Obligement - L'Amiga au maximum

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Entrevue avec Laurant Weill
(Entrevue réalisée par un auteur inconnu et extraite de Joystick - décembre 1991)


Loriciel sans nuage... Quand la Caisse des Dépôts, la financière Wagram-Poncelet et le Crédit National investissent dans une boîte d'informatique, c'est que celle-ci va particulièrement bien. Et c'est rare...

Il existe des sociétés dont l'activité consiste à investir de l'argent dans des boîtes qui en ont besoin. Les trois citées en préambule en font partie ; il y en a bien sûr d'autres, mais pas beaucoup de cette taille. Le principe est simple : si la société Tracteurs and Co veut se lancer dans la fabrication de moissonneuses-batteuses, mais qu'elle a besoin de beaucoup d'argent pour construire l'usine appropriée, elle va voir l'une de ces compagnies, elle expose son problème, et si la compagnie prêteuse juge que le marché offre des débouchés intéressants et que Tracteurs and Co est une boîte sérieuse, elle prête une certaine somme d'argent en échange de parts. On dit que la société prêteuse "rentre dans le capital" de la société demanderesse ; par la suite, elle touchera un pourcentage des bénéfices.

Bref, c'est une pratique courante et quasiment inévitable lorsqu'une société de bonne taille désire s'agrandir encore. Or, il existe quelques cas dans lesquels le recours à cette pratique est pratiquement impossible ; par exemple, les boîtes d'informatique. En général, quand une société prêteuse reçoit une demande de la part d'une boîte d'informatique, la demande est rejetée d'office, sans même faire l'objet d'un examen, parce que l'informatique est réputée pour être le plus instable des marchés. Et donc, que Loriciel ait réussi à faire entrer trois des plus gros groupes français dans son capital, c'est un exploit. Qui tend à prouver que Loriciel se porte on ne peut mieux... Du coup, forcément, nous sommes allés voir de plus près ce qui pouvait motiver un tel intérêt de la part de financiers habituellement pas très portés sur le jeu.

Laurant Weill et Philippe Seban
Laurant Weill et Philippe Seban, les deux patrons de Loriciel

Loriciel, avec 55 employés et un chiffre d'affaires de 53 millions par an, n'a pas à se plaindre de la récession. C'est un des plus gros licenciés NEC en Europe, et avec 12 cartouches en cours de développement, à la fois sur NEC, Sega et Nintendo, on peut considérer que c'est l'un des plus importants éditeurs consoles européens.

- Alors, pourquoi cette augmentation de capital ?

C'est très simple. Depuis un an et demi, nous développons le LIOS, un système d'exploitation multimachine. C'est en fait une sorte de bibliothèque de routines qui marchent sur tous les ordinateurs et toutes les consoles. Par exemple, quand un programmeur veut savoir si le bouton "feu" de la manette est enfoncé, il appelle une routine du LIOS ; c'est ensuite compilé automatiquement, quelle que soit la machine. De sorte qu'adapter un jeu sur une machine autre que la machine de départ ne prend que deux ou trois heures, parce que tout est désormais compatible. Certes, ça allonge un tout petit peu le temps de développement initial, surtout pour les programmeurs indépendants qui ne connaissent pas le LIOS, mais on gagne un temps tellement énorme en convertissant les jeux que finalement, on s'y retrouve très largement. Seulement, le LIOS occupe deux programmeurs à plein temps. Il est opérationnel depuis huit mois environ. C'est un investissement énorme.

Et puis, une boîte d'édition, quelle est sa valeur réelle ? On n'a pas d'immeubles, d'usines, de biens... Notre seule valeur, c'est notre savoir-faire. On doit tout axer là-dessus. Ce n'est pas tout. La plupart de nos programmeurs travaillent actuellement sur les consoles. Or, comme il n'est pas question de laisser tomber les micro-ordinateurs, nous devons en embaucher d'autres. Et puis avec l'arrivée du CD-ROM, le développement des jeux prend une nouvelle dimension. Il faut environ trois millions de francs pour développer un CD ! C'est là qu'on se rend compte que l'amateurisme est bien terminé... Et du coup, on doit créer un studio photo/vidéo, carrément, avec les chefs opérateurs et les cadreurs qui vont avec. Bien entendu, ça coûte une fortune.

Sans compter qu'on a maintenant des scénaristes qui travaillent à plein temps. C'est nouveau, ça. Jusqu'à présent, en Europe, les scénaristes écrivaient des histoires, mais faisaient autre chose à côté. Et puis on doit changer de locaux en mars prochain, on aura un immeuble indépendant avec des entrepôts, ça aussi c'est un investissement. Sans compter que pour développer une cartouche, il faut ce qu'on appelle en jargon financier "ouvrir une ligne de crédit" ; c'est-à-dire, en gros, immobiliser une très grosse somme d'argent pour prouver qu'on est solvable. Et puis bon, de manière générale, quand on n'a pas assez d'argent, on perd du temps à trouver des solutions de rechange, souvent bancales.

Donc, tout ça, les studios, les nouveaux locaux, l'investissement en temps humain, le développement des moyens mis en oeuvre, l'internationalisation, font qu'on avait besoin d'argent frais pour s'étendre. La participation des trois sociétés en question nous permet de voir les choses en grand.

- Comment ça s'est passé ?

Les experts financiers ont analysé nos comptes et notre fonctionnement, ainsi que les développements possibles du marché pendant huit mois. Au terme de cette analyse, ils ont conclu qu'il était rentable pour eux de rentrer dans le capital de Loriciel.

- Mais pourquoi ont-ils même accepté de considérer votre proposition, sachant qu'ils refusent par principe tout ce qui touche à l'informatique ?

Parce que justement, ce n'est plus de l'informatique à proprement parler. C'est du multimédia grand public. On n'est plus à l'époque où l'informatique était une fin en soi ; désormais, ce n'est plus qu'un moyen. Les produits qu'on vend sont indépendants du format utilisé. Ils sortent pour plusieurs machines, et on pourra s'adapter à chaque fois qu'une nouvelle machine sortira. Nous ne sommes plus liés au marché informatique, parce que même si un fabricant disparaît, par exemple, et que ses consoles cessent de se vendre, il en reste toujours d'autres. Autant on peut penser que l'existence d'un constructeur donné peut être remise en cause du jour au lendemain, autant on sait que la demande de logiciels n'est pas prête de s'arrêter.

- Bon, quelques objections. N'avez-vous pas peur, Philippe Seban (l'autre directeur de Loriciel) et vous, de perdre contact avec les produits eux-mêmes ? Est-ce que, au lieu de surveiller de très près l'élaboration d'un jeu, ou d'en diriger la création, vous n'allez pas vous perdre dans des méandres financiers, passer votre temps à discuter avec des hommes d'affaire ?

Certainement pas. En fait, si on réfléchit bien, quand une boîte est toute petite, le patron, comme il n'a pas d'employés, passe une grande partie de son temps à passer le balai, à ranger les locaux, à faire sa correspondance, etc. Quand elle prend de l'ampleur, c'est remplacé effectivement par des prises de décisions, par des problèmes financiers et administratif, mais l'un dans l'autre, ça revient au même, on consacre toujours le même temps au produit lui-même. Je m'implique autant aujourd'hui dans la création d'un jeu qu'aux premiers jours de Loriciel.

- Et est-ce qu'en augmentant nettement votre capital, l'argent récupéré ne va pas servir simplement à gérer l'augmentation de structure qu'il implique ? Ne va-t-il pas servir à payer des contrôleurs financiers, des experts-comptables, etc. ?

Non, pas exactement. En fait, comme dans toute structure élaborée, il y a une partie des investissements qui servent à maintenir la structure elle-même, et dans notre cas, ça représente un tiers du capital environ. Les deux tiers restants sont consacrés aux outils de production proprement dits.

- Et maintenant ?

Tout d'abord, on peut maintenant proposer à des équipes indépendantes de développer sur consoles, grâce au LIOS. Pour la première fois, des petits éditeurs peuvent envisager de programmer des jeux sur consoles Sega et Nintendo, et nous pouvons les aider en leur fournissant tout le système de développement et en distribuant leurs jeux. D'autre part, on n'arrive pas à trouver des programmeurs et des graphistes à la hauteur. Alors on envisage de créér des stages de formation pour devenir programmeur et graphistes sur toutes les machines, une sorte de mini-école d'informatique ludique.

On s'est rendu compte il y a déjà longtemps que le marché français n'était pas suffisant pour amortir les coûts de fabrication de nos produits. Du coup, on s'ouvre sur l'extérieur. Le développement sur consoles en est une manifestation. Le CD-ROM aussi. Pour le CD-I, on ne sait pas encore. Il faut attendre de voir comment il évolue et surtout si ça parvient à décoller.

Pour les prochains produits, on va sortir L'Aigle D'Or 2 sur CD-ROM, et un jeu s'appelle l'Entité à la mi-1992. L'Aigle D'Or, il faut savoir qu'il a été développé sur CD-ROM d'abord, et qu'ensuite il a été adapté sur les autres machines, ça permet, plutôt que de partir d'une petite version de lui greffer des améliorations hétéroclites, d'avoir la meilleure adaptation possible sur chaque machine.

On va lancer aussi une collection qui s'appellera "Les Grandes Stars Du Ciné", le premier produit étant Steve Mac Queen West Phaser, un western. On a acheté les droits d'utilisation du personnage de Steve Mac Queen, et si le produit marche, on va décliner l'idée et proposer des jeux avec d'autres grandes vedettes.

Le prochain plus gros produit, ce sera Le Jour-J, ou D-Day en anglais. C'est un jeu sur le débarquement de 1944 en Normandie qui sera accompagné d'une cassette vidéo de 52 minutes, contenant des tonnes de documents de l'époque. C'est une simulation, pas vraiment un jeu de guerre, plutôt un jeu d'aventure, en 3D faces cachées. Il n'y aura pas de sang, ce sera vraiment le côté stratégique qui sera mis en relief. Il sortira sur micro-ordinateurs et en CD-ROM en mars 1992.

Mi-1992, il y aura un jeu sur Magnaldi, le champion moto. Et il y aura Tennis Cup 2, aussi. Ce sera sur micro-ordinateurs. Sur consoles, il y aura Panza Kick Boxing et Davis Cup sur NEC, à la fois en cartouche et sur CD-ROM. En CD-ROM seulement, il y aura Baby Jo, Builderland, L'Aigle D'Or 2 et l'Entité. Sur Game Boy, on va faire deux titres, Panza Kick Boxing et un autre, mais on ne sait pas encore lequel, Sur SuperGrafx, on va faire Panza Kick Boxing et Davis Cup 2. Sur Mega Drive, deux jeux dont le titre est encore inconnu. Sur Lynx, on a terminé Super Skweek, qui sort aussi sur NEC et sur Game Gear, mais c'est IVC qui l'a licencié. Voilà...

- Bon, une dernière question, y aura-t-il un parking dans vos nouveaux locaux ?

Oui, avec 27 places.

NDLR : Merci il était temps !


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