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L'actualité du CeBIT (Centre mondial Bureautique Information Télécommunications) de Hanovre du mois de mars 1987 a été faite par les micros. Notre envoyé spécial ébloui par les nouveautés des trois A : Amiga, Atari, Apple, est allé plus loin et a retrouvé sa meilleure vue pour scruter l'Allemagne de la micro. Une information essentielle : Commodore frappe fort ! Les exposants de 35 nationalités permettent d'évaluer l'état de l'informatique dans le monde Le CeBIT mérite une vue d'ensemble, avant de voir de plus près les nouveautés. Hanovre, capitale de la Basse Saxe, a connu une tempête de neige le jour de l'ouverture du CeBIT. Et du 6 au 11 mars, la température nocturne autour des halls est descendue plusieurs fois à -15 °C. Mais à l'intérieur, règne une activité fébrile. Tout pour tout et pour tous Le gigantisme de prime abord déroutant est compensé par une organisation toute germanique, qui permet de trouver rapidement une ahurissante variété de matériels, et surtout de logiciels : voulez-vous informatiser votre travail de couvreur ? Pas moins de huit firmes ont prévu des programmes pour ceux qui réparent les toits de nos maisons. Sept programmes facilitent la gestion d'associations, de fédérations et d'églises. Un logiciel seulement pour aider les ramoneurs dans leur activité ! Tout est valable pour se faire remarquer, comme transformer un stand en chantier avec tas de briques, tas de sable, roulotte et grillages pour vendre des logiciels d'organisation de chantiers. Il y avait 2200 exposants, sur 300 000 mètres carrés ! Une personne voulant tout visiter devrait rester huit jours de 9 heures à 18 heures sans interruption à raison de 100 mètres carrés d'exposition chaque minute ! Atari a loué un avion, qui tournait au-dessus de la foire en tirant une banderole indiquant l'emplacement de son stand... Dans cet amoncellement de matériel, beaucoup de nouveautés, mais peu de révolutions. La grande mutation viendra demain seulement Dans les communications et les réseaux, une démonstration grandeur nature reliant des dizaines de machines différentes par au moins quatre types de câbles et autant de protocoles de transmission prouvait que l'interconnexion généralisée s'approche à grands pas. Pas de révolution dans le vaste monde des compatibles IBM, et pour cause : tous les constructeurs savent que IBM va lancer un nouveau micro autour du nouveau processeur Intel 80386. IBM a demandé à Microsoft d'élaborer un système d'exploitation tirant parti des immenses capacités de ce processeur. Une nouvelle génération de logiciels naîtra. En attendant, tout le monde retient son souffle, sur la ligne de départ. Sauf des petits malins qui sortent sans garantie des machines contenant le processeur, au risque de découvrir que leurs compatibles anticipés ne le sont pas avec le modèle d'IBM ! A côté des logiciels à tout faire, le CeBIT expose les matériels pour l'informatisation de la vie quotidienne. Beaucoup de machines à lire et à imprimer des codes à barres, caisses enregistreuses sur le tapis desquelles défilent éternellement les mêmes paquets de biscuits et de café. Moins sympathiques, des mouchards ou clefs électroniques destinés à verrouiller l'utilisation des appareils, ou encore ce brouilleur-débrouilleur de communications téléphoniques pour embrouiller les écoutes indiscrètes. Des périphériques à foison, et des cartes graphiques, d'extension, de communication, des disquettes toujours plus fiables et toujours plus denses. Fuji en sort une de trois pouces et demi, préformatée pour 1,6 Mo, mais pouvant en accepter jusqu'à 2. Des stands parfois gais IBM ne donne pas le ton ! La firme géante a loué plusieurs stands gigantesques et sinistres peuplés d'hommes en costume sombre, expliquant les charmes de logiciels austères. Si les éditeurs de jeux sont absents, la dimension ludique est omniprésente. Un bon jeu semble ici valoir dix démonstrations. Les capacités combinées de numérisation et d'incrustation d'images, affichent des dizaines d'écrans au premier plan desquels une image numérisée et fixe, masque partiellement le fond composé de l'image du public du salon, prise par une caméra accrochée au stand. Philips, couplant ce type de dispositif à une imprimante couleur, tire en permanence le portrait de lycéennes qui déambulent en bandes dans les allées. Hélas, la date de commercialisation en France du NMS 8280 qui permet de si jolis effets n'est pas encore fixée. Il s'agit d'un MSX 2 disposant en version de base des capacités de numérisation et d'incrustation ainsi que de deux lecteurs de disquette 3,5" double capacité (720 ko). Philips croit que les jeux de Konami exploitent bien les capacités des MSX. Et d'autres fabricants utilisent des programmes d'échecs comme "démo". Le Computer Camp est un hall conçu pour des visiteurs auxquels l'entrée était théoriquement interdite (les moins de 16 ans). Des jeux, une imprimerie en fonctionnement permanent, des programmes graphiques en libre accès, des éducatifs. Il existe donc autre chose que l'informatique professionnelle. Impression confirmée sur le stand Markt und Technik, éditeur de revues, de livres et de logiciels sur une table annulaire, au centre du stand-cité, les machines de jeu, en action ou en démonstration. Mais présenter le CPC avec un écran monochrome et un mauvais jeu à côté des démos superbes des ST et des Amiga, c'est quelque peu marquer des préférences. Nouveautés dans la micro Les fabricants majeurs jouent deux cartes complémentaires : celle de l'ouverture au monde de la compatibilité et celle de l'approfondissement des qualités propres de leurs modèles en particulier dans le domaine graphique. La généralisation de MS-DOS, de la compatibilité avec IBM, est devenue une réalité dans le domaine des prix au-dessous de 10 000 FF. Après l'Amstrad PC, l'Atari PC, vient un Commodore PC à bas prix. De plus, un des nouveaux Amiga, l'A2000, plus cher, est à la fois pleinement un Amiga et pleinement un compatible PC. L'Amiga 2000 dans sa configuration à trois lecteurs de disquette Apple fait le plein sur son stand. Les nouveaux Mac infléchissent son image. D'abord parce que le Mac SE et le Mac II (avec une carte non fournie en version de base) pourront exécuter des logiciels MS-DOS dans une fenêtre de l'écran et échanger des données avec des fichiers DOS. Ensuite parce que le Mac II a la couleur, et quelles couleurs : stables, en haute résolution, 680x480 points, de 16 à 256 couleurs sur 16 millions. Mais leur prix de 25 000 à plus de 30 000 FF pour le Mac SE et plus de 60 000 FF pour le Mac II mettent ces petites merveilles au-delà des moyens des passionnés. Atari veut s'enraciner en République Fédérale d'Allemagne Pour présenter sa gamme complète, Atari dispose d'une cité. Le Mega ST élargit vers le haut la famille des ST. Le PC Atari suscitait moins de curiosité. Atari parie sur les ST, et craint que la vente de son PC ne soit trop sensible aux variations des prix. Lui qui fabrique les PC et ses ST à Taïwan ou aux États-Unis, a pour le moment renoncé à démarrer des chaînes de production à Berlin Ouest puisque le renchérissement du cours du deutschmark par rapport au dollar implique un prix de vente trop élevé hors de RFA. Le Mega ST et son disque dur Commodore en terrain conquis Commodore a un stand dans le premier hall, celui des grosses machines et des mini-ordinateurs professionnels et pas avec Atari, Apple et les autres micros. Commodore lance son compatible IBM-AT en Europe et tente de prendre une part du marché professionnel. Mais la bousculade autour du stand pour avoir la documentation ne concerne pas ce nouvel AT. La première édition du catalogue de tous les logiciels pour Amiga a été tiré à 20 000 exemplaires dont les 310 pages s'arrachaient pour 10 DM. Et à l'heure de la fermeture, la Joconde subissait les derniers outrages graphiques sur l'écran des Amiga devant des hordes juvéniles ébahies. Commodore multiplie les bulletins de victoire : le C64 est la machine la plus vendue dans le monde. En quatre ans, cinq millions d'exemplaires ont été achetés, dont un million en RFA. Cinq mille programmes. Avec tout cela, la firme espère encore vendre des C64 et annonce la mise au point, aux États-Unis d'un disque dur de 20 Mo pour cette machine. Un détail significatif : le logo Commodore, absent de l'Amiga 1000, figure sur l'A500 et l'A2000. L'Amiga 500 Commodore croit que beaucoup d'utilisateurs d'ordinateurs domestiques passent au standard MS-DOS, mais renâclent devant les prix (3000 à 4000 DM soit 10 000 à 13 000 FF) alors qu'ils désirent seulement un système de traitement de texte. Le lancement, en juillet, du nouveau PC 1 développé dans l'usine et le centre de recherche de Braunschweig en RFA, devrait faire monter la part des compatibles dans le total des ventes de Commodore, part qui s'élève à environ 30% à cause des PC 10 et PC 20. Histoire des jumeaux Amiga L'Amiga 1000, l'ancien, avait beaucoup de qualités, mais était incompatible et trop cher. Pour pallier l'inconvénient de l'incompatibilité existait le Side Car (car cette boîte aveugle se pose à côté de l'Amiga) encombrant comme un PC et cher comme un compatible PC autonome. Les circuits du Side Car, incorporés à l'Amiga 2000, en font une machine extraordinaire, un "super Amiga" dont certaines fenêtres de l'écran forment un écran d'ordinateur compatible. Les circuits essentiels de l'Amiga, avec un habillage plus ajusté, sont vendus pour trois fois rien, 1300 DM, sous le nom d'Amiga 500. Commodore a ainsi éliminé les deux inconvénients principaux de la machine, en en créant deux nouvelles. Deux ou plutôt trois. Car l'ancien Side Car muni d'un lecteur de disquette devient un compatible PC à bas prix : le PC 1 discrètement présenté dans un coin. Commodore entend prouver sa valeur de préférence avec les Amiga originaux, et non avec un clone de plus. Mais il partira bien quelques dizaines de milliers d'exemplaires de ce compatible signé par une marque sérieuse au SAV bien implanté en Europe.
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