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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Reportage : L'Amiga à la télé (chez TLT)
(Article écrit par un auteur inconnu et extrait d'Amiga News - janvier 1995)
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Si l'Amiga est bien implanté dans le milieu de la vidéo, c'est souvent en tant que
générateur de caractères "low-cost". Mais lorsqu'une chaîne locale prend le pari de réaliser
la quasi-totalité de son habillage sur cette machine, que ce soit en direct comme en post-production,
on est en droit de s'interroger sur le bien-fondé d'une telle option...
En préambule
La constatation qui s'impose est que la quasi-totalité des stations infographiques "sérieuses"
présentes en audiovisuel sont des machines dédiées. La plus connue d'entre elles,
la PaintBox de Quantel qui existe aujourd'hui dans plusieurs versions, domine le marché. Même
si les prix baissent peu à peu, il faut avouer que ce type d'appareil reste difficilement
accessible aux structures légères. Dès lors, on peut légitimement se demander pourquoi à peu
près tous les constructeurs présents dans le milieu de la vidéo ont créé leur propre palette
graphique, parfois couplée à un générateur d'effets numériques : Getris images, GVG, Sony ou
feu Ampex... Les prix variant de quelques centaines de milliers à un, voire plusieurs
millions de francs.
En fait, tout part du principe qu'une entreprise s'équipera plus
facilement du matériel le mieux compatible avec ses propres moyens de post-production : le
matériel de la même marque ! Sachez aussi que pour beaucoup de ces stations l'interface
utilisateur est gérée par un PC, les circuits d'affichage et la mémoire de masse résidant
dans des boîtiers séparés, très beaux racks au milieu des magnétos Beta, BVU ou MII. Rien à
voir donc avec notre petit Amiga à l'aspect micro à moins de 50 000 FF avec son genlock. Pourtant,
à Toulouse, la télé locale a jeté son dévolu sur l'Amiga.
Et pas n'importe quelle télévision locale, puisque TLT fut la première en France : sa
première émission eut lieu le 7 avril 1988 exactement... Il va sans dire que depuis ce jour,
les programmes ont évolué, pour aboutir aujourd'hui à deux heures de direct quotidien. On y
trouve un journal, bien sûr, mais aussi un "talk show" quotidien traitant de problèmes propres
aux toulousains et environs. Les sports ont aussi leur place, de même que les loisirs et le
cinéma en fin de semaine. Le restant de la journée est occupé par des rediffusions de la
veille, ainsi que par un programme d'accompagnement nommé Infoplus (petites annonces, clips,
présentations de films et spectacles...) en grande partie réalisé sur Amiga.
Un rôle à part entière
Bizarrement, l'Amiga n'est entré que relativement récemment au sein de TLT, il y a trois
ans. Un A2500 équipé d'un genlock GST 2500 sert à fabriquer Infoplus. Pour ce faire, Bertrand
Maria, l'infographiste attitré, filme à l'aide d'un banc-titre les photos des petites
annonces, puis tape leur texte à l'aide de Scala ; les deux éléments sont ensuite assemblés à
l'aide d'un mélangeur image. Le GST permet d'incruster le texte par-dessus la vidéo, tout en
profitant des effets de transition de Scala pour passer d'une page de texte à l'autre.
Évidemment, le 2500 étant limité à 16 couleurs simultanées (le pauvre tourne sous Workbench 1.3...)
en haute résolution avec suraffichage, son utilisation dans ce cas revient à un générateur de
caractères. Mais la souplesse d'utilisation légendaire de l'Amiga permet une mise en place
extrêmement rapide des pages-écran. C'est pourquoi cette solution reste préférée à un
environnement plus lourd. L'enregistrement final de la vidéo se fait en Betacam SP, le format
universellement utilisé en vidéo Broadcast. Puis cette cassette est diffusée automatiquement
par un robot qui évite d'avoir en permanence un opérateur surveillant l'antenne...
Revenons quelques instants sur la résolution utilisée : dans tous les cas c'est la
résolution vidéo PAL, 736x580. En fait, une utilisation Broadcast nécessite un alignement par
rapport aux autres sources. Et c'est là un des points les plus importants de l'Amiga que
d'avoir permis dès le début d'afficher cette résolution grâce au suraffichage (overscan). Cela explique
aussi le fait que l'on voit si peu de PC ou de Mac dans une régie. La facilité de "genlockage"
de l'Amiga a donc été décisive. Les modes inférieurs (320x256, 320x512) sont donc prohibés
dans ce domaine, où la finesse de l'enregistrement Beta retranscrit fidèlement le moindre
défaut. Le problème est, dans ce cas, la vitesse d'animation qui devient vite problématique
si l'on ne dispose pas de système d'enregistrement image par image, comme l'Abekas A60 ou...
la carte PAR. Mais nous y reviendrons.
Les virgules d'enchaînement furent réalisées sur Scala MM300, à l'aide de l'A3000 qui trône
depuis trois ans en régie. Celui-ci joue un rôle important pendant le direct du soir, puisque
c'est lui qui "habille" les incrustations diverses (nom des protagonistes, lieux de l'action
ou signature des reportages) qui, elles sont fabriquées par un générateur de caractères dédié.
Eh oui, quoi qu'on en dise, la résolution de ces machines, et surtout leur anticrénelage,
sont préférées à l'Amiga. Il faut dire aussi qu'elles sont sollicitées en permanence par les
scripts qui doivent pendant l'après-midi taper les textes demandés, et élaborer le conducteur
du jour (planning minuté à la seconde près de l'émission). L'Amiga est, quant à lui, fort
occupé durant ce temps, puisqu'il sert avant tout de palette graphique. En effet, les
journalistes ont souvent besoin d'une carte ou d'un graphique pour étayer leurs propos :
Deluxe Paint est là. Indétrônable de par son ergonomie, c'est lui qui s'occupe de toutes les tâches
sus-décrites, épaulé depuis juin par Scala MM300.
C'est avant tout la simplicité - souvent gage d'efficacité - qui prime dans ces cas-là.
D'ailleurs, il serait bien souvent difficile de fignoler au pixel près ses écrans lorsque
leur temps de conception est plus proche des cinq minutes que de la journée ! Selon l'habitude
dans le milieu de la vidéo, le travail est la plupart du temps à rendre pour la veille,
dernier délai. Heureusement, Scala et ses fonds d'écran ont permis plus d'une fois d'atténuer
la sécheresse d'un tableau statistique sur le trafic Toulousain en centre-ville de mai à juin
1994... De plus, depuis trois ans bon nombre de petits graphismes divers se sont accumulés
sur le disque dur, permettant là encore une mise en page plus attrayante.
Pour en revenir à des considérations plus techniques, l'A3000 est transféré en vidéo à l'aide d'un genlock MSP
3400 de SATV, qui fut longtemps une référence en matière de qualité. Notons que
l'incrustation de l'Amiga sur l'image se fait directement à partir du mélangeur central :
cette console permet au réalisateur de commuter à l'antenne telle ou telle caméra (il y en a
six sur le plateau), tel magnétoscope ou bien sûr l'Amiga. Pour ce faire, le MSP délivre un
signal dit "de découpe" (ou Key) qui reprend celui de l'Amiga, mais en noir et blanc. Ainsi,
le mélangeur remplace le noir de l'image par la vidéo, et le blanc par l'image Amiga (en
schématisant, la réalité est un tantinet plus compliquée).
Le logo de l'émission "Tous les
jours c'est l'info" provient donc de l'Amiga, ainsi que différents messages : numéros de
téléphone, informations diverses. Ces pages sont tout simplement stockées sous la forme d'une
animation Deluxe Paint, et l'infographiste n'a qu'à choisir le bon cadre au bon moment. Ce choix
s'effectue la plupart du temps hors antenne. La page de brouillon de Deluxe Paint permet d'avoir en
permanence la page la plus usitée sous la main (en l'occurrence le logo) par une simple
pression sur la touche "j".
Un partenaire indispensable
Ces applications pourraient présenter un intérêt plus que relatif dans un cadre normal,
mais il faut insister sur le fait que ces manipulations s'effectuent en direct total ; lors de
débats agités, le réalisateur peut à tout moment commander une page spéciale, ce qui demande
une synchronisation parfaite entre celui-ci, l'infographiste et la scripte. La moindre erreur
de manip' se solderait par l'apparition d'un magnifique requête "Aller au cadre n°..."
devant plusieurs milliers de spectateurs (ils sont à peu près 360 000 par semaine) !
Mais la vocation primaire de l'A3000 est la conception des cartes météo... Eh oui, grâce à
l'Amiga, il suffit de quelques minutes pour réaliser la météo du jour : les quatre cartes qui
la composent sont chargées sous Deluxe Paint, puis en page de brouillon est chargée la planche
contenant les petits nuages. Un excellent exercice de gestion de palette, puisque icônes,
cartes et températures doivent tenir en 16 couleurs... en attendant un système d'affichage
plus puissant... Tous les jours, vers 17 heures, les prévisions de Météo France parviennent à
TLT sous la forme d'un fax. Il est amusant de constater que suivant la période de l'année,
ceux-ci se révèlent plus ou moins laconiques. Les prévisions d'été demandent souvent une
interprétation poussée de la part de l'infographiste lorsqu'il se retrouve en face de trois
lignes de texte et des températures fantaisistes...
Il arrive aussi que des publicités ne puissent être réalisées autrement qu'en infographie ;
ici encore, le couple Deluxe Paint/Scala MM300 est sollicité. La nécessité de travailler en haute
résolution interdit l'utilisation de la 3D dans ces cas précis. De plus, les budgets alloués
(qui n'ont pas grand-chose à voir avec ceux des chaînes nationales, il faut le souligner)
obligent à travailler rapidement, pour produire plus. Ne perdez pas de vue que TLT est une
chaîne privée, qui ne vit presque que de la publicité.
On ne peut plus s'en passer
Mais il est un domaine oû l'Amiga donne sa pleine mesure, c'est la création de génériques
et virgules diverses. Pour ce faire, un 4000/040 équipé de 14 Mo de mémoire et d'un disque dur de
340 Mo est accouplé (si vous faites un petit, gardez-m'en un !) à la station graphique MSP
9000 de SATV. On rentre ici dans le domaine des poids lourds. En effet, ce duo de choc a
permis la réalisation de l'habillage du 19/20 quotidien par Fabienne Kaufinger, Laurent
Azéma ainsi que moi-même (ça y est, je suis démasqué).
Le MSP, outre son excellente qualité
de sortie, a entraîné l'utilisation de TVPaint 2.0 et la numérisation en 24 bits temps réel.
Et bravo à SATV, car la vitesse de travail est assez impressionnante. Le rendu en 32 bits
permet une incrustation parfaite sur la vidéo (en YUV, s'il vous plaît). Mais surtout, c'est
la gestion de la transparence qui permet des effets intéressants. Par exemple, les lettrages
s'ornent de dégradés parfaits semi-transparents. Ces génériques sont donc une combinaison de
Deluxe Paint, Scala MM300, TVPaint 2.0 et Real3D. Deluxe Paint ? En effet, au début de certains d'entre eux,
un effet d'explosion de lettres nécessitait une animation d'une fluidité irréprochable... en
780x576. Heureusement, quatre couleurs suffisaient. L'animation a ensuite été convertie en Anim8L
grâce à AnimLab, l'utilitaire de conversion de Scala, puis relue par celui-ci à 50
images/secondes.
Par contre, le générique principal (tous les jours c'est l'info) consiste en un
enchaînement ininterrompu d'images retravaillées par TVPaint et ses opérators. Ici, ces
images furent numérisées, traitées puis enregistrées une à une en Beta SP. La qualité
demandée rendait impossible toute relecture en temps réel depuis l'Amiga (car l'AGA n'est pas
un foudre de guerre...).
La 3D...
La 3D est intervenue quant à elle, dans le générique de l'émission d'humour "Fiel ma Télé",
animée par les Chevaliers du Fiel, un duo de comiques. Notons que les musiques de l'émission
sont réalisées par Francis Ginibre, l'un des deux protagonistes, à l'aide de synthétiseurs et...
d'un Amiga équipé de Studio 24. Décidément, elle est partout c'te machine !
Pour en revenir au
générique principal, deux téléviseurs "vintage" ont été modélisés sur Real, puis incrustés
sur la vidéo. Ils servaient en fait de masques à des fenêtres créées par un générateur
d'effet, ce qui a permis de montrer deux parties du corps d'un personnage dissociées l'une de
l'autre. Grâce au canal alpha du MSP, l'incrustation est invisible. Pour un faux jingle
météo parodiant le fameux "Darty", une autre des facultés intéressantes du MSP 9000 a été
utilisée. En effet, une tour Eiffel plutôt schématique et son environnement ont été modélisés
sur Real, puis affichés en 24 bits sur TVPaint. Puis (merci le multitâche !) une petite
camionnette a été animée sur Real pour donner l'impression de traverser l'écran et de se
krasher sur le bord droit du téléviseur. Grâce à la combinaison simultanée des deux plans, la
séquence a pu être enregistrée en temps réel, l'animation proprement dite ne se déroulant que
sur une portion d'écran. La vitesse d'affichage était donc suffisante.
Tout n'est pas rose
C'est finalement là le gros défaut remarqué de l'Amiga, pourtant rattrapé par sa souplesse
et sa polyvalence. En effet, dans le milieu de la vidéo Broadcast, on est plutôt habitué à
disposer d'une machine par fonction, ce qui remplit vite une régie : mélangeur, générateur
d'effets, voies de contrôle diverses et autres éditeurs de montage... C'est donc avec une
certaine méfiance que l'on a vu arriver une machine qui se targuait à la fois de faire office
de palette graphique, de générateur de caractère ou de station 3D.
Mais on a dû se rendre à
l'évidence : l'Amiga fait tout cela, et même plus. Il est devenu aujourd'hui incontournable
pour habiller les magazines de la chaîne. Grâce à des programmes comme TVPaint, on arrive à
une qualité et à une versatilité proches d'une PaintBox Junior, pour le quart du prix
(sachant que la PaintBox Jr n'anime pas, elle !). Bien qu'un défaut soit apparu au fur et à
mesure de l'utilisation de TVPaint : l'absence de gestion directe des polices vectorielles...
Défaut allègrement effacé par la version 3.0 du logiciel, que l'on espère à Télé-Toulouse
pour bientôt.
Conclusion
Il faut souligner que TLT est une structure légère. A ce titre, les investissements
matériels importants sont étudiés avec soin (le couple A4000 + MSP 9000 représente environ 50 000 FF,
tout de même). Le choix de l'Amiga en tant que station infographique s'est fait
de manière naturelle, principalement en fonction du coût. Mais on ne s'aventurait pas en
terrain inconnu, puisque le responsable technique de la chaîne possédait lui-même un A500 à
l'époque de l'achat du 3000. Reste à savoir si cette fidélité envers l'Amiga restera de mise :
la balle est dans le camp du repreneur de Commodore.
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