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L'Amiga 3000 est, pour l'instant, le seul Amiga pouvant fonctionner sous Unix (NDLR : il y a aussi le vieux A2500UX). Moins de deux ans après son apparition (lancement officiel lors de l'Uniforum Show de Dallas du 22 au 24 janvier 1991), il nous a paru intéressant de tester une des configurations que propose Commodore. Unix est né en 1969, en même temps que le langage C avec lequel est écrit 80% du système. C'est un système d'exploitation multitâche, tout comme votre Amiga chéri, mais aussi multi-utilisateur (plusieurs personnes peuvent se connecter en même temps, avec tout ce que cela implique de protection des fichiers et des tâches des uns par rapport aux autres, de gestion des terminaux, etc.). Pour le développeur, Unix offre l'avantage d'une très grande portabilité d'une machine à l'autre (il suffit en général de recompiler le programme). Les utilisateurs ont, de plus, des quantités de commandes à leur disposition, ce qui fait que leur principal souci est de trouver quelle est la commande qui fait ce dont ils ont besoin. Une telle puissance se paye évidemment, et ce n'est que grâce à l'augmentation considérable de la puissance des micro-ordinateurs qu'Unix fait maintenant son apparition sur une machine comme l'Amiga. Cela dit, pour la petite histoire, j'ai bossé il y a trois ans sur une station de travail Apollo DN330 (processeur 68010, 3 Mo de mémoire), et ça marchait très bien ! Déballage Des trois cartons, on retire successivement le moniteur 1960, l'unité centrale A3000 équipée de 6 Mo de mémoire (dont 2 Mo de mémoire Chip) et d'un disque dur de 100 Mo, le clavier (un AZERTY bien de chez nous), la souris, et les docs (en anglais pour la partie Unix). La souris trois boutons et le dérouleur de bandes A3070 Les disquettes et les documentations En plus de tout ça, il y a une bande magnétique et deux disquettes, contenant le système Unix. Heureusement, la machine est livrée avec le disque dur formaté et le système installé, ce qui fait qu'on a juste à tout brancher et à allumer la bête. Caractéristiques
Il existe apparemment un autre Amiga 3000 avec Unix. Commodore a annoncé début 1992 les Amiga 3000T UX-1 et UX-2 respectivement aux prix de 33 990 FF HT et 37 990 FF HT. Mais existent-ils vraiment ? Premier contact Le système affiche fièrement qu'il s'agit d'un Unix System V release 4 (SVR4 de chez AT&T), Amiga version 2.03. Tout de suite après, seconde surprise : on apprend que sur les 6 Mo de mémoire, il en reste à peine plus de 2 une fois le noyau chargé... Ça va être très juste ! Il nous faut ensuite répondre à toute une série de questions : quel petit nom donner à notre machine, quelle heure est-il, quel mot de passe donner aux utilisateurs système, quelle "keymap" utiliser, etc. Enfin, le tant attendu "login:" apparaît, et c'est non sans une certaine émotion que je tente de me connecter... Tiens, ça ne marche pas. Je recommence moins fébrilement, une fois, deux fois : rien n'y fait. Zut, j'ai déjà tout cassé me dis-je... et puis soudain le déclic : quand j'ai indiqué le mot de passe des utilisateurs système tout à l'heure, je n'étais pas encore en clavier français ! Je recommence en tapant "w" au lieu de "z", et là ça passe. Grrrr.... Écran de connexion Et si on se faisait une petite compilation ? Je m'empresse de taper un "hello.c" : l'exécutable fonctionne à merveille, et fait 3360 octets (contre 4888 sous AmigaOS avec le Lattice 5.10). Je signale en passant qu'Unix System V.4 gère des bibliothèques partageables, équivalentes à nos "machin.library" sous AmigaOS. Tiens, au fait, combien reste-t-il sur le disque dur ? Hop, un petit "df -k" et un cri d'effroi m'échappe : il y a moins de 7 Mo de libre. Plutôt léger là encore ! Divers écrans de X Window Je vais d'abord essayer de dépasser le stade du "hello world". Pour cela, je sors les bouquins et j'aligne les programmes :
Chiche qu'on configure l'imprimante ? Oui, je sais, c'est "lpadmin" qu'il faut faire, mais jetons un coup d'oeil à la doc, au chapitre "Printing". C'est assez bien expliqué : depuis la configuration proprement dite jusqu'à la gestion du gestionnaire d'impression, en passant par le contrôle des requêtes. Bref, dix minutes plus tard, ma Star LC24-10 imprime gentiment le source de "hello.c". Il est alors l'heure d'allumer mon vieil A500 pour tenter une connexion sur un second terminal, au travers d'un câble Null Modem. Pendant qu'il démarre (sur disquette...), je modifie le fichier "/etc/inittab" pour demander au système Unix de surveiller le port série. Il me faut un peu de temps pour mettre tout le monde d'accord, mais je finis par me connecter correctement depuis l'A500. Voilà qui va permettre de s'amuser un peu... Je dois ajouter que sur l'A3000UX, il est possible de se connecter plusieurs fois, grâce à un système de terminaux virtuels et à une combinaison de touches qui permet de passer de l'un à l'autre. Bien sûr, si on travaille à deux c'est moins pratique. De plus en plus fort, je tente d'installer une partition Unix sur une cartouche SyQuest. Je n'ai pas honte de dire que je ne sais pas comment on ajoute un disque dur, et donc je me jette sur la doc. Avec une pensée émue pour les deux partitions Amiga qui se trouvent déjà sur la cartouche, je suis les instructions à la lettre : "rdb" pour vérifier le partitionnement, "mkfs" pour installer un système de fichier, etc. Je bute un instant sur la commande "labelit", destinée à nommer la nouvelle partition, car il manque un paramètre dans la doc, mais ensuite il ne reste plus qu'à "monter" le système de fichiers par un "mount" bestial... et hop, 32 Mo de plus ! Échanges avec le monde AmigaOS Le système Unix prenant le contrôle total de l'Amiga, il est impossible d'utiliser simultanément le Workbench. Sur un disque de 100 Mo, il en reste 10 pour installer le système Amiga, ce qui suffit très largement. Pour travailler confortablement, il faudra évidemment un peu plus de place... La seule façon de transférer des fichiers d'un système à l'autre est d'utiliser l'utilitaire BRU, qui se trouve des deux côtés. Un petit test ? C'est parti... ça tombe bien, j'ai justement un petit programme (juste 800 lignes) en C pur et dur, qui devrait passer sans problèmes sur n'importe quelle machine (même sur un PC, c'est tout dire !). Sous AmigaOS, je glisse une disquette vierge dans DF0:, et je lance BRU par une commande barbare "BRU -v -Z -e #?". Ceci recopie tous les fichiers sur la disquette, avec compression. Une fois terminé, j'éteins l'Amiga puis je le rallume pour lancer Unix. Après m'être connecté, je transfère les fichiers sur le disque dur par "BRU -v . Simple non ? Il ne reste plus qu'à tenter la compilation, après avoir modifié le makefile : victoire, ça marche. L'exécutable Unix est un peu plus petit (9056 octets au lieu de 13116) et s'exécute plus rapidement (20 secondes au lieu de 34). Conclusion On peut s'interroger sur la viabilité du modèle "bas de gamme" A3000UX-1 décrit dans cet article, car honnêtement, je ne vois pas cette machine être utilisée de façon professionnelle. Tout est trop juste : la documentation, la mémoire disponible, la place sur disque dur. Certains s'étonneront sans doute que je ne parle pas de X Window (qui est pourtant installé sur le disque) : cette interface est tout simplement inutilisable, faute de mémoire suffisante. J'exagère à peine en disant que le système commence à "swapper" dès qu'on bouge la souris ! Malgré cela, il ne fait pas de doute qu'Unix est devenu une réalité dans le monde Amiga. Personnellement, je m'en réjouis (I love Unix !), et j'espère que Commodore proposera bientôt une station A4000-Unix. En attendant, pour plus de confort, mieux vaut opter pour l'A3000UX-2 qui dispose de plus de mémoire et d'un plus gros disque dur. L'avis de Ben Smith (Byte de décembre 1990) L'Amiga 3000UX surpasse largement les NeXT et Mac équivalents avec A/UX. En termes de performances Unix brutes, il est à peu près équivalent à un système 386 à 20 MHz, mais il est beaucoup plus apte à gérer les exigences graphiques d'une interface utilisateur graphique comme Open Look. À environ 4000 dollars, il constitue un choix évident pour une station de travail d'entrée de gamme.
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