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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Dossier : Total Recall, le film, le jeu
(Article écrit par Stéphane Lavoisard et extrait de Génération 4 - octobre 1990)
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"Vous aimeriez skier sur l'Antarcticque, mais vous ne savez pas vraiment skier. Vous rêvez de vacances au
fond de l'océan, mais vous n'en avez pas toujours les moyens. Vous avez toujours voulu escalader les
montagnes de Mars, mais vous êtes encore au pied de la colline. Pour tout cela, venez à Rekall, un endroit
où vous pouvez acheter les souvenirs de vos vacances idéales, des vacances moins onéreuses, plus sûres,
et encore meilleures que la réalité. La vie ne vaut pas la peine d'être vécue sans elles. Appelez Rekall,
pour le souvenir d'une autre vie."
Voilà ce que répète le réalisateur de Total Recall avant chaque projection du film. Et il est vrai qu'il
vaut mieux s'attendre à tout durant cette incroyable mégaproduction de science-fiction, qui se place comme
l'un des meilleurs films du genre, tant sa violence, son intelligence et son visuel vont vous couper le
souffle. "Soyez prêt pour le voyage de votre vie", affirmaient les affiches aux États-Unis, alors que le
slogan télévisé était "Bienvenue aux frontières du cinéma". Le pire, c'est que ces annonces étaient loin
d'être exagérée. Histoire d'un film événement !
Du projet à la réalisation
Lorsque l'on sait le budget qu'a demandé Total Recall, on comprend pourquoi le film a mis autant de temps à se
réaliser. Ronald Shusett, coscénariste du film, a en effet pensé adapter une courte nouvelle de Philip K. Dick
(peut-être LE meilleur écrivain de science-fiction, à qui l'on doit également Blade Runner) dès 1975.
Seulement, à l'époque, la science-fiction n'était pas un genre habituel, et le budget nécessaire à la réalisation
du film était impensable. Le projet végéta donc quelque temps, jusqu'au jour où Ronald Shusett coécrivit le
scenario d'Alien avec Dan O'Bannon. Le film devenant le succès que l'on connaît aujourd'hui, Ronald Shusett
pensa alors pouvoir donner le départ de son Total Recall, mais il lui fallut plusieurs années encore avant de
convaincre le groupe De Laurentiis à s'intéresser au projet. La compagnie tenta bien de monter le film, mais
dut finalement y renoncer, et elle revendit le tout à Carolco, société de production indépendante ayant réalisé
de nombreux films avec Sylveter Stallone et Arnold Schwarzenegger (Rambo 3, Double Détente...).
Mais si Total Recall sort aujourd'hui, en 1990, sur les écrans, c'est tout particulièrement grâce à Arnold
Schwarzenegger. En effet, le script avait plusieurs fois failli devenir un film, que ce soit avec David Cronenberg
ou Bruce Beresford derrière la caméra. C'est Arnold Schwarzenegger qui, en entendant parler du film par Dino
De Laurentis, décida qu'il fallait s'y intéresser, et c'est encore lui qui, impressionné par le RoboCop
de Paul Verhoeven, mis en contact le réalisateur néerlandais et Carolco.
Finalement, ce fut le 20 mars 1989, aux studios de Churubusco, dans la banlieue de Mexico, que le tournage de
Total Recall commença, soit quatorze ans après qu'il eût éte conçu !
"Paul Verhoeven est un extraordinaire perfectionniste. Il sentait qu'il tenait un sujet fort, et voulait le
pousser jusqu'à ses plus extrêmes limites. Grâce à cela, Total Recall est, à mon avis, un film d'une
conception entièrement nouvelle et qui fera date, tout comme Alien en son temps."
[Ronald Shusett].
Un tournage incroyable
Autant le dire tout de suite, on estime que Total Recall aura coûté près de 60 millions de dollars, ce qui le
classe second parmi les films les plus chers jamais réalisés, après Rambo 3. Ce n'est pas pour rien que
l'équipe de production du film s'installa pendant cinq mois à Mexico. La ville est en effet idéale pour les
scènes se déroulant sur la Terre, tant Mexico est naturellement une ville futuriste avec ses immeubles aux
architectures folles. Dans les studios de Churubusco allaient être tournées toutes les scènes de Mars,
les décors allant jusqu'à occuper dix gigantesques plateaux, tous décorés par le maître en la matière,
Ron Cobb.
Paul Verhoeven étant un fan de science-fiction, il désirait véritablement des décors réalistes, et il n'hésita
pas à faire construire plusieurs quartiers de Mars, ainsi qu'une gigantesque maquette miniature représentant
l'ensemble de la colonie. Les plans furent établis en s'inspirant des projets de colonies martiennes faits
par la NASA. Il fallut près de 350 ouvriers pour construire dans les studios l'aéroport martien, le quartier
très chaud de Venusville, un réseau de souterrains et de catacombes et quelques routes et tunnels.
Tout le côté artistique de la conception de Mars revient à Ron Cobb, qui compte à son palmarès les films les
plus marquants des dernières années : Dark Star, Star Wars, Alien, Conan Le Barbare, Rencontre Du Troisième Type,
Les Aventuriers De L'Arche Perdue, Aliens, Retour Vers Le Futur, Abyss et j'en oublie... C'est donc assurément
l'artiste le plus influent du cinéma fantastique, et son travail pour Total Recall a été considérable. De
la conception des vêtements à celui de la machine de la compagnie Rekall en passant par les voitures, les
taxis du futur, les foreuses des mines de Mars ou encore l'architecture de la colonie, tout est passé par lui !
Un scénarion en or
Le scénario de Total Recall est, il faut le dire, assez complexe, et bien entendu totalement Dickien. En 2075,
Doug Quaid (Arnold Schwarzenegger) travaille sur un chantier à longueur de journée, aidant à la reconstruction
de la Terre, après un conflit entre le Bloc Nord et le Bloc Sud. Tous les soirs, il retrouve avec plaisir
(et on le comprend) sa femme Lori, interprétée par la très charmante Sharon Stone. Cependant, il rêve chaque
nuit d'une autre femme, une brune, avec laquelle il escalade les montagnes de Mars... Le rêve tourne toujours
au cauchemar, et Doug Quaid se réveille en sursaut pour tomber dans les bras de Lori, quelque peu jalouse de
l'obsession de son mari pour la planète rouge. Doug Quaid essaie bien de la convaincre d'y aller avec lui,
mais elle l'en dissuade toujours.
D'autant plus que la colonie est loin d'être calme, le dictateur Cohaagen (interprété par Ronny Cox) ayant bien
des difficultés avec un mouvement rebelle décidé à mettre fin à son empire. La situation se répète souvent,
jusqu'au jour où Doug Quaid tombe sur une publicité de la firme Rekall Incorporated. La compagnie vend des rêves,
tellement réalistes que le sujet a l'impression de les vivre, et qu'en sortant de Rekall, ce seront de
véritables souvenirs. Doug Quaid s'y précipite, choisit Mars, et une option permettant de rêver sous couvert
d'une autre personnalité, mais durant son rêve, un problème survient, et au lieu d'implanter des souvenirs de
Mars à Doug Quaid, la machine en réveille d'anciens, enfouis dans sa mémoire. Les membres de Rekall se rendent
compte du problème, ils effacent toutes les traces de sa visite dans leurs locaux, et renvoient Doug Quaid chez lui.
A partir de ce moment, nombreux sont ceux qui vont tenter d'éliminer le pauvre Doug Quaid, qui ne comprend décidément
pas ce qui lui arrive, et une course-poursuite s'engage qui ne prendra fin qu'avec le dénouement du film. Sa vie
basculera définitivement quand un hologramme de lui-même, remis par un inconnu, lui dit : "Prépare-toi à la grande
révélation. Tu n'es pas celui que tu crois. Tu es moi !". Doug Quaid part alors pour Mars, toujours poursuivi par
des hordes de tueurs menées par Richter (joué par l'excellent Michael Ironside), afin de découvrir sa véritable
identité et son passé. C'est le début d'une aventure incroyable, aux nombreux rebondissements et au rythme infernal.
Côté surprises, on croirait du Hitchcock, et Paul Verhoeven avoue d'ailleurs être un grand fan du réalisateur
américain. Total Recall, c'est véritablement un scénario de science-fiction, mais aussi d'action et d'espionnage,
avec un thème cher à Philip Dick : "Ce que nous voyons n'est peut-être pas la réalité."
L'intelligence de Paul Verhoeven est d'avoir réalisé un film pouvant être pris à plusieurs degrés, ce qui lui
a permis de s'assurer le succès aux États-Unis (où le spectateur s'arrête bien souvent au premier degré), tout
en laissant aux spectateurs plus "attentifs" des éléments pour comprendre véritablement le scénario. Je ne
peux m'empêcher de penser que les dernières secondes du film sont comme un signe de Paul Verhoeven pour montrer
sa façon d'interpréter la fin du film, celle que les fans de science-fiction apprécieront encore plus que les
amateurs d'Arnold Schwarzenegger. L'acteur joue ici indiscutablement son meilleur rôle, tout comme Michael Ironside
(que l'on retrouvera prochainement dans Highlander : Le Retour) et Ronny Cox.
Ûes effets spéciaux au quotidien
Autant dire qu'avec un budget de 60 millions de dollars, Paul Verhoeven a fait appel à de nombreux effets spéciaux
pour rendre son futur crédible. Il avait pourtant promis après RoboCop de ne plus faire de film utilisant
abondamment les effets spéciaux, mais sentant l'importance de Total Recall, il replongea pour en faire encore
plus. Seulement de temps à autre, les films à gros budgets jouent tout sur les effets spéciaux, et le
scénario devient sans importance. Ici, ce n'est pas du tout le cas, d'autant plus que les effets spéciaux
sont souvent utilisés de manière originale. Ainsi, ils ne sont pas toujours utilisés pour des décors ou autres
scènes dignes d'un Space Opera, mais pour des gadgets du futur, ce qui est tout à fait réaliste. Ainsi, Lori,
la femme de Doug Quaid, s'entraîne au tennis en exécutant les gestes à côté d'un hologramme de professeur.
La secrétaire de Rekall Corporation change la couleur de ses ongles à l'aide d'une palette graphique. La
sécurité du métro voit dans un long couloir les squelettes des citoyens qui passent, pouvant ainsi repérer les
armes à feu. Avec Total Recall, les effets spéciaux sont aussi utilisés pour montrer les nouveaux gadgets
superflus du moment !
Près de 100 personnes ont participé à l'élaboration des effets spéciaux du film, pendant tout le tournage,
mais aussi après, lorsqu'il a fallu élaborer les maquettes, les peintures sur verre et les trucages optiques.
L'utilisation de fonds bleus particulièrement grands permit d'incruster les acteurs et quelques décors
de studio dans des paysages incroyables. Mais le plus étonnant reste le travail effectué au niveau des
maquettes. L'équipe de Dream Quest Image a en effet dû construire des maquettes de la surface de Mars devant
se combiner avec l'action réelle et les fonds bleus. Du coup, les tailles de ces dernières vont jusqu'à 20
mètres de long !
Toutes les scènes du film furent filmées en studio, avec des caméras assistées par ordinateur. La caméra tourne
en 24 images/seconde, l'ordinateur gardant en mémoire tous les mouvements de caméra. Plus tard, il suffit de
réintégrer la caméra dans les maquettes, et l'ordinateur permet de filmer exactement les mêmes plans, avec les
mêmes mouvements. Du coup, il devient possible de combiner l'image des maquettes et celles des acteurs, et
d'avoir des mouvements de caméra réalistes dans des décors fictifs. C'est rare et d'autant plus impressionnant.
Enfin, pour les maquillages, Rob Bottin (ayant travaillé sur Hurlements, Legend et RoboCop) dut créer toute
une galerie d'humains ayant muté. Ces derniers sont les résidents de Venusville, le quartier "chaud" de Mars.
Là-bas, les dômes qui protègent la colonie sont moins efficaces, et les rayonnements solaires ont peu à peu
engendré des mutations.
Total Recali, c'est donc un film inoubliable, assurément LE film de l'année 1990, et peut-être le meilleur
film de science-fiction depuis Blade Runner, auquel on ne peut s'empêcher de le comparer, même si les styles
sont tout à fait différents, du fait des similitudes dans l'histoire. Plus qu'un film, Total Recall est une
expérience, et ceux qui auront le courage de l'affronter (le film comporte plusieurs scènes très violentes)
s'en souviendront à vie. Le mieux, c'est que l'on peut voir le film plusieurs fois, car on y découvre
toujours quelque chose et on y prend toujours autant de plaisir. Beaucoup d'atouts qui devraient faire de
Total Recall le grand vainqueur de cette fin d'année.
Le jeu vidéo
Les habitués des adaptations de films, j'ai nommé Ocean, ont bien entendu les droits de Total Recall, et
nous préparent un jeu qui devrait être disponible pour la sortie du film, sur Amiga, PC et Atari ST. Le
jeu est composé de cinq phases différentes, reprenant les moments les plus marquants du film, et présentées
par des images numérisées du film.
La première phase est dans le genre de Mission Impossible. C'est un jeu de plateau dans lequel vous dirigez
Quaid/Arnold, vous devez retrouver tous les éléments d'une mallette qui vous permettront d'en savoir un
peu plus sur votre véritable identité. Une fois ceci fait, vous montez dans un taxi, et s'engage alors une
terrible poursuite, avec une vue du jeu en 3D, à la Batman, ce qui promet d'être grandiose.
Le troisième niveau se situe sur Mars, et c'est un nouveau jeu de plateau, dans lequel Quaid doit fuir les
gardes de Cohaagen pour trouver les rebelles. Nouvelle phase de taxi au quatrième niveau, où Quaid doit
semer ses poursuivants, tout en évitant les foreuses qui sortent des mines ! Enfin, le dernier niveau
reprend le combat final de la fin du film.
Nous n'avons, hélas, pu voir que les débuts du premier niveau de Total Recall, mais nous avons déjà été
assez impressionnés par les graphismes. Les sprites représentant Arnold Schwarzenegger et Michael Ironside
sont particulièrement ressemblants, et l'animation des personnages est réussie. Selon les auteurs du
jeu, Total Recall, le jeu, devrait être deux fois mieux que Batman, ce qui promet !
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