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Obligement


Interview de David Boisset par Lionel Menou



David Boisset, alias Monsieur Belett, est un sage de l'Amiga. Il est le président de Triple A, association qui a récemment décidé d'arrêter la parution de leur fanzine Boing Attack. Voici un entretien pour en savoir plus sur cet arrêt mais aussi sur ce personnage atypique.

David Boisset # Bonjour David, peux-tu te présenter aux lecteurs d'Obligement ?

Et bien je suis Monsieur Belett j'ai 32 ans, j'habite dans la région de Valence et je suis un membre actif de l'Association Triple A.

# Comment as-tu découvert l'Amiga ?

Un peu par hazard à vrai dire. Je me suis retrouvé en 1992 président d'un club informatique du Lycée d'Altitude de Briançon. Dans le local nous avions à disposition des Amstrad 6128 et deux Amiga 2000. Ce n'était vraiment pas des foudres de guerre, ils étaient équipés ni de cartes accélératrices ou d'extensions mémoires, ni de disques durs. Autant vous dire que pour faire des applications professionnelles les pauvres 2000 étaient pour le moins limités.

S'ajoute à cela que le club informatique était jusqu'a cette période ni plus ni moins qu'une vulgaire salle de jeux et une plaque tournante de disquettes piratées. Suite à cela j'ai purement et simplement interdit les jeux pendant la semaine et demandé à ce que les utilisateurs payent leurs cotisations. Bizarrement le nombre d'habitués s'est considérablement réduit, j'en ai conclut que la majorité des gens voulaient bien faire de l'informatique dans un but gratuit et ludique. Drôle de mentalité je m'étais dit. Après cela le club était principalement accès sur la programmation Amiga et HP48, ainsi que sur la réalisation des rapports de stages. A noté que les A2000 étaient équipés de carte passerelle XT8088 (bonjour la vitesse :), ce qui permettait de garder une certaine compatibilité avec les PC que nous avions en cours.

Même si à cette époque je n'étais par amigaïste mais plutôt attiré par le PC Mulimédia je gardais toujours un oeil sur l'Amiga. J'étais très impressionné par la qualité des jeux et surtout par les démos. A la même époque on m'a fait découvrir la CD32 avec MicroCosm, j'avoue être tombé de très haut. Malgré tout, je trouvais que l'Amiga était une machine de gamer, que les logiciels de traitement de texte ou les tableurs était bien en dessous de ce qui ce faisait sur PC. De plus, s'ajouter les prix importants des extensions ou périphériques.

C'est pour ces raisons que j'ai équipé le club Informatique d'un PC 386sx40, achat qui avait été motivé par le dépôt de bilan de Commodore. J'avais personnellement un PC Sinclair 8086 CGA, et mon rêve était donc de m'acheter un super PC Mulimédia. Mais ce rêve était freiné par un manque cruel d'argent. J'ai donc fini mes études en me débrouillant avec les PC mis à disposition dans les établissements scolaires.

Et puis un beau jour j'ai touché mes premières payes et je pouvais donc enfin m'acheter un PC sauf que je ne l'ai jamais fait. Entre temps, j'ai découvert Dream, le Virus Informatique et de fil en aiguille j'ai commencé à acheter AmigaNews juste par curiosité. Là, j'ai vu que l'on pouvait faire un tas de chose avec un Amiga et qu'il régnait au sein de cette communauté un esprit rebelle qui m'attirait tout particulièrement. Et puis en décembre 1997 je tombe sur une pub de l'Association Triple A qui était parue dans Dream. Cette association était basée dans la région de Valence, j'ai donc tout de suite pris contact avec son président. Mon chemin venait de croiser celui d'Alexandre Rey. Suite à ce premier contact j'achète, avec mon frère, un A1200 de base le 26 décembre 1997. C'est à cette date là que je suis vraiment devenu amigaïste, et petit à petit j'ai équipé mon A1200 et je me suis d'avantage rapproché de Triple A par le biais des AmigaBouffes.

# Qu'as-tu fait sur Amiga depuis, et quelle est ta configuration actuelle ?

Aujourd'hui, mon A1200 est équipé d'un AtéoBus avec une Blizzard 060 et 128 Mo de mémoire, et dernièrement j'ai acheté un disque dur de 80 Go avec une interface IDE to SCSI. Ce dernier permet de goûter aux joies du SCSI à prix modique. C'est bien simple, je ne reconnais plus mon Amiga tellement les temps d'accès et de transferts sont rapides. Quant à l'utilisation de mon Amiga, c'est vraiment basique, je vais sur Internet, je fais de l'IRC, et il m'arrive d'écrire quelques articles sous WordWorth. Je passe aussi beaucoup de temps à récupérer des démos sur ada.planet-d.net et www.back2roots.org. Heureusement mon frère fait une utilisation beaucoup plus sérieuse du 1200, il travaille beaucoup avec TvPaint, et il réalise un site Internet consacré au Air Soft dont l'adresse est fantasyairsoft.free.fr. A côté de cela, il passe beaucoup de temps à customiser le Workbench de l'OS 3.9 via MCP et les patchs qui vont bien.

# Quelles sont les raisons qui font que tu fais encore partie de la communautée Amiga en 2004 ?

L'espoir :-D.
En fait, si je reste sur Amiga en 2004 c'est toujours pour les mêmes raisons : nager à contre courant ! Etre dans la contestation n'est pas toujours facile, surtout quand ma machine préférée présente des signes de faiblesse. C'est loin d'être évident de pouvoir utiliser tous les périphériques récents même s'il sort encore des cartes adaptatrices comme c'est le cas avec l'USB. Personnellement j'évite ces patchs hardware qui peuvent engendrer des incompatibilités ou des faux contacts. Je peste aussi contre les nouvelles normes que l'on nous impose sur le net mettant par conséquence nos machines sur la touche. Nos navigateurs ne sont malheureusement pas "à la dernière mode". C'est pour ces raisons qu'en 2001, j'ai réfléchi à Amitlon ou à UAE, mais j'étais dubitatif à l'idée de passer sur PC. Par facilité, je risquais de glisser de plus en plus du côté obscure et cela me gênait beaucoup. Si une solution sous Mac réellement efficace avait été possible alors je pense que j´aurais déjà croqué à pleine dents la pomme. Mais c'était sans compter avec l'arrivée des nouvelles machines, j'ai vu ce qui ce fait du côté du Pegasos avec MorphOS et de l'AmigaOne avec l'OS 4.0 lors de démonstrations. Tout cela est fort encourageant et impose le respect vis à vis des développeurs et des sociétés travaillant sur ces projets.

J'attends la fin de l'année 2004 pour me décider vers quelles solutions je me dirigerai.

# Peux-tu nous parler de Triple A ? Son histoire et son activité actuelle ?

Triple A a été créée en 1997 par les frères Rey, son nom est un clin d'oeil au chipset graphique de Commodore. Le but initial de l'Association des Accros de l'Amiga est de réunir et soutenir les fans d'Amiga dans la région de Valence par le biais d'un journal associatif et de manifestations. A noté que nous pouvons proposer des objets publicitaires (par exemple tee-shirts, stylo, etc...) grâce à la licence Amiga que nous avait accordé Petro Tyschtschenko. Le premier fanzine réalisé par l'association était Dynamigamite, environ une dizaine de numéro jusqu'aux jours où son rédacteur en chef (Alexandre Rey) est parti sous les drapeaux. C'est à son retour qu'est apparu Boing Attack dont le ton était pour le moins rebelle avec un accent de dérision. C'est avec celui-ci que l'association a pris un nouvel élan, nous faisions en sorte d'améliorer notre journal à chaque numéro (A3 plié, photocopie laser, couverture couleur et enfin le papier glacé).

Afin de nous faire connaître, nous faisions en sorte d'être présent dans de nombreuses manifestations ou Coding Party telles que les AGA The Blues, Amiga Fun, AmiParty, RTS, Ukonx, VIP, Slach, Sintep, WOA de Cologne, Equinoxe, Lamers Party, IGDRP, et j'en oublie). En 5 ans nous avons touché toutes les régions de France, les DOM ainsi que la Suisse Romande. Tout cela nous a demandé beaucoup de notre temps libre, je tiens aussi à préciser que nous sommes bénévoles et que tous les frais liés aux déplacements n'ont jamais été payés par l'association ou par des subventions dont nous n'avons jamais bénéficié. Aujourd'hui la principale activité de Triple A est consacrée à l'organisation de l'Alchimie qui est un grand meeting Informatique. Si on compte aussi la Feri@ 2k, nous en sommes à notre cinquième coups d'essai. Organisé un meeting sur trois jours qui réuni en même temps, une Amiga-bouffe, un salon et une coding party demande un gros travail en amont qui nous prends beaucoup de temps.

# Pourquoi adhérer à Triple A ?

On adhère à Triple A quand on croit en quelque chose :-). C'est une manière d'adhérer à nos idées, de reconnaître notre travail et aussi de nous motiver à continuer.

Cette adhésion permet aussi de recevoir un fanzine comme c'était le cas avec Boing Attack, et de bénéficier de tarifs préférentiels sur nos activités.

# Peux-tu faire un bilan de l'Alchimie 3 ?

L'Alchimie 3 est en net progression aussi bien quantitativement et qualitativement. Nous sommes très satisfaits du succès remporté par cette troisième édition qui a fait venir 200 participants de la scéne alternative (Amiga, Atari, Mac, Linux) ainsi que des visiteurs de la région. Etalée pour la première fois sur trois jours, certains n'ont pas hésité pas à faire plus de 1000 km pour ce rendre à Tain l'hermitage. Le salon était bien mieux organisé car nous avions de véritables stands pour accueillir Amont Informatique et APS. En parallèle, on eut lieu des démonstrations de logiciels sur écran géant, on citera par exemple l'OS 4.0 et MorphOS. La Coding Party fût prolifique, les prods sont maintenant disponibles sur www.scene.org (faire une recherche avec Alchimie). A ce propos, je tiens à féliciter la communauté Atari pour sa créativité. Quant à l'Amiga-Bouffe, nous commençons à être rodés grâce à l'aide active de Kokinette et Bloudnette), et je vais laisser calculer le nombre de couverts à servir durant ces trois jours fêtes. En matiere d'infrastructure, la salle était équipée pour la première fois d'un réseau mis en place par les WoodTower qui avaient fait le voyage depuis Nancy. Aujourd'hui, nous préparons la suite avec l'Alchimie 4 qui se déroulera du 24 au 26 Septembre 2004, nous comptons faire mieux que 2003 en continuant à faire rencontrer des gens d'horizons différentes. C'est dans cette optique que j'ai pris contact avec des associations linuxiennes qui seraient intéressées par le développement réalisé sur les nouvelles machines "Amiga".

# Qu'en est-il de Boing Attack ?

Après une longue aventure de cinq ans, Boing Attack s'est arrêté avec le numéro 25. Aujourd'hui il est très difficile de tenir le rythme d'un numéro tous les deux mois de part l'actualité qui tourne au ralentie. De plus, le nombre de lecteurs du fanzine avait tendance à s'éroder depuis 2003, il n'y a pas forcement beaucoup de monde qui sont prêt à payer une information sur papier alors qu'elle est sans doute plus pertinente qu'Internet. S'ajoute à ce point que nous avons beaucoup moins de temps à consacrer au journal de part nos vies familiales et professionnelles. Néanmoins, grâce au travail soutenu de Kokinou (le rédacteur en chef), un noyau dur s'est formé autour du journal participant ainsi au succès grandissant des Alchimies. Boing Attack est le catalyseur avec lequel tout à commencé. J'en profite pour remercier nos fidèles collaborateurs que sont Pixel-Art, Tétine, l'Ours, Dvision, Docteur Bio, Ptit Néo, Batteman, Baron, Cicile, Césura, Huno, Pascal Hardyn, Fabrice et tout ceux que j'ai oublié.

# Quelles ont été les réactions des amigaïstes à l'annonce de l'arrêt du Fanzine ?

Nous avons eu de nombreux témoignages de soutien suite à l´annonce sur Amiga Impact. Nos adhérents ont été très compréhensifs vis à vis de notre décision. Ceci dit, tout n´est pas fini, car nous réfléchissons à un bulletin annuel afin de maintenir le lien entre les adhérents de Triple A.

# Aurais-tu des anecdotes affligeantes à nous raconter ? (surtout sur Kokinou :-)

Voici une question peu commune. En réfléchissant bien, je me rappelle d´une histoire où Alex a eu des démêlés avec son hamster qui avait tenté de se faire la belle en creusant un trou dans le mur de l´appartement. A part ça c´est tout, car sachez-le, Kokinou est un grand homme :). Quant à moi, j´en ai des tas à vous raconter, mais je pourrai vous citer entre autre celle où je me suis retrouver dans un placard à balais suite à une entretien d´embauche ;=).

# Que penses-tu du monde Amiga actuel ? Des machines à venir, et de la communautée ?

Depuis la faillite de Commodore nous vivons un moment historique, en effet nous avons à dispositions de nouvelles machines PPC avec l´OS 100% PowerPC que nous attendions depuis si longtemps. L´AmigaOne et le Pegasos sont disponibles chez Amont Informatique ou APS, il ne faut pas hésiter devant ses solutions qui s´offrent à nous. Au lieu de cela, une partie de la communauté sombre dans l´obscurantisme et fait régner une guerre stérile qui a pour conséquence de décourager les développeurs. Ce manque cruel d´ouverture d´esprit est vraiment affligeant. Cela dit, on trouve une majorité de gens motivés qui sont capables de porter des logiciels rendant nos machines moins exotiques. Il est aussi rassurant de constater que les Amiga-bouffes et Coding Party attirent toujours autant de monde et que de nombreuses initiatives voient le jour. Le mot Amiga est vraiment synonyme de communauté.

# Comment vois-tu l'avenir ?

Je pense que le peu qui reste encore sur le navire doivent faire savoir autour d´eux qu´il existe une alternative à Windows et que les nouveaux Amiga sont une solution. Bien évidemment nos machines peuvent paraître bien austères comparées aux PC de chez Auchant, mais embarquer sur un si beau navire est une expérience unique. Je pense aussi que le future de l´Amiga n´est pas uniquement chez les amigaïstes actuels qui ne sont plus très nombreux. A nous de trouver les arguments pour faire revenir ceux qui on connût la machine du temps de l´époque glorieuse, ainsi que des jeunes qui seraient motivés pour assurer la relève. Il en va de notre avenir, car les années passent...

# As-tu un message pour nos lecteurs ?

Continuer à soutenir le fanzinat francophone, il faut encourager, ou mieux, participer à la continuité d´Obligement, d´Amigazette et d´AmigaPower. Un message de soutient cela ne coûte rien, et faire un article ce n´est pas très compliqué. Pour terminé je dirai qu´en 2004, il faut casser sa tirelire, arrêter d´attendre et être plus que jamais actif.