|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
Professional Page : un vrai pro Il est assez rare de trouver un logiciel utilitaire qui soit capable de réaliser les promesses de sa publicité - ou même, parfois, les promesses des articles le concernant dans la presse informatique. Je me souviens en particulier d'une critique dans un journal anglais qui était plus que flatteuse pour le logiciel Infominder de Byte by Byte. Selon l'auteur de cette critique, Infominder n'était pas moins qu'une révolution dans le traitement de l'information, un système nouveau et merveilleux pour organiser et retrouver des textes de toutes longueurs. La Californie étant trop loin pour aller faire des essais, convaincu par l'ardeur de l'écrivain et la publicité non moins élogieuse de Byte by Byte, j'ai envoyé mes dollars et reçu le logiciel. En regardant les démos sur la disquette j'étais, moi aussi, émerveillé par l'organisation des écrans et la facilité avec laquelle on retrouvait, par exemple, un restaurant chinois dans la zone South Bay de San Francisco. Mais quand j'ai essayé d'organiser mes propres archives sous Infominder, j'ai découvert que le système de classification était très compliqué. Il fallait ajouter des mots-clés à chaque texte, sinon chaque paragraphe, et l'ordre derrière cette hiérarchisation était bien trop flou pour mon petit cerveau... Apparemment je n'étais pas le seul, car on n'entend plus beaucoup parler de ce logiciel. J'ai appris que l'auteur travaillait sur une version plus sympathique, et j'espère que c'est vrai et que j'aurai droit à cette version si elle est commercialisée. En attendant je me rabats sur Flow de New Horizons Software - un logiciel théoriquement moins puissant d'Infominder, mais en réalité dix fois plus puissant puisque approchable, utilisable presque instinctivement plutôt qu'avec de longs calculs... Doutes, doutes Tout ça pour dire que j'avais bien des doutes en ramenant le tout nouveau logiciel de mise en page Professional Page de l'AmiExpo de Los Angeles en janvier. Bien sûr, l'éditeur Gold Disk criait sur les sommets des buildings que c'était le système PAO le plus puissant dans l'histoire de l'Amiga, révolutionnaire, "déchaînant" les graphismes, etc. Cette hyperbole ne m'impressionnait pas. Nous, on voulait simplement sortir un journal mensuel nouveau dans les temps prévus en n'utilisant que l'Amiga. Mais finalement Professional Page a pu faire le travail - et le premier numéro d'A-News en était la preuve. Notre travail n'était pas parfait, loin de là, mais j'étais impressionné par la facilité d'apprentissage et la capacité de Professional Page à tenir ses promesses. Il y a des bogues - mais relativement peu pour un logiciel d'une telle complexité. Les visites du Guru sont rares, très rares. Il y a des fonctions qui ne marchent pas, et il y en a qui font perdre des pages entières de texte. Mais elles sont faciles à éviter, et seront probablement corrigées dans de nouvelles versions. Dans cet article, il s'agit de la version 1.0 en anglais, la toute première à être commercialisée, après une période de gestation particulièrement longue chez Gold Disk. Elle nécessite 1 Mo de mémoire et opère en mode entrelacé. Professional Page est en cours de traduction en français. Il est livré en version anglaise sur deux disquettes non protégées et un manuel de 200 pages entièrement créé avec le logiciel lui-même. C'est de bon augure, puisque le manuel est bien présenté, clair, et très professionnel. Certes, les pages étaient sorties sur une photocomposeuse Linotronic 300 de haute résolution. Mais les pages d'A-News, produites sur l'imprimante Laserwriter d'Apple, sont d'une qualité adéquate pour la plupart des publications. Selon un professionnel qui travaille sur Atari ST et Amiga, la qualité typographique en police Times sur le Laserwrite d'Apple est bien supérieure quand on utilise Professional Page et un Amiga qu'avec Publishing Partner et l'Atari. Pour celui qui n'a pas l'oeil du pro, cette différence ne se voit pas, mais apparemment le confort de lecture est accru sans que l'on s'en rende compte. Spectaculaire L'aspect le plus spectaculaire de Professional Page est la possibilité d'imprimer des graphismes de toutes sortes. On peut importer des graphismes bitmap IFF créés en n'importe quel mode graphique et avec entre 2 et 4096 couleurs. Une fois sur l'écran ces graphismes peuvent être rapidement manipulés, leur échelle variée, de même que leurs proportions ou positionnement. Un visage allongé peut devenir un visage rond en moins d'une seconde, même quand il s'agit d'images HAM. La liberté d'organisation de ces images sur la page est complète. On peut les placer "derrière" ou "sur" un texte ou autre image. On peut déplacer le graphisme à l'intérieur de sa boîte sans déplacer l'encadrement. On peut importer une image IFF et l'utiliser comme un patron pour en faire une copie avec les outils de dessin de Professional Page. Une fois la copie terminée, l'image peut être enlevée. Dessin structuré Tout dessin fait avec les outils de Professional Page est du type structuré, c'est-à-dire formé de composants qui sont définis mathématiquement. Ces composants peuvent être des lignes, arcs et courbes, avec attributs pour épaisseur de ligne, motif de ligne et remplissage. Les outils disponibles sont simples : ligne, angle, ellipse, courbe de Bézier, dessin libre et polygone. En appuyant simultanément sur la touche "Alt", la fonction ligne crée des lignes seulement à 45 degrés, 90 degrés, etc. la fonction rectangle crée seulement des carrés, ellipse trace des cercles, courbe place toujours les fins de lignes à 45 degrés les unes des autres, et polygon crée toujours des polygones fermés. Professional Page n'est pas capable de sortir ses pages sur une imprimante normale - les seules commandes qu'il envoie vers l'imprimante sont des fichiers en ASCII qui sont lus par le programme PostScript dans la mémoire morte de l'imprimante laser et transforme en textes et en dessins de 16 nuances de gris. Ces fichiers, qui font environ 100 ko, peuvent être envoyés à un autre ordinateur, tel IBM, Mac, ou ST, par modem ou câble RS232 avec un logiciel approprié, avant d'être imprimés. Les fichiers-pages créés par Professional Page sur disquette ne sont pas en ASCII, bien sûr, et sont bien plus compacts - autour de 12 ko. Les données de dessins IFF n'y sont pas incorporés - le logiciel les cherche dans leur répertoire d'origine quand il en a besoin. Laser seulement Il est dommage qu'on ne puisse pas "tester" ces pages sur une imprimante matricielle, même si une telle opération devait être lente et de qualité inférieure. Rares sont ceux qui ont la chance d'avoir une imprimante laser à langage PostScript à la maison. Le programme Publishing Partner Master d'Upgrade Editions, qui devrait sortir en français en juin, intègre des pilotes pour les deux sortes d'imprimantes. Mais, un oiseau dans la main en vaut deux au buisson... L'entrée des textes est facile, en format WordPerfect, Scribble, Textcraft ou ASCII. Il est possible d'insérer des codes de police, style, taille, espacement proportionnel, espacement interlignes, justification, autocésure, couleur, etc. au moment de la saisie. Professional Page comporte un logiciel de traitement de texte assez performant et facile à utiliser. Mais la dure réalité de la frappe en entrelacé, les options limitées de visualisation (25%, 33%, 50%, 100% et 200%), et la lenteur des opérations dès qu'une page commence à se remplir font qu'il est préférable faire le maximum, du point de vue de la préparation et de la correction des textes, dans votre traitement de texte habituel. Nouveaux moniteurs La visualisation de la page à 100% sur mon moniteur monochrome Apple GS n'est pas vraiment pratique pour corriger les textes en 10 points, la taille la plus courante dans A-News. Les lettres sont trop petites. Je le fais, parce qu'il y a toujours des changements de dernière minute. Mais souvent je réalise trop tard, que j'ai ajouté une virgule là où il y en avait déjà une, etc. A 200% les lettres sont tellement déformées qu'il est encore plus difficile de corriger les mots sans se tromper. Et à 50% il n'est pas question de distinguer les mots, qui sont d'ailleurs remplacés par des lignes de pseudo-leures. Il me tarde de voir Professional Page sur les nouveaux moniteurs professionnels annoncés par Commodore, surtout le monochrome non entrelacé de très haute résolution. Je suppose que ça va coûter les yeux de la tête... Mais en attendant je ne me plains pas trop puisque que, malgré ses défauts, on peut faire des merveilles avec Professional Page. Les textes et dessins en couleur, par exemple - mais ceci impose l'achat d'un deuxième logiciel, le Color Seperator, qui imprime les quatre versions de la page, nécessaires pour une impression en quadrichromie. Ceux qui n'ont pas l'intention d'imprimer en couleur ont tout intérêt à utiliser Professional Page en mode monochrome pour gagner en mémoire et vitesse. Il n'y a presque pas de limites sur la position des textes et les attributs texte. Peuvent être changés à tout instant : le jeu d'écriture, la taille, le style (gras, italique, etc.), l'espacement interligne et entre caractères, le réglage vertical d'un caractère, l'autocésure et la justification. Toutes ces commandes fonctionnent et sur les caractères individuels et sur les blocs de texte. Il n'y a pas moins de trois méthodes pour régler l'espacement interligne de texte : Fixed, Relative et Leading. L'option par défaut est Relative, et elle marche parfaitement, permettant de "gonfler" ou réduire un texte pour qu'il remplisse exactement l'espace voulu. Mais l'option Fixed, paramétrée à 1 pour un essai m'a fait perdre un texte entier. Je ne la touche plus... Un regret : les touches de fonction ne sont pas programmables en macro. En résumé Professional Page ne m'a pas déçu, bien au contraire. Avec ce logiciel l'Amiga devient le roi de la publication assistée par ordinateur à moindre prix. Professional Page multitâche très bien. Les attentes de "digestion" d'un fichier par l'imprimante laser sont parfois très longues, et sur Atari ST on ne peut rien faire pendant l'attente. Sur Amiga on peut continuer à travailler sur un autre programme, un traitement de texte, par exemple - ou si l'on détient assez de mémoire on peut charger Professional Page deux fois et travailler en continue... C' est super. Pour le prix, c'est très variable. Renseignez-vous. Professional Page 1.1 (mise à jour de mai 1988, par Les Gourous) Ça y est, elle vient d'arriver, la dernière version de Professional Page. Qu'en ressort-il ? Les documents créés ont une compatibilité ascendante, c'est-à-dire que la V1.1 récupère les documents créés avec la V1.0 mais pas l'inverse. Le séparateur de couleur est intégré au logiciel et il y a eu de nombreuses améliorations par rapport à la précédente version. L'hyphénation peut être en français (Oouuaahh), en espagnol ou en anglais. Pour ceux qui n'ont pas la chance de posséder un écran haute rémanence, Gold Disk a pensé à eux en mettant une option entrelacé/non entrelacé. Quel pied ! Le plus intéressant dans cette nouvelle version est la possibilité d'avoir des sorties avec des imprimantes matricielles. On peut ainsi avoir des sorties couleurs avec une Okimate 20 par exemple ou faire des sorties de vérifications avec une matricielle avant de sortir sur laser. Dans les formats de texte, on peut prendre des textes sans retour chariot, ce qui causait quelques problèmes avant avec l'ancienne version. En conclusion, c'est toujours aussi génial et on ne peut que le recommander pour un travail professionnel et précis.
|