Obligement - L'Amiga au maximum

Vendredi 23 mai 2025 - 21:45  

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Entrevue avec Denis Lechevalier
(Entrevue réalisée par David Brunet - octobre 2024)


Denis Lechevalier est un expert dans les jeux Amiga. Il est à l'oeuvre dans la préservation de logiciels et dans le dénichage de jeux rares. Il y a quelques années, il fut à l'origine de la publication de Snow Bros sur Amiga, un jeu d'Ocean qui n'avait pas pu sortir à l'époque. Dans cette entrevue, il nous parle de tout cela et bien plus...

- Bonjour Denis. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, Denis Lechevalier, je suis informaticien de métier, marié et papa d'une petite de 4 ans, et je suis âgé de 47 ans. Mes passe-temps préférés sont la préservation logicielle, suivi du jeu rétro, ainsi que l'utilisation de machines rétros, et l'électronique via la restauration et remise en état de ces dernières. Hors informatique, j'aime le cinéma/les films (j'ai une belle collection de DVD/Blu-ray), bien manger dans de bons restos avec ma famille ou mes amis, les discussions de tout ordre (actus, politique, etc.)...

- Quand et comment avez-vous découvert l'Amiga ?

J'ai découvert l'Amiga d'abord dans les magazines (Joystick, Tilt). Physiquement, pour la première fois, chez le fils d'une amie de ma mère en 1991. C'était un A500, et il avait Shadow of the Beast, la compilation Les Battants, Dick Tracy, et Lemmings de mémoire (il en avait d'autres, mais j'ai oublié les titres). Quand j'ai vu Beast, moi qui n'avais qu'un Amstrad CPC à ce moment-là, je suis resté interloqué par la beauté du jeu et la fluidité inouïe des défilements, pareil pour les musiques. J'étais impressionné, autant que par le CPC à son époque de gloire. J'ai ensuite eu un couple d'amis de mes parents qui ont eu un Amiga 500+. Très belle machine, mais qui nécessitait le Kickstart Degrader 1.3 pour les anciens jeux Amiga programmés avec des accès en dur à la ROM Kickstart 1.x, qui sinon ne fonctionnaient pas.

- Quelles sont vos configurations Amiga actuelles (y compris émulation) et quelles sont vos activités favorites dessus ?

J'ai deux Amiga 500, deux Amiga 600, deux Amiga 1200. Les A500 ont accès à une carte ACA500plus, avec AmigaOS 3.2 installé, je possède un disque dur GVP II 8+ (8 Mo de mémoire Fast), permettant des accès disque ultra rapides. Mon A1200 principal tourne sous AmigaOS 3.5, il est doté d'une carte CompactFlash de 16 Go, sur laquelle j'ai l'intégralité de mes originaux soit au format ADF, soit au format MFM pour l'installation sous WHDLoad (plus besoin de toucher les disquettes). J'utilise un petit outil équivalent à DaemonTools sur PC, qui me permet de monter les ADF de mes disquettes en virtuel (DiskImageGUI via DiskImageDevice v52.32).

Hors Amiga, je dispose de plusieurs Atari : un Falcon 030, un 520 STF, un 1040 STF et aussi un 520 STE et 1040 STE, tous achetés en état pitoyable à pas cher et que j'ai remis d'équerre (changement de condensateurs, nettoyage, lecteur Gotek, Ultrasatan). Ma Fierté, c'est mon Falcon 030, que j'ai remis presque à neuf (je n'ai pas de carte Turbo, je n'en vois pas l'intérêt).

En émulation, j'utilise WinUAE, couplé à ADFWorkshop pour vérifier les fichiers DMS et les réparer. WinUAE me permet de faire des tests facilement et rapidement. J'utilise un éditeur hexadécimal pour corriger certaines images-disques ADF abimées.

J'aime jouer de temps à autre.... Je joue moins car j'ai moins de temps, et j'ai une préférence pour la préservation logicielle. :)

- Vous êtes connu notamment pour la préservation d'anciens logiciels. Quelle est la taille de votre collection ? Parmi tous ces titres, quels sont les plus rares ou les plus insolites ?

J'ai une collection actuelle plus légère que celle que j'avais en 2012... Celle-ci comporte environ 600 originaux Amiga. J'ai 95% de jeux, et 5% de logiciels utilitaires. J'ai par exemple l'original de Tecnoball de TLK Games, et des jeux espagnols très très rares : Lorna et Viaje Al Centro della Tierra de Topo Soft. Ces logiciels sont sortis à 300 exemplaires sur Amiga/ST/PC. J'ai la version française du Disney Animation Studio sortie par Titus. Je ne compte pas dedans les prototypes de logiciels commerciaux que j'ai pu préserver (Liquid Kids, Snow Bros, Turbo Jam, et d'autres).

- Quelle est votre recette/méthode/ruse pour dénicher tous ces anciens titres ?

Ma méthode : aller sur Ebouze ou Le Bon Coincoin, voire Vinted par exemple pour trouver les titres en question, voire Facebook dans d'autres cas.

Très original pas vrai ? XD

- Vous rencontrez de temps en temps les développeurs/graphistes Amiga de la grande époque. Quelles personnalités avez-vous récemment rencontrées ? Avez-vous quelques anecdotes sur ces rencontres ?

Le plus récemment ? Philippe Dessoly, Pierre Adane et Raphaël Gesqua (anciens d'Ocean France), ainsi que Paul Cuisset lors d'un "after" sur Paris. Plus anciennement, Thierry Levastre, Benoist Aaron. J'ai pu également discuter avec Bruno Gourier et Daniel Macré (le papa de Vroom) lors du second colloque auquel j'ai participé à la BNF en 2018 sur la préservation.

La rencontre avec Philippe, Pierre et Raphaël a été très sympathique, on a pu échanger sur des anecdotes de la belle époque, par exemple, le développement des logiciels sur Amiga et Atari ST, et le cycle suivi... Pierre m'a expliqué par exemple que, chez Ocean France, le développement démarrait d'abord sur Amiga, et deux semaines après sur Atari ST. Toujours sur le modèle de la machine la plus puissante vers la machine la moins puissante, avec une conversion des routines matérielles de l'Amiga en logicielles sur Atari ST, ce qui d'après lui permettait le meilleur résultat entre les deux machines. Le meilleur exemple, c'est Pang. Excellentissime sur Amiga, en 64 couleurs (écran coupé en quatre bandes de 16 couleurs copperisées), la version Atari ST est très bonne, en 25 images par seconde au lieu de 50. Pour lui, il était très difficile de tirer le meilleur de l'Amiga en partant d'abord de l'Atari ST : plus simple de réduire le nombre de couleurs que de refaire les données ("assets") en plus coloréees sur Amiga, idem pour le code, plus simple de convertir des routines matérielles en logiciellles, que de faire l'inverse. La logithèque Ocean France est un témoignage de la qualité de son point de vue. Concernant Snow Bros, Pierre m'a donné simplement le message suivant : "c'est mon cadeau de sortie à la communauté Amiga". Avec Philippe, j'ai échangé au sujet de Snow Bros ST (pas de données retrouvées hélas). Avec Raphaël, on a discuté de son actualité et de Snow Bros. :)

- La version Amiga du jeu Snow Bros d'Ocean, alors abandonnée, a pu être publiée grâce à vous. Pouvez-vous nous raconter l'histoire derrière cette publication ?

Le jeu était M.I.A. mais en état finalisé ; seulement voilà, Ocean n'avait pas les droits pour ce jeu... d'ou la non-publication.

J'ai contacté Thierry Levastre, qui m'a dit avoir un master du jeu créé par Pierre Adane pour lui. Je l'ai donc rencontré : j'ai emmené mon A1200 avec moi et le logiciel de préservation pour Amiga "Kryoflux Free" qui permettait de faire une copie binaire brute (alias "dump") d'un original dans un fichier CTRAW. J'ai eu Pierre Adane au téléphone, qui a donné le feu vert pour la préservation du titre, et l'histoire parle pour elle-même, Istvan, un de mes collègues de la Software Preservation Society (SPS), a généré un fichier IPF du jeu. Donc un grand merci à Thierry et à Pierre pour m'avoir permis de préserver ce titre.

- Avec le temps, les supports comme les disquettes deviennent problématiques. Il y a quelques années, vous avez créé votre propre méthode de nettoyage de disquette. Pouvez-vous nous en dire plus à son sujet ?

Alors, ici, il y a beaucoup de choses à dire ; je vais récapituler chronologiquement les choses :

La genèse

On va partir de la période où j'ai préservé Snow Bros (2006). En 2006, chez SPS (anciennement CAPS), la théorie en vigueur était la suivante :
  • "Les disquettes ont une durée de vie de 20-25 ans grand maximum" et de là, nos contributeurs fournissaient fréquemment des copies brutes pourries ou avec des pistes abimées.
  • Ensuite, il était question de l'état de conservation des disquettes fonction du lieu de stockage (grenier, chambre, pièce humide ou sèche, etc). Sur cet aspect-là, il arrivait de temps en temps que le disque magnétique se décolle du cercle de métal entrainé par le lecteur de disquette (la colle utilisée n'aimant pas les chauds/froids). Donc, à ce moment-là, on n'avait pas de système de nettoyage, et pire, on ne savait pas pourquoi ni comment empêcher que les disquettes s'abiment.
  • L'utilisation du format compact CTRAW ne permettait pas de voir quelles pistes étaient mauvaises (je n'avais pas l'outil d'analyse et d'encodage d'IPF de SPS).
Donc très embêté par ce côté "aveugle" de la chose. Il y avait un problème, mais impossible de voir "où", ou de comprendre.

Combien de lecteurs de disquette flingués par la moisissure en surface (un point de moisissure qui tape à 300 RPM contre la tête de lecture, c'est "fin du game", c'est impossible à rattraper).

Plusieurs années s'écoulent, où on essaie au mieux de stocker au sec les logiciels pour empêcher la dégradation, et on fait avec.

La lumière arrive

De nouveaux logiciels, tels qu'AUFIT de Dr Coolzic et l'outil HxC de Jean-François "Jeff" Del Nero font leur apparition. Ces outils ont amorcé la seconde étape du processus de préservation et qui nous manquait, c'est-à-dire offrir une visualisation de la surface d'une disquette lue dans ce cadre. Grâce à cela, j'ai été en mesure de comprendre et de voir pourquoi certaines copies brutes étaient à refaire car mauvaises.

SPS a offert, de son côté, une nouvelle possibilité de faire des copies brutes pour préserver, au travers d'une carte créée par Richard Aplin, la Kryoflux. Cette dernière permet des copies brutes par piste, et non plus en fichier unique comme le proposait le logiciel Kryoflux Free tournant sur A1200/A4000 équipés de disque dur.

On peut avec faire des copies brutes lourdes, par piste. Donc, en cas de problème, on peut refaire la copie brute de la piste jusqu'à ce qu'elle soit bonne...

Mais voilà, pour qu'elle soit bonne, faut-il encore que la disquette soit propre... Il arrive un moment béni des dieux où une personne a créé un outil qui s'appelle le Floppy Cleaner. Cet outil existe pour les disquettes 3", 3,5", 5,25".

Les étoiles sont alignées, on peut enfin préserver comme attendu et surtout empêcher la destruction des disquettes, et les nettoyer !

Les premiers essais

J'ai fait mes premiers pas non pas sur Amiga, mais sur Amstrad CPC. Un collectionneur CPC, Loic Daneels m'a confié pendant plusieurs années les disquettes de sa collection pour les préserver et les encoder en IPF. Seulement voilà, des disquettes de 30 ou 40 ans ont forcément de la moisissure, qui empêche l'extraction des données. J'ai donc dû nettoyer manuellement un bon millier de disquettes... j'ai donc dû développer une méthode pour nettoyer et extraire les pistes avec ma carte Kryoflux.

Mon kit : alcool à 70%, cotons-tiges, cotons démaquillants "Demakup", colle Super Glue 3 "tube vert" avec écoulement micro-contrôlé.

Dans un premier temps, avant que le Floppy Cleaner ne soit créé, j'ouvrais les disquettes pour les nettoyer. C'était hyper fastidieux, et pas évident à faire. Le coton Demakup fonctionne bien, mais il a un grand désavantage, le manque de précision. Il permet de travailler plus rapidement qu'avec le coton-tige, mais il a malheureusement un défaut de taille : il peut abimer ou déplacer le flux d'une piste.

Quand ça arrive, c'est affreusement compliqué de corriger le déplacement ou le décalage du flux d'une piste. Ça peut prendre deux heures pour remettre d'équerre une piste.

Donc j'ai fini par abandonner ce système (manque de précision).

Dans un second temps, j'ai essayé au coton-tige. Le coton-tige, c'est bien, mais la encore, utiliser des cotons-tiges pour les oreilles, ce n'est pas bon car trop rêche. La solution : prendre des cotons-tiges de précision (utilisés par les maquilleuses). Ceux-ci ont un bout pointu (ceux pour les oreilles ont un bout rond), parfait une fois imbibé d'alcool à 70%.

J'ai donc validé le coton-tige de précision (précis, permet de dégager en douceur et de ramollir des points ou des taches de moisissure à la surface d'un disque magnétique de disquette).

Quand j'ai reçu Daimakaimura en original sur X68000, à 250 euros le jeu, je n'avais pas le droit à l'erreur. J'ai nettoyé en douceur et proprement la quarantaine de points de moisissures présents sur les deux disquettes 5,25".

Les techniques

Pour préserver comme il faut, on a besoin de se constituer un petit kit :
  • Un Floppy Cleaner à la taille des disquettes qu'on veut traiter (3"/3,5"/5,25").
  • Alcool à 70% (à 90% ou 99%, vous êtes sûrs de flinguer la surface de la disquette).
  • Un tournevis pour les cas extrêmes afin d'ouvrir une disquette 3,5".
  • Une lampe ou un plafonnier pour voir en contre-jour la moisissure à la surface de la disquette.
  • Un goutte-à-goutte neuf pour huile essentielle dans lequel on mettra de l'alcool à 70%.
  • 1. Quand on reçoit un jeu en boîte, il faut nettoyer à l'alcool les disquettes et le manuel, et virer proprement les pointes de moisissures.
  • 2. On enlève les agrafes sur la documentation (dans la plupart des cas, elles sont rouillées et commencent à manger le papier).
  • 3. Gratter et enlever la rouille du papier.
  • 4. On met la disquette sur le Floppy Cleaner, ce qui dévoile la zone de lecture du disque magnétique.
  • 5. On tourne avec la molette fournie le disque magnétique sous la lumière, et on ramollit à l'alcool les mottes de moisissures avec le coton-tige de précision et on nettoie en douceur.
  • 5b. Après nettoyage, on met deux gouttes à la surface de la disquette, et on tourne avec la molette du Floppy Cleaner.
  • 6. Faire évaporer l'alcool avec un ventilateur.
  • 7. Avant de lire la disquette, s'assurer que tout l'alcool est parti.
  • 8. Faire une copie brute de la disquette ; grâce au nettoyage, la disquette va se lire sans erreur dans 98% des cas.
  • 9. Examiner la copie brute avec AUFIT et l'outil HxC visuellement.
  • 10. Si vous voyez du rouge sur le vert des pistes, c'est de la saleté.
  • 11. Refaire 5b. et ensuite 8. et réexaminer avec AUFIT et l'outil HxC. Si la copie brute n'est pas concluante, il faudra penser à réparer les données via un IPF ou un fichier SCP vérifié sans erreur.
* Toujours faire en douceur, sans se presser, ne jamais appuyer avec force le coton-tige *

Quand le logiciel a été traité, la partie physique nettoyée (documentation, disquette), les disquettes sont mises en sachet plastique hermétique, la documentation aussi mais séparément et la boîte mise dans un boitier de protection plexiglas et mise en étagère.

Les résultats

Avant l'arrivé du Floppy Cleaner, de la carte Kryoflux et Greasleweasle, une disquette embourbée avec de la moisissure n'était pas récupérable.

Depuis, j'ai pu récupérer plus de 1000 logiciels toutes plates-formes confondues. C'est pour cette raison qu'on m'a confié des disquettes, voire des supports contenant des données de jeux commerciaux, voire aussi des disquettes de développement contenant des fichiers (codes sources, etc).

Par exemple, j'aide Bertrand Brocard, l'ex-patron de Cobrasoft (Président du CNJV - Conservatoire National du Jeu Vidéo), avec les données des jeux de Cobrasoft (CPC, Amiga, Atari ST, PC). Par exemple, j'ai nettoyé la disquette contenant le source de Cobra Pinball et sorti le code source. C'est un exemple parmi tant d'autres.

Durant la période COVID-19, j'ai été approché par un chercheur, pour le compte de la veuve de Tibor Papp, le premier créateur de poésie numérique, qu'il a créé sur Amstrad CPC. J'ai reçu les disquettes, et j'ai extrait toutes les données des disquettes, contenant chacune de ses oeuvres.

J'ai nettoyé et récupéré tous les jeux X68000 que j'ai achetés et fait venir du Japon. Ils avaient tous de la moisissure, tous sont à présent en parfait état.

Un logiciel nettoyé en 2016 et stocké, puis ressorti en 2024, les disquettes sont impeccables et se lisent parfaitement bien.

Donc en conclusion, j'ai invalidé la théorie initiale de la durée de vie des disquettes. On peut étendre leur durée de vie en les ayant nettoyées et préservées. Mais ça demande du travail, des heures de travail.

- Les protections dans les jeux de la grande époque de l'Amiga n'ont jamais été un gros problème pour les déplombeurs. Selon vous, en matière de déplombages, qui étaient les meilleurs à l'époque ? Et actuellement ?

Galahad/Fairlight, Gaston, NOMAD par exemple à l'époque.

Actuellement, Galahad, CFOU, Stingray & Ross (ces deux-là sont des bêtes), Phantasm, JOTD, Alpha One, WayneKerr pour ne citer que ceux que je connais le mieux.

CFOU, c'est particulier : c'est mon partenaire privilégié. C'est lui qui installe par défaut les logiciels très rares et protégés que j'ai récupérés jusqu'ici.

- Quels conseils ou méthodes de protection donneriez-vous à un développeur Amiga qui souhaiterait protéger son jeu sur disquette ?

Il y a une méthode très simple qui existe depuis longtemps : utiliser un "dongle" (clé électronique), équipé d'un processeur type DALLAS impossible à recopier facilement, connecté sur le port parallèle et dont le rôle serait de modifier à la volée les instructions 68000 présentes en mémoire. C'est la protection qu'a utilisée Gaelco sur le jeu World Rally en arcade.

Les protections à base de chargeur de pistes ("trackloader") ou de somme de contrôle ("checksum"), voire codée en C, sont piratables facilement. De toute façon, aujourd'hui, les créateurs ne mettent pas de protection, c'est une perte de temps.

- Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est le format IPF ? Quel est l'intérêt de l'utiliser ?

Le format IPF signifie "Interchangeable Preservation Format" (Format de Préservation Interchangeable). Ce format est un format de préservation. Il garantit que les données d'un original sont propres et correctement stockées.

Dans la préservation, la vraie, les données stockées sont vérifiées, encodées et réinscriptibles de façon sûre.

Ce format évoluera à l'avenir car, actuellement, les disquettes 5,25" 360 RPM, les logiciels Mac (format GCR), et les logiciels utilisant des pistes en 4us au lieu de 2us ne sont pas gérés...

Après, comme les disquettes ne sont plus fabriquées, la question de l'écriture se pose de moins en moins, sauf pour sauver un original en remplaçant le disque magnétique à l'aide d'une disquette vierge sacrifiée pour l'occasion.

Actuellement, je conseille de garder les disquettes à l'abri, et d'utiliser un Gotek avec des fichiers HFEv3 (qui contient les données originales d'une disquette et sa protection).

- Que pensez-vous de l'abandonware ?

La question est sensible... c'est une bonne chose, dans le sens où ça ne concerne que des machines mortes commercialement, et avec lesquelles on ne peut plus faire d'argent. Les vieux logiciels devraient pouvoir être récupérables et utilisables, mais sans pour autant que les créateurs d'origine ne perdent leurs droits. Tolérance est le mot le plus approprié. Les droits des auteurs doivent être respectés.

- Quels sont vos jeux Amiga favoris ?

Question compliquée, plutôt que citer des titres, je vais donner les genres : jeux d'action, jeux d'aventure, jeux de logique, de tir, de plates-formes et de combat ("beat'em up").

- Quelle est votre opinion sur la scène actuelle des jeux Amiga ? Que pensez-vous, par exemple, des innombrables projets de portages, des outils de création de jeux (Scorpion Engine, RedPill), etc. ?

Ça va dans le bon sens. J'adore les projets de portages, car ce sont des défis : "pouvons-nous faire mieux que les développeurs de l'époque ?". Le Scorpion Engine, et RedPill sont des super outils.

Il faut savoir que pour faire les jeux d'arcade qu'on connait, Capcom ou Taito utilisaient des outils (toolchains), permettant de créer visuellement des animations ou des événements, des enchaînements avec un excellent résultat. Le Scorpion Engine et RedPill permettent de faire ça, mais sur Amiga.

Rygar, auquel j'ai participé, a été programmé entièrement en assembleur 68020. J'ai extrait les données de l'arcade (sprites et tuiles), pour le résultat connu (retravaillés et composés par Invent), avec McGeezer au code, et DJ Metune côté musique et sons. :)

On a Street Fighter 1 (1 Mo) sur Scorpion Engine qui arrive, et qui est une copie carbone de l'arcade, loin de l'étron de Tiertex/U.S Gold.

La nouvelle version de Final Fight de Brick Nash est super, mais nécessite de la mémoire et surtout de jouer sur disque dur.

Le programmeur de Dune II original Amiga est en train de porter le jeu sur Amiga AGA en 256 couleurs suivi d'une version A500 OCS. Son but est de documenter ce qu'il fait, il développe le jeu sur Macintosh, le jeu tiendra sur quatre disquettes...

- L'intelligence artificielle est en train de changer nos vies. Selon vous, à un moment ou un autre, la création de jeux sur Amiga va-t-elle en bénéficier ?

Oui, un jeu Dune AGA est en préparation avec des graphismes fait à l'aide de l'IA, mais retravaillée (Barjack ;)).

- Il semble que vous avez la fibre écologiste. Comment concilier l'écologie avec l'informatique (surtout rétro) qui n'est pas vraiment exemplaire en la matière ?

En mettant ce qui doit être recyclé et mort de chez mort en déchetterie. Ça ne doit pas traîner dans la nature.

- Quels sont vos projets futurs concernant l'Amiga/l'informatique ?

Préserver autant de logiciels que possible, aider le plus de contributeurs possible, afin d'avoir un maximum de logiciels mis hors de danger (une fois immortalisés et extraits, la vie est éternelle).

- Quel est votre avis sur la situation Amiga actuelle ?

Elle est bonne, la communauté Amiga est la plus nombreuse (en nombre de personnes), je ne parle pas du PC rétro qui est la communauté n°1. Tout ça va dans le bon sens. Les nouveaux AmigaOS sont super bien, par contre, WHDLoad est nécessaire, car pas mal de modules du système d'exploitation ont été corrigés et reprogrammés, donc pas mal de logiciels ne tournent pas tels quels.

Concernant Amiga, Inc. et Cloanto, pffff... ils nous fatiguent avec leurs guéguerres.

- Y a-t-il une question que je ne vous ai pas posée et à laquelle vous souhaiteriez répondre ?

Oui, que vaut la carte Greasleweasle ? Elle est très bien, et pas chère, et gère le format lourd Kryoflux, et le format SCP.

Il existe un outil appelé Disk-Analyse, de Keir Fraser, qui permet de créer des IPF de logiciels non gérés par l'outil d'analyse de SPS.

- Un dernier message pour la communauté Amiga ?

Merci à tous ceux qui participent de près ou de loin à la préservation. C'est, avec WHDLoad, ce qui a donné une seconde vie à l'Amiga. :)


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