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LimeBook Z9, LE miniportable PowerPC Le terme de LimePC est apparu au salon CES de Las Vegas en janvier 2008. Il nomme une gamme de produits qui, il faut l'avouer, n'offre pas une grande lisibilité ; malgré tout, on a pu distinguer les produits suivants : LimeBox (ordinateur de bureau léger pour naviguer), LimeNote (tablette pourvue d'un écran de 5,6 pouces), LimeBook (miniportable, alias "netbook"). Ce dernier semble être le seul miniportable PowerPC jamais commercialisé alors que certains processeurs feraient merveille dans ce domaine. Basé sur le processeur PowerPC MPC5121e de chez Freescale, il fonctionne sous LimeOS, une distribution Linux dédiée, basée sur Ubuntu. ![]() D'où sort le LimeBook ? Lorsqu'il a été annoncé et montré, le LimeBook a suscité de l'intérêt et plusieurs articles sont d'ailleurs toujours en ligne. Mais en deux ans, il n'a jamais été clairement possible d'en acheter et bien peu d'informations sont disponibles. C'est pourquoi à travers cet article, je vais vous faire partager ma propre expérience puisque j'ai eu l'opportunité d'en acquérir un. En effet, en mars 2010, le site ppcnux.com a ouvert un concours afin de recevoir des articles sur le PowerPC et dont le prix était, ô surprise, un LimeBook Z9. J'ai alors tenté ma chance et j'ai été l'heureux élu. Merci à Ralf Saalmueller pour ce geste qu'il explique par le fait qu'il ne faisait rien de cet appareil et qu'il voulait donner la chance à quelqu'un de pouvoir mieux l'exploiter. ![]() Dernièrement, le LinkBook est apparu et sur le site officiel (qui n'est plus disponible : www.linkbook.co.za), on ne peut se tromper, il s'agit du même produit... à l'exception de l'ajout de la fonctionnalité 3G. C'est pour cela qu'il est mis en avant et vendu par Vodacom en Afrique du Sud. La société LinkBook dirigée par Mark Levy a donc repris le flambeau pour donner à cette machine une réelle opportunité d'exister. Spécifications Commençons par découvrir les capacités théoriques de la machine par l'approche matérielle.
![]() ![]() Concernant le réseau, je me suis confronté à des problèmes de configuration, aussi bien pour l'Ethernet que pour le Wi-Fi. Le gestionnaire réseau a un comportement douteux et mes tentatives de configuration à la main n'ont pas plus été couronnées de succès. Bien que les témoins pour le réseau filaire et le Wi-Fi soient actifs, il n'y a pas moyen d'obtenir une adresse IP ! En l'absence de souris externe, le pavé tactile doit être utilisé et son maniement est correct, certains regrettent son manque de sensibilité mais pour ma part, ça ne m'a pas vraiment dérangé pour effectuer des tests. Une dernière remarque sur le matériel porte sur la batterie et la gestion de l'énergie. J'ai dû finir par l'utiliser à chaque fois branché sur secteur (en m'accommodant d'une prise non française) parce que d'une fois sur l'autre, il se retrouvait déchargé. Il semble qu'il n'entre pas en veille profonde lorsqu'on le ferme. Pour éteindre l'appareil ou le faire rentrer en sommeil, il faut cliquer sur le logo "LimeOS" dont on pense qu'il appartient au fond d'écran... Je l'ai laissé fonctionner sur une batterie chargée à 100% et il n'a tenu que 2h30 sans vraiment travailler avec. Avec la batterie en charge, la consommation avec ou sans utilisation de logiciels tourne autour de 18,5 W. Elle tombe à 10,3 W lorsque l'on sélectionne la veille (de laquelle on revient en moins d'une seconde). Hors charge mais toujours sur secteur, la consommation mesurée est de 9,4 W pour un usage normal à 1,3 W en veille. Découverte logicielle A l'allumage, le démarrage est rapide et on se retrouve devant une invite pour saisir les paramètres de son compte (dans mon cas : "user/user"). Le bureau qui apparaît alors présente à chacun de ses quatre coins une icône, chacune étant dédiée à un groupe d'applications :
A mon sens, une autre maladresse a été causée en choisissant une barre d'outils horizontale dans le bas de l'écran. Toujours visible (jamais recouverte par les applications), elle écrase un peu plus l'affichage dont la résolution est de 1024x600. Elle représente grossièrement une "perte" de 7% de la hauteur de l'écran qui aurait pu servir les applications. Une barre verticale (ou déplaçable) aurait été préférable. Il est donc possible de lancer des programmes qui se comportent plutôt bien. Pour passer ensuite de l'un à l'autre, le rafraîchissement (disparition et réapparition d'une application) est visible mais reste assez véloce. La réactivité générale reste correcte malgré la modeste fréquence processeur de 400 MHz. A ce propos, au repos, l'activité du système représente environ 5% du temps processeur, constaté avec la commande "top". Attention, le gestionnaire de tâches ne semble pas des plus fiables et indique 20% pour ce même processus ainsi que 25% pour sa propre exécution ! La suite logicielle de base est certainement suffisante pour un usage domestique, cependant je me demande si l'installation d'une nouvelle application viendrait s'intégrer correctement dans le système de menus. Si l'on s'en tient aux programmes installés, un problème concerne Firefox dont un processus est lancé au démarrage sans que son interface ne soit accessible. Ce qui fait que lorsqu'on essaie de le lancer, il refuse sous prétexte qu'une instance est déjà en cours. Je pensais que c'était possiblement dû au fait que l'appareil a été utilisé précédemment par un ou plusieurs autres utilisateurs. Mais un autre article de test trouvé sur Internet montre la même chose : ne pas pouvoir lancer le navigateur, c'est très ennuyeux et bien peu professionnel. AbiWord a été utilisé pour rédiger le début de cet article avant que je n'abandonne. Les raisons furent le clavier QWERTY et le manque des accents (points les plus gênants) ainsi que le confort de saisie offert par le clavier, dans une moindre mesure. Sinon, AbiWord se lance en trois secondes et montre un bon comportement par rapport aux capacités de la machine. Ce traitement de texte est parfaitement adapté. Plus loin dans le système Ne pouvant faire de ce miniportable un véritable outil de travail (et il faut avouer que ce n'est pas sa vocation), les tests ont surtout porté sur le lancement de logiciels et sur l'appréciation générale. Afin d'essayer de glaner des informations supplémentaires, j'ai ouvert le gestionnaire de fichiers pour naviguer dans les répertoires du système. Dans un premier réflexe, j'ai cherché à ouvrir une console pour pouvoir investiguer en toute liberté. On en obtient une en allant dans "/usr/bin" et en exécutant l'outil "xterm". J'ai appris par ailleurs que ce terminal peut être ouvert avec la combinaison de touches "Alt+F12". Profitant de cette session, j'ai pu tuer Firefox pour pouvoir le relancer correctement. La destruction des processus peut être obtenue ainsi :
Puis j'ai cherché à obtenir des informations sur le système grâce à quelques commandes (uname, dmesg, meminfo, cpuinfo, df...). Cela m'a appris que mon appareil n'est pourvu que de 256 Mo de mémoire, contrairement à ce qui est spécifié (512 Mo). L'écran est ouvert dans une résolution de 1024x600 en 32 bits. Concernant le stockage de masse, le support possède une capacité de 8 Go qui est actuellement occupé à hauteur de 3,5 Go. La distribution est basée sur une Ubuntu 8.04 (Hardy Heron) dont le noyau, version 2.6.24, date de décembre 2008. Je n'ai pas pu découvrir s'il était possible d'effectuer des mises à jour et j'étais même assez pessimiste jusqu'à ce que je réalise, approchant alors de la clôture de cet article, que le site LimeFree a été mis à jour et même bien agrémenté, voir : www.limefree.org/limeos.asp. La commande "sudo" fonctionne et il est donc possible de lancer par exemple Synaptic qui est le gestionnaire de paquets. Il reste sans doute à configurer les dépôts avec toute la science ou l'intuition nécessaire. M'intéressant au démarrage, avec dans l'idée éventuelle d'opter pour un autre système, j'ai lorgné du côté du répertoire "/boot". Il contient plusieurs versions de noyaux ainsi que des fichiers "initrd" (root filesystems), DTD et un contenant une commande setenv indique que le démarrage est assuré par U-Boot. Il faudrait poursuivre pour savoir si le démarrage peut être arrêté au stade U-Boot pour prendre le contrôle de la machine. Une note moyenne Ce test peut sembler sévère au regard des critiques concernant le clavier (toucher), le paramétrage du réseau (toujours inopérant), la faiblesse de la batterie, l'interface graphique orientée débutant et le manque d'uniformisation, ou encore des choix non partagés sur l'ergonomie. En revanche, il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'un produit haut de gamme. Vendu peu cher ou ensemble avec une offre 3G, il est destiné à des personnes qui ne connaissent pas forcément les ordinateurs et accéderont grâce à lui à Internet (avec éventuellement une connexion 3G) pour naviguer, discuter, etc. En cela, le LimeBook montre des capacités suffisantes pour lancer les applications de base avec un écran tout à fait convenable, en conservant une bonne réactivité. Tout en garantissant un silence absolu. A défaut d'être d'une grande qualité dans les finitions, la plate-forme tient ses promesses et prouve au moins qu'avoir un miniportable PowerPC n'est pas une utopie et cela s'est concrétisé dès 2008. On retiendra cette expérience comme une preuve de concept qui a besoin de mûrir notamment avec un système plus abouti et garantissant une durée de vie plus longue (mises à jour du système et des logiciels) afin de nous convaincre de son potentiel. Meilleur sous AmigaOS 4 ? La conclusion de cet article ayant été écrite il y a un an et demi, elle donne un jugement objectif de la machine sous LimeOS, sans savoir qu'un OS Amiga était envisagé dessus. On constate que nombres de points négatifs concernent le système d'exploitation. Dans les autres cas, ils portent sur le clavier (confort et disposition QWERTY) et sur la batterie, pour laquelle il est difficile de connaître le responsable de son mauvais comportement, à savoir la batterie elle-même (performance initiale, usure...) ou sa gestion par le système. La question qui nous taraude alors se pose en ces termes : est-ce qu'AmigaOS 4 tirerait meilleur parti de ce miniportable qu'un Ubuntu remanié ? Pour tout ce qui touche à l'interface utilisateur, c'est bien simple, ce serait d'AmigaOS 4 pur sucre. Sinon, il semble évident que l'on trouve le système plus réactif qu'avec Linux. Pour le reste, voyons chacun des aspects sensibles : Consommation Nous ne savons pas si la batterie est correctement gérée sous Linux ou plutôt quels mécanismes de gestion d'énergie sont activés. Toujours est-il que le processeur est conçu pour être peu énergivore et mes mesures me donnent moins de 10 W en utilisation, contre 3,9 W en veille. Mais un miniportable n'est pas qu'un processeur et comporte de nombreux éléments à alimenter : écran, support de stockage, Wi-Fi... Jusqu'à maintenant, excepté une preuve de concept ancien sur un PDA (eLAP d'IBM), AmigaOS 4 n'a jamais fonctionné sur du matériel autonome (non branché sur secteur) et il est donc à parier que la gestion de l'énergie ait été considérée avec une priorité très faible. Processeur(s) L'autre crainte porte sur la puissance du processeur, cadencé à 392 MHz. Ce n'est pas énorme mais malgré tout, ce serait suffisant pour un usage applicatif courant... avec un bémol concernant la navigation Internet et le décodage de vidéos. Outre le processeur principal, le point crucial sera certainement la capacité à gérer la puce graphique PowerVR et dans une moindre mesure le processeur AXE. Ce dernier a l'air bien plus facile d'accès, à la condition d'avoir le compilateur adéquat et il serait alors parfait pour épauler le processeur principal. Je ne suis pas sûr que LimeOS l'utilise (je suis même quasiment sûr qu'il ne l'utilise pas), d'où la consommation processeur de 20% sur la lecture d'une musique MP3. Capacités de stockage Vu l'usage potentiel d'un miniportable sous AmigaOS 4, la présence de 256 Mo de mémoire semble suffisante. A moins que ce ne soit trop peu pour utiliser des logiciels comme OWB. Cette quantité de mémoire pourrait être étendue par l'OEM, d'autant que le choix de 256 Mo a été fait avec les standards de l'époque, il y a quatre ans. Le support de stockage de masse est également susceptible de voir sa taille revue à la hausse. Cependant, 8 Go laissent une bonne marge de manoeuvre, AmigaOS 4 prenant moins de place qu'Ubuntu. Ce serait certainement limité pour stocker des vidéos à voir dans le train mais de toute façon... la possibilité de visualiser ces vidéos est incertaine. A travers ces différents aspects, on constate que le fonctionnement satisfaisant d'AmigaOS4 sur ce type de matériel reposera sur des choix d'intégration matérielle (clavier, batterie, mémoire) et sur la capacité des développeurs à exploiter les composants graphiques PowerVR, le processeur AXE mais aussi à proposer une gestion de l'énergie efficace. La modestie des capacités matérielles doit nous inciter à nous surpasser pour en tirer le meilleur ; je souhaite croire que l'Amiga est toujours associé à cette démarche. Ce miniportable représente un défi et il nous donne lui-même quelques clés pour nous aider, sachant que le processeur possède un moniteur de performance indispensable au profilage, ainsi que des capacités matérielles en termes de débogage.
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