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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Entrevue avec Nicolas Gohin et Franck Quéro
(Entrevue réalisée par Olivier Kaa et extraite de Joystick - juillet 1990)
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Ranxerox, le héros aux muscles dont la taille est inversement proportionnelle à sa cervelle, vient
mettre un bordel monstre chez Ubi Soft. Planquez les ordinateurs, la bêêête arriiiive !
Nous nous sommes entretenus avec Nicolas Gohin et Franck Quéro du groupe Legend qui a programmé
ce jeu pour Amiga et Atari ST.
Nicolas Gohin et Franck Quéro
Eh, les mecs, eh,
vous avez programmé Ranx, vous devez être vachement cools, comme mecs, eh, on peut vous poser des questions ?
D'abord, pourquoi avoir choisi le personnage de Ranxerox ?
Depuis longtemps, nous sommes des adeptes du culte Cyberpunk. Nos dieux sont Gibson, Williams, Sterling...
Et Tamburini (le scénariste de Ranxerox). Ce fut pour nous un acte de foi que d'ériger un monument à la
gloire d'un des plus grands câblés.
Ranx
Dans quelle
mesure Liberatore a-t-il un droit de regard sur le produit final ?
Seul Albin Michel, l'éditeur de la BD, a été contacté pour l'acquisition des droits. Toutefois, nous avons
essayé de respecter au maximum l'esprit de la BD dans son scénario, sa violence graphique et son cynisme.
Combien vous
a-t-il fallu de temps pour créer le scénario du jeu ?
De la première page blanche jusqu'au point final, environ trois mois.
Ranx est un
jeu tout public, est-ce que la scène où le héros se tape une prostituée a fait l'objet de discussions entre vous,
et vous a-t-elle posé des problèmes moraux ?
Pour cette scène, chacun voulait rester ferme sur sa position. Le débat fut animé, mais courtois.
Finalement, après de multiples essais, nous n'en avons retenu qu'une parce qu'elle nous paraissait
être la plus représentative du caractère robotique, primaire et bestial de Ranxerox.
Si
vous deviez ranger Ranx dans un tiroir, l'installeriez-vous avec l'arcade ou l'aventure ?
Si l'on devait ranger Ranx quelque part, ce serait plutôt dans une armoire, avec l'arcade en haut,
l'aventure en bas et Ranx au milieu.
D'autres
conversions de personnages de BD en projet ?
Non, pas pour l'instant. Par contre, nous avons en préparation d'autres projets qui devraient eux aussi
faire parler d'eux.
Rectification (septembre 1990)
Figurez-vous que l'entrevue des auteurs de Ranx, ci-dessus, n'est pas l'entrevue des auteurs de Ranx.
Voici un bref résumé de la situation.
Peu avant la sortie du numéro 7 de Joystick, nous avons adressé à Ubi Soft une liste de questions destinée
aux auteurs de Ranx. Les réponses nous sont parvenues par courrier, accompagnées de la photo des "auteurs".
Nous avons donc publié cette entrevue sans penser à mal, puisque l'éditeur même du jeu nous désignait deux
personnes comme étant les auteurs et que ces deux personnes confirmaient le fait. Quelques jours après la
sortie du magazine, deux autres personnes nous ont appelé, Thierry Platon et Daniel Hochard, afin de nous
informer qu'ils étaient les véritables auteurs.
En fait, voici ce qui s'est passé. Thierry Platon, Daniel Hochard, François Lionet et une quatrième personne
(dont je n'ai pas le nom) ont écrit le scénario de Ranx et l'ont proposé à Ubi Soft, qui a contacté Albin
Michel pour en obtenir les droits. Ils ont ensuite commencé la programmation, et l'ont même presque terminée
(sur Atari ST). Mais le départ de François Lionet (le programmeur) pour l'armée a interrompu ce développement
alors qu'il ne restait plus que quelques problèmes de mémoire à résoudre, ainsi que l'inclusion des effets
sonores. Ubi Soft a donc confié ces détails à Legend Software. Lorsque nous avons demandé l'entrevue,
de façon incompréhensible, Ubi Soft a préféré que ce soient les gens de Legend qui nous répondent. Bref,
on peut légitimement considérer que les auteurs originaux ont été un peu lésés de la gloire à laquelle ils
avaient droit. C'est avec plaisir que nous publions le droit de réponse qu'ils nous ont adressé.
Thierry Platon et Daniel Hochard
Droit de réponse de Thierry Platon et Daniel Hochard
Né sous le trait noir de Tamburini dans Frigidaire, un magazine underground italien, repris par celui
que Frank Zappa appellera "Le Michelange de la bande dessinée", Tanino Liberatore, Ranxerox entra
dans la légende au début des années 1980. Notre univers était alors largement inspiré par le punk
et son No Future, J.G. Ballard et Philip K. Dick, la mode de la rue et la dope, Mad Max et...
Ranxerox.
Après ce succès international, le père de Lubna fait sauter le caisson du méchant robot avec un fusil à
éléphant dans un début de troisième album, paru dans l'Écho des Savanes... Et Ranx meurt en même temps que
son papa ! Imagez et moi-même rêvons alors de redonner un dernier souffle de vie à notre héros destroy
dans un jeu vidéo très méchant. Nous contactons Albin Michel, éditeur de Liberatore, puis un éditeur de
jeux, Ubi Soft, avec qui nous signons un contrat conjointement à François Lionet, brillant programmeur,
et un autre graphiste.
Plus d'un an après, François Lionet est appelé sous les drapeaux et une société de services, Legend Software,
est discrètement mandatée par notre éditeur pour "terminer la version Atari ST'" et prendre en charge
les conversions vers les formats Amiga et PC.
"Terminer la version Atari ST", loin de se limiter à résoudre quelques problèmes techniques, signifia en
l'occurrence une singulière modification du scénario et la censure de certaines scènes, jugées obscènes
ou amorale. Dans le numéro 7 de Joystick à la page 180, Nicolas Gohin et Franck Quéro de Legend Software
peaufinent leur trahison en s'affichant comme les véritables auteurs du logiciel et en répondant à une
entrevue ridicule. Ils y parlent de Cyberpunk (mouvement de SF né dix ans après Ranx !), ils y avouent
n'avoir jamais travaillé avec Liberatore ; ils y prétendent avoir écrit notre scénario, et ils y déclarent,
très fiers, n'avoir retenu qu'une seule de nos scènes porno animées !
Mais n'est-ce pas la fin idéale pour un héros maudit ? Ranxerox trahi et ridiculisé. Spolié de sa violence,
de ses provocations et de ses idéologies, le lion devient vermisseau, la légende devient mythe, Ranxerox
devient "Ranx"...
Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites... J'aurais été plus méchant envers Legend Software.
C'est quand même bizarre qu'à la question "Pourquoi avoir choisi Ranxerox ?" ils aient répondu (alors
qu'ils ne sont pour rien dans ce choix) : "Ce fut pour nous un acte de foi que d'ériger un monument à
la gloire d'un des plus grands câblés " !
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