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CeBIT 97, 13 au 19 mars 1997, Hanovre : les amigaïstes bredouilles Pour ceux qui ne connaissent pas encore le CeBIT, il s'agit de l'événement mondial des hautes technologies. Cette année, le salon était orienté communications et l'on a pu voir les nouvelles suites logicielles de chez Microsoft et consorts, orientées vers ces nouvelles tendances... Sur tout le salon, la domination de WIntel était terrible et sans compromis. Cependant, mis à part des ingénieurs faisant les marioles sur de la Dance, Intel ne nous a pas montré quoique ce soit de révolutionnaire, hormis sa prouesse d'avoir détruit le Pentium Pro avec la sortie du Pentium II. Le CeBIT 97 n'aura pas été le salon de l'annonce d'une révolution technologique, mais néanmoins pour nous, les marginaux de ce monde, malgré la morosité du marché Amiga, il y avait de bonnes nouvelles et certainement la meilleure : le TransAM ! Le TransAM Juste à côté du stand Intel, se trouvait celui de Motorola qui logeait en son sein Be Inc. et PIOS. Be y allait fort en nous montrant des démonstrations toutes plus "multimédias" les unes que les autres. Vous vouliez de la poudre aux yeux, Be en avait à revendre, certes avec deux PowerPC la BeBox envoyait de l'air à qui la regardait mais rien de nouveau de ce côté, sinon que la DR8 sera distribuée prochainement avec les machines de Power Computing et de PIOS. On attendait le PIOS One et... rien ! La machine que devait présenter PIOS était cassée. Le premier jour, rien n'est venu troubler l'errance et le désespoir de l'amigaïste en fin de vie. Rien, si ce n'est John Smith en personne... John Smith n'est rien d'autre que PIOS UK ! Avez-vous quelques mots pour nous ? John Smith : TransAM sera prêt pour septembre "Il faut dire que les utilisateurs Amiga ne sont plus seuls. Après l'échec de Commodore, pour qui j'ai travaillé pendant neuf ans, nous nous sommes concentrés et avions même fait une offre pour le rachat, mais cela n'était pas satisfaisant pour l'administrateur de la faillite. Après de longs mois sans générer aucun bénéfice, PIOS a dû investir énormément pour créer le TransAM (PIOS One)... Pourquoi l'avons nous fait ? Parce que nous croyons en une informatique alternative à Wintel et nous voulons offrir, dans le plus pur esprit Amiga, le choix aux utilisateurs pour qu'ils puissent revendiquer leur différence. Nous la revendiquons aussi cette différence [...]." "Nous allons nous concentrer d'abord sur l'Allemagne, car les Allemands croient plus en nous que les Français ou les Anglais, qui sont encore dans le doute. Nous avons créé le Power Amiga tel que Dave Haynie le voyait, c'est-à-dire plus modulaire, pour que les gens puissent réellement construire leur configuration avec des éléments standard, et d'autres moins. PIOS fournira les éléments de base afin que les utilisateurs aient vraiment le choix de ce qu'ils désirent." "C'est vrai que le TransAM ne marche pas aujourd'hui, mais demain peut-être. Dave et les autres sont dessus, cela fait 48 heures qu'ils n'ont pas dormi. Si je vous dis que le TransAM est cassé, c'est pour montrer notre honnêteté vis-à-vis des utilisateurs. L'interminable chute de l'Amiga joue tellement sur le mensonge que nous ne voulons pas y être assimilés." "C'est vrai que nous avons un peu de retard mais j'affirme que le TransAM sera prêt pour septembre 1997 (insistant), car je considère que l'année commence à cette époque. Les gens commencent à envisager Noël et il est de notre devoir de nous positionner sur ce marché pour représenter la communauté Amiga, et pour montrer à Wintel que l'Amiga n'est pas mort [...]." "Oui, je pense que le TransAM est le Power Amiga dont vous parlez, il faut que les gens en soient convaincus, ils doivent reconnaître l'Amiga en cette machine car elle est le futur de l'Amiga sans ses inconvénients. A mon avis, pOS représente la solution pour que les gens retrouvent les sensations qu'ils ont connues avec l'Amiga. Mais ils feront des choses inimaginables pour eux jusqu'alors car nous rentrons dans une nouvelle ère de performances à moindre prix, tout comme l'Amiga il y a dix ans." "Je me rappelle quand l'A1000 est sorti, il était cher et les magasins ne voulaient pas trop se mouiller, alors je leur disais : "Vous ne pouvez pas prendre un A1000, vous devez en prendre deux, un qui tourne avec Marble Madness et l'autre avec Defender Of The Crown". Là, ça n'a pas loupé, les A1000 sont partis comme des petits pains et les prix ont commencé à descendre et l'Amiga avait gagné. Tout cela pour dire que les gens doivent y croire, les amigaïstes surtout, car il s'agit réellement de leur bébé ! Nous voulons faire bouger les choses car cela fait trop longtemps que les gens ne se sont pas lancés, ils disent "Ok" puis après reviennent sur leurs dires. En bref, ils doutent de tout. Je leur demande ce qu'est trois mois à attendre vis-à-vis des trois dernières années. Dites leur bien que les amigaïstes doivent acheter un TransAM. Enfin, bon, je me répète mais c'est l'enthousiasme [...]." Ainsi s'acheva la journée avec la vision d'un monde meilleur, peut-être même plus : une réalité. Finkel : "Je pense que BeOS est l'AmigaOS du futur" Décidé dès le matin à aller voir si le TransAM était Ok, je me précipitai sur le stand Motorola alors que les cyber ingénieurs de chez Intel s'affairaient toujours autant à nous montrer qu'ils savaient mieux danser que faire des processeurs... Alors, rien de rien, pas l'ombre d'un TransAM, mais ma curiosité me fit entrevoir la bête entre les mains savantes de Dr Kittel qui s'affairait à la démonter. Il me semblait bien que l'équipe PIOS, au grand complet, fut prise d'un grand stress dont je connus la cause un peu plus tard de la bouche d'Andy Finkel : "Nous avons un gros problème avec le TransAM. En effet, il nous a fallu la nuit pour le localiser. Il s'agit d'un défaut de fabrication dans les puces. Nous ne pouvons donc pas présenter, à mon grand regret, un TransAM en état de marche pour le CeBIT. Mais croyez-nous, nous avons fait notre possible [...]." "Je pense que BeOS est l'AmigaOS du futur car il possède des caractéristiques du système d'exploitation Amiga et d'autres encore. Cependant, pOS me paraît être la solution pour les développeurs Amiga, au même titre que BeOS l'est pour les utilisateurs. Actuellement, nous n'avons pas le choix, car comme pOS n'est pas disponible, nous devons donc distribuer BeOS, qui est suffisamment bon avec la DR8. Cependant, si pOS est suffisamment apprécié par les utilisateurs, il va sans dire que nous proposerons une offre avec ce système d'exploitation [...]." "A mon sens, le TransAM représente bien l'idée que nous avions du Power Amiga. Cependant, je pense que nous avons pu ajouter des caractéristiques que nous n'aurions pas pu rêver avant, et cela grâce à la technologie très performante du PowerPC. Il est évident que les utilisateurs Amiga sont actuellement perdus, mais il ne faut pas oublier que nous leur proposons un produit sans concurrence qui atteint un taux de performance réellement élevé, tout comme l'Amiga le faisait à sa sortie ; il faut que les utilisateurs en soient conscients [...]." Andy Finkel ne fut pas très bavard car la déception se lisait sur son visage marqué par le manque de sommeil. Cependant, Dave Haynie passant par là, j'en profitai pour lui demander son avis sur le TransAM : Haynie : "TransAM peut aller jusqu'à 600 MHz" "Chez Commodore, j'avais commencé à penser à la prochaine génération d'Amiga en 1991. Je ne voulais pas que le futur Amiga reste figé comme il l'est actuellement. Je désirais que la machine puisse être facilement accélérable à un moindre coût et surtout, qu'elle ne soit pas dépassée au bout de six mois. C'est avec toutes ces données que j'ai créé le TransAM. Le PowerPC va actuellement jusqu'à 400 MHz et la carte du TransAM est capable de supporter 600 MHz afin de ne pas être dépassée." "De plus, nous pourrons produire des cartes multiprocesseurs pour donner encore plus de pêche à l'ensemble. Il est vrai que grâce à l'utilisation de composants standard, nous pouvons garantir aux utilisateurs les meilleures performances du marché à moindre coût. A l'époque, faire ces composants soi-même restait moins coûteux et c'est pour cela que Commodore faisait de bons choix, mais maintenant, il faut juste construire les unités d'une façon standard." "Effectivement, PIOS envisage de construire du matériel spécifique si cela s'avère utile. Mais actuellement, par exemple, il n'est pas viable de concevoir des puces graphiques car le temps à investir pour créer une chose unique est trop important, et six mois plus tard on est dépassé par des produits beaucoup moins chers. Cependant, offrir des capacités uniques avec des composants standard est devenu tout à fait possible. D'ailleurs, c'est ce que nous faisions avec l'Amiga, mis à part que nous réunissions des capacités standard vers nos propres puces..." "Ceci pour dire que le TransAM a, pour moi, été conçu comme s'il était le "Power Amiga" tout en lui conférant plus de possibilités d'ouverture, car la machine est capable d'accepter plusieurs OS et différents types de matériel [...]." "Je voudrais terminer en disant aux utilisateurs Amiga qu'ils ne doivent pas avoir peur, car avec le TransAM, ils accèdent enfin à des performances dignes de ce nom et sans faire de concession. Je pense que cela représente bien un trait du caractère de l'Amiga. La machine sera bientôt prête, et j'aurais aimé vous faire partager cette excitation avec moi, mais les aléas en ont décidé autrement..." Kittel me montre la bête En fait, j'aperçois enfin la bête de loin, inopérationnelle mais ouverte. Je me faufile et là, comme par hasard, je trouve Dr Kittel juste à côté. Il me montre de manière assez détaillée la machine : "Voici la carte fille processeur. Comme vous le voyez, ce n'est qu'une version prototype car la version finale aura trois supports DIMM au lieu de deux ici, et un support ici pour les caches. Après, nous aurons une carte avec deux processeurs, puis quatre et pourquoi pas huit ? Mais pour le moment, quand cette dernière fonctionnera, nous serons déjà content." "A mon avis, la protection mémoire reste un faux problème. Tenez, par exemple, je travaille sur mon 1200 pour gérer mes 6 Mo de courriers électroniques et nouvelles quotidiens et je ne plante jamais, tandis qu'à côté, mon PC avec Windows 95 plante tout le temps. De toute façon, je hais les PC et le TransAM va leur montrer de quel bois on se chauffe. A mon sens, la protection mémoire n'est là que pour pallier la défection des développeurs et entraîne une plus grande complexité du système d'exploitation, qui risque elle-même de générer des problèmes." Le Power Amiga arrive... Le message de PIOS est clair, ils ont le Power Amiga et les OS, alors que demander de mieux ? Il est clair que la machine a ses charmes, sans pour autant l'avoir vu fonctionner, grâce au fait que la mémoire est sur la carte fille et que le MPC106 se charge de gérer tout cela. Le TransAM est resté une arlésienne pour les gens qui sont venus mais même non fonctionnelle, il avait un fort goût d'Amiga. Alors, pOS + TransAM, mélange détonant ? Affaire à suivre...
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