Obligement - L'Amiga au maximum

Vendredi 29 mars 2024 - 09:10  

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Entrevue avec Jérôme Bonaldi et David Gonner
(Entrevue réalisée par Benji et extraite de Joystick - avril 1995)


Que se passe-t-il ? Où en sommes-nous ? Le seuil des 24 images par seconde a été dépassé depuis belle lurette, et nos mirettes reçoivent quotidiennement, avec un engouement croissant, avouons-le, leur dose de photons via le tube cathodique. Chaque année d'une qualité supérieure, avec l'arrivée de nouvelles images, toujours plus belles, plus performantes, plus séductrices. Comment faire pour analyser le phénomène et prendre du recul ? Pourquoi ne pas aller quérir l'avis d'un spécialiste en la matière, un homme d'images qui vit à travers elles, les exploite et les rend accessibles au commun des mortels ? Les lignes qui suivent relatent les pensées, non pas de Blaise, mais de Jérôme Bonaldi et David Gonner, journaliste travaillant avec lui sur la première partie de NPA (traduisez "Nulle Part Ailleurs), sur l'air du temps et l'ère des images de synthèse en 3D temps réel.

David Gonner Jérôme Bonaldi
David Gonner et Jérôme Bonaldi

Questions personnelles

- Pouvez-vous vous présenter ? Qualités ? Défauts ?

David Gonner : Je suis animateur et appartiens à l'équipe des cinq de l'émission de Jérôme Bonaldi.

- Vous avez une ou des spécialités ?

David Gonner : Non, en fait, comme les autres membres de l'équipe, je n'ai aucune spécificité.

Jérôme Bonaldi : Chacun fait en fonction de ses goûts. S'il a un sujet qui lui tient à coeur, il est libre d'en parler comme il l'entend (NDLR : il insiste vivement sur cette caractéristique).

NPA
L'équipe de Jérôme Bonaldi à Nulle Part Ailleurs

- Depuis quand êtes-vous passionné par l'image, la télévision, les nouvelles techniques ?

Jérôme Bonaldi : Depuis le début ! Il y a dix ans, quand j'ai commencé sur Canal+, l'image me fascinait déjà. Et puis, Canal+ était et est toujours la chaîne idéale, la télé pas comme les autres, celle qui permet de parler des nouvelles images. À l'époque, nous étions en avance sur les autres. Nous travaillions même avec le magazine Tilt pour les Tilt D'Or ! Il y a dix ans, qui connaissait et parlait des salons comme Imagina ou le CES ? Personne à part Canal+. Aujourd'hui, les choses ont un peu évolué...

David Gonner : Moi... (Jérôme lui coupe la parole).

Jérôme Bonaldi : David connaissait les mots Beta et BVU bien avant "maman et papa". Et puis, son père est réalisateur, ça aide.

- Jouez-vous vous-même ? Consoles ou micro-ordinateurs ? Connaissez-vous le marché ? Les nouvelles consoles sur le point d'arriver en France ? Vos jeux préférés et pourquoi ?

David Gonner : Cela fait longtemps que je joue aux jeux vidéo. Je me souviens avoir commencé avec Pong sur Animex. Puis il y a eu la ColecoVision. Et aujourd'hui je joue à la Mega Drive.

Jérôme Bonaldi : David a évolué avec les bits. Il en est à 16 actuellement. Attendez que les nouvelles consoles 32 bits arrivent sur le marché...

David Gonner : Sinon, pour ce qui est des jeux, je ne m'intéresse qu'aux simulations sportives. C'est pour ça que, outre Donkey Kong Country que j'ai présenté dernièrement pour son aspect technique, graphismes en 3D, etc., j'ai parlé de World Cup Rugby, le jeu d'Electronic Arts, sur Mega Drive. Parce que j'en avais envie ! En fait, j'aime tout ce qui est réaliste et simple.

Jérôme Bonaldi : (s'adressant à moi en ces termes) Et tu sais pourquoi, camarade ? Parce que David est féru de ce sport de tapettes. Il a lui-même appartenu au Racing Club de France et participé au championnat de France réserve. Donc, inutile de te dire que c'était l'hystérie sur le plateau.

Jérôme Bonaldi

- Et vous, Jérôme, vous jouez ?

Jérôme Bonaldi : J'aime bien les jeux de tir pour me défouler, sans plus.

- Côté micro-ordinateurs, vous connaissez Doom, je suppose ?

Jérôme et David : Ouais, c'est assez sympathique.

La publicité et les jeux vidéo

- Votre attirance pour la publicité, cela vient d'où ?

Jérôme Bonaldi : Pour moi, la publicité est un témoin de cent ans. J'aime la publicité car je parle aux gens par son intermédiaire. En plus, la publicité a de l'argent. Elle est créative, novatrice. Et puis, Canal+ est la chaîne qui peut aborder ce sujet librement, c'est tout bonnement passionnant !

- La publicité est révélatrice de la culture d'un pays...

Jérôme Bonaldi : Exactement. Le problème aujourd'hui, c'est qu'il y a la crise...

David Gonner : On ne parle plus que du produit en lui-même. Il y a de moins en moins de bonnes choses.

Jérôme Bonaldi : On est en train de revenir à ce qui se faisait avant.

- Vous serez quand même présent à la remise des Lions D'Or ?

Jérôme Bonaldi : Oui, évidemment. Mais voilà bientôt deux ans qu'il n'y a plus de surprises. La crise, camarade, la crise !

- Que pensez-vous de la publicité qui s'inspire des jeux vidéo pour communiquer (Cf. la publicité Kodak qui passe actuellement) ?

Jérôme Bonaldi : C'est de la publicité Mondino dont tu veux parler. Je la trouve franchement moyenne. Les précédentes étaient nettement meilleures. Celle-ci est faite pour vendre, un point c'est tout. Comme pratiquement tout ce qui peut se voir actuellement, d'ailleurs. Honnêtement, je ne suis pas sûr que ma mère comprenne où Mondino veut en venir. Je pense qu'il faut être dedans pour la saisir. C'est logique dans l'univers gamin, d'accord.

- Que pensez-vous des publicités sur les jeux vidéo (Nintendo "Vous jouez où avec le vôtre ?" et Sega avec la publicité avec le punk, l'affichage, etc.) ?

Jérôme Bonaldi : (dans une tirade à prendre au second degré ou comme vous voudrez) La publicité avec le punk, je m'en souviens, elle m'a fait hurler. C'était presque de la publicité mensongère. Le gamin pouvait penser qu'il aurait de superbes images grâce à sa console, mais il n'en est rien. Quant à la Game Boy, c'est pire que l'opium. Ça a été dur de m'en séparer. Vraiment ! Pour tout te dire, camarade, je crois que Nintendo est la cinquième colonne avancée des Japonais. Ils essayent de nous avoir comme ils l'ont fait avec la Chine via l'opium dans les années 1930. Relis "Le Lotus Bleu" ! Je suis persuadé qu'il y a complot de la part du Japon impérialiste. Je suis pour l'éradication de l'ennemi japonais.

- Je ne peux pas mettre ça dans le compte-rendu...

Jérôme Bonaldi : Tu aurais tort.

- Mais je dis ça dans votre intérêt, vis-à-vis de nos lecteurs...

Jérôme Bonaldi : La Game Boy est tout sauf conviviale. Il ne faut pas tomber dans le piège.

L'avenir de l'image

- Les nouvelles images et l'image de synthèse dans les jeux vidéo/la publicité. Vous étiez à Imagina ?

Jérôme Bonaldi : Non, c'est Véronique Préaut qui est allée à Imagina. C'est elle qui est chargée de découvrir les nouvelles images et de fournir, le cas échéant, des idées de sujet pour l'émission.

- Que pensez-vous des nouvelles images, de leur évolution ?

David Gonner : Personnellement, je ne trouve pas qu'il y ait eu une franche évolution entre l'année passée et aujourd'hui. La seule chose de bien, c'est cette notion de caméra suggestive. Comme pour la Louis Vuitton Cup avec la possibilité de suivre la course en temps réel grâce à la réalité virtuelle. D'ailleurs, j'aimerais bien que cela se fasse pour une course de F1... Voir les mêmes images que les pilotes en même temps qu'a lieu la course, ça, ce serait génial !

Jérôme Bonaldi : Depuis à peu près cinq ans, les images sont passées des mains des techniciens dans celles des artistes. C'est bien, car aux images est associé un scénario, mais il y a toujours le problème de la crise. Il faut constamment trouver du pognon.

David Gonner : Les images deviennent utiles, aujourd'hui. Il faut qu'elles aient de l'intérêt pour survivre.

Jérôme Bonaldi : La preuve, les plus belles images d'Imagina étaient celles d'un "ride". (NDLR : si vous avez vu le compte-rendu de "L'Oeil du Cyclone" du samedi 18 février 1995, repensez au spot de Namco où le spectateur se prend pour un Tricératops !). L'aspect commercial, un peu plus chaque année...

- Charles Russell, réalisateur du film The Mask a dit : "aujourd'hui, tout est fait comme s'il s'agissait d'un jeu vidéo". Qu'en pensez-vous ?

Jérôme Bonaldi : Non, il charrie ! The Mask fait référence à l'univers de Tex Avery, pas à Atari. La vie n'est pas un jeu vidéo, et il y a aussi plein de films qui ne sont pas des jeux vidéo.

- Et la télévision ?

Jérôme Bonaldi : Je ne crois pas que la télévision soit non plus un jeu vidéo, excepté celle de Thierry Ardisson. Nous faisons de la télé anti-zapping, pas lui.

Canal Plus de projets ?

- Canal+, chaîne privilégiée pour parler des nouvelles images ; Canal+, chaîne jeune, chaîne des nouvelles images ?

Jérôme Bonaldi : Canal+ est avant tout la chaîne du crypté, du cinéma et du sport. Toutes les émissions en clair sont financées par la publicité. En ce qui concerne les nouvelles images, il y a une forte concurrence, depuis peu, certes, en provenance d'autres chaînes comme TF1 ou encore M6. Michel Chevalet s'y met, et sur M6, il y a tout un tas d'émissions qui s'y intéressent telles que Culture Pub ou Capital.

- Comment définiriez-vous votre chaîne ?

Jérôme et David : En plusieurs termes : style, emballage, publicité, nouvelles images, air du temps, ambiance et pas de barrières, contrairement aux autres chaînes.

- Et Pizzarollo ?

Jérôme Bonaldi : Hugo Délire en mieux. C'est sympathique.

- J'ai entendu parler d'un projet pour une émission de jeux vidéo sur Canal +...

Jérôme Bonaldi : On y pense sérieusement depuis un bout de temps. Plus encore avec la présence d'Alain Lediberder dans les locaux, d'ailleurs.

- J'ai aussi eu vent d'une première ébauche, d'un pilote qui aurait été refusé...

Jérôme Bonaldi : Ouais, ouais. Dans la forme, ça ne correspondait pas à nos attentes. Mais on garde espoir.

- Quel ton souhaiteriez-vous donner à l'émission (référence à Mega 6 et Micro-Kids) ?

Jérôme Bonaldi : Beaucoup plus adulte, plus tourné vers le CD-ROM. Mais c'est encore très secret..


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