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J'ai voulu m'attarder sur un domaine qui est aujourd'hui à la pointe de la technologie dans la télécommunication et actuellement peu connu du grand public : les lignes téléphoniques numériques. Cela tout en testant la première carte sur Amiga qui permet de se relier à un tel réseau téléphonique : ISDN Master de BSC. Avertissement Avant toute chose, il faut préciser que cette carte n'est pas homologuée par Télécom, où que se soit en Europe ! Il y a trois raisons essentielles à cela :
Ce test a donc été effectué pour vous présenter cette carte, en attendant de pouvoir l'acheter et l'utiliser en toute légalité. ISDN : qu'est-ce que c'est ? ISDN est la traduction anglaise de RNIS : Réseau Numérique à Intégration de Services. En France, il est communément appelé "Numéris", et en Suisse, "SwissNet". Ce service offert par Télécom vous permet, sur un seul raccordement, d'utiliser des téléphones RNIS avec des services supplémentaires (indication du numéro de l'appelant, commutation de deux appels, parcage d'une communication, etc.), des fax groupe 4 (plus rapides que les fax traditionnels), des visioconférences (conférence par téléphone avec image et son) et finalement des transferts de données à haute vitesse. Nous allons nous occuper principalement du premier et du dernier point, soit du téléphone RNIS et des transmissions de données. Comment ça fonctionne ? Note : je ne connais pas vraiment le réseau Numéris français, c'est pourquoi je parlerai essentiellement des caractéristiques du réseau SwissNet. Les deux se ressemblent beaucoup. Le réseau RNIS est le "compact-disk" du téléphone. Il transmet les informations (voix et données) sous forme numérique, contrairement au réseau téléphonique qui les transmet sous forme analogique. Inutile donc de vous dire que la qualité de la ligne devient ainsi quasiment irréprochable et qu'il est possible de transférer des données beaucoup plus rapidement ! Avec chaque raccordement, vous obtenez dix numéros d'appel et vous pouvez avoir deux communications simultanées. Avec ces dix numéros, vous pouvez faire en sorte que chaque appareil connecté réponde à un ou plusieurs numéro(s). Il est ainsi possible de mettre sur une même ligne un téléphone, un fax, un BBS ou encore un répondeur, sans qu'il y ait de conflit, chacun répondant à son propre numéro. Les deux communications sont "véhiculées" par deux canaux "B" (binaires) à 64 kbits/seconde. Il y a également un canal "D" (data) à 16 kbits/seconde qui commande et qui gère les communications. C'est par l'intermédiaire de ce canal "D" que sont transmis, par exemple, le numéro de téléphone de l'appelant, la taxe à payer, etc. Je n'entrerai pas plus dans les détails... Passons au test de la carte ! L'aspect "physique" J'ouvre le carton (bien présenté) et je trouve en plus de la carte, une disquette et un manuel en allemand. Comme je ne maîtrise pas la langue de Goethe, ce dernier point m'a causé beaucoup de problèmes ! La carte est extrêmement simple. En forme de "L", elle comporte une dizaine de circuits, sept cavaliers, le tout monté en SMD (éléments montés surface). Comme entrées-sorties, elle dispose de deux prises RNIS standard (8 pôles), une prise pour un cornet acoustique et une prise Cinch Audio-In avec un potentiomètre pour régler le niveau sonore d'entrée. Installation matérielle Muni d'un tournevis cruciforme, j'ouvre frénétiquement mon Amiga 3000 et recherche un port libre. Premier problème mineur, je suis obligé d'enlever le "guide" pour pouvoir enfiler la carte. La tige du potentiomètre est trop longue et ne rentre pas dans l'ouverture. La carte connectée, l'ordinateur toujours ouvert, je prends le manuel et recherche le chapitre des cavaliers... il s'agit du chapitre justement le plus mal documenté, en allemand de surcroît ce qui ne facilite pas la tâche ! Après de longues minutes de réflexion, et avec un bon dictionnaire, je finis par trouver la solution optimale et je peux ainsi refermer l'Amiga. Le manuel étant ouvert, j'en profite pour le feuilleter. Pour le peu que j'ai compris, il est très humoristique, mais je le trouve un peu succinct. Je vais devoir y aller par tâtonnements, comme d'habitude ! Installation logicielle La disquette fournie avec la carte contient la version 1.0 du pilote et du logiciel. Par chance, le service après-vente de BSC en Allemagne est bon. Ils ont ouvert un BBS d'assistance, ce qui m'a permis de me procurer la toute nouvelle version (2.150) du logiciel. Un double-clic sur l'icône d'installation (avec Installer de Commodore) et l'affaire est faite ! Le script en anglais ou en allemand est bien fait et bien documenté. Il installe le pilote pour la carte ainsi qu'un logiciel de téléphone-répondeur. Je charge dans les préférences de la carte le type de réseau que j'utilise (en Suisse : Euro-ISDN, en France : Numéris) et je règle le numéro de téléphone que je désire attribuer à la carte. Fonction modem numérique Bien que n'autorisant pas les connexions avec des modems usuels, la carte permet de se connecter sur d'autres BBS RNIS à des vitesses très élevées (note : une nouvelle version de la carte permettrait de connecter un appareil analogique quelconque directement sur la carte. Cette fonction est envisagée d'une manière sérieuse, et serait un atout majeur pour cette carte). Je charge Term, mon logiciel de communications favori, et je remplace le nom du port série par "bscisdn.device". Ce devise "émule" un modem avec ses commandes "AT" et fonctionne globalement comme un port série. La carte gère deux communications simultanées et a donc deux unités. Pour la forme, sachez que cette carte est AutoConfig et qu'on peut ainsi en ajouter d'autres - une seule cependant est nécessaire pour un raccordement RNIS standard. Voici quelques tableaux comparatifs : J'ai eu cependant quelques problèmes avec ZModem, pourtant le protocole de transfert le plus rapide à l'heure actuelle... Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais il est absolument impossible de faire un transfert multiple. A peine le premier transfert terminé, la requête pour le second fichier est lancée... et ZModem, en face, nage complètement, indépendamment du logiciel de communications choisi. La carte gère les normes X.75 (64 000 bauds) et V.110 (38 400 bauds). J'ai réussi à me connecter partout, sauf sur certains BBS qui possèdent une carte interne SLink pour PC). Il semblerait que ces cartes, prétendant accepter le X.75, le V.110 et leur propre protocole SEAL ne soient pas totalement compatibles avec les autres. Cela dit, une mise à jour du logiciel permettra à la carte ISDN-Master d'accepter également les connexions avec le protocole SEAL. Fonction téléphone Ravi des résultats du premier test, je m'attaque au test du second programme fourni avec la carte : le téléphone/répondeur. Je débranche le câble d'un combiné d'un vieux téléphone qui trainait dans un de mes tiroirs et je le branche sur la carte. Le logiciel est une commodité qui se charge au démarrage. Il comporte quatre points distincts : la partie téléphone à proprement parler, la partie "fichier d'adresses", la partie répondeur et la partie gestion des coûts. Je peux ainsi utiliser mon Amiga comme un appareil téléphonique numérique (RNIS), avec toutes les fonctions que cela permet : commutation des deux communications, indication du numéro de téléphone de l'appelant, durée de l'appel, coûts, parcage d'une communication, fonction "mute", fonction conférence, etc. Il faut cependant préciser que l'Amiga doit rester allumé pour pouvoir se servir de toutes ces fonctions. La fonction conférence est un peu particulière car on peut entendre les deux conversations simultanément, mais nos interlocuteurs ne peuvent pas s'entendre l'un l'autre. Ce "problème", si vraiment c'en est un, provient d'une puce spécialisée de Siemens qui ne peut pas "faire mieux" !... Une chose qui m'a particulièrement plu est la fonction "mute" qui permet d'injecter du son sur la ligne, grâce à la prise Audio-In. Il est ainsi possible de faire patienter son interlocuteur en musique, en branchant la sortie d'une chaîne stéréo sur la carte ! La partie "fichier d'adresses" permet de tenir à jour une liste des personnes nous appelant régulièrement. Comme l'information du numéro de téléphone est transmise dans la plupart des cas (dépendant du central téléphonique de votre région), le logiciel recherche dans le fichier s'il trouve le numéro de téléphone correspondant. Si oui, il affiche le nom de l'appelant ! Il est en outre possible de préciser, pour chaque personne, si on désire que le téléphone sonne, ne sonne pas (mode silencieux) ou... sonne "occupé" pour l'appelant ! (très efficace contre les casse-pieds !). La partie "répondeur" permet d'utiliser la carte, vous l'aurez deviné, comme un répondeur automatique. Votre texte d'annonce se numérise à l'aide du combiné téléphonique, ou d'un fichier son au format IFF. La qualité du son est vraiment irréprochable ! Vous ne pouvez pas faire la différence entre un message enregistré et une conversation "normale" - j'ai d'ailleurs profité de cette aubaine en enregistrant un message "Ce numéro n'est pas valable " ! Les messages sont stockés sur le disque dur, avec la mention de la date et de l'heure de l'appel, du nom (ou numéro) de l'appelant ainsi que la durée de l'appel. Il est également possible de rappeler la personne. La taille des messages stockés sur le disque dur est facile à calculer : 64 000 bits par seconde = 8000 bits par seconde d'enregistrement. On peut écouter les messages soit par le cornet du téléphone, soit par la sortie Audio de l'Amiga (mais le son est de moins bonne qualité). Finalement, la partie "gestion des coûts" permet de voir un historique des appels (entrants et sortants) et de faire un calcul des coûts de communication. Un petit coup d'oeil maintenant au fichier de configuration du logiciel... il permet de choisir sa sonnerie téléphone préférée (j'ai choisi "rencontre du troisième type") et d'en programmer de nouvelles : il permet également de définir pour chaque numéro d'appel un message d'annonce particulier, un temps maximum d'enregistrement et le nombre de sonneries avant que le répondeur s'enclenche (en fait, le nombre de secondes). Encore plus génial, on peut définir un message d'appel différent pour chaque appelant figurant dans le fichier d'adresses ! Il suffit d'enregistrer un message qui porte le nom exact de la personne ! Bogues Malgré que ce logiciel soit encore en version bêta, il fonctionne très bien et je n'ai eu qu'un blocage système lorsque j'ai essayé de débrancher le câble de la prise téléphone. Bilan Ce que j'ai aimé :
Il y a actuellement peu de serveurs télématiques qui acceptent les connexions en numérique, sans doute parce que ce n'est pas assez connu par le grand public. Actuellement en Suisse, de plus en plus de BBS et de particuliers s'équipent de tels systèmes. Le prix d'un abonnement RNIS coûte à peu près le même prix que deux abonnements analogiques (n'oublions pas qu'un abonnement RNIS permet également deux communications simultanées). Les usagers n'ont absolument rien à perdre à demander un raccordement. Les taxes des communications (en Suisse en tout cas) sont identiques (sauf pour l'étranger, où elles sont plus chères), la qualité de la ligne est nettement meilleure, et les transferts de données sont nettement plus rapides, donc vous dépensez moins. De plus, c'est un grand bond en avant dans le domaine des télécommunications. Vous vous ouvrez les portes du multimédia par téléphone, des visioconférences, etc. L'investissement en vaut largement la peine ! Un dernier mot concernant la société BSC. Le service clientèle est parfait. Les délais de livraison sont courts (une semaine en général), ils parlent pratiquement tous l'anglais et sont très sympatiques. Pour les questions techniques, j'ai du directement m'adresser au programmeur (la société Relog AG à Zürich/Suisse), et j'ai été également très bien renseigné.
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