Obligement - L'Amiga au maximum

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Entrevue avec Armin Sander
(Entrevue réalisée par Guillaume Guittenit - avril 2014)


Armin Sander est le programmeur allemand qui a réalisé Oktalyzer, célèbre éditeur musical 8 pistes sur Amiga. J'ai fait sa connaissance en échangeant quelques courriers électroniques. Au départ, j'avais pris contact avec lui pour passer le logiciel en gratuiciel.

Je lui ai proposé par la suite une entrevue qu'il a gentiment acceptée.

- Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je me décrirais comme quelqu'un d'introverti qui se révéla passionné par le développement et la programmation de logiciels. J'atteins 43 ans cette année, et vis assez heureux -souvent seul- dans un petit appartement que j'adore.

Depuis 1995, je travaille en tant qu'indépendant, souvent à la maison, et depuis 2008, je travaille principalement sur mes propres projets.

Ma journée commence entre sept heures et midi :). Après 15 minutes d'exercices, une douche, et un petit déjeuner léger, je commence à réfléchir aux problèmes de logiciels, je consulte Twitter et des blogs, ou les journaux informatiques avant le déjeuner. Après ça, je commence à programmer.

Dans mon temps libre, j'aime lire ou regarder des films, avec une préférence pour la science-fiction qui explore les limites de l'être humain et de la science. Je m'intéresse depuis peu à la philosophie et la spiritualité.

Environ un fois par an, je choisis une petite île dans le monde et je l'explore pendant une semaine ou deux, principalement sur des randonnées d'une journée. Après quelques années, je prends une pause plus longue pour découvrir une zone plus vaste, et essayer d'apprendre à connaître la culture locale.

- Pourquoi avoir créé Oktalyzer ? Racontez-nous l'histoire autour de ce logiciel.

L'histoire commence lorsque je suis assis devant mon Amiga et que je lance pour la première fois un nouveau programme appelé Ultimate Soundtracker, et inconsciemment, je réalise que c'est le genre de logiciel je voudrais développer.

Oktalyzer

La sortie de Soundtracker était une petite révolution dans la scène Amiga, et quelques-uns des meilleurs hackers avaient essayé de le reprogrammer pour l'améliorer. Unknown/DOC était l'un des premiers programmeurs qui avait été en mesure d'ajouter quelques fonctionnalités, et quand j'ai vu que cela était possible, j'ai eu très envie de relever le défi.

La première chose à faire si vous voulez ajouter des fonctionnalités à un programme existant, est de le désassembler, ce qui est le processus de création du code source assembleur à partir du code binaire. Je ne me souviens pas exactement des outils que j'ai utilisés, et si Resource était disponible, mais peu de temps après, j'avais créé un code source entièrement fonctionnel du Soundtracker original.

Plus tard, j'ai reçu un appel téléphonique de Unknown/DOC, au cours duquel il m'a expliqué qu'il n'avait jamais pu obtenir le code source et qu'il avait modifié le code binaire de Soundtracker à des adresses mémoires précises. Dans cette conversation téléphonique, je lui ai proposé mon code source assembleur pour son usage exclusif. Et si Unknown/DOC a rompu sa promesse, le code source pourrait être à la base d'un certain nombre de nouvelles versions de Soundtracker produits dans la scène Amiga.

J'ai aussi sorti quelques Soundtracker améliorés sous mon nom de scène. Par exemple, le Spectrum Analyzer était une de mes idées (merci Mike pour les belles couleurs !). Mais alors que je travaillais à l'amélioration du tracker, ma motivation s'est orientée vers la résolution d'un gros problème que les compositeurs avaient : la limitation des quatre canaux audio matériels.

Je me souviens que c'était un problème très difficile à résoudre, parce que l'Amiga n'était tout simplement pas capable de mélanger huit canaux en temps réel. Les instructions de division et de multiplication du 68000 étaient beaucoup trop lentes, même en mixant approximativement le son wave en utilisant des opérations de décalage des bits plus rapides.

Pendant une période, j'ai renoncé et j'ai pensé que ce serait impossible, mais j'ai eu l'idée qui a conduit à la résolution. Le nombre de distances de fréquence entre deux notes individuelles était limité. Et s'il était possible de générer tout le code assembleur qui mélange deux canaux et produit tous les échantillons pour une trame entière en une fois (un 1/50e de seconde) ? Par chance, ça a fonctionné, même si le mixage de huit canaux prenait presque tout le temps processeur et que la qualité était moyenne, mais c'était un moment génial de réaliser que j'avais peut-être fabriqué quelque chose d'unique à cette époque.

Le développement du moteur de lecture a pris quelques semaines, et le développement d'Oktalyzer a pris environ six mois, ce qui était très difficile et souvent un travail très ennuyeux. Heureusement, j'avais Chris Korte et Alexander Sieb, qui m'ont soutenu tout au long du processus. Chris a également beaucoup influencé les décisions de conception pour l'interface utilisateur d'Oktalyzer et a composé les morceaux de démonstration pour la première version.

Même si j'avais déjà goûté à Intuition (l'API de l'interface utilisateur sur Amiga), Oktalyzer avait besoin d'une interface utilisateur sur-mesure, principalement parce que le moteur de lecture consommait beaucoup de temps processeur que le système d'exploitation devait être coupé pendant la lecture d'une piste. Hélas, cela a rendu Oktalyzer incompatible avec les futurs systèmes d'exploitation Amiga.

Juste avant de travailler sur Oktalyzer, j'ai quitté l'école et a continué à vivre dans l'appartement de ma mère. Naturellement, elle était très inquiète concernant mon avenir. Je travaillais toute la journée, mais n'avait pas de revenus, j'ai eu une facture élevée de téléphone, et je refusais de chercher un autre emploi. Cette situation conduit à beaucoup de pression supplémentaire pour terminer Oktalyzer et le vendre.

Dès la première version stable créée, j'ai cherché un distributeur et finalement signé un contrat avec Verlag Mayer, l'éditeur du magazine allemand Amiga Special. Au début, les ventes n'étaient pas élevées, et je me suis décidé à travailler enfin comme ingénieur pour l'assistance Amiga chez Markt & Technik à Munich.

La première version d'Oktalyzer gérait huit canaux uniquement, et comme de nombreux compositeurs se sont plaints de la qualité, j'ai décidé de créer une deuxième version qui a été en mesure de combiner les canaux mixés et les canaux matériels natifs. Six canaux sont souvent suffisants pour créer de superbes modules. Les voix principales, comme un piano ou les sons aigus, ont été jouées sur les deux canaux matériels, et l'arrière-plan ou la batterie sur les quatre pistes mixées. J'ai aussi baissé la résolution de l'écran, parce que le texte était difficile à lire.

- Quel modèle Amiga avez-vous utilisé ? Quel logiciel avez-vous utilisé pour le code ?

Oktalyzer a été créé sur un Amiga 2000 avec un disque dur de 20 Mo et 1,5 Mo de mémoire. Pour le code, j'ai utilisé Seka Assembler.

- Êtes-vous un musicien ? Avez-vous composé sur Oktalyzer ?

Pas encore. :)

J'ai appris à jouer de l'orgue à l'école, ce qui m'a donné les bases musicales et le solfège. Plus tard, j'ai acheté un clavier, mais je m'en suis désintéressé. Et récemment, j'ai acheté un violon électrique et j'ai réussi à jouer quelques morceaux simples. Jusqu'à présent, ceux-ci étaient tous de timides tentatives, mais je vais continuer à essayer.

- Avez-vous développé d'autres logiciels pour Amiga ?

Oui, après Oktalyzer, j'ai appris le langage de programmation C et j'ai été enthousiasmé par l'orientation objet et l'interface de passage de message. J'ai écrit un cadre d'applications pour interface utilisateur qui avait un aspect 3D et un algorithme d'affichage des polices. A cette époque, j'étais en contact avec Stefan Stuntz. Je l'ai aidé et l'ai probablement inspiré, pour créer le génial Magic User Interface (MUI).

Un autre de mes projets était une version de Stacker pour Amiga. Stacker était un pilote de compression de disque dur en temps réel sur PC. Les méthodes utilisées pour faire de la compression en temps réel tout en préservant la possibilité de lecture et d'écriture aléatoire me fascinaient.

Ces projets me conduisirent finalement à un logiciel nommé RAP! COP! TOP! qui a été distribué par Mark & Technik. Le paquet se composait de trois programmes, un défragmenteur de disque dur, le pilote de compression avec l'outil d'administration, et un outil de compression de disque.

- Que faites-vous maintenant ? J'ai vu que vous aviez un site appelé Replicator et que vous étiez actif dans les réseaux sociaux. Apparemment, vous avez développé une application iPhone.

Le projet que vous avez vu est LookHere!, une application iOS/iPad sur-mesure pour les besoins du génie du bâtiment. Une sorte de Wiki pour les images. Avec ce logiciel, vous pouvez prendre des photos sur le site, les relier entre elles, puis exporter un fichier PDF qui montre les relations entre les images.

Je travaille également sur un certain nombre d'autres projets collaboratifs avec des petites équipes. J'essaie aussi de contribuer à des projets à code source ouvert.

Mais le projet le plus enthousiasmant et stimulant sur lequel je travaille en ce moment, est un langage de programmation et un environnement de développement intégré qui sont faits pour de la programmation en direct. La programmation en direct combine les étapes de l'écriture, le débogage, le test et l'exécution d'un programme dans un environnement interactif unique.

- Quels ordinateurs et logiciels utilisez-vous maintenant ?

Je travaille sur un PC de bureau complètement silencieux avec processeur Core i7 équipé de deux SSD, face à deux moniteurs Eizo 24 et 21 pouces. Démarrage double avec Windows 8.1 pour le travail et Windows 7 pour les jeux occasionnels.

J'ai un MacBook Air, avec démarrage double Windows 8.1 et Mac OS X utilisé pour le développement sur iOS.

Côté serveur, j'ai un Mac mini qui exécute Linux CentOS, et un NAS Synology.

Pour la programmation j'utilise :
  • Visual Studio pour F#, C# et développement C++.
  • ReSharper pour C# "refactoring" et NCrunch pour les tests F# et C#.
Pour développer mes logiciels sous Linux, j'utilise :
- Quelles sont les nouvelles technologies qui vous enthousiasment aujourd'hui ?

Je suis emballé par WebRTC et ses possibilités. Les technologies peer-to-peer à code source ouvert sont peut-être en mesure de remplacer un certain nombre de services qui sont sous contrôle central pour le moment. Un bon exemple est PalavaTV, que je préfère utiliser à la place de Skype. C'est peer-to-peer, à code source ouvert, sécurisé pour la préserver la vie privée et rend impossible les écoutes, et il peut être installé sur son propre serveur ! WebRTC propose une alternative satisfaisante pour le partage de fichiers et les réseaux sociaux.

Je m'intéresse également à Bitcoin et sa technologie. Le côté pécuniaire n'est qu'une infime partie de son potentiel. Lorsque les gens prennent conscience que la technologie derrière Bitcoin est principalement une autorité de consensus partagée et décentralisée, qui est miroitée pour éviter la corruption par ses utilisateurs, ils reconnaissent que cette technologie est capable de remplacer l'être humain dans d'importantes structures de notre société pour une gestion plus fiable, beaucoup plus efficace et digne de confiance.

Mais ce qui est plus susceptible d'avoir un impact énorme sur le monde au cours des prochaines années, est le Internet Of Things, qui signifie que chaque chose, par exemple une lampe, un meuble, sera pourvu d'un capteur connecté à Internet. Cette étape est inévitable, et les conséquences en termes de vie privée et de sécurité restent imprévisibles et constituent un défi passionnant à relever.

- Utilisez-vous un nouveau logiciel de musique comme FLStudio ou un nouvel éditeur musical par piste comme Renoise ?

Non, j'ai arrêté cette voie après être passé à d'autres projets non musicaux.

- Avez-vous encore un Amiga ?

Oui, un Amiga 3000 qui est stocké dans le sous-sol.

- En France, il existe encore une petite communauté de 500 utilisateurs sur Amiga. Qu'en pensez-vous ? Faut-il oublier l'Amiga et passer à autre chose ? La nostalgie est-elle positive ou négative selon vous ?

Je ne peux pas donner de conseils à ce sujet. Je peux seulement témoigner de mon expérience :

Après être passé sur PC, l'Amiga m'a beaucoup manqué, parce qu'il était si avancé que le PC à mis quelques années à atteindre son niveau. Ensuite, les possibilités se sont avérées infinies. Un tout nouveau monde s'est ouvert, beaucoup plus étendu que ce que j'avais connu auparavant. Et puis, fin 1999, je suis tombé sur Linux, qui offrait encore plus de possibilités. Aujourd'hui, les nouvelles technologies et plates-formes apparaissent avec une si haute fréquence, que les seules choses importantes à garder à l'esprit sont la volonté et l'envie d'expérimenter et d'apprendre constamment.

Pour moi, c'était une bonne chose d'avancer. Je ne suis pas du genre nostalgique et je parle rarement du passé. Je me débarrasse très vite des vieux trucs et je reste minimaliste. La citation "Les choses que l'on possède finissent par nous posséder" du film Fight Club me rappelle constamment comment les choses et l'environnement dans lequel nous vivons nous affectent et nous limitent.

Cela dit, je devrais bientôt démarrer mon Amiga 3000 une dernière fois, sauvegarder les deux disques durs et simplement le vendre. Je réalise maintenant que ce morceau de machine me connecte fortement à une époque où j'ai eu beaucoup de plaisir à faire des choses, et où j'ai rencontré beaucoup de gens intéressants. Mais même si mes pensées ont tendance à me ramener dans le passé, je dois aussi accepter que ce temps est révolu et ne reviendra jamais, et que la seule chose qui existe, est cet instant précieux, qui me donne une minuscule possibilité de changer mon avenir, et -si je suis très chanceux- aussi celui des autres.

* Cette entrevue a été menée par Guillaume Guittenit, qui m'a encouragé faire les copies binaires de Oktalyzer 1.1 à 1.57 gratuiciel en mars 2014 *


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