'offrir des machines plus fiables et à moindre prix, mais rend aussi impossible le dessoudage pour échange des composants. Choisissez avant donc... Pour le plaisir de l'anecdote, voyons un peu les noms des nouveaux circuits spécialisés de notre 3000. Honneur à la vielle garde, Super Fat Agnus devient Super Fat Agnus version A3000 et permet maintenant d'adresser 2 Mo de mémoire Chip, Denise devient Fat Denise et permet maintenant de gérer des masques d'incrustation sur n'importe quelle couleur ou même sur un ensemble de plans de bits. Frédéric Autechaud devrait vous recauser de ça, pour sûr. Paula devient Paula, elle reste compatible avec elle-même, yeah. Deux autres circuits, Fat Gary et Fat Buster, ne font que croître logiquement en performance pour gérer le nouveau bus Zorro III ainsi que les bus internes de l'Amiga au niveau DMA. Deux nouveaux circuits par contre, Super DMAC et Ramsey (mais où vont-ils pêcher ces noms ?). Ramsey gère la mémoire Fast, c'est lui qui autorise notamment la gestion du mode "colonne statique" pour améliorer le temps d'accès à la mémoire. DMAC lui, comme son nom l'indique presque, s'occupe de la DMA du contrôleur SCSI. La dernière puce spécifique, Amber, s'occupe de désentrelacer à la demande vos affichages entrelacés habituels. Détail sympa, si vous ne travaillez pas en entrelacé, cette puce le détecte et opère alors un double balayage de l'écran qui élimine donc pour ces modes les fameux traits noirs séparant les lignes de balayages.
Mémoire La machine est livrée avec 2 Mo de mémoire (1 Mo de mémoire Chip et 1 Mo de Fast). Je vous ai déjà signalé que la mémoire Fast pouvait être du type "colonne statique". Qu'est-ce donc ? C'est tout bête : dans ce mode, on suppose que l'accès aux données est principalement séquentiel, on envoie donc une première adresse complète, comme pour le mode rafale du 68030, puis les boîtiers de mémoires se débrouillent à présenter à grande vitesse les données de la "colonne" de mémoire impliquée, ce qui ne saurait mieux coller au fonctionnement du mode rafale du 68030. Le mégaoctect de mémoire Fast livré en standard avec l'A3000 ne gérant pas l'adressage "static column", les amoureux de tests de performance auront intérêt à enlever ce Mo des supports et à se payer un pack de mémoire gérant ce mode. Vous gagnerez ainsi sur la performance globale du système en éliminant des états d'attente sur la mémoire (les fameux "wait states") et, en plus, pour apporter un gain supplémentaire, vous pourrez activer le mode rafale du 68030 qui est par défaut inopérant voire pénalisant (!). Et le meilleur pour la fin, votre Mo que vous croyiez bon pour la poubelle, remettez-le sur les supports de mémoire Chip restant et hop, vous voilà avec 2 Mo de mémoire vidéo à 100 ns. Quand Deluxe Paint tournera sur le 1.4 qui s'appellera en fait le 2.0, en pourra faire des choses magiques avec toute cette mémoire Chip. Au passage, je vous le signale, le 1.4 n'existe pas, et il n'existera jamais, la version finale du nouveau système et Kickstart de l'Amiga s'appellera 2.0. Si vous avez un disque étiqueté 1.4 dans les mains, gardez-le ! Il deviendra aussi rare que le 1.0 des premiers 1000. Démarrez sur le DF1: Pour ceux que cela chagrine vraiment, il sera possible sur l'A3000 de charger un Kickstart de son choix à partir de la disquette, comme avant ! Tout à la main, on peut même choisir l'unité disque de démarrage. Sur la version de test que j'ai eu entre les pattes, on pouvait choisir entre DH0: et DH1: mais comme une seule unité de disquette était dispo, je n'ai pu expérimenter le démarrage sur DF1:. DF1:, qui, sur l'A3000, désigne bien le deuxième lecteur de disquette présent sur le système et non pas comme sur l'A2000, le deuxième lecteur interne, un petit détail qui montre le degré de pinaillage atteint sur l'A3000. Cette machine est attachante je vous dit. Performances Pour ceux qui aiment les chiffres, et afin de se donner une base de réflexion, voici maintenant le chapitre des tests de performance. Ces tests ont été effectués sur un A3000 de préversion équipé de 1 Mo de mémoire Chip et de 1 Mo de mémoire Fast. Cette mémoire ne gérait pas le mode "static column" et le mode rafale du 68030 n'était donc pas disponible. Les versions de Kickstart et de Workbench sont toutes deux des versions bêta (1.4B2 du 15 février 1990) encore susceptibles d'évoluer fortement. Les résultats qui suivent sont donc à prendre avec précaution (comme tous les tests A3000/système 1.4 d'ailleurs) et les remarques sur le logiciel ne s'appliquent qu'à ces versions du système. Tests "LUCAS" Le tableau suivant regroupe les résultats des tests fournis sur la disquette d'accompagnement de la carte LUCAS. Ces tests sont normalement très officiels, puisque les sources viennent des disquettes développeur, et qu'ils ont été compilés sur le même compilateur que pas mal de bouts du système d'exploitation Amiga.
Exécution du programme Mandelbrot Sur la même disquette se trouve un programme permettant de calculer des images de l'ensemble de Mandelbrot. Ce programme a été compilé en deux versions, une classique et une pour 68020/68881. La seule différence entre les deux versions consiste en l'ajout d'une option qui indique au compilateur (le compilateur est l'utilitaire qui traduit le langage utilisé pour écrire notre programme de fractales en langage machine) qu'il peut utiliser des instructions mathématiques en virgule flottante qui seront directement interprétées par le coprocesseur 68882 de l'A3000 au lieu de devoir être calculées "à la main" par le 68000 comme sur un Amiga classique où on passe par les bibliothèques mathématiques pour parvenir à faire ces calculs en flottant. Il va sans dire qu'un programme généré pour le couple 68020/68881 ne peut tourner sur une machine dépourvue de coprocesseur arithmétique. L'exécution du programme Mandelbrot (celui pour 68000) sur un Amiga 1000 se fait en 4 mn 35 s, sur l'A3000 on tombe à 59 s soit 4,6 fois plus rapidement. L'exécution de la version compilée pour un coprocesseur 68881 descend jusqu'à 24 s, soit à peine deux fois et demi plus vite que le programme standard. Ce gain relativement faible est sans doute dû au fait que la gestion des coprocesseurs par les bibliothèques mathématiques du 1.4 a été optimisée par rapport aux versions du 1.3 où le gain pouvait monter jusqu'à 6. Bien que ces performances soient de nature à faire frétiller votre âme d'amigaphile, je me permets de trouver là ce qui pourrait être une faiblesse du 1.4. L'A3000 disposant en standard du coprocesseur arithmétique, la seule raison d'être des bibliothèques mathématiques sur cette machine est de maintenir la compatibilité avec les logiciels existants, les bibliothèques n'ont donc en théorie qu'à passer la main au coprocesseur après avoir éventuellement ajusté les paramètres. Cette opération ne devrait entraîner qu'une perte de performances bien moindre que les deux fois et demi constatées. Tests Ronin et MIPS Un autre programme de test, celui de Ronin (carte Hurricane) évalue les performances de l'A3000 à 7,46 fois celle d'un Amiga classique. L'utilitaire MIPS nous donne 8 MIPS tout rond contre 0,76 MIPS pour mon 1000. On retrouve donc pour ces deux programmes une vitesse d'à peu plus de 7 fois la vitesse d'un Amiga 68000, à comparer avec le gain de 20 rapporté par le test Whetstone ou même celui de 100 (!) du test Savage. Méfiez-vous des tests, vous dis-je...
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