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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Point de vue : La vie d'un rédacteur en chef (de magazine Amiga)
(Article écrit par David Brunet et Bruce Lepper - avril 2005)
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Voici quelques lignes sur la vie d'un rédacteur en chef. Bruce Lepper est l'ancien rédacteur en chef et directeur de
la publication du journal Amiga News. David Brunet est le rédacteur en chef du magazine électronique Obligement.
Ils nous racontent donc leur point de vue sur ce métier.
Les meilleurs moments dans la vie d'un rédacteur en chef
Bruce : Le meilleur moment arrivait une fois par mois quand je donnais
les films au transporteur et que le journal partait pour l'imprimerie.
Il est difficile de décrire l'effet physique et mental de ce moment-là.
En général, il était précédé par trois jours de travail frénétique et
très peu de sommeil. Pendant quelques heures après le départ des films
je ne faisais rien à part peut-être réorganiser l'ordre des crayons et
marqueurs dans la boîte à crayons sur mon bureau. J'allais au jardin, je
"sniffais" l'air et je regardais les arbres, je remarquais que le
printemps (ou l'automne) était arrivé, et je regrettais de ne pas avoir
participé à sa venue.
David : La toute fin de travail pour chaque numéro est un bon moment. Je parcours ici et là
le magazine à la recherche des quelques erreurs restantes. Je sais à cet instant que quelques minutes
plus tard, ce sont les lecteurs qui dégusteront ce numéro. Le fait de voir sur les sites d'actualité
qu'Obligement est mentionné donne du baume au coeur et on se dit que l'on ne travaille pas
pour rien. Les retours d'impressions des lecteurs sont aussi extrêmement sympathiques.
Les pires moments dans la vie d'un rédacteur en chef
Bruce : Le sentiment de s'occuper très mal des lecteurs en tant
qu'individus. Nombreux étaient les lecteurs qui écrivaient au journal
pour un conseil, une plainte, pour nous donner des informations utiles,
etc. Toutes ces lettres méritaient une réponse détaillée et sérieuse. La
réponse du journal (c'est-à-dire ma réponse) était trop souvent de les
mettre de côté à cause d'autres préoccupations, essentiellement de
gestion. Certaines étaient envoyées (par courrier postal à l'époque) au
correspondant qui s'en occupait dans son temps libre après son boulot,
car nous n'avons jamais eu de quoi payer un pro, si un pro existait en
la matière. J'en gardais certaines stupidement pour y répondre moi-même
avec de bonnes intentions, mais elles étaient toujours en dernier sur la
liste des choses à faire, et inévitablement elles en souffraient.
Les pires exemples de ceci étaient les lecteurs (assez rares) qui
avaient des problèmes avec des revendeurs. Nous avons bien essayé de les
aider, mais aller au bout de ces problèmes-là demandait un temps
important et je m'en occupais très mal. Ce n'était pas un problème de
sous avec les annonceurs (nous avons banni un annonceur important dans
le domaine public pendant un certain temps pour des abus) mais d'une
combinaison de négligence, incompétence, et manque de moyens de ma part.
David : J'essaye toujours de faire au mieux pour le magazine, même si celui-ci
n'est qu'un passe-temps. Cette volonté de "faire bien" engendre une certaine pression quant au résultat.
Cette façon de se mettre la pression pour pas grand-chose est stupide, mais je n'arrive pas à m'en défaire.
Mais il y a d'autres choses plus fâcheuses pour un rédacteur en chef : les critiques injustifiées
de la part des lecteurs.
Que se dit-on pour garder la motivation au fil des numéros ?
Bruce : La réponse vient encore une fois de nos relations avec les lecteurs.
Pendant les dix ans de vie du journal ils ont exprimé, mois après mois,
leur appréciation de ce que nous faisions. Cela peut paraître étrange,
mais l'enthousiasme soutenu des lecteurs, dans leurs lettres et leurs
appels, nous a donné le contre-poids qu'il fallait dans la balance
contre les menaces de Commodore, les plaintes des uns ou des autres, et
la montagne de travail.
Il y avait deux autres facteurs importants sans
lesquels le journal n'aurait pas survécu : la volonté de nos auteurs et
correspondants d'écrire au sujet de l'Amiga, qu'ils soient rétribués ou
non, et l'avance technologique de la machine qui rendait la production
du journal relativement facile et nous donnait confiance et motivation
en notre travail. Peu de gens le savent, mais A-News était sans doute le
premier journal en kiosque en France produit 100% sur ordinateur, y
compris les pages couleur. Le Mac était encore monochrome à l'époque.
Ci-dessous, une photo de la machine qui faisait le travail, un A500
avec trois lecteurs de disquette, dont deux dans une boîte à chaussures
avec découpes sous le moniteur. Pas de disque dur à l'époque, et
seulement 512 ko de mémoire.
David : Dans un premier temps, c'est facile d'avoir de la motivation, il y a tellement de choses
à faire et à dire. Ensuite, c'est de plus en plus difficile. Il faut être passionné. Les encouragements
des lecteurs sont aussi une source de motivation. Mais ce qui motive encore plus, c'est de voir que
certaines personnes veulent aider et contribuer au magazine : on sent à ce moment que l'on a pas
le droit de laisser tomber.
"Le numéro le plus important, c'est le prochain !"
Bruce : De mon côté, je préfère la phrase qui dit que "faire un journal c'est monter sur
le dos d'un tigre". Heureusement que l'Amiga s'est plus ou moins éteint
commercialement, sinon j'y serais encore !
David : Cette phrase est tout à fait vraie dès que l'on vient de sortir un numéro : on pense déjà
au numéro d'après. Cela témoigne aussi que l'on a "la tête dans le guidon".
Conseils pour un nouveau magazine pour que celui-ci arrive à tenir des années
Bruce : Les journaux de l'avenir seront sur Internet. Alors il suffit d'avoir
vraiment envie de faire son journal, on peut le faire, et Obligement est un
bon exemple de ce phénomène. C'est super, c'est démocratique. Internet
est la meilleure chose qui soit arrivée dans ma vie (avec Gorbachev).
David : Je pense qu'il faut avoir une équipe soudée et motivée. Il faut
avoir un véritable projet thématique de magazine, et non pas faire un journal uniquement pour
un but lucratif.
Le numéro 100 en tant qu'objectif ?
Bruce : Absolument pas. Notre objectif était de tenir le coup en attendant que
l'Amiga trouve un investisseur sérieux. Malheureusement, le monde des
affaires a joué au ballon avec l'Amiga pendant de longues années, et
quand le numéro 100 est arrivé beaucoup de nos anciens collaborateurs
étaient déjà sur PC ou Mac.
David : Il ne faut pas avoir un chiffre comme objectif, mais c'est plutôt
gratifiant d'atteindre les 100 numéros :-). Les numéros ronds sont souvent
utiles pour faire le bilan des numéros passés.
L'arrêt de la publication
Bruce : Il y en a sans doute beaucoup qui s'arrêtent après le numéro trois
ou quatre. Amiga News s'est arrêté parce que continuer aurait mené à une faillite et
au non-remboursement des abonnés. Pas bien ça. C'était une mort
collective et en bon ordre. Si nous manquions de ressources c'était
parce que toute la communauté Amiga était de plus en plus fatiguée de
voir l'Amiga transformé en ballon de foot et la concurrence faire du
progrès.
David : C'est quasiment une fatalité. Quand on crée un magazine, on ne pense pas
à son arrêt, mais celui-ci arrivera tôt ou tard : impression d'avoir fait le tour de la chose,
contraintes budgétaires, démotivation, etc. Et pour finir, un petit mot pour les auteurs
bénévoles de magazines : si le travail pour votre revue est trop important, arrêtez tout de suite.
Pensez à vivre, à faire d'autres choses car la vie ne doit pas devenir un calvaire.
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