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Note : traduction par David Brunet. Voici une entrevue avec Browallia [programmation et graphisme] et Menthos [programmation et sons] du groupe Nukleus à propos de leur magazine sur disquette Versus, de la scène démo et des Amiga NG. La scène démo et les systèmes de nouvelle génération comme AmigaOS 4, MorphOS et AROS ne jouent pas dans la même cour. Mais parfois, il se passe quelque chose et ils se croisent. C'est le cas avec le magazine sur disquette Versus qui a également été diffusé sur AmigaOS 4. Commençons par une introduction : quel était votre premier contact avec un ordinateur ? Était-ce un Amiga ou une autre machine ? Browallia : Des amis possédaient un Commodore 64 et d'autres ordinateurs. J'ai connu l'Amiga 1000 car le père d'un ami utilisait un Amiga pour son travail dans le multimédia. Par chance pour moi, quand il en a parlé à ma famille, il fut très convaincant... Menthos : Je suis un amateur d'Amiga qui vit dans la partie nord de la Suède. Ma famille et les travaux dans ma maison prennent tout mon temps libre. J'ai commencé avec un VIC-20, puis je suis passé à un Commodore 128 avant d'avoir un Amiga 500 à la fin des années 1980. Il était principalement utilisé pour jouer mais aussi créer de la musique, dessiner et écrire des rapports pour l'école. Quelle était la configuration de votre premier Amiga ? Avez-vous eu d'autres modèles ? Browallia : Mon premier ordinateur était un trésor pour la famille. C'était un Amiga 500 avec le Kickstart 1.2 et sa diode rouge de mise sous tension. Après, j'ai eu quelques Amiga 1200 et des Amiga 4000 équipés de cartes accélératrices 68040 et d'une carte graphique Picasso IV. Menthos : J'ai acheté un Amiga 1200 dès sa sortie et je l'ai revendu pour m'acheter un Amiga 4000 (qui est mort depuis). Quand l'AmigaOne XE fut commercialisé, j'ai sauté sur l'occasion et cette machine est toujours mon ordinateur AmigaOS 4 en attendant la Tabor. En ce moment, j'utilise principalement un Amiga 1200 ainsi que l'émulateur UAE pour mes travaux Amiga. Utilisez-vous un Amiga NG ? AmigaOS 4, MorphOS, voire AROS ? Browallia : Je suis un ancien, je n'en possède pas mais j'apprécie l'activité autour de ces systèmes. Vous devriez plutôt poser cette question à Menthos car il aime bien les gadgets, pendant ce temps je pourrais repeigner mes cheveux gris... ha ha ha. Vous faites tous les deux partie du groupe de démos Nukleus. Comment a débuté votre aventure dans la scène démo ? Menthos : Depuis mes premiers moments sur Commodore 128 et Amiga, j'ai toujours aimé les intros et les démos. A la fin des années 1980, j'ai rencontré un gars dans la librairie locale (où des Commodore 64, Amiga et NES étaient en démonstration et pouvaient être testés). Il voulait que je rejoigne son groupe Timelords (un groupe inconnu du nord de la Suède qui avait des contacts avec le groupe plus connu Harman Kardon). Il m'a montré les logiciels de création musicale par piste ainsi que les scripts AmigaDOS, mais ce groupe ne publia pas tant de productions que cela durant ses années d'activité (principalement des disquettes de musiques et des diaporamas créés avec des scripts AmigaDOS car nous n'avions pas de programmeur). C'était le début. Mon histoire avec NLS (abréviation pour Nukleus) a commencé après 2000 quand j'ai rencontré Browallia. Je publiais un magazine nommé Azine, pour un groupe d'utilisateurs Amiga suédois, et Browallia a commencé à écrire des articles sur la scène démo. Il a ensuite voulu que je rejoigne Nukleus en tant que co-éditeur pour leur magazine sur disquette, et j'ai accepté. Je pensais que je faisais un travail horrible en tant que co-éditeur et j'ai donc, à la place, programmé quelques intros et démos sur AmigaOS 4. Après cela, j'ai voulu refaire de la programmation en assembleur sur Amiga 68k et voilà où nous en sommes. :) Browallia : C'est tout à fait ça, Nukleus est le lieu où il faut être et c'est lui qui domine la voie lactée. J'ai commencé en 1993 et je signais mes graphismes sous un autre pseudonyme. Nukleus a été formé en 1994, cela veut dire que l'année prochaine, nous fêterons nos 25 ans. Menthos : Quand j'ai eu l'AmigaOne XE avec AmigaOS 4, j'ai commencé à programmer de petits programmes de test pour Warp3D et MiniGL. Pour le rassemblement Amiga Summer Party 2006, un ami voulait que je contribue à la compétition. J'ai donc commencé à programmer l'intro Cows And Bubbles. Au même moment, Nukleus publiait un nouveau numéro de Versus et j'ai ajouté les classements dans mon intro. Elle s'appelait Cows n Bubbles feat Versus 4. Après cela, j'ai pensé qu'il serait amusant de créer un moteur natif AmigaOS 4 de ce magazine sur disquette. J'ai commencé à travailler dessus et je suis arrivé à un stade suffisamment avancé pour qu'il soit utilisé en tant que magazine sur disquette. Le reste appartient à l'histoire. Pouvons-nous attendre davantage de productions de votre part sur AmigaOS 4 (ou sur les autres systèmes Amiga NG) ? Par exemple des magazines sur disquette ou des disquettes de musiques, qui ne sont plus très populaires de nos jours, Internet ayant tout changé. Browallia : Je ne suis pas d'accord avec vous sur le fait que les magazines sur disquette et les disquettes de musiques ne soient plus populaires aujourd'hui. Internet peut toucher un public plus large et rappelez-vous qu'Internet dépend de la scène Amiga et non l'inverse. Pour répondre à la question, oui, vous pouvez attendre plus de productions de notre part sur ces plates-formes. Nukleus travaille avec le groupe Void. Je me trompe ? Dernièrement, ils ont sorti une production musicale sur AmigaOS 4 baptisée Absolute Dølle 2. Allez-vous poursuivre votre collaboration pour sortir d'autres productions ? Browallia : Pour Versus, c'est une coopération entre Nukleus et Void. Nos camarades norvégiens sont de bons gars. Nous partageons des objectifs communs avec Versus. Ils ont créé une disquette de musiques avec Absolute Dølle 2. Il est à noter que c'est Nukleus qui a réalisé la première disquette de musiques sur AmigaOS 4, c'était en 2006. Il y avait de grands espoirs avec la carte accélératrice FPGA Vampire II sur la scène démo Amiga. Mais il semble que les groupes de démos ne s'intéressent pas aux configurations puissantes. La tendance est de réaliser des productions pour l'Amiga 500. Pourquoi ? Il y a 20 ans, le 68060 était le rêve de tous programmeurs Amiga. Menthos : Dans mon cas, j'essaye toujours que mes petits projets fonctionnent sur un A500 de base, car c'est ce que la plupart des gens associent avec l'Amiga. J'ai peu de temps libre pour ce travail sur la scène démo, donc je fais plutôt de petites choses destinées à un public plus large. Browallia : Pour moi, il s'agit de retourner aux sources. L'identité du coeur de l'Amiga se résume à l'AGA et à l'A500. Que pensez-vous de l'époque où il y avait des Amiga PowerPC avec une carte graphique 3D ? Les prix de ces machines sont fous, pensez-vous que les gens qui ont acheté ces matériels verront de nouvelles productions dans les années qui viennent ? Menthos : Pour les Amiga Classic avec PowerPC ? J'ai quitté cette scène quand mon Amiga 4000 fut rongé par l'acide de l'alimentation. Donc je ne sais pas s'il y a encore de l'activité sur ces machines. Concernant AmigaOS 4/MorphOS/AROS, je ne pense pas que ces systèmes verront beaucoup de productions. Je crois que la plupart des démomakers ayant des machines NG pensent qu'il est plus amusant de réaliser des productions sur des Amiga Classics. Browallia : Ha ha, non. C'est simplement que nous avons de nouveau du temps libre après avoir élevé nos enfants ou fait la carrière de développeur de jeux que nous rêvions. L'Amiga est un passe-temps, donc pour ces groupes, la relation avec l'Amiga ne disparaîtra jamais... Ce sentiment est ancré dans toutes les veines des vieux membres de la scène. Menthos : J'espère que oui. On a l'impression qu'il y a maintenant beaucoup d'activité de la part d'anciens membres de la scène qui reviennent et qui commencent à sortir des productions pour tous les types d'ordinateurs rétro. Je ne sais pas ce qu'il se passe sur la scène démo sur PC car je ne m'y intéresse pas. Mais j'espère que les anciens membres de la scène inspireront une nouvelle génération. Browallia : Oui, elle survivra. Au moins pour les générations nées dans les années 1960-1980. Après ça, certains enfants nostalgiques utiliseront l'Amiga de temps en temps, mais ils ne l'utiliseront pas de la même façon (ils ne paieront même pas pour le premier musée de la scène démo, ces petits bâtards !). Que serait votre comparaison entre l'Amiga et le PC en matière de création de démos ? Pour un débutant comme moi, il semble qu'il soit beaucoup plus facile de créer une démo pour PC grâce à toutes ces nouvelles technologies (bibliothèques, SDK...) que pour un Amiga à base de 68060. Qu'en pensez-vous ? Browallia : Question difficile, je suppose que vous parlez d'une démo en assembleur et pas en un langage de haut niveau. Ce travail représente beaucoup d'efforts, peu importe la plate-forme. Même avec des langages de haut niveau, vous suez sang et eau pour créer un bon style, pour assurer la synchronisation avec la musique, et pour dessiner de beaux visuels. Mais nous aimons tous tricher dans la scène démo, et il y a toujours moyen de masquer un mauvais effet avec des couches graphiques sur PC, donc cela à l'air "sympa"... Le PC compense par la puissance processeur, c'est pourquoi les démos sur PC ont parfois l'air si horribles. Si un programmeur sur PC ne parvient pas à masquer un mauvais effet, alors il est foutu et la démo à l'air horrible. Sur Amiga, nous sommes bénis, surtout que les productions genre vieille école ne signifient pas forcément "le moins est le mieux". C'est comme le fait d'avoir peur d'être nu, vous masquez avec beaucoup d'effets (comparez Star Wars VIII à Star Wars IV). Je pense qu'Adam et Eve auraient dû utiliser un pot de fleurs pour se couvrir s'ils avaient su que ce style vivrait pour toujours. :-) (bon, maintenant je pars sur de la philosophie profonde : ne me suivez pas si vous ne voulez pas tomber dans l'oubli). Menthos : Faire bouger quelque chose à l'écran et jouer de la musique est bien sûr plus facile sur un système capable de réaliser beaucoup de choses aisément via des bibliothèques et des moteurs graphiques. Je pense que c'est l'un des obstacles à cause duquel nous avons du mal à avoir plus de sang neuf dans la scène rétro. Vous devez en faire tellement avant même de pouvoir commencer à dessiner quoi que ce soit à l'écran. Mais ceci est l'une de mes motivations, surmonter les obstacles et apprendre à utiliser le matériel de différentes manières. Que vous manque-t-il sur les plates-formes Amiga ? (outils, protection mémoire, etc.) Menthos : Un navigateur Internet moderne léger et une plus grande base d'utilisateurs. Le marché actuel de l'Amiga se divise en trois systèmes NG et un système 68k. Selon vous, est-ce que cette "grande séparation" qui a eut lieu il y a vingt ans a tué l'espoir d'un retour de l'Amiga ? Browallia : Non, je ne suis pas d'accord avec vous. Si nous n'avions pas ces différents systèmes, certaines personnes seraient partis ailleurs. Nous ne pouvons pas changer cette situation, donc nous devons l'accepter. Peut-être que Menthos à une autre opinion à ce sujet ? Menthos : L'Amiga n'est pas si facile à tuer. Mais je pense tout de même que l'espoir de sauver l'Amiga est mort lorsque Commodore à couper les fonds destinés au développement, puis a fait faillite et aucun réel développement n'a été effectué pour faire avancer la plate-forme pendant des années. L'Amiga a fait une pause, mais pas le monde. Il reste cependant encore de la vie dans l'Amiga. Il y a de l'activité sur les trois plates-formes NG et il y a aussi beaucoup de nouveautés matérielles pour l'Amiga Classic et de nouvelles façons de garder ces machines en vie quand une panne survient et qu'il faut changer un composant. L'Amiga ne reviendra jamais au temps de sa gloire mais il sera maintenu en vie aussi longtemps que nous, la communauté, le voudrons. Pour les nouveaux venus, quel Amiga conseillez-vous ? Classic ou NG ? Ou l'émulation ? Browallia : N'importe quel Amiga. Comment rejoindre un groupe de démos ? Browallia : Si vous êtes passionné, ce ne sera pas difficile de rejoindre un groupe. Vous devez simplement savoir quoi faire pour contribuer à la scène démo, puis faites-le. :-) Quels postes seraient utiles pour faire partie d'un groupe de démos ? Programmeur, graphiste 3D, musicien ou peut-être diffuseur ? Browallia : Cette question est toujours intéressante et évolue au fil du temps. Encore une fois, si vous êtes passionné, vous pouvez faire ce que vous voulez parmi les activités mentionnées ci-dessus. Je pense que c'est une question de direction dans laquelle vous voulez diriger votre groupe. Votre groupe est comme une marque. Pour certains groupes, on attend une bonne qualité de production, sinon ils se font disséqués. Aujourd'hui, on peut aussi avoir besoin de personnes qui travaillent sur la réalisation de scripts pour les démos, la conception de sites Internet, ou même la gestion des réseaux sociaux. Les amigaïstes sont de plus en plus âgés. Ne sommes-nous pas trop vieux pour ce mode de vie de la scène démo ? Menthos : Le nombre d'heures de sommeil que j'ai effectué lors des rassemblements de ces 15-20 dernières années n'a cessé d'augmenter. Mais on est jamais trop vieux pour aller dans des endroits pour rencontrer d'autres personnes ayant le même intérêt que vous. Browallia : Oui. J'ajoute simplement qu'il ne faut pas que cela dure trop longtemps, c'est bien d'être courtois avec une vieille dame. ;) Salutations à tous nos amis, aux supporters de Versus, à nos familles et aux autres personnes de la communauté Amiga. Sachez qu'il y a un nouveau numéro de Versus disponible. Liens :
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