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Ascension et dégénérescence d'un génie de la demoscene
Bjorn naquit à Oslo en Norvège. Il assista au solfège et rejoignit un orchestre à l'âge de 14 ans, en tant que joueur de clarinette qu'il pratiqua quelques années jusqu'à ce qu'il en ait marre des contraintes d'assiduité et... de s'ennuyer. En 1984, il fit alors l'acquisition de son premier synthétiseur et de son premier ordinateur, un Spectrum 48k équipé d'une interface MIDI. Il commença ainsi à créer des musiques minimalistes. Époque 1, 1987 - 1991 : l'apprentissage par la scène L'année 1987 vit son achat d'un Amiga 500 ! Il poursuivit son apprentissage de la composition et connut pour la première fois des échos positifs de la part de ses amis. On l'incita à se faire connaître, c'est alors qu'il choisit son nom de scène : "Dr. Awesome", plus par rigolade qu'autre chose. C'est ainsi qu'avec des proches amigaïstes programmeurs et graphistes, il créa le groupe "Crusaders" en 1988. Ils diffusèrent alors un nombre important de démos, disquettes musicales et magazines sur disquette. On peut citer par exemple la série des Eurochart, Bacteria, Space Deliria, etc. Pour plus d'informations sur le groupe "Crusaders", rendez-vous sur www.crusaders.no. Sous ce nom, Bjorn composa au fil des années plus de 200 modules Protracker. Bjorn commença à se faire remarquer en dehors de la scène démo proprement dite : on lui demanda de composer la musique du jeu Amiga "Brat" en 1988, son premier emploi payé dans le domaine musical (300 US$). Lui succédèrent en 1990 des jeux tels que "Fantastic Voyage", "Cubulus", "Escape from Colditz", "Project-X" (avec Allister Brimble) et "Qwak". Époque 2, 1991-1995 : l'essence de la demoscene sur CD En 1991, Bjorn passe à la vitesse supérieure, et casse sa tirelire pour se payer un équipement MIDI complet. De nouveaux synthétiseurs, boîtes à rythme, séquenceur Amiga MIDI "Music-X". Il créa sa première cassette audio intitulée "Bjorn Lynne Demo Tape", qui se vendra à 200 unités. Elle est malheureusement trop rare, comme ses cassettes suivantes, pour pouvoir en faire une critique. Dieu sait quels bijoux elle pouvait contenir ! Il fonde en 1991 avec Andrew "Nightshade" Barnabas et Volker "Jester" Tripp (Sanity) le studio "DENS Design", responsable par exemple de la musique des jeux "Aladdin" et "SWIV". 1992 : Hobbits & Spaceships ![]() Cinq des douze pistes de l'album, clairement les meilleures d'ailleurs, sont l'oeuvre de Bjorn. "Dimminuendo", débute tel un blues synthétique et se transforme en pop tonique aux gammes pétillantes. "A New Age" et "Cosmic Winds" sont de véritables trésors pleins d'inspiration de pure musique mi-mélancolique de scène démo. "Space Deliria" n'est plus à présenter ! "Tinuviel" est une piste chantée qui malheureusement ne figure que sur l'édition originale de l'album pour cause de droit d'auteur - il semblerait que les paroles soient issues du "Seigneur des Anneaux". On s'étonne d'obtenir un si bon résultat d'un album produit de manière si "amateur" avec un son si peu "mature"... En allant au-delà des apparences, les mélodies disposent de subtiles variations, de nombreux thèmes différents, d'une vraie poésie et personnalité propre. Bref, un condensé de notre belle époque révolue. Encore plus difficile à dénicher, des cassettes audio de promotion et d'extras ont été vendues à très peu d'exemplaires. Enfin, chacun peut retrouver sur Aminet une promo (exécutable pour Amiga Classic, avec une animation de Tobias Richter) de l'album décrivant son contenu et les moyens de le commander... A l'époque ! Verdict : 4/5 1994 : Montage ![]() Il serait criminel d'occulter les deux pistes majeures de l'album ; de 12 et 8 minutes respectivement, en seconde et avant-dernière positions, "Communion" et "Montage" seront une marque de fabrique de Bjorn Lynne par la suite. On y retrouve en l'occurrence une succession de thèmes brillants qui effectuent des allers et venues, décrivant un large panel d'émotions, immergeant l'auditeur qui croit vivre une véritable épopée. Verdict : 4/5 1995 : Dreamstate Premier album de Bjorn diffusé par une véritable maison de disque ("Centaur Discs"), "Dreamstate" constitue pour beaucoup de fans de Lynne le pinnacle de son oeuvre Demoscene. Une introduction ("All Life is One") très rythmée et chantée, sur fond de synthétiseurs et de voix humaines déformées assez obsédantes, annonce les axes majeurs de l'album. Suivent deux pistes ambient, la première, proche de "Montage", plus new-age, mystérieuse ; la seconde, plus atmosphérique, balayée par le vent, avec une petite touche tribale. "Mania", d'Andrew Barnabas, mêle des sons à la Christopher Franke, avec de la guitare électrique, prélude énergisant à la petite perle qu'est "Digital Phoenix". Un parfum de drame, des choeurs et sons synthétiques à la Allister Brimble dans "Alien Breed", une montée de la tension, et puis, coup fatal, un hors sujet-total avec une mélodie orientale comme catapultée d'un autre monde, qui finalement se fond aux synthétiseurs qui se font de plus en plus oppressants jusqu'à une conclusion jouissive, comme un cri d'agonie synthétique. "Mesmerized" rétablit le calme avec un pur morceau de musique par piste. Suit "Dark Star", un morceau orchestral avec de sublimes variations de thèmes, malgré une première impression de platitude. "Sequences", encore très musique par piste, avec un rythme cassé, précède un "Progress" toujours très demoscenesque. L'album se referme sur un "All Life is One, part 2", toujours chanté, montant progressivement en intensité, et touchant toute personne réceptive par un sentiment de gravité qui la submerge. Ce morceau termine par un thème doux, joué au piano, que l'on retrouvera dans "Witchwood". On notera que de manière analogue à ses prochains albums majeurs, toutes les pistes sont liées. ![]() Verdict : 5/5 Époque 3, 1995-1998 : une professionnalisation réussie Bjorn est engagé par Team 17 pour composer des musiques de jeux vidéo. Il émigre ainsi vers l'Angleterre (Yorkshire) et fait de la musique un travail à temps plein, laissant derrière lui rapidement ses Amiga. Il écrit cette même année la musique de trois jeux : "Alien Breed 3D", "Worms" et "Witchwood". Il travaille toujours pour Team 17 à l'heure actuelle. 1995 : Alien Breed 3D (BO)
![]() Witchwood marque un changement de direction pour Bjorn. L'influence de la scène démo s'amenuise petit à petit, au profit d'un style médiéval-fantastique qui ne cessera de s'accroître avec ses prochains albums. Néanmoins, on ne peut qu'applaudir la capacité du musicien de toucher à plusieurs genres avec tant de talent. En effet, Witchwood restera un des favoris pour tout fan de Lynne de longue date. Comment caractériser cet album en peu de mots ? Frais, vivifiant, profond, varié. Ces deux dernières caractéristiques étant inhérentes à Lynne... A cette époque. On a le droit à une introduction proche de "Montage", assez new-age. Puis les morceaux de "Witchwood" s'articulent autour d'interludes, "The Forest Speaks" (en 5 parties). On notera particulièrement deux pistes moyenâgeuses, "Homeland Farmland" et "The Town of Witchwoode", très légères et entraînantes, mais proposant toujours une évolution et une succession de thèmes formidables, comme Lynne sait le faire. Dans "The Woodlands", les guitares électriques (de vraies guitares !) de Ken Senior donnent un côté plus rock progressif qui se mêle délicieusement aux synthétiseurs new-age et aux mélodies médiévales. D'ailleurs, c'est plutôt dans la deuxième moitié de l'album que cette tendance se confirme. "Recollection", très réussi, emploie un peu à la manière de Dreamstate, un synthétiseur pour simuler la guitare électrique, passant par des phases de grande intensité. L'album s'achève par "Witchwood", morceau chanté dans la première édition de l'album (que je ne possède pas) par Bjorn Lynne lui-même (mal chanté paraît-il), puis par Ken Senior, dans la réédition par le label "Lynnemusic" de Bjorn lui-même, en 1998. Verdict : 5/5 1996 : X2 (BO) ![]() On pourra noter que cet album est sorti sous le label "TRSI Recordz", label consacré à promouvoir les artistes issus de la demoscene. CNCD et Muffler disposent notamment d'un album dans leur catalogue. Verdict : 3/5 L'année 1997 marque une ouverture du champ de création de Bjorn. Il commence en effet l'apprentissage de la guitare électrique, voit s'esquisser un intérêt croissant pour le rock progressif, mais également dans la goa-trance. Sous le pseudonyme Divinorum, il commence à composer quelques titres qui trouveront leur place dans diverses compilations ; il faudra attendre 1999 pour un premier album solo complet sous ce nom. 1997 : The Void ![]() C'est la première fois que Bjorn joue lui-même d'un instrument (en l'occurrence guitare et basse), outre ses synthétiseurs habituels. On ressent réellement sa volonté d'inclure des éléments de rock progressif pour tester ses nouvelles acquisitions. On atteint ainsi une harmonie parfaite entre les éléments synthétiques, le style "musique par piste" et le rock. L'album s'ouvre sur un motif hypnotique de synthétiseur sourd, impulsant une atmosphère de gravité, un gigantisme inquiétant ("Into the Void") puis soudain à 1 minute 50 un gouffre, une dépression nous emporte brutalement, conduite par une puissante guitare électrique rappelant des accords de Mike Oldfield et témoignant de l'urgence d'une situation inextricable ; une lutte s'engage pour la survie mais rien n'y fait. A 6 minutes 20, on croit entendre "There's nothing", puis le voyage se poursuit inexorablement à un rythme frénétique. Cette première piste parvient à tenir en haleine durant 9 minutes tout de même. "Dar Shan" parvient à faire frissonner l'épiderme par ses nombreux changements imprévisibles de thème. A 50 secondes, une mélodie presque enfantine, naïve et criarde surprend. Elle s'habille à 2 minutes de guitares électriques lui conférant enfin une certaine solennité et maturité. A 3 minutes 15, les percussions s'emballent, tels des tambours précédant une mise à mort, introduisant un motif synthétiseur obsessionnel, le point d'exultation en somme, accompagné de la voix de Bjorn (bien qu'on n'en soit pas sûr) chantant "Dar Shan". A 4 minutes 15, rupture brutale et reprise de la mélodie enfantine. Magnifique. "On the Edge ?" témoigne, tout en conservant l'unité thématique et le son de "The Void", de la fusion parfaite des genres atteinte dans l'album. Une mélodie sereine laisse la place à 2 minutes 10 à une rythmique psychédélique, un passage quasi techno en fait. "Signals" quoique disposant de peu de relief, n'ennuie pas un instant, une puissante ligne de basse nous berçant agréablement alors que deux thèmes principaux spatiaux s'alternent paisiblement. "Who Knows" fut initialement composé par Seppo Hurme ; d'ailleurs, le module original est disponible sur Aminet. La réorchestration de Bjorn est de très grande qualité et sert largement le module Protracker, tout en étant à la fois très fidèle. Pas moins de six thèmes se succèdent dans cette piste de 6 minutes 35. Tour à tour, des cordes synthétiques évoquent un espoir hypothétique, une mélancolie de laquelle transparaît cependant une certaine gaieté, et à 3 minutes 50, le paroxysme, le passage le plus saisissant de l'album, qu'on peut rapprocher de "Digital Phoenix". Une minute durant, un accord synthétique prolongé, tel une voix féminine puissante, venant des tripes, par instants distordue ou disloquée, sonne comme une ultime rébellion contre le désespoir. Une minute, c'est court, mais à la fois long pour une exultation. Magistral. "The Nothing", rétrospective en 14 minutes d'un destin tragique, mène l'album à sa conclusion, la paix, le silence absolu et infini. The Void sait allier les genres tout en conservant une unité, rien à voir avec les albums "fourre-tout" des artistes soi-disant complets qui ne parviennent pas à créer leur propre univers sans se répéter inéluctablement. 1997, Bjorn est un grand. Verdict : 5/5 1997 : Seven Kingdoms (BO) ![]() Ainsi, "Win & Lose Themes", "Norman Kingdom", "Norse Kingdom" (sur les 9 pistes au total) contiennent des portions réutilisées quasiment à l'identique dans les albums de 1998 et 1999 de Bjorn, alors que seule l'introduction de "Persian Kingdom" est similaire à celle de l'album ISMS de 1999 également. Le parfum d'aube de l'humanité qui se dégage de "Mayan Kingdom" procure une douce sensation de réveil aux instincts primaires, enivrant sans aliéner. "Persian Kingdom" à la flûte ensorcelante, "Japanese Kingdom" très typique, parviennent également à instaurer un climat réconfortant et dépaysant. Verdict : 4/5 1997 : Decade ![]() L'intérêt de ce CD réside plus particulièrement dans ses 50 minutes de pistes audio, des titres bouche-trou selon Bjorn, qui n'avaient pas été jugés suffisamment bons ou pertinents pour ses autres albums. Ils justifient pourtant largement à eux-seuls le prix du CD. On y trouve en effet une variété et une fraîcheur rarement entendue dans un album de Bjorn, le style "Dr. Awesome" y transparaît en effet nettement. Tantôt plus jazzy ("Blown"), ethnique ("Earthchild"), rock symphonique (la guitare électrique étant jouée par un vrai musicien) "Hyperride 2", les pistes n'en restent pas moins toujours très synthétiseurs, très réminiscentes du style de la demoscene ("Mekanix"). "Bridge to the Universe, part 3", du long de ses 10 minutes, alterne des séquences aériennes et héroïques telle une épopée à multiples rebondissements. Cette piste était d'ailleurs initialement prévue pour "The Void", et est dans la continuité des modules de Bjorn du même nom. "More Than Meets The Eye" conclue brillamment l'album par une succession d'ambiances minimalistes, évoquant une situation irréelle, précaire, d'un drame qui couve, débouchant sur un final de grande intensité, où des cordes montant progressivement en puissance se mêlent aux sons synthétiques, suggérant une précipitation d'une intrigue à l'issue incertaine. Cet album n'est fait que de légèreté, de fraîcheur, de diversité ; on le passe en boucle sans aucun problème. C'est l'hommage de Bjorn à l'ère Amiga. Verdict : 5/5 1998 : Wizard of the Winds ![]() L'album "Wizard of the Winds" reprend donc chronologiquement les phases clefs du livre. Chaque piste est introduite par une narration en anglais, également disponible dans le livret, ce qui permet une certaine immersion dans cet univers de démons et de magiciens sans la nécessité d'avoir lu l'ouvrage complet. Ceci dit, il serait regrettable d'obtenir le livre après l'album puisque la fin de celui-ci est révélée. La musique de Bjorn atteint dans cet album une grande expressivité, à travers des registres plus conventionnels et moins synthétiques, confirmant la tendance de la transformation de Bjorn, sans pour autant y perdre en diversité, en caractère. "Stranger on a Hill, part 1" ouvre l'album sur un solo de guitare acoustique. Aucun synthétiseur ! La quasi-totalité des pistes recèle comme à l'accoutumée de nombreux thèmes qui se succèdent brillamment, pas de platitude ! "Valley of the Clouds" contient au minimum 4 thèmes, dont à 3 minutes un surprenant passage de bravoure qui pourrait figurer dans les Chevaliers du Zodiaque ! Le tout est parfaitement orchestré, à l'aide de synthétiseurs et de guitares cette fois-ci électriques et acoustiques. Mais pas de sons synthétiques. Bjorn s'en tire tout à fait bien pour que son équipement limité ne porte préjudice à son oeuvre, le rendu est excellent pour si peu d'instruments réels. Le moment le plus intense de l'album correspond au moment fort de l'intrigue, "The Battle of Two Stones". Dans un premier temps les armées des démons et des humains se font face, on entend la poussière voler alors qu'on imagine les regards échangés. A 3 minutes se joignent les cuivres lourds menaçant, les percussions militaires, des accords électroniques presque "western". A 4 minutes 20 les guitares électriques entrent en scène alors qu'on imagine la boucherie se dérouler sous nos yeux. Une seconde guitare rejoint la première lorsque l'action est à son apogée, la confrontation au roi démon, évoquant une incroyable violence ainsi qu'un enjeu capital. Bjorn parvient à insuffler une telle émotion à la musique, une telle force, que l'auditeur semble prendre part à la bataille. Verdict : 5/5 1998 : Seven Kingdoms II - The Frythan Wars (BO)
1998 : Worms II (BO)
Époque 4, 1999-2001 : un début de standardisation
![]() Au final, de très bonnes pistes, mais un album difficile à écouter d'un seul bloc. Verdict : 3/5 1999 : ISMS
1999 : Phoenix - Deep Space Resurrection (BO)
L'année 2000 voit la naissance de la fille de Bjorn, Lisa, une responsabilité de plus pour Bjorn qui est alors plus sollicité que jamais. 2000 : Revive ![]() Souvent comparées aux travaux contemporains (années 1990) de Tangerine Dream, mais plus axées sur la guitare, les pistes de "Revive" sont généralement directes, optimistes, revigorantes. Le style est plutôt homogène d'une piste à l'autre ; on pourrait d'ailleurs les imaginer jouées en live par un groupe de rock. On n'est pas moins entraîné par cette déferlante de bonne humeur, de mélodies enjouées. Un bon album en fin de compte, qui tranche avec la profondeur et la diversité à laquelle Bjorn nous a habitués. La note finale pourra être modulée en fonction de la connaissance des morceaux originaux. Verdict : 3/5 2000 : Talisman
2001 : The Gods Awaken ![]() On peut considérer que "The Gods Awaken" se situe stylistiquement à l'interface de "Wizard of the Winds" et "Wolves of the Gods". Si "The Gods Awaken" est plus instrumental que rock, à l'instar de "Wizard of the Winds", ses pistes ne regorgent pas d'une multitude de thèmes s'enchaînant imprévisiblement au grand bonheur de l'auditeur. On ne dénombre ainsi qu'un ou deux thèmes musicaux au sein de chaque piste, ce qui est clairement un retour en arrière, à l'exception du magnifique "Two Kings in Hadinland", d'ailleurs co-écrit avec Ken Senior. Cette dernière piste de 14 minutes est d'ailleurs une des plus belles de tout l'album. Un premier thème symphonique, interrompu à 5 minutes par de puissants riffs de guitare à la limite du rock gothique, reprend à 10 minutes sous une forme mélancolique. Dans de bonnes conditions, il m'a déjà mis la larme à l'oeil. On recense ainsi des introductions impressionnantes ("King Felino and the Slay Ground", à l'orgue, ou "The Dance of Hadin", très ethnique), des pistes minimalistes apaisantes à la flûte ("The Mural", "The Ringmaster"). Le reste de l'album dégage cependant un style un peu trop homogène dans l'ensemble. En effet, "The Sisters of Asper", "Jooli's Song", "Lottyr, Lady of the Hells", "On Conjurer's Seas" dépeignent des fresques enchanteresses. Mais à la structure trop similaire, aux orchestrations qu'on a l'impression d'entendre trop souvent. On a en fin de compte affaire à un écueil classique de la majorité des artistes : le manque de créativité, de remise en question. Bjorn est peut-être un grand multi-instrumentaliste, ce n'est pas en appliquant la même recette à chaque piste qu'on va rendre l'album attractif. Beaucoup de critiques positives émanèrent de cet album ; ceci est concevable pour un public habitué à ce qu'on ne le surprenne pas constamment. De la part de Lynne, se contenter de trouver de bons thèmes, des introductions impressionnantes ne suffit pas. Verdict : 3/5 2001 : Accelerator
Époque 5, 2002-futur : une décadence sans appel 2002 : Colony ![]() Malheureusement, au lieu d'un retour aux sources, "Colony" apparaît davantage comme une transcription de son travail médiéval-fantastique au monde de la science-fiction. Les similitudes sont réellement frappantes avec "The Gods Awaken" : "Mind of the Visionary", "Faces of Fatality" et "One Step to Paradise" (cumulant 18 minutes 30) semblent quasiment soeurs jumelles avec des pistes telles que "The Sisters of Asper" ou "The Return of Safar Timura". A savoir, des pistes relativement homogènes à la guitare électrique prépondérante, aux mélodies redondantes, à structures simples. Pire encore, Bjorn semble s'être contenté la plupart du temps d'adjoindre quelques sonorités évocatrices de "The Void" à une maquette de "The Gods Awaken". Quelques pistes sortent tout de même du lot et sont fort appréciables. On notera en particulier un "Hyperdrive Stimuli" vibrant, résonnant, sans lourdeur, saupoudré d'effets sonores old-school. "Neuralnet", sans usage de guitare, se démarque par son atmosphère technologique. "Endless Possibilities" serait bon, si après une introduction sombre à la Evita, et une accélération à la limite de la trance, il ne se transformait pas subitement à la troisième minute, certes temporairement, en "On Conjurer's Seas" (toujours l'influence "The Gods Awaken"). Sans être un mauvais album, Colony n'est en rien exceptionnel, ce à quoi Bjorn Lynne nous avait habitués jusque-là. Il conviendra probablement aux amateurs de rock symphonique, ou plus généralement, à ceux n'ayant pas encore découvert la trilogie des Timuras. Verdict : 3/5 2003 : Return to Witchwood ![]() "Return to Witchwood" parvient-il cependant au niveau de son aîné ? Probablement pas, le premier frisant l'excellence ; le petit dernier respire néanmoins la sérénité. Enfin, un album apaisant, agréable à écouter après une fin de trilogie particulièrement exubérante, éprouvante. La magie, la féerie perce à travers "Spellcraft", "Mystery Forest" ; la fraîcheur du matin dans "On the Morrow of Today", le mystère avec "The Alchemist"... Des titres à facette unique, faciles à cerner, sans surprise, mais tout à fait agréables. Un réconfort. Verdict : 4/5 2003 : Power Liquids
2004 : Statement ![]() Un fourre-tout lamentable indigne de Bjorn Lynne. Bjorn serait-il attiré par l'appât du gain avec cette coopération-prétexte qui ne lui a vraisemblablement pas nécessité beaucoup d'efforts ? L'oubli de la section "feedback" sur la page dédiée à l'album n'est certainement pas un hasard. Verdict : 1/5 Soothe, et la tentation commerciale ![]() Quand cela est-il arrivé ? Probablement aux alentours de l'année 1998. Rappelons que le premier album de Bjorn, pressé à 2000 exemplaires aura mis 7 ans à se vendre. La reconnaissance subite de son oeuvre se situant en 1997, on peut observer avec le recul la métamorphose rapide qui s'est ensuivie. Mais tout artiste qui obtient une certaine renommée est-il voué à une inéluctable régression commerciale ? Les albums collector Outre "Hobbits & Spaceships", tiré à 2000 exemplaires en 1992, un certain nombre de cassettes et d'albums collectors ont été produits. On peut mentionner la cassette audio de démonstration de Bjorn de 1991, la cassette des extras de "Hobbits & Spaceships" de 1992, la cassette de la pièce "Brave New Virtual World" de 1994 (composée pour un court-métrage norvégien). Si vous possédez l'une d'entre elle, merci de me contacter dans les plus brefs délais ! De surcroît, Bjorn propose quasiment tous les ans des offres spéciales sur son site Web à l'époque de Noël. Ainsi j'ai pu obtenir en 2001 un "Unreleased Material 1996 - 2000" particulièrement intéressant. Des musiques de jeu, de l'easy-listening, une préversion d'une piste de "Wizard of the Winds" (encore !) mais cette fois-ci chantée ("A Winter Season"), des essais préliminaires de Bjorn à la techno ("Rasdan 3"). Cet album ne sera plus jamais disponible ! L'expérience fut réitérée l'année suivante. On y trouvait une préversion d'une piste de "Return to Witchwood", des remixes de Divinorum, des musiques de jeux... Moins convaincant. Cette année Bjorn propose l'album "Relaxing Campfire" gratuit lors de l'achat de deux de ses albums. Une critique suivra peut-être dans un prochain numéro ! Où se les procurer ? Fans à la grande époque de Dr. Awesome ou curieux presque convaincus, il vous est possible de télécharger gratuitement et légalement quelques pistes des albums de Bjorn Lynne traités plus haut. Bjorn dispose en effet d'un site officiel dont le contenu est mis à jour par lui-même : www.lynnemusic.com. Il faut noter cependant que tous ses albums n'y figurent pas. Ceux qui ne sont plus disponibles peuvent être quelques fois commandés chez synSONIQ Records, qui n'est autre que le label de Chris Hülsbeck. Généralement, seul "Hobbits And Spaceships" reste totalement introuvable. De plus, certains albums comme "Dreamstate" sont encore en stock chez synSONIQ dans leur version originale, alors qu'ils ont été réédités autrement depuis, ou ne sont disponibles qu'en téléchargement. Pour les possesseurs de Mac ou PC, de nombreux albums de Bjorn sont disponibles sur l'iTunes Music Store, cependant les tarifs sont totalement honteux - mais il est au moins possible d'écouter de courts extraits de chaque piste. Annexe : système de notation 1/5 : daube infâme 2/5 : pas totalement inintéressant 3/5 : le bon côtoie le mauvais 4/5 : majorité de bons titres 5/5 : exceptionnel, rien à jeter
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