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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Entrevue avec Chris Thompson
(Entrevue réalisée par un auteur inconnu et extraite de Joystick - juin 1994)
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Voici une entrevue avec Chris Thompson, le directeur commercial pour l'Europe d'Electronic Arts, qui nous
parle de la console 3DO et notamment ses concurrentes comme la CD32.
Chris Thompson travaille pour Electronic Arts en Grande-Bretagne et est responsable commercial
des jeux 3DO qui sortiront en Europe quand la machine sera officiellement lancée. Electronic Arts
établit déjà un catalogue de jeux impressionnant et des autocollants sur les murs de la société
clamant "3DO is Electronic Arts - Electronic Arts is 3DO" ("La 3DO, c'est Electronic Arts -
Electronic Arts, c'est la 3DO). Chris Thompson, qui a la trentaine, travaille pour Electronic Arts
depuis sept ans, trois aux États-Unis et quatre en Grande-Bretagne.
Chris Thompson
Pensez-vous
que ç'ait été une erreur de ne pas lancer la 3DO dans le monde entier en même temps, et avec un plus grand
catalogue ?
La situation idéale aurait été de sortir la 3DO partout dans le monde, en Europe, au Japon et aux
États-Unis le même jour avec un bon catalogue de titres. Le système d'exploitation, finalisé très
tard, a posé des problèmes à beaucoup de développeurs. La plupart d'entre eux continuaient à
travailler selon les anciennes spécifications techniques et ne l'utilisaient pas correctement ;
d'autres, ceux qui avaient les dernières spécifications techniques, se dépêchaient pour sortir
leur jeu à temps... Ce n'est certes pas une situation idéale, mais c'est la meilleure stratégie de
lancement que j'aie jamais vue.
À la fin de l'année, la 3DO sortira sur les principaux territoires. Le lancement récent au Japon
a été phénoménal ! Les derniers chiffres communiqués sont de 100 000 unités avec 40 000
vendues le premier jour. Un autre facteur important de son succès relatif aux États-Unis : son prix.
Il était trop élevé, d'environ 700 $ (3800 FF) et a été abaissé pour atteindre 450 $ (2450 FF).
En Europe, on ne devrait pas connaître les mêmes problèmes.
De nombreux
développeurs importants étaient très enthousiastes vis-à-vis de la machine, mais ils ont changé leurs
opinions et restent réservés quant aux systèmes d'exploitation. Qu'en pensez-vous ?
Pour comprendre 3DO, vous devez revenir en 1983. Trip Hawkins, le patron de 3DO Company, est un incroyable
visionnaire. Comme c'est une figure respectée, il a recueilli de nombreux soutiens de la part de gens
importants aux États-Unis. 400 développeurs travaillent actuellement sur 3DO. C'est une industrie extrêmement
périlleuse, que celle dans laquelle nous travaillons, et c'est tant mieux. Il existe un nombre tellement
élevé de systèmes sur lesquels développer, que c'en est devenu ridicule.
En tant qu'éditeur, nous avons parié sur la 3DO. S'il s'avère que nous ayons eu tort, il sera toujours
temps de changer. C'est à la fois une décision financière et technique. Nous n'avons jamais perduré
dans les anciennes technologies ; au contraire, nous avons toujours voulu être à la pointe. Nous avons été
les premiers à soutenir l'Amiga, le PC, Sega, etc. Actuellement, nous ne voulons soutenir que trois machines 32 bits :
la Jaguar, le CD-i et l'Amiga CD32 ne constituent pas des plates-formes idéales à long terme.
L'Amiga CD32
s'adresse pourtant à un public plus large que celui de la 3DO !
Commodore est en train de faire faillite. Si nous nous mettions à produire des titres pour un marché
particulier, cela détruirait notre structure financière. Le seul véritable marché de l'Amiga est la
Grande-Bretagne, et ce n'est pas assez grand pour qu'on continue à le soutenir. Il se meurt en France,
en Allemagne, etc.
Vous croyez... ?
Nous avons sorti trois de nos meilleurs titres des deux dernières années sur Amiga : Syndicate, Space Hulk
et Desert Strike, ce qui prouve que nous ne sommes pas contre l'Amiga. Mais les temps changent. Les ventes
ne sont pas à la hauteur de celles sur PC. Les titres qui ont le mieux marché ont fait 2000 unités sur
Amiga contre 200 000 sur PC. Néanmoins, nous continuerons à sortir certains titres pour l'Amiga.
Pourquoi
pensez-vous que les jeux 3DO ne sont pas d'aussi bonne qualité que ce que l'on en attendait ?
Bonne question ! 3DO a admirablement bien su vendre la machine avant même sa sortie, et les espoirs étaient
tels qu'on ne pouvait qu'être déçu. Personne n'a jamais vu une telle campagne de promotion. C'est une
démarche caractéristique des constructeurs. Tous clament que sa machine est la meilleure. Il faut éduquer
le public. Une grande bataille a commencé et il n'y aura qu'un vainqueur. Il faut deux à trois ans pour
développer ou optimiser un système, on verra donc de super jeux 3DO l'année prochaine.
Quand la 3DO
sera-t-elle officiellement lancée en Europe, et comment ? Electronic Arts produira-t-il des produits
spécifiques pour l'Europe et quel marché visez-vous ?
Au lancement, il y a deux sortes d'acheteurs : les techniciens qui adorent les nouvelles machines, et
les nouveaux venus. Ce sont les premiers qu'on essaie d'attirer d'abord. Des hommes entre 20 et 25 ans
avec des revenus élevés, qui possèdent généralement d'autres machines comme un PC, une Sega ou une Super
Nintendo... Quelle que soit la machine qui sorte, ils se l'achèteront, même s'il s'agit d'un gadget
futile. C'est le genre de mecs à dire aux autres : "achète-toi une 3DO, c'est dément !".
Même si à l'heure actuelle, la 3DO n'atteint pas encore ses consommateurs finaux, sa réputation s'étend.
Vous n'avez qu'à lire les magazines spécialisés. La 3DO y est considérée comme une machine très
élitiste, mais ce n'est pas grave car nous n'en sommes qu'au début. La prochaine étape sera d'atteindre
le grand public, celui des consoles actuelles. À Electronic Arts, nous sommes impliqués dans la 3DO,
le PC CD-ROM et la Sega Mega Drive. On ne peut pas viser un marché unique. Et puis, s'il le fallait
vraiment, nous nous consacrerions plutôt aux États-Unis et à l'Allemagne, qui présentent la même demande.
La meilleure approche est d'avoir des équipes de développement dans les principaux pays comme les États-Unis,
la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Nous cherchons constamment des développeurs européens. Nous
avons de la chance d'avoir des gens comme Bullfrog qui écrivent des jeux "universels".
Quelles
caractéristiques constituent d'après vous les atouts de la 3DO ?
La meilleure façon de décrire le système est en fait de le regarder tourner. C'est très impressionnant. La
3DO comporte trois avantages que d'autres systèmes ont également. Elle peut gérer des graphismes très
sophistiqués comme ceux de John Madden ou de Twisted. Elle a d'énormes capacités quant au son.
Enfin, elle exploite le CD-ROM par défaut.
John Madden's
Football est une brillante démonstration des capacités de la 3DO. Allez-vous continuer en ce sens ?
C'est un bon jeu, c'est vrai. La jouabilité est excellente. Même les gens qui n'aiment pas le football
américain ont été séduits. La jouabilité est primordiale. Quand vous verrez FIFA sur 3DO, vous serez
impressionné. Nous avons amélioré un jeu déjà presque parfait avec un système de caméra qui suit le joueur et
qui change d'angles pour s'adapter à l'action. Techniquement, ces jeux offrent un environnement réaliste dans
lequel vous pouvez vraiment vous plonger. Beaucoup de sociétés utilisent la vidéo, des graphismes fabuleux, etc.
Ce que nous cherchons à Electronic Arts, c'est d'abord la jouabilité, le reste suivra.
Cela n'exclut pas évidemment l'utilisation de joueurs en vidéo numérisée, les conditions météorologiques, etc.
On est très proche de la télé interactive. Si tout le monde avait une Silicon Graphics, on aurait des
jeux extraordinaires. Mais il faut rester réaliste quand on produit un jeu. Les améliorations porteront
principalement sur les graphismes. FIFA constituera une étape importante pour l'Europe et il sortira pour Noël 1994.
Ce que je peux dire en termes de développement, c'est que la 3DO deviendra bientôt la principale machine, car
c'est une machine performante. Nous écrirons des jeux d'abord pour elle, puis les adapterons sur PC
et les autres machines.
La 3DO
a l'air beaucoup moins puissante comparativement à la PlayStation et à la Saturn. Qu'en pensez-vous ?
Personne ne peut savoir comment se comportera une machine jusqu'à ce qu'il la voie tourner. En tant que société,
nous ne pouvons pas encore compter sur Sony, car le système n'est pas disponible. Il ne sortira en Europe
que dans dix-huit mois. Si c'est une bonne machine, nous la soutiendrons. Pour l'instant, nous nous consacrons
à la 3DO, car elle est là. Sans une confiance aveugle. Nous soutiendrons les principaux standards,
quels qu'ils soient, c'est tout.
La 3DO
a été conçue pour devenir un standard. En quoi ses produits différeront-ils de ceux du standard PC ?
Reprenons l'exemple de la vidéo. Actuellement, les prix vont de la centaine au millier de dollars. Certaines
ont quatre têtes, certaines peuvent enregistrer d'une machine à l'autre, etc. La situation est identique avec
la 3DO. GoldStar offre le système de base ; Panasonic, Sony, etc., proposeront le milieu et le haut de gamme.
La 3DO apparaît comme un marché gigantesque. Le top sera la machine proposée par AT&T qui intégrera de nombreuses
fonctions : téléchargement, cinéma, jeux vidéo... Elle constituera un support de stockage qui restera sous
la télé. C'est ce qui différencie la 3DO. Les produits qui seront développés dépendent entièrement des capacités
de réseau. Cela donnera de fantastiques possibilités et notamment dans le domaine de l'interactivité. On aura
des jeux multi-joueurs comme Doom, Syndicate... mais c'est encore une autre étape qui ne démarrera à mon sens
que dans deux ans.
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