Obligement - L'Amiga au maximum

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Dossier : Bjorn Lynne
(Article écrit par Mahendra Tallur - décembre 2004)


Ascension et dégénérescence d'un génie de la demoscene

Bjorn Lynne Bjorn Arild Lynne... Dr. Awesome... Divinorum... Ces noms ne vous évoquent peut-être rien, pourtant il désignent ni plus ni moins le musicien ayant progressivement obtenu le plus grand succès commercial et la plus large reconnaissance dans le monde "réel" après avoir fait ses armes dans la scène démo Amiga. En douze ans, il a sorti plus de vingt albums dans une grande variété de styles. La connaissance de son oeuvre est indispensable à toute personne attachée à la scène Amiga. Nous allons donc faire un petit tour de celle-ci, à travers les différentes périodes de la vie de Bjorn...

Époque 0 : la formation musicale initiale de Bjorn

Bjorn naquit à Oslo en Norvège. Il assista au solfège et rejoignit un orchestre à l'âge de 14 ans, en tant que joueur de clarinette qu'il pratiqua quelques années jusqu'à ce qu'il en ait marre des contraintes d'assiduité et... de s'ennuyer. En 1984, il fit alors l'acquisition de son premier synthétiseur et de son premier ordinateur, un Spectrum 48k équipé d'une interface MIDI. Il commença ainsi à créer des musiques minimalistes.

Époque 1, 1987 - 1991 : l'apprentissage par la scène

L'année 1987 vit son achat d'un Amiga 500 ! Il poursuivit son apprentissage de la composition et connut pour la première fois des échos positifs de la part de ses amis. On l'incita à se faire connaître, c'est alors qu'il choisit son nom de scène : "Dr. Awesome", plus par rigolade qu'autre chose. C'est ainsi qu'avec des proches amigaïstes programmeurs et graphistes, il créa le groupe "Crusaders" en 1988. Ils diffusèrent alors un nombre important de démos, disquettes musicales et magazines sur disquette. On peut citer par exemple la série des Eurochart, Bacteria, Space Deliria, etc. Pour plus d'informations sur le groupe "Crusaders", rendez-vous sur www.crusaders.no. Sous ce nom, Bjorn composa au fil des années plus de 200 modules Protracker.

Bjorn commença à se faire remarquer en dehors de la scène démo proprement dite : on lui demanda de composer la musique du jeu Amiga "Brat" en 1988, son premier emploi payé dans le domaine musical (300 US$). Lui succédèrent en 1990 des jeux tels que "Fantastic Voyage", "Cubulus", "Escape from Colditz", "Project-X" (avec Allister Brimble) et "Qwak".

Époque 2, 1991-1995 : l'essence de la demoscene sur CD

En 1991, Bjorn passe à la vitesse supérieure, et casse sa tirelire pour se payer un équipement MIDI complet. De nouveaux synthétiseurs, boîtes à rythme, séquenceur Amiga MIDI "Music-X". Il créa sa première cassette audio intitulée "Bjorn Lynne Demo Tape", qui se vendra à 200 unités. Elle est malheureusement trop rare, comme ses cassettes suivantes, pour pouvoir en faire une critique. Dieu sait quels bijoux elle pouvait contenir ! Il fonde en 1991 avec Andrew "Nightshade" Barnabas et Volker "Jester" Tripp (Sanity) le studio "DENS Design", responsable par exemple de la musique des jeux "Aladdin" et "SWIV".

1992 : Hobbits & Spaceships

Hobbits And Spaceships En 1992, Bjorn s'associe au finlandais Seppo "Fleshbrain" Hurme, également connu dans la demoscene Amiga, pour la composition de son tout premier CD audio. "Hobbits & Spaceships" (DENS CD001) sera financé intégralement par eux-mêmes, et composé sur Amiga grâce au séquenceur MIDI "Music-X". Bjorn insiste sur le fait qu'à l'époque il était particulièrement difficile de produire son propre album en court-circuitant les maisons de disques. 2000 exemplaires seront ainsi pressés, les tout derniers ayant été écoulés en 1999 (NDLR : si quelqu'un possède un exemplaire et est prêt à me le vendre, je suis preneur à bon prix, n'ayant qu'une copie CDR signée par Bjorn).

Cinq des douze pistes de l'album, clairement les meilleures d'ailleurs, sont l'oeuvre de Bjorn. "Dimminuendo", débute tel un blues synthétique et se transforme en pop tonique aux gammes pétillantes. "A New Age" et "Cosmic Winds" sont de véritables trésors pleins d'inspiration de pure musique mi-mélancolique de scène démo. "Space Deliria" n'est plus à présenter ! "Tinuviel" est une piste chantée qui malheureusement ne figure que sur l'édition originale de l'album pour cause de droit d'auteur - il semblerait que les paroles soient issues du "Seigneur des Anneaux". On s'étonne d'obtenir un si bon résultat d'un album produit de manière si "amateur" avec un son si peu "mature"... En allant au-delà des apparences, les mélodies disposent de subtiles variations, de nombreux thèmes différents, d'une vraie poésie et personnalité propre. Bref, un condensé de notre belle époque révolue.

Encore plus difficile à dénicher, des cassettes audio de promotion et d'extras ont été vendues à très peu d'exemplaires. Enfin, chacun peut retrouver sur Aminet une promo (exécutable pour Amiga Classic, avec une animation de Tobias Richter) de l'album décrivant son contenu et les moyens de le commander... A l'époque !

Verdict : 4/5

1994 : Montage

Montage Après le succès - à son échelle - de "Hobbits & Spaceships", Bjorn compose un second album sous "Music-X" avec ses Amiga, en solo cette fois-ci, mais toujours avec ses propres moyens. Clairement dans la continuité du précédent album, "Montage" (DENS CD002) se montre cependant plus ambitieux que son aîné. Si les pistes 3 à 6 ("Creeping Sleep", "Fantastic Voyage '94", "Hyperride", "Plugged !") laissent transparaître un style assez léger, des compositions par piste relativement classiques ("Fantastic Voyage" étant par exemple une reprise d'un des modules de Dr. Awesome), d'autres sont carrément expérimentales comme la piste 7, "The Spirit of Mechanica". Une sorte de techno chantée par une voix robotique (Paula bien sûr), qui malgré son inhumanité, parvient à insuffler de la poésie. Plutôt saisissant. Les pistes 8 à 11, new-age, quelque peu irréelles, donnent une certaine sérénité, interrompue quelques fois, comme dans "Truth or Sanity ?, part 1" par une rythmique quasi mécanique presque autechresque. L'illustration de l'album colle parfaitement à cette ambiance - une sorte d'artéfact magique au fin fond d'une forêt aux couleurs d'automne. D'ailleurs, le magnifique livret de l'édition originale lui-même recèle des textes de Bjorn et dessins presque spirituels.

Il serait criminel d'occulter les deux pistes majeures de l'album ; de 12 et 8 minutes respectivement, en seconde et avant-dernière positions, "Communion" et "Montage" seront une marque de fabrique de Bjorn Lynne par la suite. On y retrouve en l'occurrence une succession de thèmes brillants qui effectuent des allers et venues, décrivant un large panel d'émotions, immergeant l'auditeur qui croit vivre une véritable épopée.

Verdict : 4/5

1995 : Dreamstate

Premier album de Bjorn diffusé par une véritable maison de disque ("Centaur Discs"), "Dreamstate" constitue pour beaucoup de fans de Lynne le pinnacle de son oeuvre Demoscene. Une introduction ("All Life is One") très rythmée et chantée, sur fond de synthétiseurs et de voix humaines déformées assez obsédantes, annonce les axes majeurs de l'album. Suivent deux pistes ambient, la première, proche de "Montage", plus new-age, mystérieuse ; la seconde, plus atmosphérique, balayée par le vent, avec une petite touche tribale. "Mania", d'Andrew Barnabas, mêle des sons à la Christopher Franke, avec de la guitare électrique, prélude énergisant à la petite perle qu'est "Digital Phoenix". Un parfum de drame, des choeurs et sons synthétiques à la Allister Brimble dans "Alien Breed", une montée de la tension, et puis, coup fatal, un hors sujet-total avec une mélodie orientale comme catapultée d'un autre monde, qui finalement se fond aux synthétiseurs qui se font de plus en plus oppressants jusqu'à une conclusion jouissive, comme un cri d'agonie synthétique. "Mesmerized" rétablit le calme avec un pur morceau de musique par piste. Suit "Dark Star", un morceau orchestral avec de sublimes variations de thèmes, malgré une première impression de platitude. "Sequences", encore très musique par piste, avec un rythme cassé, précède un "Progress" toujours très demoscenesque. L'album se referme sur un "All Life is One, part 2", toujours chanté, montant progressivement en intensité, et touchant toute personne réceptive par un sentiment de gravité qui la submerge. Ce morceau termine par un thème doux, joué au piano, que l'on retrouvera dans "Witchwood". On notera que de manière analogue à ses prochains albums majeurs, toutes les pistes sont liées.

Dreamstate

Enfin, la piste bonus de 14 minutes tout de même est un medley des modules "Now What ?" que Bjorn avait composé sous le pseudonyme Dr. Awesome pour certains magazines sur disquette des Crusaders notamment. Une succession rapide de thèmes, tantôt légers, tantôt émouvants. Très réussi. On notera enfin la magnifique pochette de Tobias Richter, artiste ayant d'ailleurs débuté sur Amiga, dont on peut trouver animations et lancer de rayons sur Aminet.

Verdict : 5/5

Époque 3, 1995-1998 : une professionnalisation réussie

Bjorn est engagé par Team 17 pour composer des musiques de jeux vidéo. Il émigre ainsi vers l'Angleterre (Yorkshire) et fait de la musique un travail à temps plein, laissant derrière lui rapidement ses Amiga. Il écrit cette même année la musique de trois jeux : "Alien Breed 3D", "Worms" et "Witchwood". Il travaille toujours pour Team 17 à l'heure actuelle.

1995 : Alien Breed 3D (BO)

Alien Breed 3D Le style d'AB3D est très proche de "Dreamstate", les deux ayant été probablement travaillés en parallèle, mais AB3D a été finalisé dans un vrai studio, en l'occurrence celui de Team 17. Ceci dit, rien n'est réutilisé de l'un à l'autre. De nombreuses pistes ont été ajoutées par rapport au CD du jeu CD32. On reste dans le domaine de la musique synthétiseur, par moments plus ambient ("Deeper Waters", "Ashes of the Dead"), par moments plus orchestrale ("Go With a Grin"), par moments accompagnée de guitares électriques synthétiques ("Breed Theory"). De la haute facture, apportant un plus indéniable au jeu. Cela reste cependant moins varié et saisissant que Dreamstate, mais ceci incombe au fait qu'il s'agit ici de la bande son d'un jeu et pas d'un album à part entière. A noter qu'en bonus, on peut trouver la musique originale de la version Amiga disquette... qui n'a cependant jamais été diffusée par manque d'espace disque sur cette dernière !

Verdict : 4/5

1996 : Witchwood

Witchwood Witchwood devait être un jeu de rôle pour Amiga et Atari Jaguar. Il fut annulé par Team 17 lors de l'arrivée soudaine de The Speris Legacy, alors que Bjorn avait déjà commencé à en composer la musique. Au même moment, Bjorn souffre quelque peu du mal du pays. Il décide alors de reprendre son travail et d'en faire un album à part entière, inspiré par les forêts de Scandinavie.

Witchwood marque un changement de direction pour Bjorn. L'influence de la scène démo s'amenuise petit à petit, au profit d'un style médiéval-fantastique qui ne cessera de s'accroître avec ses prochains albums. Néanmoins, on ne peut qu'applaudir la capacité du musicien de toucher à plusieurs genres avec tant de talent. En effet, Witchwood restera un des favoris pour tout fan de Lynne de longue date. Comment caractériser cet album en peu de mots ? Frais, vivifiant, profond, varié. Ces deux dernières caractéristiques étant inhérentes à Lynne... A cette époque. On a le droit à une introduction proche de "Montage", assez new-age. Puis les morceaux de "Witchwood" s'articulent autour d'interludes, "The Forest Speaks" (en 5 parties).

On notera particulièrement deux pistes moyenâgeuses, "Homeland Farmland" et "The Town of Witchwoode", très légères et entraînantes, mais proposant toujours une évolution et une succession de thèmes formidables, comme Lynne sait le faire. Dans "The Woodlands", les guitares électriques (de vraies guitares !) de Ken Senior donnent un côté plus rock progressif qui se mêle délicieusement aux synthétiseurs new-age et aux mélodies médiévales. D'ailleurs, c'est plutôt dans la deuxième moitié de l'album que cette tendance se confirme. "Recollection", très réussi, emploie un peu à la manière de Dreamstate, un synthétiseur pour simuler la guitare électrique, passant par des phases de grande intensité. L'album s'achève par "Witchwood", morceau chanté dans la première édition de l'album (que je ne possède pas) par Bjorn Lynne lui-même (mal chanté paraît-il), puis par Ken Senior, dans la réédition par le label "Lynnemusic" de Bjorn lui-même, en 1998.

Verdict : 5/5

1996 : X2 (BO)

X2 Quel amigaïste ne connaît pas Project-X ? Mais combien d'entre nous ont-ils déjà eu l'occasion de jouer à "X2", qui n'est autre que la suite de l'excellent Project-X sur PSX ? D'intérêt moindre semble-t-il, ce jeu peut cependant se targuer de faire figurer la musique de Bjorn. On change vraiment de registre avec cette techno/dance frénétique accompagnée de guitares électriques. Un avertissement figure dans le livret de l'album : les basses fréquences employées dans celui-ci pourraient endommager des enceintes à trop haut volume. Bjorn ne manque pas d'humour... Il donne en tout cas beaucoup de lui-même dans un genre nouveau pour lui, et réussit encore avec brio : cet album vous rendra très certainement hyper-actif. On ne déplore pas beaucoup de répétitions contrairement à tout album de goa/trance/techno traditionnel, et il convient de dire que l'ambiance qui se dégage des différentes pistes semble convenir particulièrement à un jeu de tir. Ils maintiennent une tension, mais pas une tension oppressante, plutôt une tension dynamisante, un état d'alerte constant.

On pourra noter que cet album est sorti sous le label "TRSI Recordz", label consacré à promouvoir les artistes issus de la demoscene. CNCD et Muffler disposent notamment d'un album dans leur catalogue.

Verdict : 3/5

L'année 1997 marque une ouverture du champ de création de Bjorn. Il commence en effet l'apprentissage de la guitare électrique, voit s'esquisser un intérêt croissant pour le rock progressif, mais également dans la goa-trance. Sous le pseudonyme Divinorum, il commence à composer quelques titres qui trouveront leur place dans diverses compilations ; il faudra attendre 1999 pour un premier album solo complet sous ce nom.

1997 : The Void

The Void "The Void" fut l'album de la consécration pour Lynne. Après un certain nombre de sorties somme tout encore assez confidentielles, The Void reçoit moult critiques très positives ou excellentes dans une centaine de magazines musicaux et de science-fiction. Souvent considéré comme un "concept-album" combinant avec bonheur musique électronique et rock progressif, symphonique, c'est un véritable voyage, une histoire qui est contée le long des 74 minutes de l'album - oui, la quasi-totalité des albums de Bjorn remplit totalement le support - : celle d'un homme dérivant indéfiniment dans l'espace suite à une défaillance des contrôles de sa navette-cargo. Disposant de suffisamment de provisions pour toute une vie, lancée à la vitesse de la lumière, il découvrira des lieux qu'aucun être humain n'a jamais imaginé, et continuera de dériver des centaines de millions d'années après sa mort - dixit le livret.

C'est la première fois que Bjorn joue lui-même d'un instrument (en l'occurrence guitare et basse), outre ses synthétiseurs habituels. On ressent réellement sa volonté d'inclure des éléments de rock progressif pour tester ses nouvelles acquisitions. On atteint ainsi une harmonie parfaite entre les éléments synthétiques, le style "musique par piste" et le rock. L'album s'ouvre sur un motif hypnotique de synthétiseur sourd, impulsant une atmosphère de gravité, un gigantisme inquiétant ("Into the Void") puis soudain à 1 minute 50 un gouffre, une dépression nous emporte brutalement, conduite par une puissante guitare électrique rappelant des accords de Mike Oldfield et témoignant de l'urgence d'une situation inextricable ; une lutte s'engage pour la survie mais rien n'y fait. A 6 minutes 20, on croit entendre "There's nothing", puis le voyage se poursuit inexorablement à un rythme frénétique. Cette première piste parvient à tenir en haleine durant 9 minutes tout de même.

"Dar Shan" parvient à faire frissonner l'épiderme par ses nombreux changements imprévisibles de thème. A 50 secondes, une mélodie presque enfantine, naïve et criarde surprend. Elle s'habille à 2 minutes de guitares électriques lui conférant enfin une certaine solennité et maturité. A 3 minutes 15, les percussions s'emballent, tels des tambours précédant une mise à mort, introduisant un motif synthétiseur obsessionnel, le point d'exultation en somme, accompagné de la voix de Bjorn (bien qu'on n'en soit pas sûr) chantant "Dar Shan". A 4 minutes 15, rupture brutale et reprise de la mélodie enfantine. Magnifique.

"On the Edge ?" témoigne, tout en conservant l'unité thématique et le son de "The Void", de la fusion parfaite des genres atteinte dans l'album. Une mélodie sereine laisse la place à 2 minutes 10 à une rythmique psychédélique, un passage quasi techno en fait. "Signals" quoique disposant de peu de relief, n'ennuie pas un instant, une puissante ligne de basse nous berçant agréablement alors que deux thèmes principaux spatiaux s'alternent paisiblement.

"Who Knows" fut initialement composé par Seppo Hurme ; d'ailleurs, le module original est disponible sur Aminet. La réorchestration de Bjorn est de très grande qualité et sert largement le module Protracker, tout en étant à la fois très fidèle. Pas moins de six thèmes se succèdent dans cette piste de 6 minutes 35. Tour à tour, des cordes synthétiques évoquent un espoir hypothétique, une mélancolie de laquelle transparaît cependant une certaine gaieté, et à 3 minutes 50, le paroxysme, le passage le plus saisissant de l'album, qu'on peut rapprocher de "Digital Phoenix". Une minute durant, un accord synthétique prolongé, tel une voix féminine puissante, venant des tripes, par instants distordue ou disloquée, sonne comme une ultime rébellion contre le désespoir. Une minute, c'est court, mais à la fois long pour une exultation. Magistral. "The Nothing", rétrospective en 14 minutes d'un destin tragique, mène l'album à sa conclusion, la paix, le silence absolu et infini.

The Void sait allier les genres tout en conservant une unité, rien à voir avec les albums "fourre-tout" des artistes soi-disant complets qui ne parviennent pas à créer leur propre univers sans se répéter inéluctablement. 1997, Bjorn est un grand.

Verdict : 5/5

1997 : Seven Kingdoms (BO)

Seven Kingdoms "Seven Kingdoms" est un jeu de stratégie temps réel sorti sur PC en 1998 qui remporta de très bonnes critiques. A cette époque, Bjorn travaillait généralement sur un album et une musique de jeu en parallèle. Le travail effectué sur "Seven Kingdoms" se retrouve très nettement dans ses deux grands albums suivants, "Wizard of the Winds" et "Wolves of the Gods", mais aussi dans "ISMS". Les thèmes y étant davantage développés et mûris.

Ainsi, "Win & Lose Themes", "Norman Kingdom", "Norse Kingdom" (sur les 9 pistes au total) contiennent des portions réutilisées quasiment à l'identique dans les albums de 1998 et 1999 de Bjorn, alors que seule l'introduction de "Persian Kingdom" est similaire à celle de l'album ISMS de 1999 également.

Le parfum d'aube de l'humanité qui se dégage de "Mayan Kingdom" procure une douce sensation de réveil aux instincts primaires, enivrant sans aliéner. "Persian Kingdom" à la flûte ensorcelante, "Japanese Kingdom" très typique, parviennent également à instaurer un climat réconfortant et dépaysant.

Verdict : 4/5

1997 : Decade

Decade "Decade" constitue une sorte de passerelle entre le passé amigaïste, amateuriste de Bjorn Lynne et sa nouvelle situation d'employé à plein-temps chez Team 17. Contenant une piste de données faisant figurer la quasi-totalité de ses modules (207 qu'il put retrouver, en format Protracker), ainsi qu'un certain nombre de .MED, .MIDI, .XM etc. et que d'un miroir de son site Web, Bjorn scelle en quelque sorte le tiroir de son passé, tout en l'immortalisant sur un support officiel. Des heures de musique en perspective, et d'exploration hasardeuse, les modules n'étant absolument pas classés ou référencés de quelque manière que ce soit.

L'intérêt de ce CD réside plus particulièrement dans ses 50 minutes de pistes audio, des titres bouche-trou selon Bjorn, qui n'avaient pas été jugés suffisamment bons ou pertinents pour ses autres albums. Ils justifient pourtant largement à eux-seuls le prix du CD. On y trouve en effet une variété et une fraîcheur rarement entendue dans un album de Bjorn, le style "Dr. Awesome" y transparaît en effet nettement. Tantôt plus jazzy ("Blown"), ethnique ("Earthchild"), rock symphonique (la guitare électrique étant jouée par un vrai musicien) "Hyperride 2", les pistes n'en restent pas moins toujours très synthétiseurs, très réminiscentes du style de la demoscene ("Mekanix"). "Bridge to the Universe, part 3", du long de ses 10 minutes, alterne des séquences aériennes et héroïques telle une épopée à multiples rebondissements. Cette piste était d'ailleurs initialement prévue pour "The Void", et est dans la continuité des modules de Bjorn du même nom. "More Than Meets The Eye" conclue brillamment l'album par une succession d'ambiances minimalistes, évoquant une situation irréelle, précaire, d'un drame qui couve, débouchant sur un final de grande intensité, où des cordes montant progressivement en puissance se mêlent aux sons synthétiques, suggérant une précipitation d'une intrigue à l'issue incertaine.

Cet album n'est fait que de légèreté, de fraîcheur, de diversité ; on le passe en boucle sans aucun problème. C'est l'hommage de Bjorn à l'ère Amiga.

Verdict : 5/5

1998 : Wizard of the Winds

Wizard Il s'agit en fait du premier album d'une trilogie, la trilogie des Timuras, du même nom que les livres à succès de médiéval-fantastique d'Allan Cole, romancier américain. Bjorn composait en réalité à la base quelques musiques inspirées de "Wizard of the Winds" pour se distraire quand il eut l'idée de rentrer en contact avec leur auteur, qui fut très enthousiaste, pour y consacrer trois albums complets.

L'album "Wizard of the Winds" reprend donc chronologiquement les phases clefs du livre. Chaque piste est introduite par une narration en anglais, également disponible dans le livret, ce qui permet une certaine immersion dans cet univers de démons et de magiciens sans la nécessité d'avoir lu l'ouvrage complet. Ceci dit, il serait regrettable d'obtenir le livre après l'album puisque la fin de celui-ci est révélée.

La musique de Bjorn atteint dans cet album une grande expressivité, à travers des registres plus conventionnels et moins synthétiques, confirmant la tendance de la transformation de Bjorn, sans pour autant y perdre en diversité, en caractère. "Stranger on a Hill, part 1" ouvre l'album sur un solo de guitare acoustique. Aucun synthétiseur ! La quasi-totalité des pistes recèle comme à l'accoutumée de nombreux thèmes qui se succèdent brillamment, pas de platitude ! "Valley of the Clouds" contient au minimum 4 thèmes, dont à 3 minutes un surprenant passage de bravoure qui pourrait figurer dans les Chevaliers du Zodiaque ! Le tout est parfaitement orchestré, à l'aide de synthétiseurs et de guitares cette fois-ci électriques et acoustiques. Mais pas de sons synthétiques. Bjorn s'en tire tout à fait bien pour que son équipement limité ne porte préjudice à son oeuvre, le rendu est excellent pour si peu d'instruments réels.

Le moment le plus intense de l'album correspond au moment fort de l'intrigue, "The Battle of Two Stones". Dans un premier temps les armées des démons et des humains se font face, on entend la poussière voler alors qu'on imagine les regards échangés. A 3 minutes se joignent les cuivres lourds menaçant, les percussions militaires, des accords électroniques presque "western". A 4 minutes 20 les guitares électriques entrent en scène alors qu'on imagine la boucherie se dérouler sous nos yeux. Une seconde guitare rejoint la première lorsque l'action est à son apogée, la confrontation au roi démon, évoquant une incroyable violence ainsi qu'un enjeu capital. Bjorn parvient à insuffler une telle émotion à la musique, une telle force, que l'auditeur semble prendre part à la bataille.

Verdict : 5/5

1998 : Seven Kingdoms II - The Frythan Wars (BO)

Seven Kingdoms 2 Plus grandiose que son prédécesseur, "Seven Kingdoms II" fait usage de cuivres puissants et choeurs presque à outrance. Le résultat obtenu est plus mystique, plus inquiétant, plus puissant. L'ambiance sereine laisse par intermittence place à un sentiment d'urgence, d'action imminente ou en cours. L'équilibre est néanmoins maintenu, permettant une écoute continue. Les pistes les plus réussies sont sans conteste les pistes 3 (thème oriental, aux sonorités similaires au "Japanese Kingdom" du premier opus) et 5, où la voix se mêle aux flûtes peut-être égyptiennes pour introduire çà et là de puissants passages dramatiques aux cuivres.

Verdict : 4/5

1998 : Worms II (BO)

Worms 2 Pas moins de 72 minutes issues de "Worms", "Worms 2" et "Worms Reinforcement". L'effet "compilation" est bien évidemment néfaste à une écoute intégrale d'affilée ! On y retrouve quelques pistes orchestrales ressemblant de manière troublante à "Wizard of the Winds", voire dans "The Good, the Bad and the Squidgy" un passage entier de la meilleure piste de "Wizard of the Winds". On réalise encore une fois à quel point ce dernier album a été mûri, puisqu'il déborde dans tous les projets de jeux de l'époque. De même, deux pistes issues de "Decade" ont également été utilisées dans Worms : "Squish!" et "Stale Socks". Elles ont parfaitement leur place dans le monde coloré, acidulé de "Worms". Les amigaïstes apprécieront particulièrement le "Original Worms Intro-track" puisqu'il est quasi identique à la musique de la version Amiga de Worms Director's Cut. De même, le "Wormsong" relatant les péripéties héroïques d'un ver et un refrain chanté par les vers eux-mêmes s'avère particulièrement sympathique. Le reste de l'album est composé de morceaux synthétiques bon-enfant, gais, réminiscents de l'époque Dr. Awesome.
Verdict : 3/5

Époque 4, 1999-2001 : un début de standardisation

Hanne Noël 1998, Bjorn rencontre Hanne qui deviendra un peu plus tard sa femme. Aura-t-elle une influence sur sa créativité ?

1999 : Wolves of the Gods

Wolves Deuxième tome de la trilogie des Timuras, "Wolves of the Gods", l'album, est plus pompeux dès son introduction "To Dream of Wolves", orchestrale, puissante, aux cuivres omniprésents. Rapidement, une tendance rock bien plus marquée s'impose. Ce parti-pris confère malheureusement une impression de "déjà entendu", une homogénéité qu'on ne connaissait pas chez Bjorn Lynne. "Shapechanger", mêlant des bruitages de créatures du roman de médiéval-fantastique, est un exemple très réussi d'une piste aux passages rock très violents, avec cependant des temps morts, des évolutions de thèmes accrocheurs. On pourrait dire la même chose de "The Spirit Rider", "Palimak's Revenge" ou "Queen Hantilia" mais une certaine lassitude s'installe devant un tel déferlement de sons violents après tout trop similaires. L'oreille n'a pas le temps de se reposer, et Bjorn semble adopter un son un peu trop conventionnel. "Kyrania", plus symphonique, "The Ghost Warriors of Caluz", plus orchestral et mystique, réinjectent une certaine diversité.

Au final, de très bonnes pistes, mais un album difficile à écouter d'un seul bloc.

Verdict : 3/5

1999 : ISMS

ISMS Première tentative de Bjorn Lynne à la goa/trance sous le pseudonyme "Divinorum", "ISMS" reçoit un accueil chaleureux des milieux spécialisés. Tout en reconnaissant le caractère souvent trop répétitif inhérent à ce type de musique, force est de constater que Bjorn a su ajouter une dimension humaine au genre. "ISMS", parties 1 à 3, "Qualities of Religion", "Can You Hear ?", "We Turn Like Whisks" ne sont clairement pas à ranger dans la trance basique décérébrée qu'on entend trop souvent. Sonorités asiatiques, chanteurs indiens, percussions tribales, contribuent à une richesse insoupçonnée, dans la mesure où ils sont dosés intelligemment, sans cliché.

Verdict : 4/5

1999 : Phoenix - Deep Space Resurrection (BO)

Phoenix La bande originale du jeu "Phoenix : Deep Space Resurrection" servit à Bjorn de terrain d'expérimentation à des travaux purement orchestraux. On retrouve cette influence d'ailleurs dans "Wolves of the Gods". Difficile à réellement écouter en dehors du contexte du jeu, "Phoenix" comporte quelques pistes grandioses telles que "The Morissa Cluster", "Namoul Standoff", "An Unlikely Alliance". Le reste s'avère soit trop atmosphérique, soit trop éprouvant. Les compositions de Bjorn n'en restent pas moins d'excellente qualité dans le cadre du jeu.

Verdict : 2/5

L'année 2000 voit la naissance de la fille de Bjorn, Lisa, une responsabilité de plus pour Bjorn qui est alors plus sollicité que jamais.

2000 : Revive

Revive Petit retour en arrière, le dernier peut-être, interlude entre deux albums médiéval-fantastique, Revive est la première compilation exclusivement composée de réorchestrations de modules Amiga de l'époque Dr. Awesome. Réorchestrations mélodiquement et structurellement très fidèles aux .mod originaux, avec l'arsenal moderne de Bjorn bien entendu, ainsi que des guitares électriques jouées par lui-même et Rory McLeish. Le potentiel nostalgique de cet album est à son maximum, à condition que vous connaissiez les musiques originales bien-entendu, ce qui n'était pas mon cas à l'exception d'une ou deux pistes, en particulier le mythique "Space Deliria" déjà présent dans "Hobbits & Spaceships", avec un rendu néanmoins totalement différent. L'intérêt final en est donc forcément tributaire.

Souvent comparées aux travaux contemporains (années 1990) de Tangerine Dream, mais plus axées sur la guitare, les pistes de "Revive" sont généralement directes, optimistes, revigorantes. Le style est plutôt homogène d'une piste à l'autre ; on pourrait d'ailleurs les imaginer jouées en live par un groupe de rock. On n'est pas moins entraîné par cette déferlante de bonne humeur, de mélodies enjouées.

Un bon album en fin de compte, qui tranche avec la profondeur et la diversité à laquelle Bjorn nous a habitués. La note finale pourra être modulée en fonction de la connaissance des morceaux originaux.

Verdict : 3/5

2000 : Talisman

Talisman Suite au succès de "ISMS", Bjorn "Divinorum" Lynne récidive, en changeant de registre. Le thème tribal n'est conservé que dans "Kubla Khan". Le résultat final est plus conventionnel et relativement répétitif ; cependant, Bjorn parvient à conserver la variété entre chaque piste, ce qui sauve clairement la mise. "The Human Male" intègre avec bonheur des guitares électriques survoltées à la trance. "Silver Sun" et "Dissolve" se tournent davantage du côté de l'ambient que de la goa/trance, avec quelques similarités avec Vangelis pour ce dernier. "Time Machine" aux rythmiques saccadés et sonorités minérales est presque rafraîchissante. Chaque piste donne l'impression d'être toujours un peu trop longue compte tenu de ses variations intrinsèques... Mais il s'agit d'une constante de ce genre de musiques. Les amateurs seront quoi qu'il en soit totalement convaincus.

Verdict : 4/5

2001 : The Gods Awaken

Gods Awaken Dernier épisode de la trilogie des Timuras, "The Gods Awaken" a nécessité à Bjorn le plus de travail, a impliqué une kyrielle de musiciens - Bjorn étant habitué à jouer tous les instruments seuls, ou avec au maximum un ou deux invités. Ici aussi peu de sons synthétiques que possible : guitares, batterie, flûte, violon... Sont tous joués par des musiciens invités pour l'occasion, bien que ce soit bien évidemment Bjorn qui ait tout composé comme à l'accoutumée. L'objectif est d'obtenir un son aussi naturel et accessible que possible. L'intérêt de cette opération pourrait être à relativiser par le fait que Bjorn parvient généralement à un très bon son par ses propres moyens, et que chaque musicien externe est une contrainte supplémentaire.

On peut considérer que "The Gods Awaken" se situe stylistiquement à l'interface de "Wizard of the Winds" et "Wolves of the Gods". Si "The Gods Awaken" est plus instrumental que rock, à l'instar de "Wizard of the Winds", ses pistes ne regorgent pas d'une multitude de thèmes s'enchaînant imprévisiblement au grand bonheur de l'auditeur. On ne dénombre ainsi qu'un ou deux thèmes musicaux au sein de chaque piste, ce qui est clairement un retour en arrière, à l'exception du magnifique "Two Kings in Hadinland", d'ailleurs co-écrit avec Ken Senior. Cette dernière piste de 14 minutes est d'ailleurs une des plus belles de tout l'album. Un premier thème symphonique, interrompu à 5 minutes par de puissants riffs de guitare à la limite du rock gothique, reprend à 10 minutes sous une forme mélancolique. Dans de bonnes conditions, il m'a déjà mis la larme à l'oeil.

On recense ainsi des introductions impressionnantes ("King Felino and the Slay Ground", à l'orgue, ou "The Dance of Hadin", très ethnique), des pistes minimalistes apaisantes à la flûte ("The Mural", "The Ringmaster"). Le reste de l'album dégage cependant un style un peu trop homogène dans l'ensemble. En effet, "The Sisters of Asper", "Jooli's Song", "Lottyr, Lady of the Hells", "On Conjurer's Seas" dépeignent des fresques enchanteresses. Mais à la structure trop similaire, aux orchestrations qu'on a l'impression d'entendre trop souvent. On a en fin de compte affaire à un écueil classique de la majorité des artistes : le manque de créativité, de remise en question. Bjorn est peut-être un grand multi-instrumentaliste, ce n'est pas en appliquant la même recette à chaque piste qu'on va rendre l'album attractif. Beaucoup de critiques positives émanèrent de cet album ; ceci est concevable pour un public habitué à ce qu'on ne le surprenne pas constamment. De la part de Lynne, se contenter de trouver de bons thèmes, des introductions impressionnantes ne suffit pas.

Verdict : 3/5

2001 : Accelerator

Accelerator Produit sous le label Lynnemusic, à l'instar de "Decade", "Accelerator" ne se veut pas sérieux. Des pistes optimistes, rapides, rythmées où, une fois n'est pas coutume, les guitares prédominent. Entraînantes dans un premier temps, le manque de diversité au sein de chaque piste, mais également globalement, nuit à une écoute à long-terme. Finalement, on oubliera assez vite cet "Accelerator" produit pour le plaisir, comme ce "Decade" qui pourtant s'est avéré étonnamment bon. Toutefois, l'orchestration de Bjorn est comme toujours sans faute, l'expérience est indéniable...

Verdict : 2/5

Époque 5, 2002-futur : une décadence sans appel

2002 : Colony

Colony Annoncé plus d'un an auparavant comme une rupture avec les productions de l'époque de Bjorn, "Colony" était clairement son album le plus anticipé. Mais pourquoi ? Car il devait renouer, ni plus ni moins, avec le style des chefs-d'oeuvre "Dreamstate" et "The Void". L'occasion rêvée pour Bjorn de remonter durablement dans l'estime d'un fan de longue date.

Malheureusement, au lieu d'un retour aux sources, "Colony" apparaît davantage comme une transcription de son travail médiéval-fantastique au monde de la science-fiction. Les similitudes sont réellement frappantes avec "The Gods Awaken" : "Mind of the Visionary", "Faces of Fatality" et "One Step to Paradise" (cumulant 18 minutes 30) semblent quasiment soeurs jumelles avec des pistes telles que "The Sisters of Asper" ou "The Return of Safar Timura". A savoir, des pistes relativement homogènes à la guitare électrique prépondérante, aux mélodies redondantes, à structures simples. Pire encore, Bjorn semble s'être contenté la plupart du temps d'adjoindre quelques sonorités évocatrices de "The Void" à une maquette de "The Gods Awaken".

Quelques pistes sortent tout de même du lot et sont fort appréciables. On notera en particulier un "Hyperdrive Stimuli" vibrant, résonnant, sans lourdeur, saupoudré d'effets sonores old-school. "Neuralnet", sans usage de guitare, se démarque par son atmosphère technologique. "Endless Possibilities" serait bon, si après une introduction sombre à la Evita, et une accélération à la limite de la trance, il ne se transformait pas subitement à la troisième minute, certes temporairement, en "On Conjurer's Seas" (toujours l'influence "The Gods Awaken").

Sans être un mauvais album, Colony n'est en rien exceptionnel, ce à quoi Bjorn Lynne nous avait habitués jusque-là. Il conviendra probablement aux amateurs de rock symphonique, ou plus généralement, à ceux n'ayant pas encore découvert la trilogie des Timuras.

Verdict : 3/5

2003 : Return to Witchwood

Return To Witchwood Face à la déception de "Colony", la promesse d'un successeur à l'excellent album new-age/médiéval "Witchwood" pouvait laisser perplexe. Les nombreux interludes ont ainsi été conservés, ainsi que le thème des forêts nordiques, comme l'indique immédiatement les somptueuses illustrations de l'album. On est tout de suite rassuré en réalisant qu'enfin, le son si caractéristique de "The Gods Awaken" et "Colony" a à peu près été abandonné. On pense à certains instruments (cordes), accords qu'on retrouvait à tour de bras dans les deux albums sus-cités.

"Return to Witchwood" parvient-il cependant au niveau de son aîné ? Probablement pas, le premier frisant l'excellence ; le petit dernier respire néanmoins la sérénité. Enfin, un album apaisant, agréable à écouter après une fin de trilogie particulièrement exubérante, éprouvante.

La magie, la féerie perce à travers "Spellcraft", "Mystery Forest" ; la fraîcheur du matin dans "On the Morrow of Today", le mystère avec "The Alchemist"... Des titres à facette unique, faciles à cerner, sans surprise, mais tout à fait agréables. Un réconfort.

Verdict : 4/5

2003 : Power Liquids

Power Liquids Dernier opus sous le pseudonyme "Divinorum" ce dernier album est une coopération avec le groupe "Aural Planet" dont "Scorpik" est bien connu pour sa participation à la scène démo Amiga. La moitié des pistes est de Bjorn et l'autre d'Aural Planet. Le résultat est, contrairement aux deux précédents volumes, particulièrement formaté et plat ; les variations au sein de pistes sont tout juste suffisantes pour ne pas avoir l'impression d'écouter la même chose en boucle. Bjorn n'aura pas résisté longtemps à la tendance productiviste en vogue dans ce type de milieux. Une coopération facile pour terminer rapidement un album en somme. Plaira peut-être tout de même aux fans du genre.

Verdict : 2/5

2004 : Statement

Statement Dans la lignée de "Accelerator", un album sans prétention, qui a la particularité d'impliquer un certain Eco-Mcz. Ce dernier donne sa voix à la moitié des titres. Et quelle voix ! Monotone, monocorde, inintéressante, elle pollue littéralement la musique de Bjorn qui n'est déjà pas dans ses meilleurs jours. Ceci confère un style rap particulièrement exaspérant. Parmi les autres titres, des pistes d'easy-listening dont certaines avaient été dévoilées auparavant (en téléchargement sur le site de Bjorn, ou sur l'album "Unreleased Material"). Parmi les autres titres, de l'easy-listening, dont certaines pistes qui avaient été dévoilées auparavant, voire quelques-unes issues de "Unreleased Material". De la dance plate et indigente, etc. Tous les genres sont représentés... en toute médiocrité.

Un fourre-tout lamentable indigne de Bjorn Lynne. Bjorn serait-il attiré par l'appât du gain avec cette coopération-prétexte qui ne lui a vraisemblablement pas nécessité beaucoup d'efforts ? L'oubli de la section "feedback" sur la page dédiée à l'album n'est certainement pas un hasard.

Verdict : 1/5

Soothe, et la tentation commerciale

Soothe "Soothe" est le tout dernier album de Lynne, décrit comme de la musique de relaxation. N'ayant pas eu l'occasion de l'écouter intégralement, je réserve mon avis pour un éventuel futur article. La question est, vais-je l'acheter vue la tendance actuelle de Bjorn ? En effet, Bjorn se disperse, entre des contrats pour des séries TV, documentaires, entre ses BO de jeux, ses albums solo, ses coopérations, son nouveau service "Lynne Publishing". Sans oublier sa propre famille. Trop à faire, trop peu de temps, une expérience suffisamment importante pour composer de manière quasi automatique. Bjorn Lynne, le génie, est probablement révolu. J'espère pourtant encore me laisser surprendre par ses prochains albums, l'avenir me le dira.

Quand cela est-il arrivé ? Probablement aux alentours de l'année 1998. Rappelons que le premier album de Bjorn, pressé à 2000 exemplaires aura mis 7 ans à se vendre. La reconnaissance subite de son oeuvre se situant en 1997, on peut observer avec le recul la métamorphose rapide qui s'est ensuivie. Mais tout artiste qui obtient une certaine renommée est-il voué à une inéluctable régression commerciale ?

Les albums collector

Outre "Hobbits & Spaceships", tiré à 2000 exemplaires en 1992, un certain nombre de cassettes et d'albums collectors ont été produits. On peut mentionner la cassette audio de démonstration de Bjorn de 1991, la cassette des extras de "Hobbits & Spaceships" de 1992, la cassette de la pièce "Brave New Virtual World" de 1994 (composée pour un court-métrage norvégien). Si vous possédez l'une d'entre elle, merci de me contacter dans les plus brefs délais !

De surcroît, Bjorn propose quasiment tous les ans des offres spéciales sur son site Web à l'époque de Noël. Ainsi j'ai pu obtenir en 2001 un "Unreleased Material 1996 - 2000" particulièrement intéressant. Des musiques de jeu, de l'easy-listening, une préversion d'une piste de "Wizard of the Winds" (encore !) mais cette fois-ci chantée ("A Winter Season"), des essais préliminaires de Bjorn à la techno ("Rasdan 3"). Cet album ne sera plus jamais disponible ! L'expérience fut réitérée l'année suivante. On y trouvait une préversion d'une piste de "Return to Witchwood", des remixes de Divinorum, des musiques de jeux... Moins convaincant. Cette année Bjorn propose l'album "Relaxing Campfire" gratuit lors de l'achat de deux de ses albums. Une critique suivra peut-être dans un prochain numéro !

Où se les procurer ?

Fans à la grande époque de Dr. Awesome ou curieux presque convaincus, il vous est possible de télécharger gratuitement et légalement quelques pistes des albums de Bjorn Lynne traités plus haut. Bjorn dispose en effet d'un site officiel dont le contenu est mis à jour par lui-même : www.lynnemusic.com. Il faut noter cependant que tous ses albums n'y figurent pas. Ceux qui ne sont plus disponibles peuvent être quelques fois commandés chez synSONIQ Records, qui n'est autre que le label de Chris Hülsbeck. Généralement, seul "Hobbits And Spaceships" reste totalement introuvable. De plus, certains albums comme "Dreamstate" sont encore en stock chez synSONIQ dans leur version originale, alors qu'ils ont été réédités autrement depuis, ou ne sont disponibles qu'en téléchargement.

Pour les possesseurs de Mac ou PC, de nombreux albums de Bjorn sont disponibles sur l'iTunes Music Store, cependant les tarifs sont totalement honteux - mais il est au moins possible d'écouter de courts extraits de chaque piste.

Annexe : système de notation

1/5 : daube infâme
2/5 : pas totalement inintéressant
3/5 : le bon côtoie le mauvais
4/5 : majorité de bons titres
5/5 : exceptionnel, rien à jeter


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