Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Classic Reflections - Qu'est-il arrivé à NewTek ?
(Article écrit par Trevor Dickinson et extrait de Amiga Future - décembre 2012)


Note : traduction par David Brunet.

Qu'est-il arrivé à NewTek ?

Une fois dans la vie, une technologie révolutionnaire arrive pour changer pour toujours une certaine industrie. En 1990, une petite entreprise basée à Topeka, au Kansas, changea le paradigme dans l'industrie de la production vidéo avec l'introduction du Video Toaster, le premier "studio intégré de télévision" du monde. Pour la première fois, tout ce qui était nécessaire pour réaliser une émission de télévision était disponible dans un seul système : la commutation en direct, les transitions vidéo numériques, le titrage, la capture vidéo, le dessin, l'enregistrement et les animations 3D.

NewTek

Mieux encore, ce paquetage était vendu à une fraction du prix d'un équipement de studio de télévision traditionnel. Le Video Toaster déclencha une révolution au niveau de la vidéo domestique et changea pour toujours la production vidéo et télévisuelle. Un Amiga doté d'un Video Toaster faisait en vidéo ce qu'un Macintosh faisait en matière de PAO. Cette société se nomme NewTek et voici son histoire.

Garageware

Comme dans la plupart des histoires à succès, l'ascension de NewTek peut sembler familière. En 1985, Tim Jenison était copropriétaire d'une petite entreprise appelée ColorWare qui concevait des logiciels et du matériel pour l'ordinateur Tandy TRS-80 Color. Il était concepteur et programmeur indépendant et travaillait sur CoCo-Max (un logiciel de dessin) et DS-69 Digisector (un numériseur vidéo), deux développements qui allaient lui être très utiles à l'avenir. Quand Tim Jenison lut un article sur l'Amiga dans le magazine Byte d'août 1985, il fut instantanément captivé. "Ce qui m'a sauté aux yeux, c'est qu'il avait une sortie NTSC et un circuit genlock qui permettait à l'ordinateur de se synchroniser avec un signal vidéo externe. J'y ai vu du potentiel pour la production vidéo".

NewTek
Tim Jenison

Tim Jenison commença à travailler, dans son temps libre, sur un numériseur vidéo noir et blanc, et lui ajouta ensuite une roue de couleur afin d'obtenir une couleur RVB. Réalisant qu'il avait là quelque chose de spécial, il vendit ses parts de ColorWare et monta seul sa propre petite entreprise, où il travaillait depuis son garage. Il intitula sa nouvelle société "Newtek" et la créa officiellement en août 1986.

Pendant ce temps, son futur partenaire en affaires, Paul Montgomery, qui habitait à San José en Californie, débuta sa carrière professionnelle dans l'immobilier et la promotion d'artistes. Il était également intéressé par la vidéo et avait déjà réalisé, avec son caméscope, quelques vidéos en noir et blanc pour sa famille. Il recherchait des produits capables de rendre son travail plus professionnel, car il était déçu du matériel disponible à cette époque. Il avait également lu l'article de Byte sur l'Amiga et était très enthousiasmé. "Quand j'ai lu l'article sur l'Amiga, je me suis dit : mon Dieu, c'est l'ordinateur que j'attendais".

NewTek
Paul Montgomery

En septembre 1985, Paul Montgomery se rendit à Computerland, son magasin informatique local, pour voir la machine. Par chance, il tomba sur Brad Carvey, qui était également intéressé par le nouvel Amiga. Ils ont immédiatement sympathisé et, après la fermeture du magasin, ils allèrent au restaurant Denny's pour continuer à discuter jusqu'à 1h00 du matin au sujet de la vidéo et des ordinateurs. Par la suite, Paul Montgomery acheta un Amiga et fonda le FAUG (First Amiga Users Group, le premier groupe d'utilisateurs Amiga) avec Jay Miner, le premier membre du groupe. Beaucoup d'autres développeurs Amiga comme RJ Mical et Dale Luck participèrent régulièrement aux réunions du groupe. En fait, la liste des participants de ces réunions était un peu comme le Who's Who de la Silicon Valley et, à son apogée, elles réunissaient 600 personnes en moyenne.

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Brad Carvey

Digi-View

Bien que Paul Montgomery était satisfait de son nouvel Amiga, il était déçu du peu de logiciels disponibles pour assouvir ses besoins en vidéo et pour montrer les capacités de la machine. Mais cela allait changer. Libéré de ses autres responsabilités, Tim Jenison consacra son temps à perfectionner son numériseur vidéo. Il réalisa une disquette contenant trois images numérisées afin de montrer son travail. Il en donna une copie à Jeff Bruette, qui travaillait pour Commodore, en lui mentionnant que la disquette n'était pas destinée à une libre circulation car son numéro de téléphone était mentionné dans le fichier "read me". Malgré tout, dans les 24 heures qui suivirent, il commença à recevoir des appels d'amigaïstes de tout le pays désireux de recevoir des informations sur cet incroyable nouveau produit.

L'une des premières personnes à appeler fut Paul Montgomery. Brad Carvey lui avait envoyé une copie de la disquette avec le commentaire "Tu ne vas pas croire ce que tu vas voir. Tu regarderas ces images et tu vas probablement pleurer." Selon Paul Montgomery, "Quelque chose a changé. Il y eut un changement. Les ordinateurs n'étaient pas censés faire cela." Tim Jenison se rappela de la conversation téléphonique : "La première personne à m'avoir appelée est Paul Montgomery. Il appelait de San José en Californie, et m'a dit "Où diable est Topeka ? Où diable habitez-vous ? Que diable, d'où sortent ces images ? Et où puis-je en avoir ?"." Après cela, Tim Jenison et Paul Montgomery restèrent régulièrement en contact téléphonique et Tim Jenison se rendit en Californie pour assister à quelques réunions du FAUG afin d'y présenter ses derniers développements.

Tim Jenison commença à vendre son numériseur vidéo sous le nom de Digi-View pour 199,95 $. A cette époque, il s'agissait d'une technologie étonnante. Il consistait en une petite boîte plate en plastique avec un port parallèle qui se branchait à l'Amiga, et d'un connecteur RCA qui se branchait à une caméra monochrome RS-170. Une roue de couleur, avec des filtres rouge, vert, bleu et de luminance, ainsi que des pilotes et des logiciels de contrôle complétaient le système. Cela permettait à l'utilisateur de pouvoir numériser des images fixes jusqu'en 21 bits par pixel et en deux millions de nuances. Un support était recommandé afin de maintenir la caméra fixe car l'objet devait être numérisé trois fois, et les trois images combinées créaient l'image couleur finale. Ce n'était pas un processus rapide et chaque balayage de couleur prenait environ huit secondes et cela n'autorisait donc que la numérisation d'objet fixe. En outre, l'utilisateur devait également faire pivoter manuellement la roue de filtre pour chacun des balayages couleur. Un mode de balayage rapide était cependant disponible mais il réduisait la résolution et la qualité de l'image finale.

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Digi-View

Une fois l'objet numérisé, l'image pouvait être affichée dans l'un des trois modes suivants : HAM 4096 couleurs, HAM+ 4096 couleurs, IFF de 2 à 32 couleurs. L'option "Palette" permettait à l'utilisateur d'ajuster n'importe quelle couleur de la palette ou de charger une des palettes précréées. Le nombre de couleurs, de 2 à 32, pouvait aussi être spécifié. Une fois l'image numérisée affichée à l'écran, tous les aspects de la qualité de l'image (luminosité, contraste, netteté de la couleur et de la teinte) pouvaient être ajustés. L'image finale pouvait être sauvée en mode HAM ou IFF, ou bien en données brutes RVB. Digi-View disposait également d'une option pour numériser en très haute qualité et en noir et blanc des images basse résolution, et ce, en un seul balayage en 128 nuances de gris : ceci autorisait la numérisation d'images 680x400 en noir et blanc en utilisant le mode graphique haute résolution de l'Amiga sans le dérangeant entrelacement.

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Publicité pour Digi-View

NewTek commercialisa également Digi-Droid (79,95 $), un petit moteur pour mouvoir automatiquement la roue des filtres couleur et se connectant au port manette. Digi-View connut un succès immédiat chez les amigaïstes et NewTek vendit des milliers d'exemplaires au cours de la première année. Lorsque Digi-View fut publié, Deluxe Paint, le logiciel de dessin vedette sur Amiga, ne gérait pas encore les modes HAM. Tim Jenison décida de concevoir un programme de dessin gérant les images HAM pour manipuler les images produites par son numériseur vidéo. Le résultat fut Digi-Paint, le premier logiciel de dessin HAM qui brisait la barre des 32 couleurs et pouvait dessiner des images en 4096 couleurs.

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Digi-Paint

Écrit entièrement en assembleur pour optimiser ses performances, ses fonctionnalités incluaient la gestion des brosses, des ombres lissées, la loupe, le copier/coller, les sorties pour imprimante, ainsi que la gestion des images IFF provenant des autres logiciels de dessin. Cependant dans la réalité, en tant que programme de dessin autonome, il ne supportait pas vraiment la comparaison avec Deluxe Paint au niveau de la puissance et de la flexibilité. Mais en tant que logiciel de soutien pour Digi-View, il était sans doute très bien adapté à ce matériel et restait de toute façon le premier logiciel de dessin HAM pour l'Amiga. Son prix modeste de vente de 59,99 $ était probablement un prix d'introduction et NewTek indiqua qu'une version plus puissante était en cours de développement. Il fallut des années pour que NewTek tienne cette promesse.

Video Black Box

Au moment où Tim Jenison commença à vendre ses Digi-View, Paul Montgomery travaillait comme responsable de produits pour Trip Hawkins chez Electronic Arts, la société qui en faisait le plus pour promouvoir le nouvel Amiga. Plus tard, Paul Montgomery aurait crédité Trip Hawking d'avoir influencé sa propre stratégie commerciale qui fut mise en oeuvre chez NewTek et Play Inc. Cependant, il fut frustré de voir qu'Electronic Arts semblait plus intéressé à porter des applications Amiga sur le nouvel Apple II GS plutôt que de créer quelque chose de nouveau pour l'Amiga. En 1987, il démissionna et déménagea à Topeka pour rejoindre Tim Jenison chez NewTek. A peu près au même moment, Brad Carvey déménagea à Albuquerque, au Nouveau Mexique, pour travailler chez Sandia Labs, où il construisait des robots de surveillance et travaillait sur la vision des robots.

Alors que Digi-View et Digi-Paint se vendaient bien, Tim Jenison et Paul Montgomery décidèrent de trouver le prochain produit que NewTek devait développer pour l'Amiga. Tim Jenison avait une longue liste de projets potentiels, mais quand il mentionna une Video Black Box (boîte noire vidéo), Paul Montgomery accepta volontiers. A cette époque, les équipements vidéo étaient coûteux et très spécialisés. Tim Jenison estima qu'en raison de ses puces spécialisées, et avec l'aide d'un matériel supplémentaire pour le traitement haute vitesse, l'Amiga pouvait accomplir une grande partie du travail de façon logicielle. Selon Tim Jenison, "La première idée était que vous puissiez faire des effets compliqués de volet d'une vidéo source à l'autre et disposer d'un générateur de caractères". Paul Montgomery dit alors "Et pourquoi pas déformer l'image et la basculer ?" Tim indiqua que "Non, ce n'est pas possible. Cela nécessiterait un équipement matériel de 100 000 $". "OK, répliqua Paul, je le savais. Mais ce serait vraiment bien si nous pouvions le faire". Tim conclut "Je devais donc penser à cela et j'ai trouvé une solution. Ce fut le début du prototype du Video Toaster."

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Logo du Video Toaster

Paul Montgomery suggéra à Tim Jenison de rencontrer Brad Carvey pour discuter de la conception. Ils se réunirent dans une pizzeria et commencèrent à dessiner des diagrammes sur les napperons de la table. Bard Carvey commença à travailler sur la disposition. Il dessina les schémas des cartes et, suite à de nombreuses discussions avec Tim Jenison, il construisit la première carte prototype avec des fils. Une fois ce travail terminé, Tim Jenison et Steve Kell, un ingénieur logiciel, se rendirent au domicile de Brad Carvey et, au bout de deux jours, ils purent faire fonctionner la carte prototype. Elle fonctionnait à peine mais pouvait déjà effectuer plusieurs effets spéciaux vidéo. Ils savaient que cela prouvait le concept.

Un mois plus tard, en novembre 1987, le prototype fut présenté lors de l'exposition COMDEX qui se tenait à Las Vegas. Après le salon, la carte fut renvoyée à "Alcatraz", l'équipe spéciale de NewTek pour la recherche et le développement, qui était isolée du bureau principal. La tâche de l'équipe fut de faire de cette Video Black Box, maintenant nommée Video Toaster, une réalité commerciale. Cette tâche leur prendra trois ans.

Mises à jour de Digi-View

Alors que l'équipe de développement Alcatraz travaillait sur le Video Toaster, NewTek continua à améliorer Digi-View, qui demeurait encore la principale source de revenus de l'entreprise. NewTek avait déjà publié une mise à jour logicielle de Digi-View en août 1987. Cette version 2.0 ajoutait la gestion des modes d'écran des récemment commercialisés Amiga 2000 et 500, ainsi que du nouveau mode HAM qui autorisait un affichage dans une plus haute résolution.

NewTek annonça la version 3.0 du logiciel de Digi-View en juin 1988. Celle-ci intégrait à présent la gestion des modes d'écran demi-teintes (Half-Brite) et en suraffichage, et toute une série d'autres améliorations. Cette nouvelle version permit aux utilisateurs de spécifier n'importe quelle résolution d'écran, avec le nombre de couleurs utilisées par Digi-View (dont les modes EHB 64 couleurs et HAM 4096 couleurs) et un vrai suraffichage pour un affichage sans bordure.

Une version légèrement remaniée du paquetage Digi-View fut publiée en janvier 1989 sous le nom de Digi-View Gold. Pour un prix de 199,95 $, il comprenait le logiciel Digi-View 3.0 ainsi que le numériseur Digi-View qui était à présent connectable sur les Amiga 2000 et 500. Comme à l'accoutumée, la qualité des numérisations était excellente et les résultats obtenus avec Digi-View en HAM 4096 couleurs égalaient voire surpassaient ceux des numériseurs temps réel plus coûteux.

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La boîte de Digi-View Gold

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Digi-View Gold

La dernière mise à jour majeure fut commercialisée début 1990 quand NewTek annonça Digi-View Gold 4.0. Il était également vendu au prix de 199,95 $ mais les utilisateurs des versions précédentes pouvait obtenir le logiciel en version 4.0 pour 30,95 $. Cette mise à jour proposait beaucoup de nouvelles fonctionnalités, les plus intéressantes étant la possibilité de numériser et afficher des images 4096 couleurs en haute résolution grâce au mode Dynamic HiRes de NewTek. Cependant, passer outre la barrière de la haute résolution en 4096 couleurs avait une conséquence : l'Amiga perdait alors sa capacité multitâche lorsqu'une image en Dynamic HiRes était affichée. Même bouger la souris faisait capoter l'image Dynamic HiRes à l'écran. L'image revenait à la normale quand la souris cessait de bouger. Dans tous les autres modes, Digi-View gérait bien évidemment les capacités multitâches de l'Amiga. Dyna-Show, un utilitaire spécial pour créer des diaporamas, était fourni dans le paquetage et permettait d'afficher les images Dynamic HiRes et les autres formats IFF standard. Le nouveau format Dynamic HiRes n'était pas parfait et il fallut beaucoup de travail pour obtenir des résultats cohérents et acceptables.

Les autres nouvelles fonctionnalités de Digi-View 4.0 incluaient le format Dynamic HAM (HAM sans bordure), une option de réduction du bruit (pour réaliser les images les plus nettes jamais vues), une gestion complète d'ARexx, la numérisation en mode super bitmap, la gestion du 24 bits pour les couleurs, et la compatibilité avec les processeurs 68020/68030. Avec sa nouvelle fonction de lien Digi-Port, Digi-Paint pouvait maintenant tourner simultanément avec Digi-View, offrant ainsi la possibilité de manipuler les images avant de les enregistrer. Ceci était très important pour les images en Dynamic HiRes car une fois enregistrées, il n'y avait pas d'autres moyens de les éditer.

Dans l'ensemble, Digi-View Gold 4.0 fut un excellent produit et, en dehors de quelques mises à jour logicielles mineures, ce fut la dernière version produite par NewTek avant que cette société ne se concentre totalement sur le Video Toaster. Digi-View revint brièvement sur le devant de la scène, à la fin de l'année 1991, quand il fut livré avec Digi-Paint 3 et Elan Performer 2, dans un lot de présentation et de création graphique intitulé Digi-View Media Station, vendu au prix de 249,95 $. L'importance qu'a jouée Digi-View dans le succès de NewTek ne doit pas être sous-estimé : dans une entrevue réalisée en 1993, Paul Montgomery affirma que Digi-View fut l'appareil de numérisation d'images le plus vendu sur n'importe quel ordinateur, avec plus de 100 000 unités écoulées.

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Publicité de NewTek dans le magazine Amiga World d'octobre 1991

Qu'est-ce qu'un numéro ?

Malgré les annonces émises en 1988 selon lesquelles Digi-Paint 2 allaient bientôt sortir, NewTek ne publia aucune mise à jour de ce logiciel avant juin 1989, lorsqu'elle commercialisa Digi-Paint 3.0 au prix de 99,99 $. Une remise fut offerte aux possesseurs de la version précédente, et même les utilisateurs des autres logiciels de dessin sur Amiga pouvaient profiter d'une offre d'échange à 49,95 $. Chose inhabituelle, NewTek sauta un numéro de version en oubliant la version 2 : la société indiqua que le "3" représentait le nombre d'années-hommes nécessaires au développement du logiciel. Il s'agissait aussi d'un stratagème commercial pour mieux concurrencer Deluxe Paint 3, qui était toujours considéré comme le principal logiciel de dessin sur Amiga, malgré sa non-gestion des images HAM.

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Digi-Paint 3.0

Contrairement à la version précédente, Digi-Paint 3.0 était un programme autonome à part entière et pas seulement un utilitaire pour gérer les images HAM du Digi-View. Il était une nouvelle fois écrit entièrement en assembleur et gérait à présent les processeurs 68020, ce qui en faisait le logiciel de dessin HAM le plus rapide. L'interface utilisateur fut entièrement réaménagée par l'artiste Amiga Jim Sachs, et incluait de nombreux nouveaux outils et des modifications aux outils déjà existants. Bien que cette version conservait bon nombre des fonctionnalités de base introduites dans la version antérieure (comme la boîte à outils située au bas de l'écran), elle ajouta beaucoup de nouvelles fonctionnalités comme le placage de textures en 3D, l'amélioration de la coloration et la gestion des super bitmaps et du suraffichage. La gestion d'ARexx fut également de mise, tout comme les polices anticrénelées et la compatibilité avec les lunettes à vision stéréo X-Specs 3D de Hailex.

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Publicité pour Digi-Paint 3.0

Digi-Paint 3.0 fut publié sur deux disquettes non protégées avec un manuel bien utile de 127 pages. L'utilitaire Transfert 24, fourni avec Digi-View, était également inclus sur l'une des disquettes. L'une des meilleures fonctionnalités fut l'amélioration de la boîte pour la palette de couleurs qui aidait vraiment à dessiner des images HAM. La bande de 16 couleurs fut agrandie pour afficher une plage de valeurs complète pour chaque registre. A droite de la bande de couleurs se trouvait un curseur de contrôle RVB qui affichait la valeur numérique de la couleur sélectionnée. A l'extrême droite de la bande de couleurs était placé le panneau de sélection des 4096 couleurs, déjà présent dans la première version de Digi-Paint, et qui permettait une sélection rapide d'une couleur avant de l'affiner avec les curseurs RVB. Enfin, le bouton "Pick" permettait de choisir une couleur directement à partir de l'image, et ainsi d'assurer une exacte correspondance des couleurs. Beaucoup de travail fut également réalisé au niveau de la transparence, de la déformation et du placage des textures qui étaient bien pensés et faciles à utiliser. En bref, Digi-Paint 3.0 fut une mise à jour majeure, elle était rapide, intuitive et valait le coup.

Préparer des toasts

En 1988, Tim Jenison et Paul Montgomery montrèrent un premier prototype du Video Toaster dans la populaire émission télévisée américaine The Computer Chronicle. Même si ce matériel n'était pas encore finalisé, il semblait très intéressant. Cela dit, son développement se poursuivit encore deux ans. Une partie du retard fut causé par la nécessité de se conformer aux normes de l'agence américaine Federal Communications Commission (FCC) concernant la diffusion vidéo. Une autre cause fut le prix élevé et la pénurie des puces mémoire. Mais la raison principale de ce retard fut l'exigence qu'avait Tim Jenison pour son produit. Durant cette période, il n'arrêta pas d'ajouter de nouvelles fonctionnalités et, d'après Brad Carvey, Tim Jenison ajouta continuellement des choses qui étaient nécessaires.

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Tim Jenison et Paul Montgomery dans l'émission Computer Chronicles

Pour aider à concevoir la suite pour le montage vidéo, Paul Montgomery contacta Allen Hastings et Stuart Ferguson, deux de ses collèges membres du FAUG, pour développer le logiciel d'animation 3D du Video Toaster. Allen Hastings était le développeur de Videoscape et Stuart Fergusson avait créé Modeler, deux logiciels de 3D sur Amiga qui furent distribués par Aegis Software. Ce fut un coup calculé et cela conduisit au développement de LightWave 3D. Daniel Kaye et Peter Tjeerdsma d'Elan Design, auteurs d'Invision et de Performer, deux programmes populaires de présentation, rejoignirent également l'équipe d'Alcatraz. Leur logiciel Performer fut inclus dans le paquetage Digi-View Media Station de NewTek. Peter Tjeerdsma créa l'équipe des effets spéciaux alors que Daniel Kaye devint l'un des moteurs de la conception d'interface et travailla à étendre les liens entre NewTek et Hollywood.

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LightWave 3D

Les retards successifs du Video Toaster devinrent une blague récurrente et on craignait qu'il ne devienne finalement qu'un autre vaporware. Mais alors que la date de sa sortie commerciale approchait, Tim Jenison et Paul Montgomery firent une seconde apparition dans l'émission The Computer Chronicle afin de démontrer toutes ses améliorations. Le Video Toaster fut finalement commercialisé en décembre 1990 au prix de 1595 $. C'était un produit très différent de celui prévu sur les croquis d'origine. Il fut présenté sur une carte d'extension à deux étages pour l'Amiga 2000/2500, avec une puce Super Agnus de 1 Mo, d'un minimum de 3 Mo de mémoire et d'un gros disque dur. Deux moniteurs composites étaient recommandés car le moniteur RVB de l'Amiga était utilisé par le panneau de contrôle du Video Toaster, et le second moniteur permettait d'afficher deux sources vidéo. Cela pouvait être un caméscope, un lecteur de disques laser ou un magnétoscope. Cela dit, un seul périphérique pouvait être connecté et synchronisé à la fois, à moins que l'utilisateur ajoute un autre matériel TBC (correcteur de base de temps).

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Video Toaster 2000

Quand le Video Toaster était en fonctionnement, ses logiciels ne pouvaient pas accéder à l'Amiga. Mais, à partir de l'interface du Video Toaster, vous pouviez contrôler tous les effets spéciaux numériques et accéder directement au générateur de caractères, à Toaster Paint (programme graphique 24 bits) et à LightWave 3D (programme de modélisation et d'animation 3D). Le Video Toaster intégrait de nombreux excellents outils vidéo professionnels qui, pris individuellement, auraient coûtés des milliers de dollars. Ceci comprenant un genlock intégré, un double tampon de trame, un outil pour les captures d'image, un générateur de caractères, un outil pour les effets de couleurs, un masque ainsi qu'un générateur d'effets vidéo numériques (l'une des fonctions les plus puissantes du système). La moitié supérieure de l'écran de contrôle du Video Toaster était consacrée aux quatre banques d'effets vidéo numériques (DVE). Chaque banque disposait de 32 effets spéciaux allant des réductions, aux effets de volet, en passant par les transitions, les poussées, les effets de stores, les fondus, les zooms, les pixellisations, la neige, les rotations, les traînées, les effets de diapositives, etc. Bien qu'une seule banque était affichée à la fois, vous pouviez facilement basculer sur la seconde en cliquant sur le bouton de la souris. Pas moins de 128 effets étaient disponibles dans le paquetage initial et d'autres pouvaient être créés facilement. Enfin, l'un des bonus les plus importants était les logiciels que fournissaient NewTek avec le Video Toaster sans frais supplémentaires.

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Les outils du Video Toaster

Les forces du marché

Les techniques de commercialisation de Paul Montgomery passèrent la surmultipliée. NewTek engagea Kiki Stockhammer, une femme rousse, vivace et intelligente en tant qu'évangéliste de la technologie. Elle devait devenir le visage de NewTek pour les ventes et les démonstrations. Son rôle était ainsi de sillonner le pays pour faire des démonstrations commerciales et des séminaires.

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Kiki Stockhammer

NewTek créa également des vidéos gratuites de démonstrations du Video Toaster mettant en vedette des utilisateurs célèbres du Video Toaster comme le magicien Penn Jillette, le champion de planche à roulettes Tony Hawk ou l'acteur Wil Wheaton de Star Trek. Wil Wheaton déménagea plus tard à Topeka pour être embauché chez NewTek en tant qu'évangéliste du Video Toaster. Des groupes d'utilisateurs du Video Toaster se créèrent aussi et l'un d'entre eux produit la Bread Box, une lettre d'informations qui se transforma finalement en un magazine technique bimensuel et entièrement consacré au Video Toaster. Ses auteurs, Lee et Kathy Stranahan, eurent tellement de succès qu'ils furent ensuite embauchés par NewTek et leur magazine fut même repris par l'éditeur Avid Publishing et renommé Video Toaster User Magazine. Son premier rédacteur en chef fut Jim Plant, qui fut par la suite nommé président de NewTek.

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Video Toaster User Magazine

Mais tout ne fut pas sans problèmes. NewTek réussit à agacer certains utilisateurs Amiga purs et durs car la société ne mentionnait pas l'Amiga lors de la commercialisation du Video Toaster. En fait, en tant que fournisseur OEM de systèmes Amiga, NewTek vendait des Amiga 2000 réétiquetés avec des autocollants "Video Toaster" et, lors des salons professionnels, les vendeurs prétendaient que le Video Toaster disposait de son propre processeur, omettant de mentionner l'Amiga. En outre, comme le Video Toaster fonctionnait en affichage NTSC, il fut restreint principalement au marché américain. Le million et demi d'utilisateurs d'Amiga en Europe attendaient désespérément une version PAL.

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Amiga 2000 avec Video Toaster

Mais alors que Commodore réduisait sa main-d'oeuvre aux États-Unis, NewTek était de plus en plus forte. En 1992, elle commercialisa le Video Toaster 2.0 au prix de 2495 $. Une mise à jour uniquement logicielle, coûtant 395 $, était possible pour les utilisateurs existants car aucun nouveau matériel n'était requis. Le Video Toaster 2.0 était livré avec ses logiciels compressés dans 14 disquettes qui nécessitaient 40 Mo d'espace libre sur le disque dur. La plupart des modules logiciels furent revus et ils ajoutèrent de nombreux nouveaux effets numériques, des polices colorées ainsi que des objets 3D pour LightWave 3D.

NewTek suscita également l'excitation et attira une foule massive, lors de divers salons MaxExpo aux États-Unis, qui souhaitait apercevoir le nouveau Mac Toaster. En réalité, il s'agissait d'une interface qui permettait au Mac de se brancher à un Video Toaster via une connexion SCSI super rapide. Le Mac pouvait ainsi contrôler le Switcher du Video Toaster. Ce Mac Toaster coûtait 4695 $, soit moins que certains paquetages logiciels uniquement 3D sur Macintosh, alors que l'interface seule était vendue pour moins de 500 $.

Le zénith

NewTek profitait à fond de la vague du Video Toaster et était littéralement la coqueluche des technologies apportées par les jeunes sociétés. NewTek fut mentionnée dans de nombreuses et importantes publications américaines comme Newsweek, Forbes, USA Today ainsi que le magazine Fortune. Elle fut surnommée "Révolutionnaire" par Tom Brokaw dans l'émission NBC Nightly News et ses membres furent présentés comme "Les mauvais garçons de la vidéo" dans Rolling Stone Magazine. L'équipe de développement du Video Toaster, qui comprenait Brad Carvey, reçut en 1993 un Emmy Award pour la technique lors d'une émission télévisée aux États-Unis. Ils partagèrent cette année la vedette avec Ron Thornton de Foundation Imaging, qui remporta un Emmy pour les effets spéciaux de l'épisode pilote de Babylon 5, qui furent créés sur un réseau de Video Toaster.

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Paul Montgomery et Tim Jenison dans leur jet

A la fin de l'année 1993, les réseaux de Video Toaster avaient déjà créés les effets spéciaux de nombreuses émissions de télévision américaines, notamment SeaQuest, X-Files et Star Trek The Next Generation. On peut également citer le comédien Dana Carvey, dont son personnage ringard Garth Algar fut bassement basé sur son frère Brad, remporta également un Emmy pour "Performance individuelle dans un programme de musique ou de variétés". Il joua plus tard son personnage Garth Algar dans le film culte Wayne's World 2, où il portait un T-shirt floqué du nom "Video Toaster" et avait emmené des Video Toaster prêtés par son frère Brad sur le tournage.

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Brad et Dana Carvey à la une de Video Toaster User

Par ailleurs, le magazine Fortune parla de NewTek dans un article intitule "Fortune visite 25 entreprises sympas" et qui examina une sélection de sociétés américaines de haute technologie présentent à l'avant-garde de la révolution informatique. Bien qu'aucun chiffre ne fut officiellement publié, Fortune estima que NewTek avait un chiffre d'affaires de 25 millions de dollars, généré par la vente de 60 000 Video Toaster. Fait intéressant, il a aussi été révélé que Tim Jension détenait toujours 100% des parts de NewTek. Paul Montgomery, qui était le vice-président de NewTek et le principal évangéliste du Video Toaster, n'en possédait aucune.

Lors de la conférence NAB à Las Vegas en mars 1993, NewTek et Commodore annoncèrent conjointement la sortie prochaine du Video Toaster 4000, compatible AGA et destiné au nouvel ordinateur Amiga 4000. Il fut commercialisé un peu plus tard au prix de 2395 $ et livré avec le logiciel Video Toaster 3.0. Il nécessitait un Amiga avec un minimum de 9 Mo de mémoire, un espace disque de 80 Mo, deux moniteurs vidéo et un processeur 68030 ou 68040 était recommandé. Ce Video Toaster 4000 était également compatible avec les Amiga 2000 et 3000 mais les modes AGA ne fonctionnaient bien sûr que sur Amiga 4000.

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NewTek
Video Toaster 4000

La partie matérielle du Video Toaster 4000 fut retravaillée et la partie logicielle ajouta une myriade de nouvelles fonctionnalités ; elle tenait sur 45 disquettes et occupait 80 Mo d'espace disque une fois installée. Les nouvelles fonctionnalités sont trop nombreuses pour être listées ici. Comme pour les précédentes versions, NewTek vendit des Amiga 4000 réétiquetés en tant que Video Toaster 4000.

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Publicité pour le Video Toaster 4000

NewTek révéla aussi, lors de la convention SIGGRAPH 1993, qu'elle était en train de développer son premier produit non-Amiga avec le Screamer, un matériel sous Windows NT comprenant quatre processeurs RISC fournissant chacun 150 MIPS. Son prix devait être inférieur à 10 000 $ et ce produit était destiné aux vidéastes de Hollywood qui demandaient des temps de calcul de rendu en secondes plutôt qu'en heures.

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Screamer

Des toasts brûlés ?

A la fin de l'année 1993, Tim Jenison et Paul Montgomery accordèrent une longue entrevue au magazine Wired sur l'histoire de NewTek, de ses membres et sur les futurs développements et tendances du marché de la vidéo domestique. L'entreprise déménagea dans de nouveaux bureaux situés dans la plus belle partie de la ville de Topeka, et disposait de suffisamment de places de parking pour 60 employés, dont l'équipe de développement Alcatraz. Leur collection de grosses voitures faisait allusion à la réussite de NewTek.

Cependant, le temps que l'entrevue ne soit publiée, Tim Jenison et Paul Montgomery se séparèrent. Avec la faillite de Commodore, l'avenir de l'Amiga, et donc de NewTek, était menacé. Le duo n'était pas en accord sur la stratégie technique et commerciale, et même sur l'emplacement du siège de l'entreprise. Après trois semaines de têtes-à-têtes entre Tim Jenison et Paul Montgomery en février 1994, ce dernier fut licencié et un certain nombre de personnels hautement qualifiés démissionna. Cela comprenait Mark Randall (ancien responsable commercial, et auteur de toutes les cassettes vidéo de NewTek), Kiki Stockhammer, Daniel Kaye (concepteur de l'interface utilisateur du Video Toaster et évangéliste de LightWave 3D, qui développa des liens avec Hollywood), Ken Turcotte (un membre de l'équipe Alcatraz, co-auteur du système d'effets Switcher et de la mise à jour de Toaster Paint), Steve Hartford (auteur du générateur de caractères, d'une grande partie du logiciel du Flyer et ancien responsable logiciel chez NewTek) et Robert Blackwell (le premier employé de NewTek et responsable de la documentation). Même Wil Wheaton quitta la société et reprit sa carrière d'acteur.

Des grille-pain volants

Le Video Toaster était un produit révolutionnaire en 1987 mais en 1994, cette technologie commença à montrer son âge. Le montage vidéo était passé de systèmes linéaires sur bande vidéo à des systèmes non linéaires numériques qui rendaient ce travail aussi simple qu'un traitement de texte. NewTek travaillait sur le Video Toaster Flyer (3995 $), un système de montage vidéo sans bande qui s'ajoutait sur un Amiga équipé d'un Video Toaster. Il s'agissait d'une unique carte de compression et il nécessitait deux disques dur SCSI-2. Le Video Toaster Flyer offrant une qualité vidéo numérique D2 ainsi qu'une qualité audio CD dans un environnement non linéaire et sans bande. Son éditeur sans bande permettait à l'utilisateur de choisir la qualité de la vidéo, jusqu'au format D2 sans perte. Toutes les données vidéo étaient stockées sur le disque dur, ce qui autorisait l'accès instantané à un segment particulier de la vidéo, sans avoir besoin de passer d'un point à un autre de la bande comme avec le traditionnel montage linéaire.

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Video Toaster Flyer

Le système proposait une interface de scénarimage facile à utiliser, exploitant la technique du glisser et déposer. NewTek indiqua que le révolutionnaire nouvel algorithme de compression VTASC (Video Toaster Adaptive Statistical Coding) du Flyer établissait une nouvelle norme pour la compression vidéo basée sur le disque dur, en combinant une qualité vidéo D2 avec des taux de compression encore jamais vus. Un système Video Toaster Flyer complet permettait d'intégrer tous les outils du Video Toaster (effets vidéo numériques, logiciel de dessin, de titrage et d'animation) directement dans des productions montées à partir d'une seule interface. Pour les utilisateurs de LightWave 3D du Video Toaster, l'éditeur sans bande permettait de mélanger facilement des vidéos dans des productions animées, et ce, de manière transparente.

Bien que le départ en masse du personnel fut un revers majeur, Tim Jenison réussit à rapidement réorganiser la société afin que le Video Toaster Flyer puisse être achevé pour son introduction lors de la conversion NAB de Las Vegas en mars 1994. Tim Jension procéda également à un certain nombre de changements stratégiques. Il annonça le paquetage de rendu Screamernet (1995 $) qui autorisait les utilisateurs de LightWave 3D de sélectionner le matériel de leur choix. En conséquence, le projet matériel Screamer fut mis au rebut et c'est la société Desk-Station Technology qui commercialisa le Raptor, un système comprenant deux processeurs RISC avec 128 Mo de mémoire.

En mai 1994, NewTek publia le logiciel du Video Toaster en version 3.1, et ce, gratuitement pour les utilisateurs de la version 3.0. Elle corrigea quelques bogues, ajouta plusieurs nouveaux effets pour le Switcher et de nouvelles fonctionnalités pour le générateur de caractères, LightWave 3D et le Modeler. LightWave 3D, lui, fut publié en dehors du Video Toaster et fut vendu en tant que produit autonome (695 $) pour les Amiga NTSC mais aussi PAL. Des versions de LightWave 3D furent également en développement pour PC et Mac. Et suite à la disparition de Commodore, la dernière version Amiga de LightWave 3D fut publiée en 1995, bien que le développement ait continué pour d'autres plates-formes. Il devint l'outil d'animation de choix pour les studios de Hollywood et continua à faire gagner de nombreux Emmy à NewTek. NewTek conclut enfin un accord avec la société Prime Image qui permit au Video Toaster de fonctionner avec les normes vidéo internationales, dont le PAL, grâce au Prime Image Passport 4000, un matériel vidéo numérique qui intégrait également un correcteur de base de temps. Les utilisateurs en dehors de l'Amérique du Nord pouvaient enfin profiter du Video Toaster !

La montée en puissance de Play

Après avoir quitté NewTek, Paul Montgomery et ses anciens collègues de NewTek retournèrent en Californie, d'où la plupart d'entre eux étaient originaires. Dans un cours laps de temps, ils mirent sur pied une nouvelle société (Play, Inc.) en fusionnant avec deux autres sociétés, Digital Creations et Progressive Image Technologies. Paul Montgomery devint le nouveau président de Play, Inc. et commença à faire ce qu'il savait faire de mieux : donner de l'inspiration aux autres et stimuler les affaires. John Botteri de Digital Creations devint le chef de l'exécutif de Play, Inc. alors que Mike Moore de Progressive Image Technologies prit les postes de président du conseil d'administration et de directeur technique. Plusieurs autres anciens employés de NewTek rejoignirent la nouvelle société, dont Stephan Bouchard, Christina Knighton et Laura Longfellow. Ils furent rejoints plus tard par Steve Kell. Cela signifiait que Play, Inc. avait ainsi réassemblé l'équipe de développement Alcatraz de NewTek. Même Kiki Stockhammer se rallia à la société et continua son rôle d'évangéliste technologique.

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En avril 1995, ils présentèrent leur premier produit pour Windows : Snappy Video Snapshot (199 $). Ce fut un dispositif de capture d'image vidéo haute résolution, capable de saisir une entrée vidéo depuis un magnétoscope, un téléviseur ou n'importe quelle source vidéo branchée à un port parallèle. La capture se faisait numériquement en TrueColor (24 bits) dans une résolution de 1500x1125 pixels. Snappy Video Snapshot fut le premier périphérique de capture vidéo grand public pour les ordinateurs sous Windows et Play, Inc. en vendit pour plus de 25 millions de dollars au cours de la première année, remportant par la même le prix d'excellence technique du magazine Byte en 1995.

Les années suivantes, Play, Inc. commercialisa avec succès plusieurs autres produits dont Trinity, un système hybride de production vidéo complet qui, selon Paul Montgomery, était le Video Toaster de nouvelle génération pour les ordinateurs sous Windows. Play, Inc. lança également GlobeCaster, le premier "studio en boîte" de production TV par Internet au monde, ce qui propulsa la société en tant que premier réseau mondial de télévision par Internet, avec 12 heures de diffusion en direct par jour, produites depuis leur quartier général à San Francisco. La femme de la société, Kiki Stockhammer, était la vedette des émissions qui furent produites entièrement avec des PC équipés de Trinity.

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Où sont-ils maintenant ?

Tim Jenison survécut au schisme avec Paul Montgomery et à la chute de Commodore, et il réussit à lentement reconstruire NewTek. En 1997, la société déménagea son siège social de Topeka à San Antonio, au Texas, où il était plus facile d'attirer de bons programmeurs, vendeurs et personnes pour l'assistance technique. Il conçut avec succès le système Video Toaster de prochaine génération et resta un innovateur majeur dans la production vidéo avec ses systèmes TriCaster et 3Play. Il continua à développer et commercialiser LightWave 3D qui en est maintenant à sa version 11.5. Tim Jenison est mentionné sur le site de NewTek en tant que fondateur de la société. Jim Plant est mentionné en tant que président.

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Nouveau logo de NewTek

Paul Montgomery mourut tragiquement d'une crise cardiaque en 1999 lors de vacances en famille. Il avait seulement 39 ans. Play, Inc. déclina et fut finalement rachetée par Globalstream en 2001. Kiki Stockhammer travailla de nouveau avec NewTek et fut également chanteuse, claviériste, danseuse et "Chef des Sciences" dans le groupe de punk rock Warp 11, inspiré de Star Trek.

Le Video Toaster et LightWave 3D ont changé toute une industrie - l'Amiga faisait partie de cette magie.

Note : en 2004, le code source du Video Toaster a été ouvert par NewTek.


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