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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Test d'Alien Breed
(Article écrit par Clence Tum et extrait de Nes Pas - mars 2012)
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Je n'aime pas tester des jeux cultes. J'ai toujours l'impression d'écrire une copie conforme des deux cent vingt sept critiques
qui existent déjà sur l'Internet multimédia, j'ai la pression des fans, j'ai peur de dire une connerie à chaque paragraphe
parce que je n'ai pas passé ma vie sur ce jeu (eh non, j'étais occupé à regarder les Minikeums)...
Mais bon, à force de tester des demi-bouses distribuées à cinquante exemplaires par un obscur magazine underground de RFA
à l'occasion de Noël 1988, je vais faire passer Nes Pas pour un site de marginaux, et ça, c'est mal. Donc, aujourd'hui,
on fait dans le classique, le banal, le convenu, le trivial, le jeu culte-mythique-must-have blablabla. *soupir*
Alien Breed donc. Je suis sûr que le nom Team 17 vous dit quelque chose. Celui qui a répondu "ouais je connais c'est un boys
band anglais" est resté coincé en 1993 et a confondu avec East 17, monsieur laissez-moi vous dire que vous êtes un être bien
haïssable. Team 17, c'était le développeur pour ordinateurs de la grande époque, qui se disputait la vedette avec les Bitmap
Brothers, et qui a accouché de grands titres tels que Worms, Superfrog, Assassin, Project-X... Bref, que du semi-amateur
inconnu et médiocre. D'ailleurs, Alien Breed est un peu le jeu qui les a lancés, et il a eu tellement de succès qu'il a été
suivi par Alien Breed 2,
Alien Breed Special Edition 92,
Alien Breed 3D, Alien Breed chez les nudistes... *soupir*
Un autre problème avec les jeux cultes, c'est que même sans jamais y avoir touché, on sait de quoi il s'agit, comment ça se
joue, comment ça se termine... C'est un peu comme certains films de Kubrick par exemple, personne ne les a jamais vus mais ils
ont été tellement référencés, repris, parodiés, fichés estampillés classés déclassés ou numérotés qu'on les connaît quand
même par coeur. *soupir*
Bien, allons-y... C'est le futur. Le futur genre distant, mais pire. A l'étroit sur la Terre, les hommes ont fini par faire
la peau à Einstein et à sa ridicule théorie qui a donné des crampes à tous les auteurs de science-fiction depuis 1905, et ils
ont inventé un moyen pour voyager plus vite que la lumière. Ni une ni deux, ils se reproduisent comme des lapins dans toute
la galaxie, posant leurs gros pieds sales et poilus et probablement plein d'ongles incarnés sur toutes les planètes qu'ils
croisent. Forcément, ils finissent par tomber sur une race d'exo-trucs vachement pourvus en dents et tout, qui n'entendent pas
se laisser faire par ces ridicules blobs roses tout mous qui ont une fâcheuse tendance à se répandre sur les murs dès qu'on
appuie dessus.
Vous vous serez douté que le jeu commence justement à ce moment-là. C'est toujours pareil, toujours au joueur de faire le sale
boulot, alors que ces malins de développeurs auraient très bien pu nous donner le rôle d'un colon qui débarque sur une planète
vierge pour s'établir, avec devant lui la perspective des grandes étendues sauvages, des fermiers à racketter et de leurs
filles à violer. Mais non, ça tu peux cogner dessus. Je suis sûr que n'importe quel joueur moyen a déjà sauvé le monde plus de
fois que Bruce Willis et Al Gore réunis. *soupir*
Donc tout le monde s'est fait bouffer sur une quelconque station perdue au fin fond de nulle part, et les gallonés ont désigné
deux bons glands tout frais émoulus de l'académie comme volontaires pour aller rétablir le bon droit. Oui, la solution logique
aurait été de balancer quelques bombes thermonucléaires pour vitrifier les vilains pas comme nous, ou à la limite d'envoyer quelques
bataillons de space marines pour calmer les choses, mais non, on envoie deux clampins avec des flingues de péteux et un demi-chargeur.
Voilà qui est original. C'est bien connu, dans le futur, les forces armées de la race qui a conquis la galaxie a toujours moins
de budget que la police luxembourgeoise. *soupir*
Nous voilà donc débarqués en milieu hostile en compagnie de nos deux champions du monde, que nous nommerons Jacky et Didier
afin de préserver leur anonymat et d'épargner leurs familles. Leur équipement se compose des deux pious-pious suscités, d'une
boîte de choco-BN et de dix préservatifs, modèle camouflage double-épaisseur standard, qui peuvent aussi servir à protéger les
clopes de l'humidité. Autant dire que c'est mal bar, d'autant que Jacky et Didier n'ont pas l'air d'avoir inventé le bidon de
deux litres. *soupir*
Et puis là, paf, sans rien dire ou si peu, le jeu commence. Il faut dire que l'introduction est sur une autre disquette, alors
quand on s'y attend pas, se retrouver directement dans le feu de l'action ça frappe. Et du même coup j'arrête mes soupirs et
je quitte la morgue de celui qui tente vainement de faire croire qu'il a cloisonné son âme d'enfant derrière vingt centimètres
de plomb et que les jeux vidéo ne lui font même plus ça, parce que c'est vrai qu'Alien Breed est un putain de bon jeu. Pas
original pour un sou certes, mais putain de bon jeu quand même.
Le principe est simple et diabolique à la fois : en vue de dessus, on est lâché au milieu d'un niveau labyrinthique absolument
énorme, avec des hordes d'aliens qui nous foncent dessus et qui pondent à l'infini. A nous de nous en sortir avec notre petit
pet-pet qui, passé les deux-trois premières vagues de scrofuleux ventilées d'une seule main en prenant la pose, commence
à sérieusement manquer de munitions. Là, Jacky et Didier commencent à se dire que, finalement, ils ne seront peut-être pas
rentrés à la base à temps pour prendre une bière au mess des officiers et assister au numéro de la grosse Betty.
La peur monte, cette peur plus moite qu'une chambre d'un bordel de Caracas par un soir d'été, qui vous prend aux tripes,
vous cloue sur place, et vous bloque le doigt sur la gâchette alors que les monstres de plus en plus nombreux se rapprochent
dans un couloir mal éclairé et que vous hurlez votre mère comme jamais vous ne l'avez fait.
Mais n'anticipons pas. Pour l'instant, c'est le début du jeu, et Jacky (ou Didier, on s'en fout, je joue en mode "1-player"
pour le test, parce que la seule autre personne susceptible de pouvoir jouer disponible actuellement est mon frère, et qu'il
est hors de question que je confie mes arrières à quelqu'un qui me volait mes Chocapic quand j'étais trop petit pour me
défendre), Jacky donc vient de descendre de la navette et il ne se doute pas encore de ce qui l'attend, persuadé qu'on lui
a confié une nouvelle mission minable. Pauvre fou qu'il est.
Il faut savoir pour la beauté de l'anecdote que la première action de tout joueur qui touche pour la première fois à Alien
Breed est de se faire cramer par les flammes qui sortent des réacteurs de la navette en en faisant le tour. C'est con, mais
c'est représentatif du souci du détail qui animait les petits gremlins de Team 17 (avant qu'ils virent commercial et pondent
Worms 3D, mais là n'est pas la question et puis Dieu reconnaîtra les siens).
Le jeu comporte quatre niveaux, sans compter les deux premiers qui sont une sorte de mise en bouche. Basiquement, on reçoit
les directives, on sort de l'ascenseur, on en chie tel le pauvre hère qui a choppé la courante et qui se tord sur son lit
de souffrance pour atteindre l'objectif, on affronte un chef, et on refait le trajet dans l'autre sens, et en temps limité
ce coup-ci, ah ah oui. Je n'ai pas précisé dans ma liste les nombreuses fois où l'on croit que ça va le faire, que accroche-toi
Didier on va y arriver, et alors qu'approche le dernier alien, vous entendez le clic-clic-clic fatal du chargeur vide, et
cette voix numérisée qui vous annonce laconiquement "Player one requires ammo", un peu à la manière d'un Gauntlet et de ses
"Warrior... is about to DIE!".
Ou encore, les fois où la manette, la fameuse manette de l'Amiga, décide de claquer à l'instant où vous alliez porter le coup
de grâce au chef de fin de niveau. Et ainsi de suite. Alien Breed n'est pas un jeu pour les "mickeys", il fait facilement parti du haut du
panier des plus durs parmi les faisables-mais-tout-de-même-on-en-bave.
Pour ne rien arranger, les développeurs ont rempli la plupart des trous qu'ils avaient laissés entre les murs avec des portes,
qui nécessitent des sortes de clés génériques à usage unique pour s'ouvrir. Clés que l'on trouve par terre de temps à autre,
entre les munitions et les médikits, cela dit il n'est pas rare de tomber en rade et de se retrouver grosjean comme devant,
devant la dernière porte du niveau justement.
On peut aussi acheter des clés via les terminaux d'ordinateurs répartis sur la carte, qui vont vite devenir vos nouveaux meilleurs
amis grâce à leurs nombreux usages. Ils contiennent la carte du niveau dans lequel vous vous trouvez (encore que ça ne soit pas
bien utile, dans la mesure où la mémoriser est quasiment impossible), mais surtout ils servent de magasin où l'on peut acheter
des munitions, des soins, et de nouvelles armes : fusil à pompe, lance-flammes, laser... dont le besoin se fait rapidement sentir
pour remplacer l'agrafeuse de base, mais qui coûtent cher, et pour récupérer de l'argent il faut s'aventurer dans des zones
généralement bien éloignées des chemins principaux et infestées d'aliens. Et enfin, ces ordinateurs vous permettent aussi de
jouer au dernier jeu à la mode dans la Fédération, j'ai nommé Pong. Pratique pour se détendre peinard pendant que les hideux
attendent patiemment pour vous sauter dessus et vous gober la tête.
Et là vous commencez à comprendre pourquoi six niveaux, c'est largement suffisant. Peu de choses sont faites pour aider le
joueur, à part peut-être l'absence d'intelligence artificielle des pas beaux : ils n'ont manifestement pas compris que le
plaisir de conduire n'est pas dans la ligne droite et ils vous foncent dessus sans se préoccuper des murs qui pourraient
éventuellement se trouver sur leur trajet, aussi en finassant on peut réussir à en bloquer une bonne partie dans les angles.
Cela dit, comme il en arrive de partout à la fois...
Mais si Alien Breed est aussi beau et pur dans l'effort qu'un lanceur de poids turc juste avant la détente, c'est aussi grâce
à son ambiance, qui n'est pas sans "rappeler" Alien 2, pourrait-on dire poliment, d'ailleurs si j'étais un avocat spécialisé
dans les violations de droits d'auteur, je crois bien que j'en aurais une montée de sève. Les pauvres marines perdus contre un
déferlement de monstres sur une planète hostile, le style des armes, les facehuggers, la reine pondeuse, l'aspect
du dernier niveau qui s'inspire fortement de "l'architecture" alien... Ceci dit il serait réducteur et même criminel d'attribuer
la réussite de la mayonnaise qu'est ce jeu à un simple et vulgaire pompage du film de James Cameron. Tout est parfait :
les graphismes ultra-léchés, marque de fabrique de Team 17, la musique très discrète (vous savez, cette musique d'ambiance de
science-fiction, très typé "ventilateur bruyant")... On pourrait éventuellement regretter la monotonie des décors, mais bon,
c'est le genre qui veut ça.
Je ne vous ai pas parlé du mode deux joueurs. Comme les développeurs le signalent eux-mêmes dans le manuel, le coopératif
est l'essence même d'Alien Breed : y jouer tout seul, même si ça provoque un certain plaisir, n'a rien à voir avec l'expérience
à deux. Comme le ping-pong. N'hésitez donc pas à recruter un camarade, déjà ça ramène la difficulté au rang de "faisable en une
journée à condition de sauter les repas", mais ça sera surtout l'occasion de vous forger des souvenirs inoubliables avec votre
vieux pote Frank. Qui ne se remémore pas l'une ou l'autre partie endiablée de Streets Of Rage, ou Chip & Dale, ou que sais-je
encore, par un dimanche après-midi pluvieux ? "Nom de Dieu Frank, je t'avais pourtant bien dit de me couvrir à onze heures !
Dix heures, onze heures, douze heures, c'est quand même pas compliqué, t'es vraiment un tocard ! Rend-moi ma tondeuse et mon
barbecue, et puis tiens, je ne te l'ai jamais dit, mais à l'anniversaire de la petite il y a deux ans, j'ai couché avec Chantal
pendant que tu découpais le rôti".
Alien Breed est donc un pur chef-d'oeuvre comme on n'en fait plus, et quand sera venu le temps des cheveux blancs et de
l'arthrite, quand vous aurez appris à apprécier la saveur d'une bonne pipe au coin du feu par un soir d'hiver, son souvenir
ne manquera pas de vous tirer une petite larme. Certains jaloux et frustrés pourront tout de même, à raison, arguer qu'il
lui manque un certain charme dans sa perfection, ce même charme qui vous fait préférer votre copine pas très belle mais tellement
rigolote quand elle essaye de se percer les boutons du dos à un top-model de magazine. Et un jour j'arrêterai de conclure mes
tests avec des comparaisons aux femmes ou au cul, mais ce jour n'est pas encore arrivé.
Nom : Alien Breed.
Développeurs : Team 17.
Genre : jeu d'action.
Date : 1991.
Configuration minimale : Amiga OCS, 68000, 1 Mo de mémoire.
Licence : commercial.
Téléchargement : www.dream17.abime.net.
NOTE : 9/10.
Les points forts :
- L'ambiance oppressante.
- Jouable à deux.
- Graphismes léchés.
- Animation fluide.
- La qualité des musiques et des bruitages.
- Le côté labyrinthique des niveaux.
Les points faibles :
- Ennemis peu variés.
- La monotonie des décors.
- Difficile avec des aliens qui arrivent de partout et des munitions limitées.
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