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A propos d'Obligement
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David Brunet
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Point de vue : Commodore et l'Amiga 4000
(Article écrit par Michael Sinz - novembre 1994)
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Voici un point de vue de Michael Sinz à propos de l'A4000 et des prototypes de Commodore de l'époque 1990-1992.
Michael était responsable logiciel chez Commodore.
Note : traduction par David Brunet.
Je pense que la raison qui pousse beaucoup d'entre nous à considérer l'A4000 comme un "hack" (mauvaise bidouille) est qu'en terme
d'ingénierie, il s'agit vraiment d'un hack. Mis à part le jeu de composants AGA (ou AA pour ceux qui travaillaient à sa réalisation).
L'A3000 était une carte mère de nouvelle conception, avec de nouveaux bus et des circuits permettant de gérer tout cela.
L'A3000 incluait un certain nombre de changements radicaux, mis à part l'ECS, par rapport aux conceptions plus anciennes. Je ne vais
pas m'attarder sur tous ces changements ici, mais sachez qu'ils étaient significatifs et la plupart d'avant-garde
(je mentionne encore une fois que le jeu de composants n'a pas changé, cette partie n'est pas "nouvelle").
La façon dont l'A4000 est arrivé montre bien cela. Maintenant que cette histoire est devenue publique (et dans plus d'un endroit),
on peut à présent en parler. Souvenez-vous, il y a eu un changement de management juste au moment où l'AA fut terminé.
Le management originel poussait à la conception de deux systèmes : l'A3000+ et
l'A1000+. L'A3000+ était une machine AA (heu... AGA)
avec le même boîtier/facteur de forme que le 3000 mais incluait également un DSP32 de chez AT&T
et était très intégré (SCSI, DSP, AGA, etc.). Le système DSP était vraiment bien et il était suffisamment puissant pour
gérer un modem V.32bis/V.42bis fax/data complet et ce, logiciellement ! (un logiciel 2400 bauds devait même être inclus au
système - les éléments pour le V.32 coûtant trop chers pour y être fournis gratuitement). Ce DSP était également très performant pour
la voie, l'audio et les maths (temps de rendu très rapides !).
L'A1000+, projet de Joe Augenbraun, était un Amiga AGA très bon marché avec deux ports d'extension. Le but était de le vendre à un prix
inférieur à 999 $ avec un disque dur, 2 ou 4 Mo de mémoire (selon le prix des mémoires), un clavier, etc. Il aurait été environ de la taille
d'un A1000 mais sans la trappe inférieure pour y glisser le clavier (il n'y avait pas de place pour cela). C'était un chouette
système, vraiment. Il devait tourner avec un processeur 68020 à 14 ou 28 MHz ou bien un 68030, et être disponible pour avril 1992.
Ce qui est ensuite arrivé est que ces deux systèmes furent annulés et l'A600 fut construit (un système avec ECS qui coûtait
plus cher qu'un A500 et qui faisait moins). Ensuite, ils ont tenté de construire l'A1000jr (d'après le surnom qu'on lui donnait
en interne) qui était un A1000+ avec ECS mais dans un boîtier différent qui en faisait une machine plus chère à fabriquer
que l'A1000+, tout en en faisant moins. Mais l'équipe commerciale a abandonné le projet (oui, ils commençaient tout juste à savoir ce
qu'ils voulaient, c'est-à-dire un accroissement des ventes). Bref, en réponse à cela, ils prirent la carte de l'A1000jr
(qui était vraiment un hack de l'A3000 et dans un mauvais boîtier) et firent l'A3200, un ordinateur avec AGA, basé sur un hack de
la carte mère d'A3000, et placé dans un mauvais boîtier.
La conception du boîtier était si mauvaise qu'ils ont dû mettre le processeur
sur une carte fille pour qu'il puisse s'y loger (plus tard, cette bidouille fut définie comme un avantage par l'équipe commerciale,
sauf que le bus de la carte processeur n'a jamais été réadapté pour ce modèle : seuls les processeurs 68030 fonctionnaient
bien alors que les 68040 étaient sous-exploités à cause de la nécessité d'utiliser le protocole du bus du 68030). Quoi qu'il en soit,
le prix était si élevé qu'ils ont renommé la machine en A4000 et l'ont vendu avec un joli 68040 (mais fixé sur une carte processeur limitée)
pour justifier le prix. Ils ont retiré le DMA d'entrées/sorties et l'ont remplacé par de l'IDE PIO. Ainsi, vous ne pouviez même
pas y connecter un lecteur de CD alors que ce nouvel Amiga était vendu en tant que "meilleure machine multimédia". Ils ont aussi
conçu le boîtier : vous pouviez physiquement insérer un lecteur de CD mais la carte mère ne le gérait pas...
C'est ainsi que l'A4000 fut finalement vendu en tant qu'ordinateur, un ordinateur marqué par des choix majeurs de gestion qui l'ont
rendu moins bon et plus cher qu'il aurait dû être.
Les ingénieurs impliqués dans le projet ont fait de leur mieux vis-à-vis des choix de management. Ainsi, grâce à cela, certains
éléments dans l'A4000 fonctionnaient un peu mieux (par exemple un meilleur Buster pour la gestion du Zorro III et l'utilisation
des modules de mémoire au standard SIMM 72 broches). Mais ce n'était que des adaptations et non une entière conception
(c'était une période très frustrante chez Commodore).
Beaucoup d'entre nous demeurent affligés par les choix idiots que l'équipe dirigeante fit durant cette période. Ils ont vraiment
coûté cher à Commodore. Passer outre ces choix n'aurait peut-être pas sauvé Commodore, mais ce qui est sûr, c'est que, sans eux,
l'entreprise n'aurait pas coulé si rapidement.
Désolé pour cette longue histoire. J'ai omis pas mal de détails et d'arguments que nous, les ingénieurs, avions à l'encontre
de l'équipe de management à propos des choix qu'ils nous ont imposés. L'histoire complète est tout simplement trop triste
et trop longue. Dans notre esprit, l'A3000 (et A3000+) fut le dernier vrai ordinateur que nous avons conçu (l'A4000T n'est pas
une mauvaise carte mère mais elle nécessite une meilleure interface processeur, ou du moins une meilleure carte processeur
avec de la mémoire locale, et elle aurait dû avoir un DSP...).
J'ajouterais encore une note : l'A3000+ était conçu de telle façon que sa production aurait coûtée exactement le même prix que l'A3000,
même avec l'ajout de l'AGA et du DSP ! Mais cela importe peu puisque l'A3000+ n'a jamais été terminé et commercialisé (nous avons
fabriqué quelques prototypes, et deux d'entre eux ont le DSP fonctionnel...).
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