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Si pour le dessin et la peinture "à la main" il existe moult ouvrages qui traitent en long et en large de la manière de peindre, pour dessiner et peindre sur ordinateur et plus particulièrement sur l'Amiga, il faut reconnaître que c'est l'indigence : les articles ne foisonnent pas, et quand ils traitent du sujet, on reste sur sa faim. Ne parlons pas des livres traitant de ce sujet, ils sont inexistants. Or, s'il existe une machine faite pour la création graphique, c'est bien l'Amiga. Surtout avec des logiciels comme Deluxe Paint 3 ou Digi-Paint 3. Cela fait pas mal de temps que je pense à décrire comment dessiner avec Digi-Paint 3 et utiliser au maximum les incroyables facilités offertes par ses outils (la transparence surtout). Mais il est aussi simple de dessiner avec qu'il est difficile d'expliquer avec des mots l'enchaînement des différentes opérations qui font un dessin. Comme Amiga est avant tout une communauté, il m'a semblé important de communiquer certaines idées, façons de faire, et peut-être qu'à la suite de cet article, vous reprendrez Digi-Paint 3, et trouverez d'autres trucs que je n'ai pas trouvé et direz comme le dit si bien Pierre Ardichvili, dans A-News n°21: "cet animal de Zorglub n'a rien compris, il y avait moyen de mieux faire, ou plus élégamment !". N'oubliez pas alors de me le dire. Merci. Bon, passons aux actes : l'exempte pris est celui d'une "still lite" ou, pour les Frenchies, une nature morte. Je l'ai appelée "Petit déjeuner à la campagne", pour les English, "Breakfast at the country". Vous devez la voir sur la photo suivante. Le travail a été orchestré de la façon suivante :
D'abord, avant de faire des esquisses, j'ai pensé le sujet dans ma tête, et quand je l'ai bien senti, j'ai commencé à rechercher une tasse qui correspondait à ce que je voulais. L'esquisse a été faite au crayon sur un petit bout de papier qui traînait à côté de l'Amiga. Report de l'esquisse de la tasse dans Digi-Paint 3 On démarre l'Amiga et Digi-Paint. Une fois qu'on est dans l'écran, on peut commencer l'esquisse de base. Figure 1 Ensuite, le cercle a été pris avec les ciseaux et reporté de telle façon qu'on ait, l'une au-dessus de l'autre, deux ellipses grises superposées avec un espace entre elles équivalent à un cercle. Figure 2 Figure 3 Figure 4 Le contraste de clair/obscur La lumière et les ombres que nous voyons, au niveau de leur voisinage, engendrent un phénomène qu'on appelle le contraste du clair/obscur et qui semble lié aux caractéristiques de l'oeil humain. Quand une surface est plus claire ou plus lumineuse que sa voisine, qui est plus sombre, il y a au niveau de la frontière qui délimite ces deux zones, une zone intermédiaire, qui du côté le plus clair est encore plus clair ou lumineux, et plus Sombre du côté le plus sombre. C'est un peu l'histoire du blanc qui est plus blanc de Coluche, mais avec sa contrepartie, le plus sombre que sombre. Ce qui est représenté par le schéma n°1. Schéma 1 Par exemple, pour la tasse, il y a une zone blanche bleutée à gauche et une bande bleu-violet à droite, et comme la surface est courbe, ce contraste est "étalé" : vous avez à la rencontre des deux zones une bande bleu-violet plus sombre qui résulte de ce contraste. De même, le bord gauche de la tasse qui est contre le dessus de table marron : dans ce cas, j'ai mis un rectangle de marron plus sombre en dégradé à la frontière, et un trait blanc sur le bord vertical de la tasse, l'un à côté de l'autre. Le contraste de couleur Il intervient lorsque deux couleurs différentes sont juxtaposées, et se passe comme précédemment au niveau de la ligne de séparation des couleurs. Appelons pour plus de commodité "couleur n°1" la couleur de la surface 1 et "couleur n°2" la couleur de la surface 2. La surface 1 reflétera de son côté, la couleur complémentaire de la surface 2, et vice-versa, Dans le schéma n°2, j'ai pris une surface jaune d'or et une surface rouge. D'après cette règle, la surface jaune, sur sa frontière aura une légère teinte verte, car le vert est le complémentaire de la surface rouge, la voisine ; laquelle aura une teinte rouge-violet sur la frontière située de son côté, car le violet est le complémentaire du jaune. Schéma 2 Tout ceci est très léger, mais peut être modulé au niveau du logiciel et donne ce sentiment de la réalité, d'illusion de la 3D. que nous allons appliquer. Ceci dit, revenons à notre sujet. Au milieu de la tasse comme en figure 5, nous allons mettre un rectangle plein avec la couleur 8-8-11, barre verticale au milieu pour la transparence, curseur de droite au maxi, de gauche au mini. Vous devez avoir la figure 5. Puis on trace le rebord de la tasse avec la couleur blanc, barre horizontale en haut pour la "Transparence", les deux curseurs au milieu, puis outil "Ellipse", on trace l'ellipse du rebord, attention à bien centrer. sinon "Undo", recommencer et "Repeat". Figure 5 Nous allons faire l'ombre intérieure, et pour cela on va se servir de "Polygone", ligne brisée, "Fill" la couleur 8-9-11, pour l'ombre, comme indiqué dans la figure 6, en suivant bien les contours (tracez en couleur orange, vous verrez mieux). "Transparence" avec le "HotShot" dans le coin gauche en haut, curseur droit à 70%, le gauche presque en bas (détail "a"), Figure 6 Dimension de l'ellipse : 23x3 pixels, couleur 6-2-0 si chocolat (détail "b"). Ensuite, nous allons poser une lumière sur le rebord intérieur droit de la tasse, entre le rebord extérieur et le chocolat : mettre "HotShot" au milieu sur la droite, curseur droit à 70% et celui de gauche à 20%. Couleur : blanc. Là, vous utilisez le contraste clair/obscur (détail "c"). Pour faire le dessous de la tasse, je l'ai dessiné avec précaution directement, en prenant garde de bien suivre le contour extérieur de la tasse, et de faire un petit cercle centré. Avec "PolygoroFill", la couleur 8-9-11 (détail "d"). Détails a, b, c et d Figure 7 Figure 8 Figure 9 Je rappelle que les coordonnées s'affichent en cliquant sur le rectangle où il y a marqué "Normal". On fait les trois ellipses concentriques en couleur bleue (9-11-15) cerné bleu foncé (5-5-14). Avec le ciseaux et l'outil "Polygone/Ligne Brisée" on découpe la tasse et on la met délicatement sur la soucoupe. Ah, n'oubliez pas de cliquer dans le menu "Brush" sur "No BackGround", cela vous évitera d'emporter un morceau du fond avec la tasse et vous pourrez mettre la tasse sur la soucoupe sans coup férir. La table La table a été faite suivant les mêmes principes : j'ai d'abord tracé des points avec l'outil "FreeHand" en marron, puis avec l'outil "Polygone/Ligne Brisée", j'ai découpé l'espace de la table autour de la tasse, et avec la couleur 6-2-5, la barre horizontale en haut dans la "Transparence", le curseur gauche à 25%, et le curseur droit à 90%. j'ai fait l'illusion de la perspective, et celle des veines de bois. Figure 10 Figure 11 Un petit détail : il peut arriver que, étant en HAM, des pixels noirs apparaissent. C'est consécutif au mode de fonctionnement du HAM, un pixel modifie les trois autres qui suivent sur la ligne. La plupart du temps, ce n'est qu'un problème de luminosité des pixels : si celle-ci n'est pas "liante" avec ses voisines, c'est-à-dire si l'écart est trop grand, il y a un pixel noir qui apparaît à côté, et les autres pixels sont modifiés en conséquence. Le clair/obscur, quoi ! Il faut faire attention à maintenir ce délicat équilibre de luminosité. Pour cela, lorsque je crée un effet, je regarde si le pixel noir n'apparaît pas, auquel cas, il suffit de diminuer un des curseurs RGB d'un niveau ou de l'augmenter d'un niveau, et celui-ci disparaît. Vilaine bête ! Sinon, il faut ajuster le pixel et ses trois copains, et bonjour la galère, car ils sont dans le genre récalcitrants. Tout le reste du tableau, c'est-à-dire le pot de confiture, les feuilles blanches, la fenêtre avec le paysage d'hiver ont été faits suivent les mêmes règles, les mêmes outils. Ce que je voudrais essayer de vous faire toucher du doigt, avec ce bref aperçu sur la genèse d'une image ce sont les possibilités de Digi-Paint 3 et de l'Amiga. En maniant les concepts du contraste clair/obscur et de couleur, en les appliquant systématiquement pour la construction d'une image, on arrive à faire du "like-3D". Ce qui m'a intéressé dans cette image ? Le côté 3D ? Oui, bien sûr, aussi le fait de pouvoir traduire une sensation, une atmosphère avec l'Amiga comme un médium. et puis aussi l'interrogation de savoir si enfin avec un ordinateur et des logiciels, on peut faire de l'art. De l'art en dehors du simple gadget sans lendemain, et la réponse semble être oui. Attendons avec impatience les 16 millions de couleurs. Digi-Paint 24 bits, alors là, il y aura de la création. "Impossible n'est pas français", certes, mais surtout "impossible n'est pas Amiga".
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