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Même si le marché Amiga n'est plus ce qu'il était, il fourmille encore de nombreux bidouilleurs amoureux de la machine. Nous allons aujourd'hui nous intéresser à Francis Gradel, un concepteur de matériels compatibles Amiga venu tout droit du Québec. Je m'appelle Francis Gradel, j'ai 41 ans et je suis originaire de Montréal, Québec, Canada. Je suis ingénieur électrique en télécommunications. Mon domaine d'études au collège et à l'Université a été principalement les systèmes à base de microprocesseurs. Je n'ai travaillé que quelques années dans ce domaine pour l'entreprise canado-allemande Kontron. C'est depuis mon passe-temps et non plus mon travail. D'où vient votre pseudonyme "Nitz76" ? Il vient du personnage Nitz Walsh de la série américaine "Undergrads". Un personnage qui collait vraiment à ma personnalité quand j'étais au collège. "76" est mon année de naissance pour me distinguer des autres Nitz, comme le veut la tradition depuis mIRC. C'était en 1991. J'ai eu mon premier ordinateur à 8 ans. C'était un Commodore 64. J'ai tout appris là-dessus, du BASIC à l'assembleur. Au début des années 1990, les revues d'informatique présentaient l'Amiga comme étant l'ordinateur le plus en avance en matière de multimédia. Il était rapidement devenu un incitatif pour amasser mon argent de poche et acheter ce précieux engin. Au Canada, l'Amiga était une machine très marginale, peu connue dans l'océan des compatibles IBM PC. Nous étions un groupe d'amis, nous sommes passés du Commodore 64 à l'Amiga quasiment tous en même temps. C'était un choix évident. Quelles sont vos configurations Amiga actuelles et quelles sont vos activités favorites dessus ? J'en possède trois : un A500, un A2000 et un A4000. Seul l'A2000 est mon véritable Amiga d'époque. Les deux autres sont des achats récents. L'A2000 comprend un Video Toaster, la raison pour laquelle je m'étais intéressé à l'Amiga au départ. La production et le montage de vidéos me passionnaient à l'époque. Il y avait aussi la numérisation et le montage de pistes sonores/modules (.Mod) à l'aide d'Audiomaster, MED et un numériseur audio fabrication maison... Un numériseur audio de fabrication maison Pouvez-vous présenter Retronic Design ? Quand a-t-elle été créée ? Retronic Design a été créée pour établir la marque de l'adaptateur USB Retro Joystick Adapter et ainsi qu'il soit facilement repérable sur eBay et dans la communauté. Il est dorénavant la marque de nos nouvelles et futures conceptions. Travaillez-vous seul sur la conception de vos matériels ? Prévoyez-vous de vous agrandir ou de recruter ? Nous sommes deux. Mon collègue et ami Fabien Corsini s'occupe de la partie fabrication, les pièces, le détourage des circuits imprimés et la production. Nous sommes complémentaires. Pour l'instant, cela nous convient. Nous répondons à la demande. Mais qui sait ce que l'avenir nous réserve... En 2012, vous avez lancé le Retro Joystick Adapter, un adaptateur de manette DB9->USB. D'où vous est venue l'idée de concevoir un tel adaptateur ? Cela a commencé par un pari avec un ami. Il m'a dit : "C'est impossible de connecter une manette Commodore sur un PC...". J'adore relever des défis... Le premier adaptateur n'était qu'un convertisseur de tension à trois états, utilisant des pièces simples comme des transistors, des diodes et des résistances. Le port manette PC a deux entrées analogiques 0-5V correspondants aux deux axes. Chaque axe pouvait avoir trois valeurs ; 0V, 2,5V et 5V (haut ou gauche, centre et bas ou droite). La version USB moderne est basée sur la bibliothèque GNU V-USB et le travail de Raphaël Assénat. Adaptateur de manettes DB9 à USB Quelles ont été les plus grosses difficultés lors de sa conception ? La conception logicielle et matérielle a été relativement simple. Mon collègue et moi avions déjà beaucoup d'expérience avec la ligne 8 bits des microcontrôleurs d'Atmel. Ils nous ont été très utiles pour le contrôle de modules divers (systèmes d'électrolyse de piscines au sel, systèmes d'alarme, séquenceurs de jets d'eau, etc.). Physiquement, le circuit devait être assez petit pour entrer dans un capot de DB9. C'est ce point qui nous a poussés à innover dans nos méthodes et concevoir la même chose mais en miniaturisé : boîtiers des composantes plus petits, connecteur de programmation extrêmement fin, plaquette électronique de forme irrégulière, etc. La bibliothèque V-USB compilable avec avr-gcc est le moteur qui tourne sous le capot. L'accès aux entrées/sorties est fait en temps réel et respecte la synchronisation originale du VBL (vertical Blanking Line) en NTSC, soit environ 120 Hz. Il semble que cet adaptateur se vende bien. Quelles ont été vos ventes ? Année après année, l'adaptateur a augmenté en popularité due au bouche-à-oreille et aux différents "white papers" écrits par diverses figures techniques internationalement reconnues sur la scène du jeu vidéo rétro (par exemple sur Code and Life). Depuis 2012, des milliers d'unités ont été vendues. Pouvez-vous nous présenter vos autres projets ? Les projets que nous avons terminés :
Non et la raison est simple. Cela implique de dessouder une des deux puces CIA 8520 et y ressouder une plaquette entre les deux. Cela ne serait réservé qu'à des initiés ou du moins un service de modification serait nécessaire. Pour améliorer vos ventes, avez-vous ou allez-vous prendre contact avec des revendeurs européens comme Amedia Computer ou Relec ? C'est à suivre... Nous y sommes ouverts. Avez-vous d'autres idées de matériels que vous pourriez concevoir à l'avenir ? Oui, il y a beaucoup de projets mais très peu de temps libre !
Il y a plusieurs clubs amigaïstes au Québec et en Ontario. Je ne suis malheureusement pas très impliqué dans ceux-ci jusqu'à maintenant. C'est dans mes projets à court terme. J'ai déjà signifié mon intérêt de participer au rassemblement MEGA (Montreal Expo Gaming Arcade) comme exposant à l'automne 2018. Quelle est votre opinion sur les systèmes Amiga de nouvelle génération ? (AROS, MorphOS, AmigaOS 4) Je suis intrigué par ces machines nouvelle génération. J'ai testé avec succès l'adaptateur de manettes sur ceux-ci. Elles sont très bien conçues. Je reste par contre un inconditionnel de la machine originale. Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez répondre ? Non. Un dernier message pour la communauté Amiga ? Je suis surpris et ému de voir des jeunes (je me sens vieux de dire ça...) développer sur des systèmes qui ont vécu leur apogée alors qu'ils n'étaient même pas nés ! J'encourage cela car c'est la meilleure façon d'apprendre. Les machines modernes sont beaucoup trop discrètes et intègre des fonctions beaucoup trop avancées pour débuter une formation sur le matériel de bas niveau. Ces connaissances sont déjà rarissimes et cela n'ira pas en s'améliorant dans les années futures. Le maintien de cette communauté Amiga et l'informatique rétro en général est la clé pédagogique et historique pour les générations futures. Cela a déjà engendré une nouvelle génération avec le Raspberry Pi et les divers émulateurs. "La science de ton passé est ton passeport pour l'avenir." Citation de Christine de Suède ; Les maximes et pensées (1682)
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