Obligement - L'Amiga au maximum

Jeudi 25 avril 2024 - 04:30  

Translate

En De Nl Nl
Es Pt It Nl


Rubriques

Actualité (récente)
Actualité (archive)
Comparatifs
Dossiers
Entrevues
Matériel (tests)
Matériel (bidouilles)
Points de vue
En pratique
Programmation
Reportages
Quizz
Tests de jeux
Tests de logiciels
Tests de compilations
Trucs et astuces
Articles divers

Articles in english


Réseaux sociaux

Suivez-nous sur X




Liste des jeux Amiga

0, A, B, C, D, E, F,
G, H, I, J, K, L, M,
N, O, P, Q, R, S, T,
U, V, W, X, Y, Z,
ALL


Trucs et astuces

0, A, B, C, D, E, F,
G, H, I, J, K, L, M,
N, O, P, Q, R, S, T,
U, V, W, X, Y, Z


Glossaire

0, A, B, C, D, E, F,
G, H, I, J, K, L, M,
N, O, P, Q, R, S, T,
U, V, W, X, Y, Z


Galeries

Menu des galeries

BD d'Amiga Spécial
Caricatures Dudai
Caricatures Jet d'ail
Diagrammes de Jay Miner
Images insolites
Fin de jeux (de A à E)
Fin de Jeux (de F à O)
Fin de jeux (de P à Z)
Galerie de Mike Dafunk
Logos d'Obligement
Pubs pour matériels
Systèmes d'exploitation
Trombinoscope Alchimie 7
Vidéos


Téléchargement

Documents
Jeux
Logiciels
Magazines
Divers


Liens

Associations
Jeux
Logiciels
Matériel
Magazines et médias
Pages personnelles
Réparateurs
Revendeurs
Scène démo
Sites de téléchargement
Divers


Partenaires

Annuaire Amiga

Amedia Computer

Relec


A Propos

A propos d'Obligement

A Propos


Contact

David Brunet

Courriel

 


Entrevue avec Jac Pourtant
(Entrevue réalisée par Thierry Lamblot et extraite d'Amiga News - novembre 1998)


Ce mois-ci, sous les feux des projecteurs, un artiste bien connu des lecteurs d'Amiga News. Il s'agit de Jac Pourtant. Nous avons tous pris tellement de plaisir à le lire qu'il nous devait bien cette petite entrevue. Certes, le raccourci est un peu hâtif mais j'imagine que vous serez heureux de le retrouver ici.

- Jac, pourriez-vous vous présenter ? Nous dire qui vous êtes et où vous résidez ?

Je me présente : perso.pacwan.fr/jac/french/curicvitae-f.html pour vous servir, ça facilite les choses quand même les hyperliens surtout sur des pages électroniques ! Je vis en Provence pas loin d'Avignon et de Carpentras au pied du mythique Mont Ventoux.

Jac Pourtant

- Je sais que vous êtes un artiste traditionnel qui est venu à la création numérique par la suite. Pourriez-vous nous expliquer comment s'est opéré ce changement et ce cheminement ?

Lorsque je vivais à Formentera aux Baléares, je vivais de ma peinture, j'étais connu et apprécié. Là-bas, le hasard m'a conduit à acheter un Amiga 500 avec toutes les difficultés que ça représentait, sans électricité autre qu'une petite installation solaire.

Aussi, quand je suis revenu m'installer en France, où je n'étais absolument pas connu, où le marché de la peinture est bien différent que ce soit au niveau des galeries qui croient toutes être au niveau de New York, des clients qui sont français et n'investissent pas dans l'art contemporain, des autres peintres qui ne connaissent pas la solidarité et l'entraide à laquelle j'étais habitué au sud du sud, j'ai bien vite remarqué qu'il fallait que je change d'activité.

Je lisais Amiga News évidemment, j'avais un Amiga en bois un peu accéléré, et j'ai rencontré par hasard sur un stand de la foire annuelle de Carpentras un amigaïste concentré, Renaud Marco qui m'a fait connaître Lucas Janin qui écrivait des articles et faisait des couvertures dans Amiga News. Je lui ai fait transmettre ma proposition de faire une revue de presse allemande que Bruce Lepper a tout de suite acceptée.

Jac Pourtant

Parallèlement, je faisais connaissance avec des logiciels de dessin et de 3D de plus en plus sophistiqués et je continuais mon oeuvre picturale sur écran. Je participais à des concours en Allemagne et gagnais assez souvent. Je concevais des affiches et surtout, je travaillais pour moi, comme je l'avais toujours fait avec mon pinceau.

- Comment avez-vous vécu ce passage du travail de la matière (peinture) à la matière virtuelle (informatique) ?

Pour moi, c'est la même chose, sous des angles différents. Après mon bac, j'avais commencé des études d'informatique, mais on me faisait faire de la gestion qui ne m'intéressait pas. J'aurais voulu à ce moment-là faire du graphisme et de la musique avec un ordinateur. Mais c'était impossible sur l'ordinateur de la SNCF où je faisais mon stage, c'était trop cher, trop gros et trop lent et pas encore pensable.

Je n'aurais jamais imaginé à l'époque avoir un petit ordinateur chez moi pour faire tout ça. C'est pour ça que dès que j'ai vu cette publicité pour Amiga "l'ordinateur créatif", je me suis rué dessus. Mais un pinceau, un crayon ou un ordinateur ne sont que des outils. L'art est dans la tête, pas dans la main, donc il est normal que le résultat soit différent s'il sort sur du papier, une toile, de l'argile ou un écran, mais c'est toujours la même imagination qui s'exprime. Tout ça pour dire qu'il n'y a pas eu de "passage" d'un art à un autre. Comme dirait Frank Zappa, c'est ma "conceptual continuity".

- Utilisez-vous une tablette graphique pour justement retrouver la sensation de la pression ?

Je ne dessine que rarement sur ordinateur où je suis plus porté sur la 3D, je préfère le crayon graphite qui est vraiment mon outil préféré (c'est pour moi le lien parfait entre mon oeuvre et mon cerveau, l'unité cosmique, vraiment. J'oublie le monde autour de moi comme avec aucun autre médium) mais il m'arrive de dessiner dans ce merveilleux TVPaint avec une tablette Wacom ArtPad.

- Pensez-vous que les techniques traditionnelles (peinture, fusain, etc.) ont encore un avenir dans le domaine de la création 2D face à la puissance des outils proposés aujourd'hui sur ordinateur (TVPaint, Painter 5, etc.) ?

Bien sûr ! La peinture ne s'est pas éteinte avec l'arrivée de la photographie, au contraire elle s'est libérée des contraintes de reproduction des scènes de la vie courante et s'est notablement enrichie. Il y a de la place pour tous les courants d'expression.

- Vous êtes passé de la toile (en deux dimensions) à la 3D. Comment s'est opéré ce passage à une pensée en trois dimensions ? Quand vous créiez des peintures ou des toiles aviez-vous réellement à l'esprit cette troisième dimension et a-t-elle changé votre façon de voir, concevoir et créer ?

C'est une libération, une explosion. En fait, la 3D vraie, c'est la sculpture. La 3D qu'on fait sur ordinateur ne donne vraiment une impression de 3D que si on anime la représentation 2D, sinon c'est toujours un tableau traditionnel. C'est donc plus la possibilité d'animer un tableau qui est fabuleuse et puis d'y intégrer du son, de la musique. J'imagine très bien que dans quelques années, lorsque les écrans ultra-plats seront abordables et monnaie courante, on aura un ou plusieurs écrans au mur avec des tableaux animés et sonorisés, sûrement même aussi en relief avec l'holographie. On pourra même changer de tableau selon l'humeur du moment. Les informartistes vendront leurs oeuvres sur le support électronique en vogue, et entre les écrans, il y aura toujours des toiles, des dessins, des gravures, des sculptures.

Jac Pourtant

De la même manière, jamais le CD ne tuera le livre, au moins pour le prochain siècle, je pense. Pour en revenir à votre question, j'ai toujours eu une bonne représentation de l'espace et j'ai toujours essayé de calculer les volumes, les ombres, les reflets mathématiquement quand je peignais avec des pinceaux. Donc l'ordinateur ne m'a apporté que de l'exactitude ou plutôt de la précision au point de vue de la reproduction d'une scène imaginée. Par contre, il m'a amené le mouvement, la déformation, et surtout la facilité de correction, les changements de couleur, les essais qui prendraient un temps infini à la main.

- Quels sont ou ont été vos logiciels préférés sur Amiga ?

Le premier fut sans conteste AmigaBasic, je n'avais que ça au début et je faisais tout avec. Puis sont venus Deluxe Paint et Imagine. ImageMaster était un de mes préférés avant le DraCo où il ne fonctionnait plus. J'ai aussi énormément utilisé SoundTracker pour composer de la musique et faire de la recherche sonore. Les derniers temps que je travaillais sur Amiga, mes logiciels favoris étaient Real 3D bien sûr, TVPaint, ImageFX, CyberShow, MovieShop que j'utilise toujours sur le DraCo, SoundStudio, Samplitude pour les logiciels de création. Sinon il y en a beaucoup, de Directory Opus à GoldEd, YAM, PageStream, TurboPrint, etc., je les connaissais presque tous.

- Avez-vous ou avez-vous eu recours à la programmation pour créer des scripts ou applications qui faisaient défaut à vos programmes préférés ?

Au début, comme je le disais, je n'avais qu'AmigaBasic. Je me souviens avoir programmé des logiciels de dessin, de musique aléatoire, d'édition du son, des programmes avec plusieurs milliers de lignes de code. Je faisais même des animations en Basic directement avec les fonctions des bibliothèques Graphics, Intuition et Layers. J'ai même écrit un raytracer rudimentaire en Basic, c'est là que j'ai compris à quoi servait le calcul vectoriel que j'avais toujours trouvé imbuvable et impénétrable au lycée. C'était au temps d'AmigaOS 1.3 et je le connaissais bien.

Et puis un jour, un ami programmeur professionnel allemand est venu passer ses vacances chez moi et il a regardé ce que je faisais. Il n'en revenait pas. Il m'a dit que je devais passer à un langage évolué, que c'était de la folie de programmer des choses aussi complexes en Basic, sans compter la lenteur de l'interpréteur. Moi, j'ai défendu le BASIC avec fougue ! Un mois plus tard, je recevais un paquet par la poste, il m'avait acheté le paquetage Modula-II. J'ai rechigné au début, mais je m'y suis mis, c'était finalement assez semblable au Basic, enfin plus que le C et puis je connaissais déjà les bibliothèques. Finalement, j'ai vu les avantages et surtout la vitesse et je suis devenu un fan de Modula. En plus ça m'apprenait à programmer proprement, car en Basic, j'étais un adepte du GOTO.

Enfin, vint un jour où je ne pus que constater la lourdeur du code. Il me fallait alléger et gagner encore en rapidité. Alors comme j'avais (et j'ai toujours) un blocage sur le C, je me suis mis à l'assembleur. Devpac et puis OMA qui était génial et malheureusement inconnu en France. Maintenant, je n'ai plus besoin de programmer, les logiciels ont presque tout ce dont j'ai besoin. J'ai cependant écrit ma dose de scripts ARexx...

- Qu'est-ce qui, à votre avis, a fait la force de l'Amiga ces dernières années ?

Si on parle de ces toutes dernières années, on ne peut pas précisément parler de la force de l'Amiga. On ne peut parler que de la force de la communauté, des utilisateurs, de la création "ware" et de quelques firmes périphériques courageuses. La force de la minorité, la plus belle quand elle ne tourne pas au fanatisme.

- Qu'est-ce qu'il lui manque le plus aujourd'hui à votre avis ? La puissance (OpenGL, puissance de calcul) ou les logiciels (développement) ?

Tout lui manque à présent. Même l'espoir est plus un entêtement à ne pas s'avouer vaincu par l'adversité. Je n'attends plus un nouvel Amiga de la part de AI. Si vraiment quelque chose en sort à temps, ce sera autre chose, plus un Amiga. Rien n'a évolué dans les machines, à part les cartes accélératrices.

L'aspect de l'interface est resté le même. Les logiciels sont incomplets par rapport à ce qu'on trouve sur les autres plates-formes, il faut bricoler pour arriver à coordonner du son et de l'image, le retard est grand dans le domaine de l'Internet, on peut aimer l'Amiga pour ce que la philosophie qui l'entoure apporte, mais on ne peut plus travailler professionnellement dans les domaines de pointe avec. Il n'est même plus bon marché et donc plus destiné aux jeunes créateurs sans moyens. Quand un outil est émoussé et trop vieux, on peut essayer de le rafistoler avec amour et nostalgie, il rendra encore des services, c'est sûr, mais vient un jour où on achète un outil neuf.

Et un ordinateur n'est rien d'autre qu'un outil !

- Que vous a apporté votre collaboration avec Amiga News ?

Énormément. Elle m'a d'abord apporté de nombreux amis, Bruce Lepper en premier (je ne répéterai jamais assez que si Amiga News a eu ce parcours aussi excellent, long malgré les difficultés, c'est à la foi, au travail démesuré, à la patience, au professionnalisme et à la gentillesse de Bruce qu'on le doit) et beaucoup d'autres que je ne vais pas nommer ici faute de place tellement il y en a. Et puis, je suis devenu un peu journaliste grâce à Amiga News, j'ai eu des contacts avec les sociétés en tant qu'enquêteur sur les salons, j'ai testé presque tous les logiciels Amiga, et j'ai eu la possibilité de montrer ce que je savais faire à travers de nombreuses illustrations et couvertures. Et puis j'ai trouvé une nouvelle identité qui me colle à la souris, "Jac Pourtant" qui n'est qu'un pseudo typiquement Amiga News !

- Quel conseil donneriez-vous aujourd'hui à un jeune qui souhaite vivre de son art ?

Je ne donne jamais de conseil de ce genre ! D'abord je ne suis absolument pas exemplaire et de toute façon, les conseilleurs ont toujours tort. Chacun doit trouver son chemin seul. On peut proposer de l'aide, pas des conseils.

Jac Pourtant

- Quels sont vos projets proches ?

Variés mais toujours en priorité 3D. Avec un certain Thierry Lamblot, nous planchons sur un site 3D très orienté "en pratique", sans préférence de plate-forme, donc du Real 3D et du LightWave déjà, et puis d'autres. Des énergies nouvelles sont bienvenues, qu'elles nous contactent ! Je suis en train de refaire toutes les pages (et d'en ajouter bien plus) Real 3D, donc les fidèles lecteurs Realeurs d'Amiga News doivent se maintenir au courant, bientôt du nouveau, qui j'en suis sûr, sera annoncé ici même ? Le mot de passe est "AUM".

- Vous avez été un des premiers à acheter un DraCo en France. Que cherchiez-vous en cette machine ? Que vous a-t-elle apporté ?

Il faut bien dire qu'au salon de Cologne, je voulais acheter une carte 68060 de Phase 5 pour mon 2000, plus diverses autres gâteries pour l'anniversaire de mon Amiga... Les cartes n'étaient pas prêtes et le DraCo était là, lui, majestueux, avec un 68060 à l'intérieur. J'avais juste l'argent, ce qui fait que j'ai craqué et que je ne me suis acheté que ça.

Pour la petite histoire, je revenais en train de Cologne à Paris, puis de Paris à Avignon en TGV, Le DraCo était dans un carton renforcé par des ficelles et du ruban adhésif d'emballage. Plus de 20 kilos (même s'ils avaient oublié de me donner le clavier) et j'étais complètement harassé par les longs couloirs de métro. Bref dans le TGV, il n'y a de place pour le DraCo que dans les compartiments à bagages près des portes. J'y jetais un coup d'oeil régulièrement pour m'assurer que le paquet ne s'envolait pas ! Il y en avait pour 7000 DM, soit 25 000 FF !

Et puis, alors que le train sortait de Paris, je suis allé faire un brin de toilette. En revenant à ma place, la moitié des gens étaient debout et me regardaient avec anxiété. Le contrôleur cria de l'autre bout "C'est à vous ce paquet ?", "Oui, oui !" Les passagers commençaient à se rasseoir et le contrôleur me dit : "Ça fait cinq minutes qu'on demande à qui est le paquet, encore une ou deux minutes et je l'aurais balancé sur la voie...".

On était en pleine crise vigipirate. J'étais et suis toujours fier de mon DraCo. Non seulement il m'a permis de tester pratiquement tous les logiciels pour Amiga News, mais j'ai créé beaucoup dessus. Et puis dès que la carte DraCo-Motion est sortie, j'ai pu faire de la vidéo de qualité fort honorable si pas totalement pro, avec du son, ce qui m'a permis d'enfin voir mes animations 3D sous leur meilleur jour, en très bonne résolution et à une vitesse réelle.

- Qu'auriez-vous souhaité voir apparaître pour le futur de cette machine ?

La carte d'accélération Alpha qui avait été promise lors de mon achat, et une politique de MacroSystem plus sympathique avec les usagers en fait bêta-testeurs gratuits pour le Casablanca. Sinon, il faut dire qu'avec l'unité DV et la sortie YUV (que je n'ai pas), le DraCo se maintient toujours dans le vent.

--------------------

Je voudrais remercier Jac Pourtant pour la qualité de ses réponses. Salut l'artiste !

Revenez quand vous voulez.


[Retour en haut] / [Retour aux articles]