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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Entrevue avec Stéphane Radoux
(Entrevue réalisée par Cyrille Baron et extraite de Joystick - janvier 1993)
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Depuis quelques mois, les éditeurs proposent des manuels traduits ainsi que des jeux en français à
l'écran. Sans nul doute, la nouvelle législation européenne, qui permettra enfin d'appliquer la loi
obligeant tout importateur à fournir un manuel entièrement traduit, est pour beaucoup dans cette petite
révolution.
Même si l'ensemble du marché a tout à y gagner, il n'est pourtant pas évident de mettre en oeuvre
la traduction de textes aussi précis que ceux destinés aux jeux sur ordinateurs ou consoles.
Le langage employé, généralement aussi hermétique pour un traducteur "classique" que la déclaration
des droits de l'homme pour un lepéniste, nécessite qu'on fasse appel à des spécialistes doublés
de passionnés.
Afin d'en savoir un peu plus, nous avons rencontré Stéphane Radoux qui a fondé voici moins d'un an
en compagnie de Patricia Richer, programmeur sur gros système, la société Art Of Words. Tout commence
lorsque Stéphane, à l'époque rédacteur dans la publicité, découvre avec horreur le manuel de Ring
Of Zilfing, jeu de rôle dont la postérité ne retiendra que la musique (Blue Rondo à la Turque).
Stéphane, totalement bilingue, s'accommoderait bien du manuel anglais mais l'un de ses amis, complètement
perdu dans ce fatras malmenant sorts, syntaxe et disques rigides, lui demande une traduction. Sitôt
dit sitôt fait, l'affaire est bouclée en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire.
Stéphane propose alors sa traduction à Ubi Soft qui distribue le produit en France. Sans se faire prier,
l'éditeur le lui achète immédiatement. Et c'est parti pour une longue liste de produits que Stéphane
traduit seul, puis au sein de la société Art Of Words : SWOTL, Spellcraft, Civilisation,
Populous, Powermonger, SSI, AMOS, STOS, manuels Windows MPC et Pro Audio Spectrum ; en tout une cinquantaine
de manuels et dix sources.
Stéphane Radoux
En quoi
la traduction de jeux diffère-t-elle d'une traduction habituelle ?
Pour bien traduire un jeu, il faut avant tout en comprendre l'état d'esprit et pour ça, il est important
que le traducteur connaisse parfaitement les jeux sur micro-ordinateurs, ce qui n'est pas le cas dans
les boîtes de traductions classiques.
Et puis il
y a aussi l'aspect informatique ?
Oui, disons qu'à la spécialisation dans le domaine informatique (AOW traduit également des logiciels
d'imagerie de synthèse médicale), nous ajoutons ce "plus" obligatoire qui permet d'offrir à nos
clients la certitude que leurs jeux ne seront pas dénaturés.
Donc, les
traducteurs jouent ?
Naturellement ! De toute façon, je n'engage que des passionnés. De plus, nous traduisons de plus
en plus le manuel ainsi que le texte du jeu et là, pas d'autre moyen que de jouer.
Comment se
passe la traduction des logiciels eux-mêmes ?
L'éditeur nous envoie le source et nous travaillons directement en ASCII. En général, nous sommes en
contact avec les programmeurs, lorsqu'il est nécessaire de modifier certaines touches.
Ça
doit être un gros travail d'organisation, non ?
C'est certain mais à Art Of Words, j'insiste pour que chaque traduction soit l'oeuvre d'une
seule personne. Ça permet un rendu beaucoup plus cohérent.
Et
les textes sont toujours en ASCII ?
Oui mais, ma hantise, ce sont les variables. Lorsqu'on se retrouve avec des phrases du type "The A$ is B$
on the C$", c'est la galère. Il faut ensuite allez chercher à quoi correspondent les A$, B$ et C$ en
question dans une suite de données. Heureusement, les jeux utilisant ce type de phrases sont de plus en plus
rares. Remarque, ça n'exclue pas les pièges !
Du genre ?
Je me souviens par exemple d'une phrase dans Indiana Jones. Un moment, Indy dit à Sophia : "Tu n'as pas
intérêt à bouger de là". Elle rétorque, dans la version originale : "I want". Lorsqu'on est en train
de lire le source et qu'on tombe sur un "I want" isolé, il n'est pas évident de le rattacher aux autres
wagons ! Heureusement, Indy est un jeu fabuleux.
Vous
le connaissez par coeur maintenant ?
Oui, lorsqu'on traduit un tel jeu, on plonge vraiment dedans. Le joueur qui termine l'aventure n'a
pas idée de la complexité d'un tel jeu ; la moindre situation est prévue. Celui-là, je me le suis
réservé. J'ai pris énormément de plaisir à le traduire.
En
combien de temps ?
Un mois.
Quels sont
vos jeux préférés ?
Les Sierra, les Origin et naturellement les LucasFilms.
Vous
travaillez avec quel matériel ?
J'ai une passion pour Le Rédacteur 4 que j'utilise sur Mega ST. C'est un superbe logiciel.
Outre la vitesse, j'apprécie particulièrement la possibilité de créer ses propres dictionnaires.
Sinon, on dispose d'à peu près toutes les machines.
Vous assurez
la traduction de combien de langues ?
Jusqu'à présent, français, anglais, allemand, italien, espagnol mais si la demande s'en fait sentir,
nous traduirons aussi les langues nordiques.
Et pour
les voix ?
Pas de problème ! J'ai été animateur radio. D'ailleurs, il m'arrive encore de faire des voix
pour la publicité. Il est indéniable qu'avec l'avènement du CD, on fera face de plus en plus
souvent à ce type de demande.
Art Of Words. Tél : (1) 60 08 06 85.
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