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Si d'aventure vous vous retrouvez au Japon, j'espère que ce qui va suivre vous incitera à aller rencontrer les amigaïstes japonais, malgré l'obstacle de la langue. J'ai moi-même travaillé au Japon pendant quelque temps (1991-1992) et j'en ai ramené une tonne de très bons souvenirs, mais comme ceux-ci commençaient à dater un peu, un ami japonais, Tatsuo, amigaïste émérite et fanatique, a pris sur ses heures de sommeil pour collecter le maximum d'informations dans les boutiques et magazines d'informatiques japonais. Tous les renseignements énumérés ci-dessous m'ont été transmis directement du Japon par fax le 9 décembre dernier par Tatsuo lui-même, et revérifiés d'après des magazines achetés le jour même. Garantie fraîcheur maximale donc ! L'Amiga est-il connu au Japon ? Pratiquement pas ! Au Japon, les micros les plus populaires sont :
L'Amiga a juste droit à une place dans la catégorie "divers". Pourtant, grâce au succès foudroyant d'une émission TV pour les enfants, "Ugougo-ruuga", l'Amiga devient de plus en plus connu. On peut trouver, dans les magazines japonais pour Macintosh de nombreuses publicités de boutiques qui vendent des produits Mac et Amiga (de cette façon, les utilisateurs de Mac qui lisent ces canards peuvent au moins vaguement connaître l'existence d'une drôle de petite bécane nommée Amiga...). Au Japon, l'Amiga est principalement considéré comme un outil de création vidéo professionnelle à un prix abordable (comparé aux Silicon Graphics !). Beaucoup d'amigaïstes possèdent un Video Toaster (NewTek) et ont dopé leur bécane à coup de cartes accélératrices 68030 ou 68040. Quelquefois, on entend dire qu'un Amiga sans Toaster est juste bon pour la casse : c'est, bien sûr, ce que disent la majorité des gens qui n'ont jamais utilisé d'Amiga. Un peu comme en Europe, où bon nombre d'amigaïstes ne se servent de leur bécane que pour jouer, ce qui a valu à l'Amiga la réputation que l'on sait. Il est aussi très difficile de trouver au Japon des renseignements techniques sur le matériel et la programmation de l'Amiga, particulièrement pour ceux qui répugnent à lire l'anglais (tiens tiens, des anglophobes pathologiques, il y en a partout !). A cause de ça, il n'y a que très peu de logiciels développés au Japon pour l'Amiga, et aucun produit matériel. L'importateur "officiel" de tous les produits Commodore au Japon s'appelle MIQ. Tout le monde est du même avis pour dire que MIQ est "aussi" dynamique que Commodore dans les efforts qu'il fait pour promouvoir l'Amiga (humour noir). D'après MIQ, environ 10 000 Amiga auraient été livrés au Japon. Apple a dépassé les 500 000 unités de ses ordinateurs Macintosh ici, et ceux-ci représentent 8% du marché, vous pouvez donc calculer la part que représente l'Amiga [MIQ Japan, SIT Nishi-Shinjuku building, 4-7-1 Nishi-Shinjuku, Shin-jukuku, Tokyo 160, Tél : 03-3299-7377]. Je me rappelle y être moi-même allé, et m'être retrouvé devant la porte close (fermé !) d'un magasin grand comme un mouchoir de poche et presque introuvable tant il était (et est toujours) mal placé. Au fait, combien ça coûte un Amiga là-bas ? Il y a deux ans, en 1991, un A500 coûtait 500 000 yens (2000 FF) et un A2000 2 000 000 yens (plus de 8000 FF). Depuis, les prix ont dû beaucoup chuter. A noter que l'on y trouve tous les modèles d'Amiga, A4000 et CDTV compris (je ne sais pas pour la CD32). Émissions TV faites avec des Amiga N'oublions pas que c'est ce qui fait la popularité croissante de l'Amiga au Japon ! Les émissions qui l'utilisent de manière intensive sont :
Bien que NHK diffuse en ce moment une émission, "Terebikun" (Monsieur Télé) qui ressemble à s'y méprendre à Ugougo-ruuga, on ne peut pas dire si elle est également 100% réalisée sur Amiga, ou bien s'ils utilisent des Silicon Graphics juste pour émuler les graphismes simples d'Ugougo ! Dans ces émissions, l'Amiga est principalement utilisé quand une animation interactive en temps réel est nécessaire, par exemple dans une conversation entre un vrai humain et une personne en image de synthèse, et non pas pour générer des graphismes de qualité photo. On dit même que certains personnages de synthèse de Ugougo-ruuga auraient des origines françaises... certainement à cause du prestige qu'a la France (cuisine, cosmétiques, mode) auprès des Japonais. L'Amiga et les magazines japonais On peut trouver un article dans le mensuel "The BASIC", écrit par M. Takao Momozono, qui tient également une (minuscule) boutique Amiga appelée "Pineapple" dans le quartier d'Ochanomizu à Tokyo. On dit que c'est un musicien et l'auteur du livre "Amiga Paradise". Le contenu de ses articles parle surtout de nouveaux produits pour Amiga. Les autres magazines comportant régulièrement des articles parlant de l'Amiga sont :
Les magazines étrangers que l'on peut trouver sur les présentoirs à Akihabara et Ochanomizu (les deux quartiers ultra-"computer" de Tokyo) sont :
Comme vous le savez, le Japon utilise pour l'écriture toute une pelletée de hiéroglyphes, la plus grosse part (quelque 50 000) étant formée des "kanji" empruntés aux chinois. Une telle quantité de caractères est nettement plus complexe à gérer et à afficher qu'une bête police ASCII, aussi le matériel (implantation en ROM) et le système des ordinateurs nippons sont développés ad hoc. Si nombre de sous sont disponibles pour PC-98, Mac (je possède un Finder en japonais dont vous me diriez des nouvelles) et même PC sous MS-DOS (NJStar, Hemacs, etc.), très peu (et de piètre qualité pour la plupart) ont été fait exprès pour notre Amiga. Il faut ajouter que trois "standards" au moins se disputent la façon d'écrire les fichiers en kanji : les systèmes JIS, SJIS et EUC, bien sûr incompatibles entre eux. Pour passer de l'un à l'autre, il faut utiliser des programmes de conversion (bêtes "look-up tables"). A notre connaissance, il n'existe aucun logiciel commercial pour Amiga utilisant les kanji, à part ANS (Amiga Nihon-go System) qui est fourni d'office par l'importateur MIQ avec chaque Amiga vendu par un revendeur "officiel" agréé MIQ (je dis ça car il y en a beaucoup de "non autorisés" à cause de la réputation de MIQ). ANS a été originellement développé par M. Obayashi de chez Technode, Ltd. Exemple de Workbench en japonais datant de 1997 J'ai moi-même acquis ANS au Japon (coût 20 000 yens soit environ 900 FF) et l'ai installé sur ma bécane. ANS se compose de deux disquettes et d'un manuel entièrement en japonais que j'attends toujours après deux ans... Le script automatique d'installation est (heureusement) en anglais. 1 Mo de mémoire est nécessaire, 2 Mo ou plus et processeur 68020+ sont recommandés. Sur ces disquettes se trouvent des petits programmes comme JOutput (le programme principal de traduction de code) et JInput (caractères Romaji pour claviers américains). ANS est en fait un "front-end patch", c'est-à-dire qu'il détourne la police Topaz 8 du Workbench et utilise sa propre police de kanji. Les menus du Workbench sont également modifiés et ont été traduits en japonais. De fait, les noms des fichiers, des fenêtres, des commandes, des menus, et même des disques peuvent être affichés en caractères japonais. Jugez plutôt : deux polices de taille 12 et 24 points sont proposées avec ANS. La 12 points est vraiment hideuse et presque illisible, car les kanji sont composés d'une multitude de petits traits qui deviennent indiscernables avec si peu de points, même pour les japonais. La 24 points, elle, est très jolie mais énorme et gourmande en mémoire (comptez 2 Mo mini sinon Guru). Des scripts permettent également de changer les menus de vos autres programmes (comme Deluxe Paint), ce qui revient en fait à modifier les menus d'origine et à les remplacer par leur équivalent dûment traduit en japonais. Un émulateur de terminal kanji (PCJ) et un éditeur (XED) sont également fournis. XED est un des seuls pseudo traitements de texte en kanji pour Amiga (je dis "pseudo" car il est très très limité) et de plus il est complètement bogué (moi en tout cas j'ai plus souvent planté mon Amiga en utilisant XED qu'avec Deluxe Music v1, c'est tout dire !). Ses menus sont entièrement en japonais. Avec XED, vous pouvez soit sauver le fichier en tant qu'image IFF, soit en texte au format JIS. La qualité de ces polices kanji est loin derrière celle rencontrée avec les polices PostScript gérées sur Macintosh. La contrepartie de ce "front-end patch" est qu'il ralentit considérablement le système, puisqu'il faut d'abord "détourner" les routines d'affichage pour piocher dans la police kanji au lieu de la police Topaz. C'est une horreur. De plus, les menus du Workbench sont affichés avec la police 12 points, ce qui les rend quasi illisibles : essayez de reconnaître le menu "Icons". Les autres logiciels disponibles Tous les autres, sans exception, ont été programmés par des gens comme vous et moi qui en ont eu vite ras-le-citron de l'ignoble ANS. J'en ai glané quelques-uns çà et là, en gratuiciel ou partagiciel. DaiGoKai est également un "front-end patch" comme ANS, mais sans commune mesure. La partie ASCII de la police a gardé l'aspect de la Topaz 8 (du Workbench 1.3), ce qui fait que les menus et autres textes "non-kanji" gardent leur aspect initial. Il est assez rapide, invisible (pas besoin de le démarrer comme avec ANS) et on peut le relancer et l'enlever à volonté. Il n'y a pas d'éditeur fourni avec cependant (il ne sait qu'afficher les kanji) et il ne modifie pas les menus automatiquement. Une rumeur circule comme quoi il serait bientôt disponible en version commerciale. JMore est un visualisateur de fichiers kanji uniquement. Il se comporte comme More et ne modifie pas la police système : de fait, les écrans ne sont pas perturbés. Il ouvre son propre écran et utilise sa propre police, qui est en fait composée d'une myriade (plus de 80 !) de petites polices qu'il ouvre et ferme selon les kanji qu'il rencontre dans le fichier à afficher. C'est celui que j'utilise le plus souvent, j'ai même un gadget "JMore" sous Directory Opus. Comme logiciels 100% made in Japan, on peut encore citer AKTerm (terminal kanji), AKType (visualisateur comme JMore), AKEds (éditeur simple), NG (version japonaise de MG, appelée précédemment Micro GNU Emacs), RDS-Maker (générateur d'images holographiques), etc. que je n'ai hélas pas testés. Les livres et BBS japonais dédiés à l'Amiga Livres en japonais (je donne aussi leur numéro d'édition) :
La plupart sont regroupés autour de Tokyo. Il faut distinguer les revendeurs "officiels" (inscrits auprès de MIQ) et les "sauvages" qui ne passent pas par MIQ et peuvent proposer des prix nettement meilleurs. Boutiques Amiga aux alentours de Tokyo Ces trois trois premiers distribuaient déjà l'Amiga bien avant MIQ :
Pas besoin d'être un grand devin pour voir que l'Amiga est distillé à doses homéopathiques au Japon. Grâce à ses incroyables performances vidéo pour un prix dérisoire, il commence à être enfin reconnu et à se faire une place. Comme presque partout, sa survie repose essentiellement sur la passion d'une poignée de fanatiques qui cherchent à le faire connaître autour d'eux. J'ai posé une fois la question à mon ami Tatsuo (qui possède un A500 "modifié" A600, une carte SCSI faite maison et des cartes au format A2000 également retouchées main) : "Pourquoi avoir choisi l'Amiga, si peu représenté au Japon, si méconnu, relativement cher, pour lequel il faut se battre tous les jours pour trouver logiciels et documentations, au lieu d'un NEC PC ?". Et il m'a répondu : "With Amiga, I really have fun" (avec l'Amiga, je m'amuse vraiment). En un mot : mort aux autres bécanes et vive l'Amiga ! La sagesse nippone vaut bien la nôtre...
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