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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Test de Wings
(Article écrit par Anarkhya et extrait d'EmuNova - juillet 2007)
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L'Antichambre des cieux
Le monde des simulateurs de vols (et ce depuis l'aube de leur temps) est riche et surtout complexe, le réalisme et la
difficulté d'un titre allant souvent de pair, je n'ai que rarement pu affronter les manuels de 75 pages accompagnant nombre
de ces simulations, sans parler bien sûr des 32 touches de clavier à négocier simultanément.
Évidemment, le Wings de
Cinemaware est bien plus abordable, par son net penchant arcade mais aussi par l'époque où l'action se situe, les joyeux
coucous de 1914 sont en effet un poil plus simples à gérer qu'un triste F-117.
Think you're a flyer, kid ?
Voilà tout ce que l'colonel me rabâchait, il me répétait que je n'intégrerais jamais le 56e sans avoir fait mes preuves,
gagner mes galons qu'il disait.
Mais il me connaissait mal, l'père Farrah, je me sentais capable de bien des exploits mais tous mes discours ne seraient jamais
aussi éloquents qu'une mission accomplie. C'est donc fier comme un coq que je m'posais devant le bureau du patron avec mes
premières ailes gagnées et donc mon passeport pour le 56e escadron.
Les copains de la base se marrèrent bien en me disant que cette p'tite mission de qualif', c'tait du vent, juste un vague exam'
pour séparer les pilotes potables des bras cassés. Ils m'assurèrent que la guerre, là dehors, c'était quelque chose que
j'imaginais même pas. Rien de ce que j'avais connu n'avait cours là-haut, une fois dans les airs, la seule monnaie qui
comptait c'tait la salve de plomb que t'allais cracher dans la carlingue d'un boche.
Dégotes-toi une spécialité ! M'avaient dit les collègues, j'savais pas quoi choisir, moi, un stage de mécano, de vol,
d'endurance ou d'tir, j'avais l'temps de m'en négocier qu'un seul avant de décoller d'façon. Les gars m'avaient assuré
qu'avec le temps viendrait la maîtrise, en revanche, ce qu'ils avaient tu, c'est qu'avec le temps se déploierait...
L'enfer des cris
Ecrasé par ce fardeau qu'est la vieillesse, quand tombe la nuit que je crains tant, dans la pénombre de ma baraque grand luxe,
entouré de cette technologie qui m'inquiète plus qu'elle ne me sert, le spectre qui me chérit tant reviens hanter mes nuits et
saborder mes espoirs. Cette guerre je l'ai menée jusqu'au bout, plus par rage de vivre que de vaincre d'ailleurs, j'ai vu tous
les copains mourir pour le drapeau, ce même drapeau qui me verse en argent la contrepartie de ma quiétude.
Engoncé dans la solitude de ma condition, des souvenirs que j'aimerais ne jamais avoir vécu, refluent sans cesse.
L'année 1916, la grande année, celle de mes premières ascensions, comme de mes premières désillusions, j'avais la fougue de
mes vingt ans et le secret désir de voir mon nom en lettres d'or sur le tableau, une inscription qui dirait : l'as des as.
Mais pour cela, encore fallut-il que je survives à ce maudit conflit, que je réchappes aux 230 assignements que l'on me
fixerait, que j'abattes les frères von Richtofen qui décimaient nos lignes et bombardaient nos convois.
J'ai effectué plus de missions que de raison, ne croyez pas que mes journées fussent monotones, j'ai bouffé du boche en long,
en large et en travers, j'ai bombardé des sites prioritaires, j'ai annihilé des convois comme des régiments d'infanterie,
j'ai descendu en flèche les ballons des fritz.
Et ceci pendant deux longues années, deux années de rage et d'effroi, deux années dans l'enfer, l'enfer des cris.
When the Music's over
Je mentirais si je disais que nous n'avions pas vécu de bons moments, on s'est même franchement marré parfois, orchestrant des
acrobaties qu'on n'auraient même pas cru possibles, fendre l'air à coup de boucles et de tonneaux pour exécuter un Allemand
qui nous avait serré de trop près, slalomer entre les balles des anti-aircraft pour piquer au vif leur gigantesques baudruches.
Bien sûr, il y eut des actions moins drôles, comme enrayer son canon en face d'un fritz ou perdre une aile et atterrir de force,
plombé par un opposant trop adroit. Descendre des cibles civiles voire des convois de blessés, le colonel n'appréciait pas trop
ça d'ailleurs, on s'est tous pris des blâmes pour avoir malencontreusement exécuté des innocents.
Et tout cela, les hauts faits comme les échecs cuisants, je les consignais scrupuleusement dans le journal du 56e, dressant des
listes d'objectifs ratés ou de coucous abattus.
Le jour se lève à présent, le monde qui m'entoure reprend son chemin là où il l'a laissé, la lumière de l'aube recouvre la
noirceur de mes rêves et allège le fardeau que je porte. M'offrant le répit suffisant qui m'impose de croire en la vie malgré
la violence qui régenta la mienne.
After the War
On me pardonnera (ou pas) pour la transition à la volée et laissons à présent reposer le narrateur afin que je reprenne les
commandes un instant Car il faut bien concéder. ;)
Wings est surtout une affaire de mise en scène via le journal de bord qui ponctue l'avancée de récits sur la situation de guerre,
les déboires des uns comme les victoires des autres ou simplement les choses ordinaires de la vie, les drames et les espoirs ;
pour ce faire une petite maîtrise de la langue du vieux Shakespeare serait appréciable histoire de bien s'imprégner.
Vous ne croyiez tout de même pas que je me sois laissé aller a quelques dizaines de lignes de fiction hors-sujet, si ?
Sorti de ce concept immersif, notre petit jeu ne fait pas spécialement preuve de débauche graphique, on est sur de la 3D
d'époque (1989-90) avec les limitations machine que l'on devine (32 couleurs par exemple) mais l'ensemble reste fluide et
c'est un point qui compte pour ce type de jeu.
Au premier abord, on pourrait se dire que l'enchaînement des 230 missions conduirait à une mortelle monotonie. Fort heureusement,
les trois types de jeu brisent l'écueil : le bombardement de cibles (vue de dessus en défilement vertical) ainsi que le
strafing (vue 3D isométrique avec mitraillage intensif genre jeu de tir) sont les bienvenues.
S'agissant de l'aspect audio, Wings fait preuve de grande discrétion, quelques morceaux d'ambiance pour vous accompagner (hors
mission bien sûr) et des bruitages assez standard (un peu de canon et quelques explosions).
Étant assez peu sujet aux élans d'objectivité, je n'ai pas, sur le plan de la réalisation globale, de réel point faible à offrir
en pâture aux rapaces inopportuns. Sur ce, je vous souhaite bon vol !
Nom : Wings.
Développeur : Cinemaware.
Genre : jeu d'action/aventure.
Date : 1990.
Configuration minimale : Amiga OCS, 68000, 512 ko de mémoire.
Licence : commercial.
NOTE : 9/10.
Les points forts :
- Trois modes de jeu (bombing/strafing/patrol), assez rare, et peut-être même inédit, pour ce type de jeu.
- Un effort de mise en scène qui déclenche une immersion de qualité (peu fréquent pour l'époque), concept Cinemaware oblige.
Les points faibles :
- Vos collègues de vol sont loin d'être inefficaces, n'enragez pas s'ils vous volent souvent la vedette !
- Dommage qu'il n'y ait pas de traduction en français, le carnet de bord l'aurait mérité au vu de sa richesse.
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