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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Entrevue avec Janine Pitot
(Entrevue réalisée par Doug Glen et extrait de Génération 4 - mai 1990)
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Voici une entrevue de Janine Pitot, traductrice chez Lucasfilm Games, qui a fait (re)découvrit les
super jeux d'aventure de cette société américaine au public francophone.
Janine Pitot
Janine, vous
avez reçu beaucoup de félicitations pour votre travail de traduction des logiciels de Lucasfilm Games.
A quel moment avez-vous découvert que vous aviez un talent pour la traduction ?
Cela fait des années que j'étudie l'anglais et le français. J'ai été élevée en France et je vis aux
États-Unis depuis dix ans. Je suis donc bilingue, et je connais bien les deux cultures. Je pense que la
connaissance du contexte culturel est un grand avantage pour la traduction. J'ai fait des traductions
auparavant qui étaient plutôt dans le domaine technique. Par comparaison, la traduction de jeux vidéo
est bien plus agréable à faire. Je me suis plongée dans l'ambiance du jeu, et c'était un plaisir de
traduire. Je crois que pour réussir un travail, il faut avant tout l'aimer.
La plupart
des traductions anglais/français manquent de vie, de naturel. Les textes français des jeux Lucasfilm semblent
pourtant avoir été écrits par des Français. Comment avez-vous fait ?
Je crois que l'important est de se mettre dans la peau du personnage que l'on traduit. Avant de commencer une
traduction, je me familiarise avec le jeu, son ambiance, et le ton du dialogue en anglais. Ensuite, je traduis
le texte en essayant de rester très proche de l'original, et dans un deuxième temps, je m'éloigne du mot à mot
pour essayer de capturer le ressenti du jeu, en particulier l'humour et le rythme. Joëlle Chartier, mon assistante,
m'a aussi beaucoup aidée. Souvent, nous avons dû discuter de nos points de vue différents sur une traduction et
aboutir à une troisième expression.
Le personnage
d'Indiana Jones, dans le film et dans le jeu en anglais, est vraiment un personnage américain, mais comme
c'est un jeu d'aventure, le joueur doit se mettre dans la peau d'Indiana Jones, donc il doit avoir un côté
auquel les Français peuvent s'identifier.
Il reste toujours très américain, mais bien sûr de la façon dont il parle, il doit utiliser des expressions
bien françaises. Ça ne m'a pas posé de problème, parce que je crois que les Français peuvent facilement
s'identifier à Indy. Il est bagarreur, il est fort, et il est malin ; des qualités bien françaises je crois.
Quand vous
avez trouvé des blagues qui ne pouvaient pas se traduire en français, qu'avez-vous fait ?
J'ai essayé de mettre une autre blague à la place. C'est important de conserver l'humour, mais bien sûr,
certaines expressions sont intraduisibles d'une langue à l'autre.
Parlons un
peu de Lucasfilm... Comment êtes-vous devenue traductrice ?
C'est par hasard. J'étais secrétaire à Lucasfilm il y a trois ans, et il se trouve qu'après une longue
absence, je suis revenue pour faire du travail temporaire. A ce moment-là, j'ai rencontré un producteur
de jeux, et il m'a demandé si je serais intéressée par ce travail. J'ai tout de suite pensé que ce serait
un travail qui me plairait, car il me permet d'utiliser ma connaissance en langues, et aussi en informatique.
Parlez-nous
du Skywalker Ranch.
C'est un environnement privilégié, et il n'y a probablement pas d'équivalent en Amérique ou en France.
D'abord, c'est en pleine nature, et c'est très beau. Les bureaux où l'on travaille sont de véritables
maisons de campagne, avec cheminée en pierre de taille, poutres en bois, etc. C'est un lieu de travail
très agréable, sans parler des déjeuners délicieux à la cafétéria, si on peut appeler ça une cafétéria...
Ça serait plutôt un restaurant !
Vous voyez
George Lucas de temps en temps ici ?
Oui. En fait, on vient de le croiser. Il a son bureau ici, et on le voit souvent dans la cafétéria.
Il fait la queue pour son repas, comme tout le monde. La plupart des gens ici s'habillent de façon
très décontractée, jeans et sweatshirt, on ne peut pas savoir à qui on a affaire. Tout le monde est
très sympathique.
Avant de
commencer ce travail, est-ce que vous jouiez aux jeux vidéo ?
Non, mais j'ai toujours aimé les ordinateurs, et je m'en sers depuis des années. Je pense qu'il y a un
futur pour les jeux éducatifs. Je voudrais qu'il y ait des jeux qui facilitent l'apprentissage des
langues étrangères par exemple.
Que pensez-vous
du jeu Indiana Jones ?
Je pense que c'est un jeu très divertissant, avec un niveau de difficulté qui force le joueur à beaucoup
réfléchir, et une grande variété de scènes.
Vous travaillez
en ce moment sur le nouveau jeu Loom. Comment le trouvez-vous ?
Il est très différent d'Indy et de Maniac Mansion. L'animation et les paysages sont vraiment très beaux. Le
jeu est à une qualité de conte de fées. Il est aussi plus facile à jouer pour les débutants, et possède
en même temps assez de difficultés pour capturer l'intérêt des joueurs les plus invétérés.
Comme c'est
un jeu médiéval fantastique, le langage est plus spécialisé que dans les deux autres jeux, vous pensez
qu'il sera plus difficile à traduire ?
Oui, le texte du jeu est plus compliqué et a parfois des doubles sens. Je pense que ça sera plus difficile à
traduire, mais c'est comme on dit en anglais, "a challenge", qui se traduit par un défi... un mot très
populaire en Amérique, qui exprime le besoin positif d'essayer toujours de s'attaquer à des choses difficiles !
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