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Introduction Dans notre sujet du jour, après avoir vu les principaux supports de transmission et les bases et les modulations radio, nous aborderons maintenant la mise en place de l'ADSL en France à travers une parenthèse historique, puis nous allons nous pencher d'une manière plus détaillée sur sa technique. Nous verrons trois exemples de déploiement xDSL, un mot sur une situation géographique, une petite visualisation en image d'une connexion type PPoE vue de l'internaute, ainsi que le branchement d'un modem 56 kbp/s en secours de panne. 1. La longue parenthèse historique française Encore en phase expérimentale au milieu des années 1990 avant sa ratification en 1998, l'ADSL (Asymetric bit rate Digital Subscriber Line) utilise les fréquences non vocales sur les paires de cuivre du réseau téléphonique pour permettre la transmission de données entre le modem ADSL du client et le DSLAM (Digital Subscriber Line Access Multiplexer) installé à l'autre extrémité physique de la paire de cuivre nommée : la boucle locale. Le débit est asymétrique et dépend de sa qualité. Le DSLAM joue un rôle très important dans l'architecture du réseau puisqu'il se situe à la frontière entre la boucle locale et le réseau de collecte de l'opérateur. Cet équipement permet également de concentrer tous les canaux de télévision de TPS ou Canal+ pour les distribuer vers l'internaute, le zapping des chaînes se faisant au niveau du DSLAM. A l'issue d'une consultation internationale, France Télécom (aujourd'hui Orange) a sélectionné dans un premier temps Alcatel, Sagem, ECI Telecom et Lucent Technologies comme fournisseurs d'équipements d'accès ADSL. DSLAM Alcatel DSLAM ECI Broadband Acces Server Redback 1.2 Les principales offres intéressant potentiellement le marché résidentiel Pour établir un marché équilibré et concurrentiel, France Télécom a publié plusieurs offres permettant aux opérateurs alternatifs et FAI de proposer des services xDSL aux clients finaux.
Ces offres n'ont pas été respectées quant aux délais, obstruction systématique des homologations modems, et aux tarifs... partout en France les tribunaux sont submergés et les recours arrivent devant le Conseil d'État avec de lourdes condamnations financières. La guerre est déclarée, le bénéficiaire sera l'abonné. Malgré tous ces problèmes, les abonnés à l'ADSL haut débit sont en constante progression, au premier trimestre 2006 ils sont 10,5 millions, 1 million de plus que le trimestre précédent, dont 3,15 millions dégroupés (950 000 dégroupés total en augmentation et 2,2 millions dégroupés partiels en stagnation). Il a fallu attendre fin 2004 pour véritablement assister a son décollage. Actuellement, en France, l'ADSL fait partie des solutions technologiques les plus prometteuses pour permettre le développement de l'accès Internet haut débit des clients résidentiels. ADSL dégroupé ADSL partagé La technique de l'ADSL est une technique datant du milieu des années 1990 qui permet d'utiliser, sur de courtes distances, les lignes téléphoniques classiques (notre paire de cuivre) mais avec un débit très supérieur à celui des normes plus classiques (V34 ou V90), donc qualifiée de "haut débit". L'ADSL est multiplexée en FDM (Frequency Division Multiplexing), basée sur une modulation DMT (Discret Multi Tone) utilisant 256 sous-canaux, modulés indépendamment en QAM (Quadrature Amplitude Modulation) pour accélérer le débit et avec une bande passante de 1,1 MHz : nous allons détailler tout cela ci-dessous. 2.1 Le multiplexage FDM L'ADSL fonctionne en full duplex grâce à FDM, permettant de faire transiter simultanément les signaux montants et descendants accompagnés également des signaux portant la voix téléphonique. La même technique étant utilisée également en ligne téléphonique dans l'organisation du groupe primaire, cette dernière consiste à regrouper 12 voix téléphoniques de 4 kHz chacune, (3 kHz utilisables plus 2 espaces inter-bandes de 0,5 kHz) ce qui donne une largeur de bande de 48 kHz répartie entre 60 et 108 kHz. Mais dans ce cas vous comprendrez aisément que toute technologie xDSL n'a plus sa bande passante haute et est donc impossible. Exemple de trois lignes multiplexées
Annulation d'écho
2.2 Les canaux de la bande passanteMultiplexage FDM Le splitter, filtre passe bas à placer sur chaque prise téléphonique, et filtre passe haut au modem, sont là pour séparer les deux services. Entre 20 kHz et 200 kHz, on trouve les canaux qui serviront à l'émission des données. Entre 200 kHz et 1,1 MHz, nous avons les canaux réservés à la réception des données. Voici un conseil de filtrage. Nous savons que la ligne téléphonique arrive sur la première prise qui reçoit le filtre ADSL. Donc, coupez le départ vers les autres lignes internes et rebranchez ce départ sur la sortie bande basse du filtre par une prise gigogne. En conséquence, les autres prises téléphones n'ont plus besoin d'être filtrés. Filtre ADSL Filtre gigogne Le principe de DMT est de diviser la bande passante disponible en un grand nombre de sous-bandes distinctes et de placer le signal numérique sur des porteuses analogiques. Le spectre utilisé est compris entre 26 kHz et 1,1 MHz. Deux candidats étaient en lice pour l'offre ADSL : DMT (Discrete MultiTone) et CAP (Carrierless Amplitude Phase). CAP n'a pas été retenue par l'ANSI mais reste sus les rangs pour VDSL (Very high data rate Digital Suscriber Line). C'est donc DMT qui a été retenu depuis 1993 et finalisé en 1995 par le standard T1.413. L'UIT (Union Internationale des Télécommunications) a confirmé le choix de DMT pour son standard ADSL en 1998, qui divise la totalité de la bande passante en 256 sous-canaux d'une largeur de 4,3 kHz. Ainsi, le 1er canal est réservé à la téléphonie. Les canaux 2 à 6 servent à séparer la voix des données numériques. Le flux montant occupe les 32 canaux suivants, et le flux descendant tous les 250 canaux restants. Modulation DMT Le débit maximum théorique d'un tel système est donc de 15 bit/s x 4000 Hz = 60 kbit/s par canal. En fait, tel qu'il a été normalisé par ADSL. Le fait que la largeur de bande montante soit plus faible que la descendante explique le terme "asymétrique" dans la dénomination ADSL. De plus, certains sous-canaux sont utilisés pour la gestion de la transmission. Un équipement ADSL doit être en mesure de moduler ou démoduler jusqu'à 256 porteuses. Vous comprenez que l'utilisation de la technologie mise en oeuvre pour le multiplexage FDM n'est pas envisageable sur un si grand nombre de porteuses. DMT est également candidate pour être la modulation normalisée pour VDSL. 2.4 Modulation QAM Chacun des 256 sous-canaux est modulé indépendamment en utilisant la technique de QAM. Chacun des canaux définis par le multiplexage DMT en ADSL est modulé en QAM sur 15 bits au maximum soit : 32768 combinaisons d'amplitude et de décalage de phase sont donc nécessaires. 2.5 Procédure de transfert Avant tout transfert de données, une procédure de négociation (handshake) est mise en place pour mesurer la qualité de la transmission et l'adapter en fonction de la ligne. On appelle cette technique "rate adaptative" (débit adapté), où l'on mesure le SNR (Signal to Noise Ratio) en décibels. Elle n'est pas fonction de la distance contrairement à l'atténuation, mais de la qualité de la ligne car elle est capable de diminuer le débit si la qualité de la transmission se dégrade. Relation signal/bruit et chargement des canaux Ajustement des débits par canal 2.6 Portée et débit Débit et portée Le déploiement de l'ADSL Depuis le 27 mai 2005, l'ARCEP a autorisé la mise en place du ReADSL2 (Reach extended ADSL2). Il s'agit d'une évolution de la norme ADSL qui permet de prolonger la portée des signaux. Par rapport à la norme ADSL "classique" pour des débits allant jusqu'à 512 kbit/s, et donc d'améliorer l'éligibilité au haut débit pour les lignes longues du réseau commuté. Grâce au ReADSL2, les opérateurs peuvent donc proposer des accès large bande (jusqu'à 512 kbit/s) à des abonnés qui n'avaient jusqu'alors pas pu bénéficier de l'ADSL en raison de leur éloignement du central téléphonique. En France, nous sommes donc passés de l'ADSL à l'ADSL2+ directement, cette norme IUT G 992-5 ratifiée en octobre 2004 est basée sur le doublement de la bande passante utilisée par l'ADSL première génération. Le spectre de fréquence va en effet jusqu'à 2,2 MHz au lieu de 1,1 MHz, il est donc double avec, en contrepartie, une portée réduite par rapport à l'ADSL, privilégiant de fait les abonnés les plus proches du central. Là ou l'ADSL permet pour l'instant un débit maximal de 8 Mbit/s pour la réception de données, c'est-à-dire en canal descendant, l'ADSL2+ autorise un débit théorique allant jusqu'à 24 Mbit/s pour les clients proches (environ 40 % des clients autour du central). Dans le sens remontant, le débit restera sensiblement le même, soit environ de 640 kbit/s à 1,2 Mbits. 4. Situation géographique Cette possibilité (rate adaptive) d'ajustement à la qualité de la ligne en fait une technologie particulièrement adaptée au Réseau Téléphonique Commuté (RTC) dont la qualité peut être très inégale suivant les localisations géographiques. Par exemple : pourquoi, bien que nous disposions de l'ADSL2+ au DSLAM, je n'ai pas remplacé mon routeur modem ADSL (8 Mbit/s) par un modem ADSL2+ (25 Mbit/s) ? Simplement parce que je suis distant du DSLAM de 1610 mètres (l'atténuation de la ligne est de 33 db), et que, par conséquent le gain que pourrait nous offrir le modem ADSL2+ n'est pas d'un grand intérêt. Mon débit descendant est déjà de l'ordre de 7 Mbit/s, et même si ma ligne ne faisait que 50 mètres, je ne pourrais obtenir que 12 Mbit/s, car j'habite une zone électromagnétique fortement perturbée (proximité de la gare SNCF, d'un hôpital et 22 800 lignes). 5. Exemple d'une connexion ADSL 5.1 État de la connexion PPP État PPP-Connexion Internet CHAP fonctionne de la même manière, sauf que le serveur de communication RADIUS (Remote Authenticate Dial In User Service) envoie d'abord une clé qui va permettre de crypter l'envoi du nom d'utilisateur et du mot de passe, il n'est donc pas envoyé en clair contrairement à PAP. Une fois l'identification du client contrôlée, le BAS, envoie une adresse IP, dite "dynamique" car elle varie selon les connexions à l'ordinateur client qui à partir de là est intégré au réseau Internet. Une fois que la session PPPoE est ouverte, les données PPP sont envoyées comme dans l'encapsulation PPP avec une adresse IP WAN pour tout le temps que durera sa connexion, de 24 heures à 72 heures. 5.2 État ADSL couche physique État ADSL-Couche physique 5.3 État du trafic ATM État du trafic ATM L'équipement fondamental est le BAS (Broadband Access Server) qui possède des interfaces ATM côté réseau de collecte d'accès ADSL et des interfaces Ethernet côté backbone IP. Le BAS est aussi le point de collecte des flux ATM provenant des DSLAM concernant les offres IP/ADSL. Le BAS Redback permet le raccordement de 2000 accès pour un débit moyen descendant de 100 kbit/s par ligne connectée. Dans les BAS, les connexions sont de type VC UBR. Pour chaque port STM-1 du BAS, les connexions VC sont identifiées dans les deux sens par un couple VPI/VCI tel que VPI = 1, 2, 3 à 255 et VCI = 32 à 4095. 5.4 État de la connexion TCP État Connexion TCP Tout au long de la connexion, TCP échange un flux d'octets sans qu'il soit possible de séparer par une marque quelconque certaines données. Le contenu des octets n'est pas du tout interprété par TCP, c'est donc aux applications d'extrémité de savoir gérer le flot de données. L'extrémité demandant l'ouverture de la connexion, est le client. Il émet un segment SYN (où le bit SYN est fixé à 1) spécifiant le numéro de port du serveur avec lequel il veut se connecter. La terminaison d'une connexion peut être demandée par n'importe quelle extrémité et se compose de deux demi-fermetures puisque des flots de données peuvent s'écouler simultanément dans les deux sens. L'extrémité qui demande la fermeture, le client, émet un segment où le bit FIN est fixé à 1 et où le numéro de séquence vaut N'. Le récepteur du segment l'acquitte en retournant un ACK=N'+1 et informe l'application de la demi-fermeture de la connexion. À partir de là, les données ne peuvent plus transiter que dans un sens (de l'extrémité ayant accepté la fermeture vers l'extrémité l'ayant demandée : le client), et dans l'autre seuls des accusés de réception sont transmis. Quand l'autre extrémité veut fermer sa demi-connexion, elle agit de même que précédemment ce qui entraîne la terminaison complète de la connexion. 5.5 Le petit journal Le petit journal d'une connexion 6. Utilisation d'un modem 56 kbps en même temps que l'ADSL Son fonctionnement présente une anomalie quand l'ADSL est installé. En l'utilisant normalement, avec sa prise gigogne, derrière la gigogne ADSL, le fonctionnement est aléatoire et le débit plafonne à 28 kbps. En supprimant la prise gigogne et en branchant le modem 56k sur le fil à la place du modem ADSL, le fonctionnement devient normal. C'est illogique car cette sortie ADSL est un passe-haut 5 kHz, il devrait donc couper totalement la partie basse du spectre qui véhicule l'analogique, mais en pratique c'est un filtre "mou" qui laisse passer les fréquences de quelques kHz. Par contre, la sortie téléphonique est un passe-bas raide qui ne laisse passer que le vocal (pour éviter les parasites dans le téléphone) et atténue fortement les fréquences au-dessus des 3 kHz, qui bloque le modem 56k utilisant tout le spectre en bande basse. Conclusion On le voit clairement, l'ADSL, cette fantastique bidouille technique, fonctionne plutôt bien. Le système reste un moyen technologiquement très sophistiqué pour exploiter au mieux une installation téléphonique existante : sans modifier quoi que ce soit, l'ADSL permet ainsi d'utiliser une ligne téléphonique avec du haut débit. A l'avenir, la prochaine étape sera le remplacement de notre paire de cuivre dans la boucle locale par la fibre optique, mais cela prendra de longues années d'attente. Note : dessins réalisés par A. Peres-Mas.
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