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L'Amiga 500 attaque fort, très fort, l'Atari ST : technologie similaire, prix équivalent, aspect très proche... et performances indéniables. Serait-il l'arme absolue qui permettra à Commodore de reprendre position sur le marché ? Fin de carrière peu glorieuse pour l'Amiga 1000. Remplacé par deux nouvelles machines, cet ordinateur était trop cher... ou pas assez. Incapable de concurrencer directement les ST d'Atari, l'Amiga n'a pu s'imposer sur les marchés professionnels du fait d'un positionnement peu clair. Toutefois, le solde de cette "expérience" n'est pas seulement négatif. L'Amiga 1000 a démontré qu'imposer un ordinateur sur les deux marchés (familial et professionnel) s'avère pratiquement impossible. Second apport du relatif échec de cette machine : la preuve que l'aspect marketing a de plus en plus d'importance en informatique familiale. De nombreux acheteurs, face à la situation peu sécurisante de Commodore, se sont tournés vers les Atari moins performants et à peine moins coûteux, mais plus présents d'un point de vue commercial. Tirant parti des leçons de l'échec de l'Amiga 1000, Commodore propose désormais deux évolutions de cette machine : l'Amiga 2000 (un ordinateur haut de gamme) et l'Amiga 500. La nouvelle arme de Commodore Présentement testé, ce dernier attaque directement les Atari 520ST et 1040ST sur leur terrain. Arme de la reconquête et symbole du redressement de Commodore. l'Amiga 500 se présente comme la machine de demain. Livrable avec ou sans écran, il est structuré autour d'un 68000 cadencé à 7,16 MHz. L'Amiga 500 Aspect moderne Première surprise : l'aspect. Reprenant l'organisation spatiale des Atari ST, l'Amiga 500 se présente en un seul bloc relativement compact et d'un modernisme fort agréable. Encastré sur le boîtier, le clavier mécanique possède une organisation rationnelle des touches. Séparé entre différentes zones, il offre dix touches de fonction, un pavé numérique type PC et compatibles (avec "PgUp", "PgDown" et autres) et un pavé de déplacement du curseur. Le toucher agréable, complété par un guidage fort précis des touches, permet de taper rapidement. Notons aussi le remplacement de la touche "Amiga" ouverte par une touche "Commodore". Serait-ce un avant-goût de l'émulateur C64 ? Sur le côté droit de l'ordinateur, nous trouvons un lecteur de disquette au format 3,5" d'une capacité de 880 ko formaté. Comme celui de l'Amiga 1000, ce lecteur a la désagréable habitude d'émettre des sons bizarres qui ne manqueront pas d'inquiéter l'utilisateur... Le côté droit Le côté gauche De fabrication très propre, cette dernière est en Epoxy double face à trous métallisé. L'implantation des composants y est relativement aérée et réserve plusieurs surprises. Tout d'abord la présence de 256 ko de mémoire contenant le Kickstart. Ensuite, l'apparition d'un nouveau circuit intégré, le Fat Agnus. Dérivé de l'Agnus contenu dans l'Amiga 1000, ce circuit prend en charge les tracés de segments, les animations, etc. Plus puissant que son ancêtre, il est un facteur essentiel de la réduction des coûts de fabrication de l'Amiga 500. En effet, il remplace de nombreux circuits qu'il fallait auparavant implanter sur la carte mère. L'inexistence de rajouts tels que straps côté cuivre du circuit imprimé ou composants soudés en l'air laisse présager une longue mise au point, gage d'une bonne fiabilité. Notons tout de même que l'assemblage de l'ensemble, limitant fortement le nombre de vis, ne semble pas des plus robustes. Cependant, il ne devrait pas poser de problème en cas d'utilisation normale (c'est-à-dire sans démontage de la machine). La mise en route est facile. On branche la souris et on connecte le moniteur par le câble Péritel. Puis, il faut assurer la liaison son entre ordinateur et écran (ou éventuellement la chaîne Hi-Fi). Ensuite, il est nécessaire de mettre sous secteur le transformateur. En effet, l'Amiga 500 ne possède pas d'alimentation intégrée et doit recourir à un gros bloc d'alimentation externe. Il est regrettable qu'une telle solution technique ait été choisie. D'autant plus que, contrairement au C64, l'interrupteur marche-arrêt est situé sur le bloc externe d'alimentation et non sur la machine. Concrètement, cela signifie que si la prise secteur est un peu éloignée de l'ordinateur, l'utilisateur devra plonger sous son bureau pour allumer ou éteindre sa machine... L'alimentation externe L'écran Kickstart 1.2 Le Workbench 1.2 Les préférences du Workench 1.2
De même pour le BASIC d'origine. Proposant un éditeur multifenêtre (commande, saisie et exécution), il s'avère désagréable par les temps morts qu'occasionne la gestion de l'ensemble. Au lancement d'un programme, l'ordinateur ferme la fenêtre de saisie, vérifie le programme, ferme la fenêtre de commande et ouvre celle d'exécution. Résultat : l'attente avant lancement d'un programme est, dans le meilleur des cas, de l'ordre de deux secondes. Bien évidemment, un problème identique se pose lorsque, interrompant le déroulement d'un programme, l'utilisateur désire en étudier le listing. Cela n'est pas propre au BASIC de l'Amiga. Il en est de même pour le ST Basic d'Atari et d'une manière générale de tous les langages "multifenêtrage" existants sur des machines bas de gamme. Pourquoi donc ne pas en revenir à l'éditeur plein écran que nous connaissons tous et que rien ne peut réellement remplacer. La lenteur relative de l'AmigaBasic lors des opérations de saisie est largement compensée par sa vitesse d'exécution. Dix-huit secondes suffisent à la boucle : For 1=1 to 1000 : Print 1 : Next (à comparer aux 35 secondes de l'Atari ST et aux 40 du CPC 6128). Le second avantage de ce BASIC est la présence d'instructions de programmation structurée. Le traditionnel "Next" est accompagné de "White.. Wend" dans lequel le test est exécutable sur une expression logique. De même, les "Goto" et "Gosub" sont complétés par des instructions de gestion de sous-routines par label (c'est-à-dire que le renvoi n'est plus exprimé par une valeur numérique mais par un nom). Les instructions dédiées au graphisme sont au rendez-vous : "Circle" pour les tracés de cercles, "Paint" pour remplir une surface, "Line" pour tracer un trait, etc. La gestion des sons est moins complète. Les "Sound", "Wave", "Say" et autres "Translate" s'avèrent malgré tout largement suffisants. Tout comme la gestion des chaînes de caractères, les accès au langage machine sont simplifiés par la présence d'instructions puissantes. Poke sur 8, 16 ou 32 bits et appels de sous-programmes par "Call" sont possibles. Autre point fort de l'AmigaBasic, la gestion des erreurs. Il est possible, par utilisation de "Erl" et "Err" (indication du numéro de ligne et du type d'erreur) de détourner le programme afin d'éviter un blocage possible. Simplifiant le débogage et parfois utilisée comme structure de programmation, l'utilisation de ces fonctions accélère l'écriture des programmes. Mais le côté le plus attirant de ce BASIC réside dans la notion d'objets. Largement inspiré des lutins, ce concept recouvre la gestion des déplacements de caractères graphiques à l'écran. Il est ainsi possible de définir les vitesses, limites de déplacements, superpositions et collisions de plusieurs Sprites. Tout cela avec la rapidité d'exécution de l'AmigaBasic, bien entendu. Riche de près de 200 instructions, ce langage puissant permet d'envisager l'écriture de nombreuses applications. Notons qu'un compilateur devrait bientôt arriver sur le marché. Cela permettra à l'AmigaBasic d'accéder au club très fermé des langages de développement. Bibliographie Les manuels livrés avec l'Amiga 500 devraient être au nombre de deux : le guide de l'utilisateur (User's Guide) et le guide du BASIC. Identique à l'ancien, ce dernier n'appelle que peu de commentaires. Limitant les exemples, il est suffisamment complet pour contenter l'amateur de programmation. Le novice risque cependant de trouver certains passages évasifs. Le guide de l'utilisateur que nous avons eu entre les mains était en anglais. Il est cependant peu probable que sa traduction lui fasse perdre sa substance. Structuré en douze chapitres, il expose avec simplicité et précision les spécificités et fonctionnalités de la machine. Les trois premières parties décrivent les procédures d'installation et de mise en route de la machine. Ensuite, le manuel présente sur deux chapitres le Workbench. Description de la souris et de son utilisation, présentation des outils du bureau et astuces sont explicitées. La suite est plus complexe et technique : il s'agit de la présentation d'AmigaDOS et du CLI (Command Line Interpretor). Affranchissant l'utilisateur de l'intégrateur graphique, cet analyseur de lignes permet d'effectuer directement des commandes destinées aux lecteurs de disquette (formatage, répertoire, sauvegardes et autres). Vient ensuite un bref chapitre sur les périphériques et une série de conseils utiles du genre comment nettoyer sa souris. Beaucoup plus complexe d'approche, la suite propose un exposé technique et exhaustif de la machine. Du brochage des connecteurs, en passant par le jeu de caractères et le schéma électronique de la machine, le connaisseur trouvera une foule de renseignements précieux et exploitables auxquels il n'avait pas toujours accès jusque-là. Rendu plus accessible grâce à ces manuels, l'Amiga 500 semble donc plus à même de convaincre un public de hobbyistes et d'amateurs. Son marché Moins cher, plus souple et plus accessible que son prédécesseur, l'Amiga 500 aura certainement du mal à s'imposer en France. Ne pouvant profiter d'un acquis important, il subit les faiblesses endémiques de son prédécesseur (manque de logiciels de jeu, bibliographie restreinte). Tout cela risque de nuire fortement à cette séduisante machine qu'est l'Amiga 500. D'autant plus que destiné au marché familial, cet ordinateur ne possède qu'un nombre restreint de jeux. L'émulateur C64, permettant d'utiliser les programmes pour C64/128 sur Amiga, est-il la solution miracle ? Rien n'est moins sûr : à l'image de ce qui s'est passé pour le C128, les développeurs seront peut-être tentés de continuer à programmer en mode C64. Le second point auquel Commodore devra faire face réside dans le fait que, souvent connaisseurs, les acheteurs de Commodore 64 se détournent de plus en plus de cette marque au profit de l'univers fort actif des Atari ST. Renverser cette tendance est encore possible. Pour cela, il faut créer une dynamique Amiga caractérisée par l'existence de documents en français, de programmes nombreux et d'un coût acceptable. Bref, le succès de l'Amiga 500 n'est envisageable qu'au prix d'une politique volontariste de la part de Commodore. Cette société, mobilisée par le lancement des nouveaux Amiga et le désir d'imposer l'A2000 sur les marchés professionnels, a-t-elle les moyens d'imposer l'A500 ? L'avenir nous le dira !
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